L’Almanach international

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27 mai : la fête des mères en Bolivie commémore un massacre

Chaque 27 mai, en Bolivie on commémore le massacre des héroïnes de Coronille survenu en représailles d’un acte de résistance des femmes de la ville de Cochabamba. Cela s’est passé en 1812, dans le cadre de la guerre d’indépendance contre les Espagnols.

 

Chaque 27 mai, en Bolivie on commémore le massacre des héroïnes de Coronille (las Heroínas de la Coronilla) survenu en représailles d’un acte de résistance des femmes de la ville de Cochabamba. Cela s’est passé en 1812, dans le cadre de la guerre d’indépendance contre les Espagnols.

Le 27 mai 1812, les troupes de la ville de Cochabamba ayant été décimées, les femmes de la ville se sont retranchées, avec leurs enfants, au sommet de la colline de Saint-Sébastien, autrefois appelée la Coronilla, pour tenter de protéger leur ville. Résistance désespérée car les Espagnols ont donné l’assaut et massacré une centaine d’entre elles.

En 1927, en souvenir de leur courage, le président bolivien Hernando Siles Reyes a choisi le 27 mai pour instituer en Bolivie une fête des mères (el Día de la Madre). Ce n'est pas un jour férié, mais les écoles et les jardins d'enfants organisent des activités et des festivités tout au long de la journée.

Depuis quelques années, on fait une reconstitution de la bataille sur la colline de Saint-Sébastien, avec environ 400 acteurs, des professionnels, mais aussi des étudiants et même des renforts fournis par l’armée. Ainsi mis en scène, le courage de l'héroïne Manuela Gandarillas, à l’origine de la rébellion a impressionné le public.

 Selon les historiens, toutefois, les femmes rebelles du 27 mai 1812 n’avaient pas en tête l'idée de l'indépendance du Haut-Pérou (ce qui sera plus tard la Bolivie), telle qu'elle sera conçue le 6 août 1825. Celle-ci est une idée plus tardive, fruit d’un processus, qui impliquera des réflexions politiques et des structures mentales qui n'étaient pas présentes en 1812.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 mai 2024

Le mémorial aux Héroïnes de la Coronilla, à Cochabamba. Les reconstitutions se déroulent au pied du monument.

 
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1905, Japon, Batailles navales, 27 mai Bruno Teissier 1905, Japon, Batailles navales, 27 mai Bruno Teissier

27 mai : la bataille de Tsushima, gloire navale du Japon

Cette victoire navale japonaise avait eu un grand retentissement en 1905, c’était la première fois qu’une flotte européenne, celle de la Russie, était détruite par une puissance non européenne. Le 27 mai n’est plus férié au Japon, mais une cérémonie a lieu chaque année à bord du navire commémoratif, amarré dans un port militaire. Avec la montée des tensions dans la région, la mémoire de la bataille de Tsushima prend aujourd’hui une dimension particulière.

 

Ce jour férié commémorant la bataille navale de Tsushima a été aboli en 1945 comme tous les symboles du militarisme japonais, mais les autorités n’ont jamais cessé de célébrer chaque 27 mai cette victoire navale de 1905. Une victoire navale qui avait eu un grand retentissement à l’époque, c’était la première fois qu’une flotte européenne était détruite par une puissance non européenne. Cette défaite russe majeure dans la guerre qui l’opposait au Japon avait, à l’époque, bien écorné l’idée que l’on se faisait de la puissance de l’Empire russe. Il faut noter que le Japon était alors soutenu par les États-Unis et équipé par de matériel moderne fourni par les Anglais, soucieux d’affaiblir la Russie alors alliée des Français. Néanmoins cette victoire d’Asiatique sur des Européens avait profondément marqué les esprits à l’époque.

Cette Journée commémorative de la marine (海軍記念日 — Kaigun Kinen'bi) avait été instituée en 1939 dans le cadre de la propagande militariste nippone. On comprend que les Américains aient imposé la suppression ce jour férié en 1945. Mais, la cérémonie d’hommage à l’amiral Heihachiro Togo, souvent décrit par les journalistes comme le « Nelson de l'Orient », le vainqueur de Tsushima n’a jamais cessé. Il est vrai que cette bataille de 1905 était à l’époque la plus fameuse depuis celle de Trafalgar, le 21 octobre 1905. Depuis quelques années, avec la montée des tensions dans la région et l’affirmation d’un militarisme chinois, la mémoire de Tsushima prend une dimension particulière.

Les cérémonies se déroulent à quai et à bord du navire commémoratif, le Mikasa amarré dans la ville de Yokosuka, située sur la côte Pacifique, au centre du Japon. La ville abritait une base navale et un chantier naval de la Marine impériale. C’est aujourd’hui, l’un des plus grands ports militaires du Japon, partagé entre l'US Navy et la branche navale des Forces d'autodéfense japonaises.

La marine impériale japonaise fut la troisième plus grande marine au monde en 1920, et sans doute la plus moderne au début de la Seconde Guerre mondiale. Elle reste l'une des premières marines au monde en termes de budget, même si elle se voit refuser tout rôle offensif par la Constitution et l'opinion publique de la nation. Mais, cette dernière évolue…

La bataille de Tsushima (Цусимское сражение, en russe), connue sous le nom de bataille navale de la mer du Japon (日本海海戦 — Nihonkai-Kaisen) au Japon, a eu lieu les 27 et 28 mai 1905 (14 et 15 mai dans le calendrier julien alors en usage en Russie) dans le détroit de Tsushima entre la Corée et le sud du Japon. Dans cette bataille, la flotte japonaise dirigée par l'amiral Tōgō Heihachirō a détruit les deux tiers de la flotte russe, menée par l'amiral Zinovy Rozhestvensky, qui avait parcouru plus de 18 000 milles marins (33 000 km) pour atteindre l'Extrême-Orient. La bataille était également la première fois que la télégraphie sans fil était utilisée dans un combat naval. Elle révéla au monde l’émergence d’une puissance japonaise et, déjà, le déclin de celle de la Russie.

Chaque 27 mai, une cérémonie se déroule également au sanctuaire Tōgō-jinja (東郷神社), consacré à l'amiral Tōgō Heihachirō. Il se trouve à Harajuku, un quartier de Tokyo.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

La statue de l’amiral Tōgō Heihachirō, devant le navire commémoratif

Bières à la gloire de l’amiral Tōgō Heihachirō

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1848, Guadeloupe, France, Abolition de l'esclavage, 27 mai Bruno Teissier 1848, Guadeloupe, France, Abolition de l'esclavage, 27 mai Bruno Teissier

27 mai : la Guadeloupe commémore l’abolition de l’esclavage

Après la Martinique, le 22 mai, c’est au tour de la Guadeloupe de célébrer le 174e anniversaire de l’abolition de l’esclavage, le 27 mai 1848.

 

Après la Martinique, le 22 mai, c’est au tour de la Guadeloupe de célébrer le 174e anniversaire de l’abolition de l’esclavage, le 27 mai 1848 par le gouverneur de la Guadeloupe. Pour éviter une émeute, comme en Martinique, celui-ci a aussi anticipé l’arrivée du décret, lequel , voulu par Victor Schœlcher, n’est parvenu que le 5 juin et selon ses termes l’émancipation n’aurait dû avoir lieu qu’en août.

L’esclavage avait été aboli une première fois en 1794, mais les propriétaires d’esclaves avaient rejoint la contre-révolution et menacé de se tourner vers les colonies anglaises où l’esclavage avait toujours cours, Napoléon l’avait finalement rétabli en 1802, au prix d’émeutes violemment matées.

C'est au Fort Delgrès, comme chaque année que les autorités politiques et administratives de l'archipel se retrouvent pour marquer par un dépôt de gerbe cette commémoration de l’abolition et honorer la mémoire de tous les esclaves morts sans avoir connu cette liberté.

Une cérémonie aussi organisée pour rendre hommage à tous les héros de l'épopée de 1802, au nombre desquels Ignace, Massoto, Solitude. Cette dernière, une mulâtresse pendue en 1902, à l’âge de 30 ans, le lendemain de son accouchement, a été il y a quelques jours, honorée par la Ville de Paris d’une statue, dans un squatre du 17e arrondissement qui porte son nom.

On le sait, si les esclaves libérés n’ont obtenu aucune compensation pour les années de captivité et de travail forcé (pas de répartitions des terres, pas de réformes foncières… ), les quelque 10 000 propriétaires d’esclaves des colonies françaises qui ont reçu, à partir de 1849, des indemnités de 126 millions de francs or pour compenser cette abolition.  Une équipe de chercheurs du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) a mis en ligne, vendredi 7 mai, une base de données détaillant les indemnités versées par l’État français aux propriétaires d’esclaves

Demain, 28 mai, c’est la partie française de Saint-Martin qui commémorera l’abolition.

 
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1943, France, 27 mai Bruno Teissier 1943, France, 27 mai Bruno Teissier

27 mai : sur fond de montée de l’extrême droite, la France célèbre la Résistance et son héritage : le modèle social français

Depuis 2013, le 27 mai est la Journée nationale de la Résistance. Ce n’est pas un jour férié mais une célébration d’homme et de femmes qui, pour certains, ont donné leur vie pour vaincre le fascisme. C’est aussi l’occasion de célébrer les acquis de la Résistance.

 

Depuis 2013, le 27 mai est la Journée nationale de la Résistance. Ce n’est pas un jour férié mais une célébration d’hommes et de femmes qui, pour certains, ont donné leur vie pour vaincre le fascisme. C’est aussi l’occasion de célébrer les acquis sociaux de la Résistance.

Le 27 mai marque la date de la première réunion du Conseil national de la Résistance (CNR), présidée par Jean Moulin, qui s'est déroulée le 27 mai 1943, rue du Four, à Paris.

Jean Moulin, préfet révoqué par le régime de Vichy, reçut du Général de Gaulle, au début de l'année 1942, la mission de rallier et d'unir les principaux mouvements de résistance afin de créer une véritable armée secrète œuvrant sur le territoire occupé par l'ennemi, sous une même autorité. C’est ainsi que furent réunis, dans un même lieu, au cœur de Paris occupé, les représentants des principaux mouvements de résistance français ainsi que des principaux partis politiques (radicaux, républicains, socialistes, communistes…) et syndicats (CFTC, CGT…)  existant avant la guerre. Ensemble, ils allaient œuvrer à coordonner l’action de la Résistance et, dans la perspective de la libération du territoire national, à préparer la refondation de la République.

Le 15 mars 1944, après plusieurs mois de négociations, a été adopté, à l'unanimité, le programme du CNR. Il appelle à l'intensification de la lutte contre l'occupant et ses collaborateurs français, organisant l'insurrection armée, mais il jette également les bases d'une République nouvelle, profondément démocratisée, s'appuyant sur "un ordre social plus juste". La France de 2021 vit encore sur les créations du CNR : en premier lieu le régime général de la Sécurité sociale, les comités d'entreprise qui protège les salariés, la généralisation de l’assurance vieillesse, le statut de la Fonction Publique, le rétablissement de la semaine de 40 heures (passé à 35 heures un demi-siècle plus tard), la suppression de l'abattement de 10 % sur les salaires des femmes (même si l’égalité salariale n’est toujours pas atteinte), 3 semaines de congés payés (passé ensuite à 4 puis à 5)… Rien de tout cela n’existe dans un pays aussi prospère que les États-Unis. Le modèle français n’est pas unique mais n’existe que dans une dizaine de pays dans le monde. Et il convient de le défendre, c’est sur lui que repose le lien social français. Le 27 mai est une journée pour le rappeler à tous les blasés du système et autres gilets jaunes ignorants de ce qu’ils doivent à la Résistance.

 
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