L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
18 novembre : il y a 30 ans débutait le martyre des habitants de Vukovar
C’est Journée du souvenir des victimes de Vukovar, en mémoire des victimes des massacres de 1991
Il y a 30 ans les milices serbes, épaulées par ce qui restait de l’armée yougoslave, entraient dans une ville fantôme, largement désertée par ses habitants et détruite aux deux tiers. Le 25 juin, la Croatie avait proclamé son indépendance. Officiellement c’est pour tenter de conserver le contrôle d’une ville multiculturelle que les derniers tenants de la Yougoslavie communiste avaient commencé à assiéger la ville le 25 août. La ville était pour moitié croate, serbe pour un tiers… ces derniers vont occuper la ville pendant une décennie et en faire la capitale d’une république serbe fantoche. Cette occupation débute, le 18 novembre 1991, par des massacres comme celui de l’hôpital de la ville où 300 personnes enlevées, seront presque toutes exécutées dans le faubourg d’Ovcara où se trouve aujourd’hui le principal mémorial en hommage aux quelque 4000 victimes de la tragédie de Vukovar.
En novembre 2010, la ville recevait la visite de Boris Tadic, le président de la Serbie, venu présenter les excuses de son pays. Sinistrée, ravagée par le chômage, la ville se remet lentement mais reste profondément divisée entre Serbes et Croates. Les Journées du souvenir des victimes (Dani sjećanja na žrtve), ces 18 et 19 novembre, sont commémorées différemment. Toutefois, le politicien serbe de Croatie Boris Milosevic, vice-Premier ministre du gouvernement croate, a pris part à la commémoration et Milorad Pupovac, le président du Conseil national serbe, qui représente les intérêts de la minorité serbe en Croatie, a rendu hommage à tous les habitants de Vukovar portés disparus ou tués en 1991.
La Journée du souvenir des victimes de Vukovar est devenue un jour férié l'année dernière, à l'occasion du 29e anniversaire de la chute de la ville.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 novembre 2021
16 janvier : le Salvador commémore la fin de sa guerre civile, mais pas le retour à la paix civile
Le Salvador commémore chaque 16 janvier les accords de paix de Chapultepec qui ont mis fin à 12 ans d’une guerre civile qui a fait plus de 75 000 morts et 8 000 disparus dans les affrontements qui ont opposés une extrême droite au pouvoir (l’ARENA) et une guérilla marxiste.
Le Salvador commémore chaque 16 janvier les accords de paix de Chapultepec qui ont mis fin à 12 ans d’une guerre civile qui a fait plus de 75 000 morts et 8 000 disparus dans les affrontements qui ont opposés une extrême droite au pouvoir (l’ARENA) et une guérilla marxiste (FMLN). L’essentiels des massacres étaient le fait des escadrons de la mort, armés et encouragés par les gouvernants. L’un des massacres les plus terribles avaient été celui d’El Mozote opéré par le bataillon Atlacatl qui accusait les villageois d’être des terroristes marxistes. « Un enfant mort est un guérillero de moins », avaient-ils inscrit, en lettres de sang, sur les murs d’une maison. En tout, 539 enfants (dont 475 de moins de 12 ans) et 449 adultes ont été sauvagement assassinés le 11 décembre 1981. Le dossier de cette tuerie vielle de près de 40 ans été rouvert récemment.
La guerre est fini mais les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité perpétrés au Salvador entre 1980 et 1992 restent impunis alors que la loi d'amnistie qui bloquait les poursuites pénales a été annulée il y a plus de quatre ans. Les organisations de défense des droits de l'homme accusent aujourd’hui l'Assemblée législative, le gouvernement et le bureau du procureur général de la République de freiner l'exécution des ordonnances rendues par la Cour suprême de justice. Le président Nayib Bukele, élu en 2019 (le premier président non issus des rangs de l’ARENA ni du FMLN), n’est guère plus diligent que ses prédécesseurs.
Mais, peut-on parler de paix dans un pays où on a dénombré 51 585 homicide de 2006 à 2012 (soit une période de la même durée que la guerre civile) ? La plupart des meurtres au Salvador sont attribués aux redoutables « maras », les gangs qui rackettent et terrorisent la population de ce pays de 6,6 millions d’habitants. mais les forces de sécurité ont leur part du bilan.
« Ah, la guerre est finie! Quelle guerre est finie ? Il y a eu 25 homicides par jour après la signature des accords de paix. Les gens disaient que la guerre était finie et que le crime avait commencé » disait le président Nayib Bukele dans un discours télévisé il y a quelques jours à propos de la commémoration de ce 16 janvier.
Le bilan personnel de ce président, très conservateur et autoritaire, n’est pas convaincant. Il s’est lancé dans une surenchère punitive contre ces gangs criminels. Il a autorisé la police à utiliser la «force létale» contre les pandilleros (membres des gangs) dans les rues du Salvador. Le nombre des homicides baisse toutefois peu à peu chaque année. On a un taux de 50 meurtres pour 100 000 habitants contre 80, il y a quatre ans et 130, au plus fort de la violence (en France il est de 0,5). Le Salvador, l’un des pays en paix les plus violent au monde, pourrait peu à peu sortir de ce cauchemar. C’est le sens de cette journée qui commémore la Signature des accords de paix (Firma de los Acuerdos de Paz), le 16 janvier 1992, mais pas la fin de la violence.
Ce jour commémore de la fin de la guerre civile qui avait mis en péril l'unité du Nigeria. La célébration ne se limite pas à ce conflit. On n’oublie pas les derniers survivants de la Seconde Guerre mondiale, mais on honore aussi tous les soldats tués ces dernières années en luttant contre le terrorisme islamique ou le grand banditisme.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 janvier 2021