L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1957, Malaisie, 31 juillet, anciens combattants Bruno Teissier 1957, Malaisie, 31 juillet, anciens combattants Bruno Teissier

31 juillet : la Malaisie célèbre ses héros

La Journée des héros (Hari Pahlawan) commémore les militaires tués pendant les deux guerres mondiales, ainsi que tous ceux qui ont perdu la vie dans l'exercice de leurs fonctions au cours de l'Histoire de la Malaisie.

 

La Journée des héros (Hari Pahlawan) commémore les militaires tués pendant les deux guerres mondiales, ainsi que tous ceux qui ont perdu la vie dans l'exercice de leurs fonctions dans toute l'histoire de la Malaisie. Une cérémonie se déroule place Merdeka, à Kuala Lumpur, en présence du Premier ministre et du roi. L'hymne national, Negaraku, est joué, accompagné d'une salve de 21 coups de canon de la 41e batterie du Royal Artillery Regiment. Divers événements sont organisés parallèlement pour célébrer toutes les forces de sécurité, indépendamment de l'armée ou de la police, avant et après la libération de la Malaisie.

Un monument national a été officiellement inauguré en 1966. Il a été créé pour commémorer ceux qui sont morts dans la lutte pour la liberté du pays, principalement contre l'occupation japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale et l'urgence malaise, une guérilla qui a duré plus de douze ans. Cependant, la Journée des héros honore par extension tous les militaires malais qui ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions tout au long de l'histoire du pays.

La Malaisie n'a pas été beaucoup touchée pendant la Première Guerre mondiale, mais elle a subi de lourdes pertes pendant la Seconde Guerre mondiale. L'urgence malaise a éclaté trois ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et a coûté la vie à plusieurs milliers de personnes.

Cette année, on célèbre particulièrement le cinquantenaire de l'"Operasi Bilis 1971" et les soldats du pays qui ont servi dans la deuxième brigade d'infanterie en 1971. L'opération a été dirigée par le capitaine V Mohana Chandran du quatrième bataillon du Royal Ranger Regiment (4RRD) pour éliminer le terrorisme communiste dans la jungle de Korbu à Sungai Siput et Tanah Hitam à Perak le 31 mai 1971. Il a été tué dans l'opération, en défendant le pays.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 juillet 2024

 
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6 juin : le Memorial Day de la Corée du Sud

Ce jour du souvenir célèbre les morts au combat et fait référence à une bataille fameuse qui fut un tournant de la lutte contre l’occupation japonaise.

 

Chaque 6 juin à 10 heures, une sirène retentit dans tout le pays, annonçant une minute de silence et de recueillement. Le drapeau national flotte un peu partout durant cette journée de deuil. Ce Jour du Souvenir (현충일) est un jour férié coréen, institué en 1956, qui commémore ceux qui sont morts pendant leur service militaire pendant des guerres ou des batailles, principalement pendant la guerre de Corée. Pendant ce conflit, la Corée du Sud était soutenue par une force de l'ONU dirigée par les États-Unis, tandis que la Chine et l'Union soviétique se battaient pour la Corée du Nord.

La date du 6 juin fait référence à la bataille de Fengwudong (봉오동 전투) qui a opposé les milices indépendantistes aux forces japonaises qui occupaient le pays et a eu lieu les 6 et 7 juin 1920. Cette bataille marqua un tournant de la lutte anticoloniale.

Le 6 juin est l’occasion de distinguer quelques héros. En 2021, par exemple, le gouvernement avait remis à titre posthume la plus haute distinction honorifique sud-coréenne à Hong Beom-do, un symbole de cette lutte anti coloniale qui est aussi le héros de la communauté coréenne du Kazakhstan (les Coréens déportés en 1937 par Staline, dont Hong Beom-do). Leurs descendants sont au nombre de 100 000 toujours présent au Kazakstan.

De son côté, la Corée du Nord célèbre chaque 6 juin, la Journée de la Fondation de l'Union des enfants coréens est un jour férié. C’est le jour où les nouveaux enfants de 9 ou 10 ans sont admis dans les rangs de l'Union (un mouvement d’embrigadement de la jeunesse en fondé par Kim Il-Sung, le 6 juin 1946). À 15 ans, les adolescents nord-coréens rejoignent ensuite la Ligue de la jeunesse.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 juin 2024

 

Timbre émis à l’occasion du centenaire de la bataille de Fengwudong

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1973, États-Unis, anciens combattants, 29 mars Bruno Teissier 1973, États-Unis, anciens combattants, 29 mars Bruno Teissier

29 mars : la Journée des anciens combattants de la guerre du Vietnam

Cette célébration est récente, car les États sont peu enclins à commémorer une guerre perdue. Qui plus est, une guerre au bilan effroyable : 1,7 million de morts, à côté des quels les 56 000 morts américains ont peu pesé dans la mémoire. Il faudra, en effet, attendre une loi de 2017 pour qu’un jour férié annuel soit instauré : La Journée nationale des anciens combattants de la guerre du Vietnam.

 

Cette célébration est récente, car les États sont toujours peu enclins à commémorer une guerre perdue. Et qui plus est, une guerre au bilan effroyable : 1,7 million de morts, trois millions de blessés et de mutilés et 13 millions de réfugiés. Les États-Unis ont largué 7 millions de tonnes de bombes et 75 millions de litres d’herbicide de défoliation de la jungle… Le Vietnam est marqué pour des générations par ce terrible conflit qui a duré deux décennies. À côté de ce désastre, les quelque 56 000 soldats américains tués et les 303 000 blessés avaient été un peu oubliés avec le temps. Beaucoup ont très mal vécus cet oubli.

Cette guerre a pourtant profondément marqué une génération d’Américains : le ministère des Anciens Combattants estime qu'aujourd'hui, à plus de 7 millions le nombre d'anciens combattants américains du Vietnam. Le conflit a concerné plus de 10 millions de familles américaines. Jusque-là, les anciens combattants étaient honorés chaque 11 novembre en même temps que ceux de toutes les guerres auxquelles ont participé les États-Unis. Certains États de l’Union organisaient des célébrations le 29 ou le 30 mars. Mais rien au niveau fédéral, jusqu’à cette journée fériée du 29 mars, annoncée en 2012 pour les célébrations du 50e anniversaire de la fin de la guerre du Vietnam.

Le 29 mars  1973, les dernières troupes américaines combattantes furent retirées du Vietnam et les derniers prisonniers de guerre détenus au Nord-Vietnam arrivèrent sur le sol américain. Le 29 mars fut aussi la date choisie par le président Nixon pour une première Journée des anciens combattants du Vietnam en 1974. Mais il faudra attendre une loi de 2017 pour qu’un jour férié annuel soit instauré : La Journée nationale des anciens combattants de la guerre du Vietnam (National Vietnam War Veterans Day), une célébration officielle qui encourage les Américains à arborer le drapeau américain, mais la journée n’est pas un jour férié chômé.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 mars 2024

Les trois militaires , statue de Frederick Hart, au Mémorial des anciens combattants du Vietnam à Washington, DC

 
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1981, Timor-Oriental, anciens combattants Bruno Teissier 1981, Timor-Oriental, anciens combattants Bruno Teissier

3 mars : le Timor oriental célèbre ses anciens combattants contre l’Indonésie

Ce jour férié a été créé pour honorer ceux qui ont lutté pour la souveraineté de leur pays pendant l'occupation indonésienne du Timor oriental de 1975 à 1999. Ce traitement réservé aux anciens combattants par rapport au reste de la population est critiqué par de plus en plus de Timorais qui dénoncent l’existence d’une caste de privilégiés issue des cadres de la Résistance.

 

Le Timor oriental célèbre la Journée des anciens combattants (Dia dos veteranos). Ce jour férié a été créé pour honorer ceux qui ont lutté pour la souveraineté de leur pays pendant l'occupation indonésienne du Timor oriental de 1975 à 1999.

L'occupation indonésienne du Timor oriental avait duré de 1975 à 1999 et a entraîné la mort d'environ 100 000 à 300 000 personnes. Le Front révolutionnaire pour un Timor oriental indépendant (FRETILIN) avait tenté de résister à l'invasion. En 1978, le leader du FRETILIN Nicolau dos Reis Lobato avait été tué par les forces spéciales indonésiennes et la branche militaire armée du FRETILIN s’était engagée dans une guérilla contre les occupants lors d’une Conférence nationale de la résistance, le 3 mars 1981, c’est le 45e anniversaire de ce sursaut de la Résistance qui est célébré aujourd’hui.

Les célébrations ont débuté le 1er mars par une messe à 9 heures du matin à l'église paroissiale de Balide à Dili. S'ensuit une marche depuis Dili jusqu’au Jardin des Héros et Martyrs de la Patrie, à Metinaro, pour y déposer des fleurs ; suivi d’une fête au siège du Conseil des Combattants de Libération Nationale (CCLN). Le 2 mars, un séminaire s’est tenu au Convention Center (CCD) de Dili, avec des conférences du lieutenant-général à la retraite, Lere Anan Timur, du ministre des Affaires des combattants de libération nationale, Gil da Costa. Monteiro « Oan Soru » et le ministre de la Défense, le commodore Pedro Klamar Fuik.

Enfin, ce 3 mars, Journée nationale des anciens combattants, les célébrations se déroulent au Palais du Gouvernement, à partir de 8h15 avec la levée des drapeaux du RDTL, les discours officiels et la marche des anciens combattants vers le CCD, où un déjeuner de célébration est offert et avec des activités se déroulant jusqu'à 15h30, moment où le drapeau national est abaissé.

Au Timor-Leste, les « héros du pays » disposent de leur propre institution pour défendre leurs intérêts et bénéficient de certains privilèges, comme l'accès aux soins de santé à l'étranger et, pour leurs descendants, d'un régime différent d’admission à l'Université nationale du Timor-Leste. Cette année, l’argent public alloué au ministère des Affaires combattantes et de la Libération nationale (MACLN), à celui prévu pour l’ensemble du secteur de la santé du pays, en l'occurrence le ministère de la Santé. Ce traitement réservé aux anciens combattants par rapport au reste de la population est critiqué par de plus en plus de Timorais qui dénoncent l’existence d’une caste de privilégiés issue des cadres de la Résistance. Alors que cette année, pour le 25e anniversaire de la fin de l’occupation indonésienne, le slogan est « Ensemble, nous marcherons vers l'avenir ».

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 mars 2024

 
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1918, Allemagne, Royaume-Uni, anciens combattants Bruno Teissier 1918, Allemagne, Royaume-Uni, anciens combattants Bruno Teissier

13 novembre : jour de deuil en Allemagne et au Royaume-uni

Allemands et Britanniques commémorent ce dimanche, leurs morts à la guerre. En Allemagne, c’est le Jour de deuil national allemand (Volkstrauertag), au Royaume-uni, c’est le Jour du souvenir (Remembrance Day).

 

Hasard du calendrier, cela n’arrive pas tous les ans, Allemands et Britanniques commémorent ce dimanche, leurs morts à la guerre. En Allemagne, c’est le Jour de deuil national (Volkstrauertag), au Royaume-uni, c’est le Jour du souvenir (Remembrance Day).

Ce jour des souvenir a été célébré en Allemagne de 1922 à 1934 en février ou en mars (précisément le cinquième dimanche avant Pâques). À l'origine, c’était les soldats allemands tués pendant la Première Guerre mondiale qui étaient commémorés.  En 1934, sous les nazis, sur décision de  Joseph Goebbels, le 14 novembre a été rebaptisé “Jour du souvenir des héros” et a bien sûr complètement changé de sens. Puis, en 1939, Hitler déplaça ce jour du souvenir au 16 mars, anniversaire  de la réintroduction du service militaire obligatoire en 1935.

À partir de 1946, une journée de deuil national a été remise en place, toujours en février ou mars. C’est au début des années 1950, qu’il est fixé l’avant-dernier dimanche avant le premier de l’Avent, qui est sa date actuelle, qui tombe aujourd’hui.  La RDA commémorait les victimes du fascisme, c’est-à-dire avant tout les résistants communistes, plutôt que les soldats tombés à la guerre comme en RFA. Depuis 1987, le Volkstrauertag a élargi son champs pour commémorer les victimes de la guerre, de la tyrannie et du terrorisme en général. Sans oublier les soldats allemands morts dans les missions étrangères de la Bundeswehr.

Pour les Britanniques, le Remembrance Day était autrefois célébré le 11 novembre. Afin de supprimer un jour férié, il a été déplacé au le dimanche le plus proche de l’anniversaire de l’armistice de 1918. Ce jour-là, en présence du premier ministre ainsi que d’anciens combattants, la reine, en principe, dépose un bouquet de coquelicots  au cénotaphe du Whitehall à Londres. Des coquelicots artificiels bien sûr (car ce n’est pas la saison). Ils sont appelés coquelicots du souvenir (Remembrance Poppy) et sont vendus par l'association des anciens combattants de la Royal British Legion. Le coquelicot (poppy, en anglais ) fait référence au poème In Flanders Fields du Canadien John McCrae, évoquant les champs de Flandre rougi au sang des soldats de la Première Guerre mondiale. À Londres, les bâtiments publics seront illuminés en rouge pendant la nuit de ce dimanche.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 novembre 2022

 

Volkstrauertag

Remembrance Poppy

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1945, Finlande, anciens combattants, 27 avril Bruno Teissier 1945, Finlande, anciens combattants, 27 avril Bruno Teissier

27 avril : la Finlande célèbre ses anciens combattants des trois guerres des années 1940

Pendant la Seconde Guerre mondiale, trois conflits militaires se sont déroulés sur le territoire finlandais : deux contre l’URSS, un contre l’Allemagne qui s’est terminé le 27 avril 1945. Aujourd’hui, la menace russe réactive tous ces souvenirs.

 

La Journée nationale des anciens combattants (Kansallinen veteraanipäivä) est une journée officielle du souvenir en Finlande. Elle est célébrée le 27 avril car c’est le jour de 1945 où, en Finlande, la Seconde Guerre mondiale a pris fin.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, trois conflits militaires se sont déroulés sur le territoire finlandais : la « guerre d'hiver » entre la Finlande et l'Union soviétique, la « guerre de continuation » entre la Finlande (alliée à l’Allemagne) et de l'Union soviétique, et la « guerre de Laponie » entre la Finlande et l'Allemagne.

Selon l'armistice de Moscou qui a mis fin à la Guerre de continuation, la Finlande devait chasser les troupes allemandes de son territoire avant le 15 septembre 1944. Techniquement, c’était impossible, l’Allemagne ayant lancé l'opération Tanne Ost et la Finlande a répondu avec la bataille de Tornio. Ainsi a commencé la guerre de Laponie.

La guerre s'est officiellement terminée le 27 avril 1945 lorsque les Allemands se sont retirés en Norvège. Bien qu'il s'agisse, en fait, d'un jour de victoire, il est d'usage de le célébrer comme un jour du souvenir. La première Journée nationale des anciens combattants a eu lieu en 1987. Traditionnellement, on procède à des cérémonies de dépôt de couronnes et des moments de recueillement sur les tombes des héros de guerre, ainsi que des services religieux.

Aujourd’hui, l’Allemagne ne menace plus la Finlande, en revanche le spectre d’une attaque de la Russie est réapparu de plus belle avec l’agression de l’Ukraine par Moscou. De fait, Helsinki songe de plus en plus sérieusement à intégrer l’OTAN. Une perspective qui fait de moins débat en Finlande dont l’opinion est depuis peu massivement favorable à ce projet.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1982, Argentine, anciens combattants, 2 avril, Malouines Bruno Teissier 1982, Argentine, anciens combattants, 2 avril, Malouines Bruno Teissier

2 avril : le Jour des Malouines ou comment commémorer une guerre provoquée puis perdue

L’Argentine célèbre aujourd’hui le Jour des Malouines (Día de las Malvinas). Il y a 40 ans jour pour jour la dictature argentine lançait une offensive militaire en vue de prendre possession de cet archipel britannique. Une défaite difficile à gérer par la mémoire collective qui cultive la mémoire de soldats sacrifiés à une cause perdue d’avance.

 

L’Argentine célèbre aujourd’hui le Jour des Malouines (Día de las Malvinas). Il y a 40 ans, jour pour jour, le gouvernement argentin lançait une offensive militaire en vue de prendre possession d’un archipel que l’Argentine considère comme lui appartement. C’était le 2 avril 1982, jour du débarquement sur le territoire britannique des Falklands (Malvinas pour les Argentins). On le sait, cette guerre s’est terminée par un désastre pour l’armée argentine, 649 morts, 1 068 blessés et 11 313 prisonniers. Officiellement, c’est à eux que la journée est dédiée mais, dans un coin de leur tête, les Argentins continuent de penser que ces îles devraient être argentines.

En vérité, ces îles connues dès le début du XVIe siècle n’ont été que très tardivement habitées. Au début du XVIIIe siècle, elles étaient fréquentées par des navigateurs de Saint-Malo, d’où leur nom de Malouines, mais ils ne s’y sont pas établis. La France a revendiqué l’archipel, mais faute de présence française a fini par le céder à l’Espagne pour éviter qu’il ne tombe dans les mains des Anglais. L’Argentine indépendante ne s’y est pas précipitée. Elle a fini par y envoyer un bateau vers 1820, des habitants s’y installent en 1822 ou 1823. Cette année, 2022, l’Argentine célèbre officiellement les 200 ans de sa colonisation de l’archipel ! Mais, en 1833, les Anglais arrivent en force, expulsent les Argentins. Ils occupent l’archipel depuis lors. 

En 1982, l’Argentine était dirigée par une junte militaire qui espérait par une victoire éclair sur un territoire qui constitue une revendication argentine depuis toujours, détourner l'attention de l'opinion publique de la crise économique et des infractions constantes aux droits de l’homme. Le gouvernement argentin d’extrême droite est alors aux abois, son image internationale est désastreuse, seule une victoire militaire, pense-t-il, sur une nation européenne, lui redonnerait une légitimité, au moins nationale. L’idée est que le Royaume-Uni, se désintéresserait de ces terres lointaines, d’un intérêt limité depuis que l’Angleterre n’est plus maître sur les mers. Et que la communauté internationale ne réagirait que mollement et en ordre dispersé.

L’erreur d’appréciation des dirigeants argentins leur fut fatale. Margaret Thatcher étaient en campagne électorale, sa popularité avait baissé, elle ne pouvait pas se permettre d’apparaître faible face à une agression. Une victoire militaire facile la remettra en selle pour un moment. Cette guerre est d’abord apparue comme celle d’une dictature contre un pays démocratique. Les démocraties se sont toutes rangées derrière les Anglais. La France a apporté son aide militaire, les États-Unis leur soutien diplomatique, même la dictature chilienne a soutenu Londres. L’Espagne s’est abstenue de condamner l’Argentine, comme l’URSS et la Chine, mais sans lui apporter la moindre aide. Seuls quelques pays latino-américains, notamment Cuba et le Nicaragua (les mêmes qui aujourd’hui soutiennent Poutine dans sa guerre contre l’Ukraine !), se rangent franchement du côté de Buenos Aires.

La posture de Margaret Thatcher est de refuser toute négociation, les Britanniques écrasent les Argentins. La déroute militaire va entraîner la chute de la junte, mais en décembre 1983 seulement. La célébration du 2 avril a été instaurée en mars 1983 par dernier dictateur argentin, le sinistre Reynaldo Bignone, sous le nom de Journée des îles Malouines, de la Géorgie du Sud et des îles Sandwich du Sud (Día de las Islas Malvinas, Georgias del Sur y Sandwich del Sur ). Cette date sera ensuite déplacée au 10 juin : Jour de l'Affirmation des Droits des Argentins sur les îles Malvinas et l’Antarctique. Finalement, en 2000, la date du 2 avril a à nouveau été réintroduite dans le calendrier officiel comme la Journée des vétérans et des combattants tombés pendant la guerre des Malouines (Día del Veterano y de los Caídos en la Guerra de Malvinas). Ce n’est plus qu’une commémoration des victimes d’un conflit engagé par la dictature, mais sans pour autant avoir éteint le sentiment irrédentiste des Argentins. 

L’’argument argentin s’appuie principalement sur la géographie. C’est sa faiblesse selon le droit international actuel. Car les Anglais peuvent attester d’un siècle et demi de présence dans l’archipel, les Argentins seulement une dizaine d’années. Le fait qu’il ait été pris par la force, il y a presque deux siècles ne constitue pas un argument, sauf à mettre à feu et à sang la planète entière si tous les territoires acquis au XIXe siècle dans les mêmes conditions devraient être contestés. En 1965, l’Argentine était toutefois parvenue à faire inscrite les Malouines comme territoire à décoloniser. Le Royaume-Uni a organisé un référendum en 2013 dont le résultat fut sans appel : 99,8% des Malouins ont demandé à rester britanniques.

Bien sûr, ce Jour des Malouines n’est pas observé dans l’archipel, localement on fête Libération Day le 14 juin, le jour qui marque la fin de la guerre en juin 1982. Les Britanniques ont aussi introduit un Falklands Day, le 14 août qui célèbre la première observation enregistrée (par un Anglais) des îles Falkland par John Davis en 1592. #guerredesmalouines

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er avril 2022

 

Le mémorial dédié aux soldats sacrifiés pour une cause perdue d’avance.

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Canada, 8 novembre, anciens combattants, Amérindiens Bruno Teissier Canada, 8 novembre, anciens combattants, Amérindiens Bruno Teissier

8 novembre : la Journée des anciens combattants autochtones du Canada

Des centaines d’entre eux ont laissé leur vie pour une patrie jusque-là peu reconnaissante

 

Le Canada se souvient qu’il était habité avant l’arrivée des Européens. Après la journée des enfants martyrs des pensionnats réservés aux autochtones, c’est aujourd’hui la Journée nationale des anciens combattants autochtones. Des centaines d’entre eux ont laissé leur vie pour une patrie canadienne jusque-là peu reconnaissante.

Durant la guerre de 1812, ils ont été de précieux alliés pour la protection du Canada, ils ont aidé à protéger les citoyens de ce pays nouveau contre les attaques et les invasions des Américains. Depuis, des milliers d’entre eux ont servi avec bravoure lors des deux guerres mondiales et de la guerre de Corée.

Selon les statistiques fournies par Anciens Combattants Canada, plus de 7 000 Autochtones ont servi en Corée. Cependant, ce nombre n'inclut pas les Indiens non inscrits, les métis ou les Inuits. En les comptant, le total réel serait plus proche de 12 000. Lorsque les anciens combattants autochtones sont rentrés de Corée, bon nombre d'entre eux ont été confrontés aux lourdeurs bureaucratiques. Certains d'entre eux se sont vus refuser le soutien et les services offerts aux non-autochtones, tandis que d'autres ont perdu les avantages offerts aux autochtones vivant dans les réserves. Bon nombre d'entre eux n'ont reçu aucune compensation parce que le ministère des Anciens Combattants croyait que les compensations devraient être payées par le ministère des Affaires indiennes, et vice versa.

Pourtant, certains de ces anciens combattants comptent parmi les soldats, aviateurs et marins les plus décorés de l’histoire militaire du Canada. Le Sergent Tommy Prince était membre de 2e Bataillon, Princess Patricia’s Canadian Light Infantry à Kapyong, et c’est l’un des soldats autochtones les plus décorés au Canada.  

La Journée des vétérans autochtones a été créée au Manitoba en 1994 puis a été étendue à l’ensemble du pays sous le nom de « Journée nationale des vétérans autochtones », que l’on célèbre le 8 novembre de chaque année.  

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 novembre 2021

 
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