L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
17 novembre : la journée du militantisme péroniste
Le mouvement péroniste célèbre, chaque 17 novembre, la Journée du militantisme en commémoration du retour de Juan Domingo Perón au pays, après son exil forcé de 17 ans. L’ancienne président Cristina Kirchner en profite pour faire sa rentrée politique et s’imposer comme le leader de l’opposition.
Voilà Cristina Kirchner repartie en campagne. Elle vient tout juste d’être élue à la présidence du Parti justicialiste (péroniste), elle prendra ses fonctions ce 17 novembre, jour où par tradition on célèbre la Journée du militantisme péroniste (Día de la Militancia peronista). L’ancienne présidente qui vient d’être condamnée à six ans de prison et à l'interdiction perpétuelle d'exercer des fonctions publiques – elle a fait appel –, entame ce dimanche une tournée du pays afin de faire face à la montée en puissance de son filleul politique, le gouverneur de Buenos Aires Axel Kicillof, son ancien ministre de l'Économie, étoile montante du péronisme. Un événement est prévu ce jour à Buenos Aires, Kicillof n’est pas invité.
Le mouvement péroniste célèbre, chaque 17 novembre, la Journée du militantisme péroniste en commémoration du retour de Juan Domingo Perón au pays, après son exil forcé par le coup d'État de septembre 1955. Après plus de 17 ans de bannissement, il est revenu brièvement en Argentine, le 17 novembre 1972, après y avoir été autorisé, mais le 5 février 1973, la dictature le chasse à nouveau du pays.
L'interdiction a définitivement expiré le 25 mai 1973 avec l'avènement du gouvernement démocratique de Héctor J. Cámpora, au cours duquel Perón a pu se réinstaller définitivement en Argentine (le 20 juin 1973) et se porter candidat à la présidence de la république aux élections du 23 septembre 1973. Il triomphera avec le soutien de 62% des électeurs. Mais, il mourra quelques mois plus tard alors qu'il exerçait le pouvoir, le 1er juillet 1974.
Pendant l’exil de Perón des graffitis sur les murs et les tracts avec le slogan « Combattez et revenez » n'ont jamais cessé, même dans les années les plus sombres de la dictature. Le retour de Juan Domingo Perón en Argentine après 17 ans et 52 jours d'exil a tenu en haleine des centaines de milliers de militants. Son retour, le 17 novembre 1972, fut le réveil d'un long cauchemar, un événement qui transforma en réalité un espoir qui fut pendant des années la raison de vivre d'une majorité de militants péronistes qui l’attendaient comme un sauveur. Ce 17 novembre 2024 est une occasion pour les péronistes de relever la tête après leur défaite électorale de 2023, mais aujourd’hui ils ne peuvent compter sur homme (ou de femme) providentiel en exil pour les sauver des folies du président Javier Milei. Ce dernier va peut-être précipiter l’Argentine dans l’abîme, mais il faut néanmoins se souvenir que le décrochage du pays avait débuté à l’époque du président Perón et certaines de ses décisions populistes n’y étaient certainement pas étrangères.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 novembre 2024
17 octobre : le jour de la fidélité en Argentine
Le 17 octobre est la date fétiche du mouvement péroniste argentin. Elle commémore un soulèvement populaire en faveur de Juan Perón emprisonné. Cette année, c’est aussi l’occasion de manifester contre le gouvernement d’extrême droite du président Milei.
Le Jour de la fidélité ou de la loyauté (Día de la lealtad), chaque 17 octobre, est la date fétiche du mouvement péroniste. Celui-ci est représenté sur l’échiquier politique argentin par le Parti justicialiste, une formation populiste qui depuis le début du XXIe siècle, sous les présidences de Néstor Kirchner, puis Cristina Kirchner et Alberto Fernández, penchait plutôt à gauche. Quand ce parti est au pouvoir la célébration du 17 octobre semble être celle de la nation tout entière. Ce qui correspond à l’idéologie de ce parti pour qui l’État doit faire corps avec le peuple et inversement. Depuis sa défaite électorale de décembre 2023 et l’élection d’un président d’extrême droite à la tête de l’Argentine, Javier Miliei, le mouvement péroniste est dans l’opposition, avec une centaine de députés à l’Assemblée (sur 250), mais il conserve la moitié du Sénat et la moitié des postes de gouverneur de province. Cela donne une dimension particulière à une journée toujours empreinte de nostalgie à l’égard de la figure de Juan Perón et cette année, marquée par la colère face à un président qui est en train de détruire le pays dans la lignée de Bolsonaro ou de Trump dans l’autre Amérique.
La journée commémore le début de la manifestation massive, le 17 octobre 1945, sur la place de mai exigeant la libération de l'officier militaire argentin Juan Perón, emprisonné sur l'île de Martín García. Celui-ci était un ministre du Travail très favorable aux ouvriers. En octobre 1945, des militaires opposés à son influence croissante dans le gouvernement provoquèrent une révolution de palais, contraignirent Perón à la démission, puis le firent mettre en détention le 12 octobre 1945. Apprenant la nouvelle, des milliers de travailleurs et leurs familles se sont rassemblés le 17 octobre dans les rues de Buenos Aires et ont marché vers son centre, la place de Mai (Plaza de Mayo), exigeant la libération de Juan Perón. Celui-ci est libéré le jour même.
Fort de sa popularité, ce leader populiste de gauche deviendra président de l'Argentine, le 4 juin 1946 jusqu’au 21 septembre 1955. Cet anniversaire fêté chaque année comme le jour de la fidélité est aussi celui du mouvement péroniste dont les leaders ont appelé à se mobiliser ce jeudi dans "l'unité" sur toutes les places du pays, en particulier Plaza de Mayo. Ce lundi la CGT, le Courant ouvrier fédéral (CFT) et le Mouvement d'action syndicale argentin (MASA) se mobilisent à 14h00 devant le Monument au travail, sur le Paseo Colón et Independencia à Buenos Aires. Un grand rassemblement est également prévu à 17 heures dans le quartier de Bella Vista avec pour le slogan : Comment industrialiser à nouveau l'Argentine ? Mettant ainsi le doigt sur le grand échec du péronisme dont la gestion populiste pays a accompagné le déclin de l’Argentine depuis 1945.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 octobre 2024
23 septembre : la Journée nationale des droits politiques des femmes argentines
L’anniversaire du jour où le droit de vote a été accordé aux femmes en Argentine
L’Argentine célèbre l’anniversaire de la promulgation de la loi la promulgation, en 1947, de la loi 13.010 - également connue sous le nom de loi Evita - qui consacre l'égalité des droits politiques entre les femmes et les hommes, donner aux femmes la possibilité de voter et d'être élues. La Journée nationale des droits politiques des femmes (Día Nacional de los Derechos Políticos de la Mujer) a été créée en 1997, lors du cinquantenaire de la loi.
Le 23 septembre 1947, Eva Duarte de Perón (dite Evita) déclara devant des milliers de personnes rassemblées sur la Plaza de Mayo à Buenos Aires : « Femmes de mon pays, en ce moment je reçois des mains du Gouvernement de la nation, la loi qui consacre nos droits civiques Et je le reçois parmi vous avec la certitude de le faire au nom et en représentation de toutes les femmes argentines, sentant avec joie que mes mains tremblent au contact du laurier qui proclame la victoire. En 1949, Eva (l’épouse du président Juan Perón) a créé le Parti péroniste féminin, qui était le plus grand parti politique féminin en Argentine. Le parti a poursuivi des objectifs politiques et féministes, et le suffrage des femmes est devenu l'un des événements les plus importants pour les femmes argentines.
Les femmes ont pu voter pour la première fois dans notre pays aux élections présidentielles de 1951. La revendication du droit de vote pour les femmes remonte à 1907, époque à laquelle Alicia Moreau a fondé le Comité pour le suffrage féminin. Le mouvement a été rejeté à maintes reprises par l'Union civique radicale et les conservateurs. Les femmes étant considérées comme incapables par le Code civil de 1871.
En fait, la première femme à avoir eu le droit de vote en Argentine fut la médecin italienne Julieta Lanteri, qui obtint la nationalité argentine en 1911. Elle a lancé une procédure judiciaire exigeant que ses droits en tant que citoyenne, y compris politiques, soient reconnus. Elle devient ainsi la première femme de toute l'Amérique du Sud à exercer le droit de vote aux élections municipales du 26 novembre de la même année. En mars 1919, elle lance sa candidature au poste de députée nationale de l'Union nationale féministe et bénéficie du soutien d'Alicia Moreau de Justo et d'Elvira Rawson. Loin de limiter son combat au seul vote, J. Lanteri, qui faisait partie du groupe des médecins argentins, a engagé le combat pour les conditions de travail des femmes, le droit au divorce, a lutté contre les proxénètes et contre l'ingérence de l'Église dans la vie. de personnes.
Lors du retour de la démocratie, en 1983, la participation des femmes au Congrès n'atteignait pas 10 % des sièges. Aujourd’hui, elles occupent près de 39 % des sièges à la Chambre des députés et plus de 41 % au Sénat. Entre-temps, en 2017, une loi sur la parité des sexes dans les domaines de la représentation politique a été promulguée. Celle-ci établit l'obligation d'inscrire des hommes et des femmes sur les listes de candidats aux législatives nationales. Ainsi, la moitié des candidats sont des femmes, ce qui explique une évolution aussi rapide.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 septembre 2024
4 septembre : l’Argentine célèbre les immigrants
Le 4 septembre 1812, le gouvernement offrait asile et protection à tous ceux qui souhaitaient s’installer dans le pays. Cette offre d’accueil sera réintégrée dans la constitution de 1853. Il est un fait, que de 1857 à 1940, l’Argentine a connu une grande vague d’immigration…
Une blague courante affirme que « les Mexicains descendent des Aztèques, que les Péruviens descendent des Incas mais que les Argentins, eux, descendent des bateaux. » Cela dit, seraient-ils tous des immigrants (blancs) comme les Argentins se plaisent à le laisser entendre ?
Le 4 septembre 1812, le gouvernement offrait asile et protection à tous ceux qui souhaitaient s’installer dans le pays. Cette offre d’accueil sera même réintégrée dans la constitution de 1853. Et, il est un fait, que de 1857 à 1940, l’Argentine a connu une grande vague d’immigration en provenance d’Europe, plus de 6 millions et demi de personnes (45% d’Italiens, 31% d’Espagnols, mais aussi des Français, Polonais, Juifs de l’Empire russe, Arabes de l’Empire ottoman, Allemands...) formant un véritable melting-pot propre à la région de Buenos Aires. En province, domine plutôt une population métisse d’ascendance indigène. Mais, les Argentins ne sont pas tous européens, ni blancs, 4 à 5 % d’entre eux sont d’ascendance africaine, bien oubliés du discours identitaire.
El Día del Inmigrante (le Jour des migrants) est célébré depuis 1949, selon une décision du président Juan Domingo Perón, lorsque l'Office national des migrations a été créé. L'événement principal de la fête est un festival national des immigrants. Cet événement se déroule traditionnellement dans la ville d'Oberá dont la population de la ville se compose principalement de nombreuses colonies d'immigrants, venus de Suède, de France, de Norvège, de Finlande, de Russie, d'Allemagne, d'Angleterre, du Liban et du Danemark. Des immigrants de 40 pays vivent dans cette ville. Tout le monde peut découvrir, ce jour-là, les traditions culturelles de différentes nations.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 septembre 2024
17 août : le héros national argentin célébré à Buenos Aires et à Boulogne-sur-Mer
En Argentine, un jour férié célèbre José San Martín, le père de la Patrie, car il est l’origine de l’indépendance du pays. La ville où il est mort, Boulogne-sur-Mer, lui rend également hommage.
En Argentine, un jour férié célèbre José San Martín, le père de la Patrie, dit El Libertador, car il est l’origine de l’indépendance du pays, en 1816, puis de la libération du Chili, en 1818, et du Pérou, en 1821. En désaccord avec Simon Bolivar, il doit s'exiler en Europe en 1824. Finalement, c’est en France, à Boulogne-sur-Mer qu’il décèdera le 17 août 1850. Ce port, qu’il avait découvert lors d’un aller-retour vers l’Angleterre fut son dernier domicile. Sa maison au 113 Grande Rue, a été rachetée par l’État argentin qui en avait fait, un temps, un consulat. C’est aujourd’hui un musée dédié au héros argentin, lequel a aussi une statue équestre, derrière la digue Sainte-Beuve.
C’est là qu’à chaque anniversaire de la mort de José San Martín, le 17 août, une délégation de l’ambassade argentine à Paris et des édiles locaux organisent une cérémonie en l’honneur du général. Une occasion d’entendre jouer l'hymne national argentin et la très martiale Marche de San Lorenzo. Cet héritage vaut à Boulogne-sur-Mer d'être connue de tous les petits écoliers argentins et de compter une ville homonyme dans la province de Buenos Aires.
En Argentine, José de San Martín lequel est traditionnellement fêté le troisième lundi du mois d’août de manière à offrir un week-end de trois jours aux Argentins, cette année, ce sera le 24 août. Ici l’anniversaire de sa mort est célébrée sous le nom d’Étape vers l'immortalité du général San Martin (Día Paso a la Immortidad del General José de San Martin), une fête laïque aux accents très religieux. Une cérémonie catholique est d’ailleurs organisée dans la cathédrale de Buenos Aires où il repose depuis 1880 dans une chapelle dédiée à ND de la Paix.
Boulogne-sur-Mer a aussi sa chapelle dédiée au grand homme, située dans la crypte de la basilique Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception où il a reposé quelques années avant d’être rapatrié dans sa terre natale. Une brève cérémonie lui est également offerte.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
9 juillet : l'Argentine fête son indépendance
La fête nationale argentine célèbre l'indépendance du pays vis-à-vis de l’Espagne, le 9 juillet 1816. Un grand défilé est organisé chaque 9 juillet sur l'Avenue Del Libertador de Buenos Aires avec la participation de 18 troupes musicales d’Argentine et de nombreux pays…
La fête nationale argentine célèbre l'indépendance du pays vis-à-vis de l’Espagne. Le 9 juillet 1816, le Congrès de Tucumán (ville du nord du pays) déclarait la rupture formelle des liens politiques des Provinces-Unies du Río de la Plata avec la monarchie espagnole. Depuis 1826, le 9 juillet est célébré comme la fête nationale de l’Argentine.
Traditionnellement, pour le Día de la Independencia Argentina, un grand défilé est organisé le 9 juillet sur l'avenue Del Libertador, à Buenos Aires avec la participation de 18 troupes musicales d’Argentine et de nombreux pays. Cette année, en raison de l’épidémie de Covid-19, les festivités seront bien plus modestes. On se contentera d’un levé du drapeau national au son de l'hymne argentin puis d’un modeste défilé devant un public restreint portant un masque.
De nombreux endroits en Argentine, rues, navires, sociétés portent le nom de « 9 juillet » et même une équipe de football comme le « Club Atlético 9 de Julio » de Rafaela (Santa Fe).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2020
21 juin : le nouvel an des Mapuches
We Tripantu est le jour le plus court de l’année, un jour sacré pour les Mapuches, peuple autochtone du Chili et de l’Argentine. C’est le début de l’hiver, ce matin, ils se sont réveillés à l’aube d’une nouvelle année. En 2021, le Chili a fait de cette date la Journée nationale des peuples autochtones.
Hier soir, c’était We Tripantu, le jour le plus court de l’année, un jour sacré pour les Mapuches, peuple autochtone du Chili et de l’Argentine. Cette année, le solstice d’hiver (nous sommes dans l’hémisphère sud) tombe dans la soirée du 20 juin. Les familles se sont réunies autour d’un grand feu. Ce matin, elles se sont réveillés à l’aube d’une nouvelle année. Ce jour est donc le nouvel an des Mapuches mais aussi celui des Aymaras et des Rapa Nuis (les habitants de l’île de Pâques).
Le 21 juin, d'autres cérémonies d'une profonde signification sacrée et spirituelle sont célébrées par le peuple Mapuche : le Katan Kawin , qui consiste à présenter officiellement les garçons et les filles devant le reste des familles Mapuche. Le rite de présentation consiste en le Katan , le perçage des oreilles et la mise en place d'anneaux qui symbolisent le nouveau rôle social qui est assumé. De plus, dans certains cas, ils reçoivent un nom propre original, des noms philosophiques, parfois rêvés par les parents, par les anciens, et pour une raison quelconque, ils ne pouvaient pas être enregistrés à l’état civil.
Cette fête a été déclarée comme Journée nationale des peuples autochtones, c’est un jour férié au Chili depuis 2021. La célébration de ce jour avait été instituée par décret suprême sous le gouvernement d'Eduardo Frei en 1998, mais n’est un jour férié que depuis peu. Au sein des communautés autochtones du Chili (13% de la population), les festivités durent jusqu’au 24 juin.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
10 novembre : l'Argentine célèbre sa culture gaucho
Le Jour de la Tradition a été créé pour célébrer la culture gaucho. C’est l'anniversaire de José Hernández, un poète argentin, né le 10 novembre 1834, surtout connu pour son poème épique Martín Fierro, une œuvre lyrique centrée sur la vie du gaucho.
Le Jour de la Tradition (Día de la Tradición) est marqué, en Argentine, le 10 novembre. Il a été créé pour célébrer la culture gaucho. Ce n’est pas un jour férié, mais il est marqué dans tout le pays. La principale célébration a lieu dans la ville de San Antonio de Areco, considérée comme le centre de la culture gaucho, celle de ces cavaliers qui gardent les troupeaux de bovins dans la Pampa.
La date choisie en 1938 pour célébrer cette journée est l'anniversaire de José Hernández, un poète argentin, né le 10 novembre 1834, surtout connu pour El Gaucho Martín Fierro (1872) et Le Retour de Martín Fierro (1879), des œuvres lyriques centrées sur la vie du gaucho, l'utilisant comme symbole de la tradition nationale argentine et soulignant le rôle du gaucho dans l'indépendance de l'Argentine vis-à-vis de l'Espagne. Cette journée, cultivant une image désuète du pays est aussi une célébration patriotique pour les traditionalistes, mais elle a aussi entraîné une véritable « gauchophobie » de la part de ceux qui récusent cette image archétypique de l ‘Argentin.
L'événement principal est le grand défilé gaucho (gran desfilado gaucho) qui a lieu, selon les villes, le 10 novembre ou le dimanche le plus proche du 10 novembre.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 novembre 2022
12 octobre : la fête de l'Espagne et du monde hispanique
Christophe Colomb ayant « découvert », sans le savoir, l’Amérique un 12 octobre, cette date a été choisie pour célébrer l’Hispanité. C’est un jour férié en Espagne, mais c’est aussi une célébration contestée par les descendants des populations autochtones qui, eux, célèbrent cette année 530 ans de résistance.
« L’orgueil d’être Espagnol » affirme un slogan, « Il n’y a rien à célébrer » répond un autre, les deux affiches, l’une espagnole, l’autre latino-américaine, font figurer la silhouette d’une caravelle, celle de Christophe Colomb « découvrant », sans le savoir, l’Amérique le 12 octobre 1492. Cette date a été choisie pour célébrer l’Hispanité, dès 1914 en Espagne (Día de la Fiesta Nacional de España y Día de la Hispanidad), en 1917 en Argentine, puis dans tous les pays de langue espagnole. En 1958, le régime de Franco en fait une célébration officielle : le Dia de la Raza (race). En 1987, le 12 octobre devient la fête nationale de l’Espagne, pays dont l’identité est indissociable de son rapport au monde hispanophone. Parlée dans de très nombreux États, la langue espagnole est la deuxième langue la plus influente au monde. Ainsi, cette fête est à la fois celle de l’Espagne et celle de sa culture exportée par-delà les mers. Au cours du XXe siècle, 12 octobre est même devenu un jour férié dans toute l’Amérique de langue espagnole. Un renversement de perspective a commencé à s’opérer en 1992, l’année du 5e centenaire de la découverte. La découverte de quoi ? et pour qui ? s’est interrogée une partie de la population du sous-continent qui commence, cinq siècles après le traumatisme de la conquête, à réémerger. Au Mexique, la date est marquée par des manifestations contradictoires qui se sont souvent terminées par des violences. En Argentine, le Dia de la Raza est devenu, prudemment, celui de « la diversité culturelle ». Au Venézuela, comme au Guatemala, c’est depuis 2002, celui de la « résistance indigène »…
Ce Jour de l’hispanité (Dia de la hispanidad) est donc férié en Espagne mais, du fait de l’ambiguïté de la date choisie, la gauche espagnole aurait préféré comme fête nationale de l’Espagne le 6 décembre, en référence à ce jour de 1978 où fut adoptée la constitution qui a mis définitivement fin à la dictature du général Franco.
En dépit des critiques, la date du 12 octobre est, depuis 1987, la fête nationale de l’Espagne sous l’appellation de Fiesta de España y la Hispanidad. Chaque année une région est invitée à Madrid (cette année, les villes autonomes de Ceuta et Melilla) ainsi qu’un pays marqué par la culture hispanique est invité, en 2022, c’est le Mexique. Bien que cela ait peu à voir avec la célébration, un défilé militaire est organisé ce jour-là, auquel participent le roi, les pouvoirs de l'État et de nombreux chefs régionaux, bien qu'il y ait aussi des absences notables parmi ces derniers.
Depuis 1980, le Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques (CSIA-Nitassinan) célèbre chaque année une Journée de solidarité avec des représentants autochtones des trois Amériques. Un hommage sera fait aux victimes de 530 ans de résistance dans les Amériques. À Paris, cette année 2022, elle sera célébrée le 16 octobre à 15h, salle Jean Dame, 17 Rue Léopold Bellan, Paris 2e. Elle se déroulera dans le cadre des célébrations des 15 ans de l’adoption de la Déclaration des droits des peuples autochtones par les Nations Unies et de la Première année de la Décennie internationale des langues autochtones de l’UNESCO (2022 - 2032).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 octobre 2022
2 avril : le Jour des Malouines ou comment commémorer une guerre provoquée puis perdue
L’Argentine célèbre aujourd’hui le Jour des Malouines (Día de las Malvinas). Il y a 40 ans jour pour jour la dictature argentine lançait une offensive militaire en vue de prendre possession de cet archipel britannique. Une défaite difficile à gérer par la mémoire collective qui cultive la mémoire de soldats sacrifiés à une cause perdue d’avance.
L’Argentine célèbre aujourd’hui le Jour des Malouines (Día de las Malvinas). Il y a 40 ans, jour pour jour, le gouvernement argentin lançait une offensive militaire en vue de prendre possession d’un archipel que l’Argentine considère comme lui appartement. C’était le 2 avril 1982, jour du débarquement sur le territoire britannique des Falklands (Malvinas pour les Argentins). On le sait, cette guerre s’est terminée par un désastre pour l’armée argentine, 649 morts, 1 068 blessés et 11 313 prisonniers. Officiellement, c’est à eux que la journée est dédiée mais, dans un coin de leur tête, les Argentins continuent de penser que ces îles devraient être argentines.
En vérité, ces îles connues dès le début du XVIe siècle n’ont été que très tardivement habitées. Au début du XVIIIe siècle, elles étaient fréquentées par des navigateurs de Saint-Malo, d’où leur nom de Malouines, mais ils ne s’y sont pas établis. La France a revendiqué l’archipel, mais faute de présence française a fini par le céder à l’Espagne pour éviter qu’il ne tombe dans les mains des Anglais. L’Argentine indépendante ne s’y est pas précipitée. Elle a fini par y envoyer un bateau vers 1820, des habitants s’y installent en 1822 ou 1823. Cette année, 2022, l’Argentine célèbre officiellement les 200 ans de sa colonisation de l’archipel ! Mais, en 1833, les Anglais arrivent en force, expulsent les Argentins. Ils occupent l’archipel depuis lors.
En 1982, l’Argentine était dirigée par une junte militaire qui espérait par une victoire éclair sur un territoire qui constitue une revendication argentine depuis toujours, détourner l'attention de l'opinion publique de la crise économique et des infractions constantes aux droits de l’homme. Le gouvernement argentin d’extrême droite est alors aux abois, son image internationale est désastreuse, seule une victoire militaire, pense-t-il, sur une nation européenne, lui redonnerait une légitimité, au moins nationale. L’idée est que le Royaume-Uni, se désintéresserait de ces terres lointaines, d’un intérêt limité depuis que l’Angleterre n’est plus maître sur les mers. Et que la communauté internationale ne réagirait que mollement et en ordre dispersé.
L’erreur d’appréciation des dirigeants argentins leur fut fatale. Margaret Thatcher étaient en campagne électorale, sa popularité avait baissé, elle ne pouvait pas se permettre d’apparaître faible face à une agression. Une victoire militaire facile la remettra en selle pour un moment. Cette guerre est d’abord apparue comme celle d’une dictature contre un pays démocratique. Les démocraties se sont toutes rangées derrière les Anglais. La France a apporté son aide militaire, les États-Unis leur soutien diplomatique, même la dictature chilienne a soutenu Londres. L’Espagne s’est abstenue de condamner l’Argentine, comme l’URSS et la Chine, mais sans lui apporter la moindre aide. Seuls quelques pays latino-américains, notamment Cuba et le Nicaragua (les mêmes qui aujourd’hui soutiennent Poutine dans sa guerre contre l’Ukraine !), se rangent franchement du côté de Buenos Aires.
La posture de Margaret Thatcher est de refuser toute négociation, les Britanniques écrasent les Argentins. La déroute militaire va entraîner la chute de la junte, mais en décembre 1983 seulement. La célébration du 2 avril a été instaurée en mars 1983 par dernier dictateur argentin, le sinistre Reynaldo Bignone, sous le nom de Journée des îles Malouines, de la Géorgie du Sud et des îles Sandwich du Sud (Día de las Islas Malvinas, Georgias del Sur y Sandwich del Sur ). Cette date sera ensuite déplacée au 10 juin : Jour de l'Affirmation des Droits des Argentins sur les îles Malvinas et l’Antarctique. Finalement, en 2000, la date du 2 avril a à nouveau été réintroduite dans le calendrier officiel comme la Journée des vétérans et des combattants tombés pendant la guerre des Malouines (Día del Veterano y de los Caídos en la Guerra de Malvinas). Ce n’est plus qu’une commémoration des victimes d’un conflit engagé par la dictature, mais sans pour autant avoir éteint le sentiment irrédentiste des Argentins.
L’’argument argentin s’appuie principalement sur la géographie. C’est sa faiblesse selon le droit international actuel. Car les Anglais peuvent attester d’un siècle et demi de présence dans l’archipel, les Argentins seulement une dizaine d’années. Le fait qu’il ait été pris par la force, il y a presque deux siècles ne constitue pas un argument, sauf à mettre à feu et à sang la planète entière si tous les territoires acquis au XIXe siècle dans les mêmes conditions devraient être contestés. En 1965, l’Argentine était toutefois parvenue à faire inscrite les Malouines comme territoire à décoloniser. Le Royaume-Uni a organisé un référendum en 2013 dont le résultat fut sans appel : 99,8% des Malouins ont demandé à rester britanniques.
Bien sûr, ce Jour des Malouines n’est pas observé dans l’archipel, localement on fête Libération Day le 14 juin, le jour qui marque la fin de la guerre en juin 1982. Les Britanniques ont aussi introduit un Falklands Day, le 14 août qui célèbre la première observation enregistrée (par un Anglais) des îles Falkland par John Davis en 1592. #guerredesmalouines
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er avril 2022
24 mars : 46 ans après le coup d'État militaire, l'Argentine se souvient de la dictature
L’Argentine commémore le coup d’État de 1976 et les 30 000 victimes de l’État policier. Cette Journée nationale de la mémoire et pour la vérité est fériée, mais la fête n’est pas du goût de tout le monde, car elle rappelle le premier jour de la période la plus sombre de l’histoire de l’Argentine.
L’Argentine commémore le coup d’État de 1976 et les 30 000 victimes de l’État policier. Cette Journée nationale de la mémoire et pour la vérité (Día Nacional de la Verdad y la Justicia), instituée en 2002, est fériée depuis 2006, mais la célébration du 24 de marzo n’est pas du goût de tout le monde, car elle rappelle le premier jour de la période la plus sombre de l’histoire de l’Argentine marqué par des violations quotidiennes des droits humains, des assassinats politiques, des enlèvements d’enfants… Avec celle de Pinochet, au Chili à la même époque, la dictature instaurée par Jorge Rafael Videla à la suite du coup d’État militaire du 24 mars 1976, a été l’une des plus sanglante du continent.
Dès le retour de la démocratie, la première marche avait été organisée le 24 mars 1986 pour commémorer le coup d'État organisé par les Mères de la place de Mai, mais il a fallu attendre les années 2000 pour en faire un jour férié, d’abord non chômé, puis le président Kirchner en a fait une journée non travaillé (2006). Le président Macri a tenté en 2017 d’en faire une fête mobile, mais a dû y renoncer devant le tollé provoqué par l’abandon de la date symbole du 24 mars.
Après la chute du régime militaire (le 10 décembre 1983), une loi dite “point final” (1986) pardonnait aux responsables de crimes contre l'humanité, aucune poursuite ne pouvait être entreprise.Le 14 juin 2005, grâce au président Néstor Kirchner, la Cour suprême de justice de la nation a finalement déclaré l'inconstitutionnalité de cette loi, ce qui avait permis l'organisation de nombreux procès publics contre les auteurs des crimes de la dictature. À l'heure actuelle, on continue d'enquêter sur les événements survenus entre 1976 et 1983 dans les différents centres de détention clandestins.
Des Français ont été victimes de la répression. Une cérémonie a eu lieu à l'ambassade d'Argentine en France à Buenos Aires, devant la plaque "Plus jamais" en souvenir des victimes du terrorisme d'État. On ne peut célébrer cette journée sans faire référence à la Marche des mères de la Plaza de Mayo, aux grand-mères de la Plaza de Mayo , à Héctor Germán Oesterheld, à Adolfo Pérez Esquivel… sans oublier l’écrivain Rodolfo Walsh, le fondateur du journalisme d'investigation en Argentine, assassiné par la junte militaire le 25 mars 1977, le lendemain de l’anniversaire du coup d’État.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 mars 2022
Mise à jour 2024 : le nouveau président argentin, d’extrême droite, Javier Milei, s’applique à nier ou relativiser les crimes de la dictature : « il n’y a pas eu 30 000 disparus » s’obstine-t-il à affirmer. Ce 24 mars 2024, au moment même où avait lieu la traditionnelle marche mémorielle, le gouvernement mettait en ligne une vidéo de 12 mn remettant, pour la première fois depuis 1983, au goût du jour, la « théorie des deux démons » (Teoría de los dos demonios) qui consiste à justifier les crimes contre l’humanité commis pendant la dictature en les présentant comme une réponse à des attentats perpétrés, à l’époque, par des groupes d’extrême gauche. Milei a assorti la vidéo d’un mot-dièse : #nofueron3000 (ils n’ont pas été 30 000). Quant à la ministre de la sécurité, Patricia Bullrich, elle s’est apitoyée sur le sort des militaires et policier « injustement emprisonnés ». Le projet économique de Javier Miliei est totalement en phase avec celui de la dictature ; ses idées sur la société argentine également. Va-t-il faire basculer le pays à nouveau dans l’horreur ?
11 décembre : l'Argentine célèbre son tango
Cette Journée du tango qui commence à être fêtée un peu partout dans le monde correspond à l’anniversaire de Carlos Gardel né en 1890 et dont le mausolée, à Buenos Aires, est ouvert au public aujourd’hui seulement.
Buenos Aires retentit partout des rythmes du tango. Cette Journée nationale du tango (Dia Nacional del Tango), créée en 1977, qui commence a être fêtée un peu partout dans le monde correspond à l’anniversaire de Carlos Gardel (photo) né en 1890, voix mythique du tango, mais aussi à celui de Julio Caro (1899), l’un de ses grands musiciens.
Tout à commencé avec la Gran Milonga Nacional (bal où l’on danse le tango) tout le long de l’Avenida de Mayo qui attire chaque année des milliers de passionnés.
Les festivités autour du tango durent plusieurs jours et se terminent aujourd’hui avec les cérémonies liées à l’anniversaire, ce soir à partir de 18h00, sur l'esplanade du Centre culturel Kirchner. Ce mercredi, 11 décembre de 11h à 15h, au cimetière Charcarita de Buenos Aires, le mausolée de Carlos et Berta Gardel est ouvert aux visiteurs venus leur rendre hommage.
Julio de Caro, metteur en scène, compositeur et arrangeur, fut l'un des grands représentants du genre tango et des modernisateurs de la musique urbaine. Il incarne une force évolutive au sein du genre et donne naissance à la Guardia Nueva del tango : un mouvement pour le renouveau de l'esthétique musicale, qui émerge entre 1917 et 1925. Pour sa part, Carlos Gardel est l'initiateur et le plus grand représentant du tango en tant que chanson : c'est lui qui a inventé la façon de chanter le tango, qui lui a donné son propre style comme on ne l'avait pas entendu jusque-là. De ce moment jusqu'à sa mort dans le tragique accident d'avion à Medellín, Gardel continue d'être une grande icône du tango.
En 2019, une statue du chanteur et compositeur de tango a été installée à Compans Caffarelli à deux pas de sa maison natale de Toulouse où il est né le 11 décembre 1890, Carlos Gardel a émigré en Argentine avec sa mère à l'âge de 2 ans.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde