L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
17 octobre : le jour de la fidélité en Argentine
Le 17 octobre est la date fétiche du mouvement péroniste argentin. Elle commémore un soulèvement populaire en faveur de Juan Perón emprisonné. Cette année, c’est aussi l’occasion de manifester contre le gouvernement d’extrême droite du président Milei.
Le Jour de la fidélité ou de la loyauté (Día de la lealtad), chaque 17 octobre, est la date fétiche du mouvement péroniste. Celui-ci est représenté sur l’échiquier politique argentin par le Parti justicialiste, une formation populiste qui depuis le début du XXIe siècle, sous les présidences de Néstor Kirchner, puis Cristina Kirchner et Alberto Fernández, penchait plutôt à gauche. Quand ce parti est au pouvoir la célébration du 17 octobre semble être celle de la nation tout entière. Ce qui correspond à l’idéologie de ce parti pour qui l’État doit faire corps avec le peuple et inversement. Depuis sa défaite électorale de décembre 2023 et l’élection d’un président d’extrême droite à la tête de l’Argentine, Javier Miliei, le mouvement péroniste est dans l’opposition, avec une centaine de députés à l’Assemblée (sur 250), mais il conserve la moitié du Sénat et la moitié des postes de gouverneur de province. Cela donne une dimension particulière à une journée toujours empreinte de nostalgie à l’égard de la figure de Juan Perón et cette année, marquée par la colère face à un président qui est en train de détruire le pays dans la lignée de Bolsonaro ou de Trump dans l’autre Amérique.
La journée commémore le début de la manifestation massive, le 17 octobre 1945, sur la place de mai exigeant la libération de l'officier militaire argentin Juan Perón, emprisonné sur l'île de Martín García. Celui-ci était un ministre du Travail très favorable aux ouvriers. En octobre 1945, des militaires opposés à son influence croissante dans le gouvernement provoquèrent une révolution de palais, contraignirent Perón à la démission, puis le firent mettre en détention le 12 octobre 1945. Apprenant la nouvelle, des milliers de travailleurs et leurs familles se sont rassemblés le 17 octobre dans les rues de Buenos Aires et ont marché vers son centre, la place de Mai (Plaza de Mayo), exigeant la libération de Juan Perón. Celui-ci est libéré le jour même.
Fort de sa popularité, ce leader populiste de gauche deviendra président de l'Argentine, le 4 juin 1946 jusqu’au 21 septembre 1955. Cet anniversaire fêté chaque année comme le jour de la fidélité est aussi celui du mouvement péroniste dont les leaders ont appelé à se mobiliser ce jeudi dans "l'unité" sur toutes les places du pays, en particulier Plaza de Mayo. Ce lundi la CGT, le Courant ouvrier fédéral (CFT) et le Mouvement d'action syndicale argentin (MASA) se mobilisent à 14h00 devant le Monument au travail, sur le Paseo Colón et Independencia à Buenos Aires. Un grand rassemblement est également prévu à 17 heures dans le quartier de Bella Vista avec pour le slogan : Comment industrialiser à nouveau l'Argentine ? Mettant ainsi le doigt sur le grand échec du péronisme dont la gestion populiste pays a accompagné le déclin de l’Argentine depuis 1945.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 octobre 2024
17 octobre : journée mondiale du refus de la misère
Comme chaque année depuis 1987, associations, mouvements, syndicats et organisations du collectif Refuser la Misère invitent à participer à la Journée mondiale du Refus de la Misère à partir de 17h place du Trocadéro à Paris. Cette journée a été officiellement reconnue par l’ONU qui lui a donné une dimension mondiale à partir de 1993. Le thème de cette 30e édition est « travail décent et protection sociale ».
Comme chaque année à 17h, associations, mouvements, syndicats et organisations du collectif “Refuser la Misère” invitent à participer à la Journée mondiale du Refus de la Misère. Cet événement est né de l’initiative de Joseph Wresinski, fondateur d’ATD quart Monde, et de plusieurs milliers de personnes de tous milieux qui s’étaient rassemblées sur ce lieu emblématique qu’est le parvis des Droits de l’Homme à Paris en 1987.
Cette journée a été ensuite officiellement reconnue par les Nations unies en décembre 1992, ce qui lui a donné une dimension mondiale à partir de 1993. La Journée internationale des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté, dont c’est la 30e édition en 2023, vise à promouvoir la compréhension et le dialogue entre les personnes vivant dans la pauvreté et la société dans son ensemble.
Le thème de cette année, « travail décent et protection sociale pour mettre la dignité en action » s'appuie sur des témoignages de première main montrant que les personnes piégées dans l'extrême pauvreté travaillent souvent de longues heures épuisantes dans des conditions dangereuses et non réglementées, mais ne parviennent toujours pas à gagner suffisamment d'argent pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille.
Il y a près de 700 millions de personnes en situation d’extrême pauvreté dans le monde, c’est-à-dire vivant avec moins de 2,15 dollar par jour (soit environ 64 euros par mois). En se basant sur ce “seuil de pauvreté international”, le taux mondial d’extrême pauvreté est passé de 36% en 1990 à environ 9% aujourd’hui. Il serait encore de 7% en 2030.
La misère recule, mais la pauvreté touche près de la moitié de la population mondiale qui vit avec moins de 6,85 dollars par jour. Et une personne sur quatre, soit près de 2 milliards d’hommes, de femmes et d’enfants, vivent avec moins 3,65 dollars par jour. (source : Oxfam).
Le 17 octobre 1987, ce texte fut gravé dans le marbre du parvis des Droits de l’homme, à Paris :
Le 17 octobre 1987 des défenseurs des droits de l’homme
Et du citoyen de tous pays
Se sont rassemblés sur ce Parvis. Ils ont rendu hommage
Aux victimes de la faim, de l’ignorance et de la violence,
Ils ont affirmé leur conviction que la misère n’est pas fatale.
Ils ont proclamé leur solidarité avec ceux qui luttent
À travers le monde pour la détruire.
« Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère ;
Les droits de l’homme sont violés.
S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré. »
Père Joseph Wresinski
À ce jour, il existe au total 53 répliques de la pierre commémorative dans le monde, notamment dans des pays comme la Belgique, le Burkina Faso, le Canada, l'Allemagne, les Philippines, le Portugal, l'île de la Réunion, la Suisse, le Royaume-Uni et les États-Unis. Des répliques de la pierre commémorative se trouvent également au Conseil de l'Europe à Strasbourg et au siège des Nations unies à New York.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 octobre 2023
17 octobre : il y a 60 ans, on noyait les Algériens dans la Seine
Le 17 octobre 1961, quelque 20 à 30 000 Algériens de Paris manifestaient pacifiquement pour protester contre le couvre-feu auquel ils étaient astreints. Sur ordre de Maurice Papon, préfet de police de Paris, les forces de l’ordre lancèrent un l’assaut qui sera sans pitié… plusieurs centaines de morts seront à déplorer.
Le 17 octobre 1961, quelque 20 à 30 000 Algériens de Paris manifestaient pacifiquement pour protester contre le couvre-feu auquel ils étaient astreints. Sur ordre de Maurice Papon, préfet de police de Paris, les forces de l’ordre lancèrent un l’assaut qui sera sans pitié : ceux qui cherchaient à rentrer chez eux furent arrêtés au pont de Neuilly et jetés dans la Seine par les policiers. Très peu savaient nager, la plupart se sont noyés. D’autres ont été retrouvés pendus près du Centre d’identification de Vincennes. La police, qui à l’époque n’avait admis que 3 morts, reconnaît aujourd’hui 140 victimes, les historiens évoquent 200 à 600 morts et disparus.
Le drame a longtemps été occulté, notamment par la tuerie policière du métro Charonne, l’année suivante, autre page noire des années De Gaulle qui couvrait la police de peur qu’elle ne le protège pas de l’OAS. Il a fallu la publication de l’ouvrage de l’historien Jean-Luc Einaudi et la manifestation anniversaire de 1991 pour que la mémoire des faits resurgisse et que les familles demandent réparation ; puis un procès (Papon contre Einaudi), en 1999, pour que l’État admette la réalité du « massacre ». Lionel Jospin s’opposera à une reconnaissance officielle. Le 17 octobre 2012, le président Hollande publie un communiqué : « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes ». Il oublie de préciser que la manifestation était pacifique, comme c’est indiqué sur la plaque apposée par le maire de Paris en 2001 sur le pont Saint-Michel où a lieu la commémoration annuelle, au cours de laquelle une gerbe est jetée dans la Seine. Cette plaque a été remplacée par une stèle le 17 octobre 2019. En 2021, le président Macron dénonce, pour la première fois, des « crimes inexcusables pour la République ».
Quant à l’Algérie, elle a fait du 17 octobre la Journée nationale de l’Émigration. Celle-ci est célébrée à Alger au musée national du Moudjahid, en présence de moudjahidine de la Fédération France du FLN, d’historiens, de représentants de la gendarmerie nationale et de la DGSN.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 octobre 2021
Mise à jour 2024 : L’Assemblée nationale a voté jeudi 28 mars 2024 un texte demandant au gouvernement l’instauration d’une journée de commémoration du massacre du 17 octobre 1961. Sans surprise, seuls les députés issus des rang du Rassemblement national ont voté contre.