L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
22 avril : la Journée mondiale de la Terre nourricière
Institué par des Américains, Earth Day a été officialisé par l’ONU. Faut-il y voir l’occasion d’une prise de conscience mondiale ou une simple opération américaine de greenwashing ?
Aux États-Unis, des centaines de marches, de piquets de grève et d'événements de nettoyage ont lieu à travers tout le pays à l'occasion de la Journée de la Terre (Earth Day). Ce mardi, des mouvements de défense de l’environnement et du climat intensifient leur résistance à l'autoritarisme de l'administration Trump et à sa « guerre contre la planète ». Des associations pro-démocratie s’associent à eux pour une vague d'actions visant à exiger le droit à une vie libre et saine. Pas sûr que le président Trump et sa poignée de courtisans les entendent.
Cette Journée de la Terre est avant tout nord-américaine mais elle commence à mobiliser en France comme dans d’autres pays. Lancée en 1970 par Gaylord Nelson, un sénateur américain réagissant à une marée noire qui dévasta la Californie en 1969, la journée a été officialisée par l’ONU en 2009 sous le nom de Journée internationale de la Terre nourricière, une journée consacrée à la protection de l'environnement qui a pour le moment un impact limité.
À l’origine, la date ne signifiait rien. Elle a été choisie pour mobiliser le plus d’étudiants nord-américains possible, elle tombe hors vacances et hors période d’examen. Les mauvaises langues ont toutefois fait remarquer qu’elle correspondait à la date de naissance de Lénine, une manière de dénoncer les premiers défenseurs de l’environnement comme de dangereux étatistes, terme très péjoratif aux États-Unis. Au moins peut-on dire que cette journée célébrée chaque année dans beaucoup de pays, est à l’origine des mouvements environnementalistes tels que nous les connaissons aujourd’hui. Elle fait écho à la Journée mondiale de l’environnement (5 juin). Ses détracteurs y voient avant tout une simple opération américaine de greenwashing, ni plus ni moins qu’une mascarade écologique.
Cette journée marque aussi l’anniversaire de la signature de l’Accord de Paris. Le 22 avril 2016, au siège des Nations Unies à New York, l’Accord de Paris sur le climat, adopté à la COP21, était signé par 175 Parties (soit 174 pays et l’Union européenne), ce qui lui a permis d’entrer en vigueur le 4 novembre 2016. Un accord dont les États-Unis se sont retirés le 20 janvier 2025, jour d’entrée en fonction de Donald Trump, un président qui est à la tête du premier État pollueur de la planète. Le 22-Avril est cette année plutôt morose.
Ne pas la confondre avec la Journée de la terre (sans majuscule) des Palestiniens célébrée chaque 30 mars.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 avril 2025
Un timbre-poste tunisien de 1965 transmettant déjà le message “une seule Terre” (une œuvre de Hédi Selmi )
7 mars : il y a 60 ans, le Bloody Sunday de Selma, en Alabama
Il y a 60 ans, à Selma, en Alabama, une marche de Noirs américains réclamant le droit de voter était violemment réprimée par la police. On déplora 60 blessés dont certains très graves. C'était le 7 mars 1965. #marchedeselma
On commémore ce dimanche à Selma, en Alabama, une marche violemment réprimée par la police le 7 mars 1965. Ils étaient 600 marcheurs noirs à réclamer le droit de voter, mais ils ne dépasseront pas le pont de Edmund Pettis. La police locale fonce sur les manifestants et à coups de matraques et de gaz lacrymogènes repousse les marcheurs vers Selma. Il y aura 60 blessés dont certains très graves. Ce dimanche restera en mémoire comme le Bloody Sunday of Selma. La violence policière montrée par la télévision dans tout le pays provoque une grande indignation.
Le Civil Rights Act de 1964 mettait théoriquement fin aux actes de ségrégation à l'encontre du peuple noir. En théorie seulement car dans les États du Sud, les autorités locales et le Ku Klux Klan faisaient régner un quasi-apartheid. Ainsi en Alabama, le gouverneur George Wallace, ségrégationiste notoire, parvenait à bloquer l'inscription des Noirs sur les listes électorales. Sur 15 000 d’entre eux, 300 seulement avaient pu s'inscrire.
Déjà, le 18 février 1965, une marche de protestation avait été violemment réprimée par la police dans la ville de Marion, un manifestant avait été tué. Martin Luther King, prix Nobel de la paix en 1964, prend la tête du mouvement de protestation et appelle à une marche le 7 mars suivant. Celle-ci devait conduire les manifestants de Selma à Montgomery, siège du gouvernement local. La police lui barrera violemment la route.
Une nouvelle marche, le 25 mars 1965, atteindra Montgomery sans entrave cette fois-ci avec Martin Luther King à sa tête. Les manifestants sont au nombre de 50 000. Noirs et Blancs accueilleront les marcheurs et écouteront le pasteur King.
Sur l’injonction du président Johnson, le congrès américain adoptera finalement le Voting Rights Act, qui entérine définitivement le droit de vote pour les Noirs, en août 1965. Après des décennies de violences pour empêcher les Noirs de voter, États-Unis devenaient enfin une démocratie.
Chaque année, autour du 7 mars, une marche est organisée pour commémorer cet épisode de la lutte des Noirs (African American) pour leurs droits. Cette année, c’est le 60th Anniversary of Selma to Montgomery (nom officiel). Des bus sont spécialement affrétés depuis les villes voisines pour célébrer l’évènement du 7 au 9 mars 2025.
La commémoration se déroule du 7 au 9 mars 2025 à Selma et à Montgomery, en Alabama.
Le vendredi 7 mars, le Women's Legal Symposium réunira des professionnels du droit et des universitaires pour une discussion sur la démocratie et la justice. Au cours de cet événement, Salute Selma présentera les Legal Guardian of Democracy Awards, récompensant des pionniers tels que le juge Myron Thompson, la juge Elizabeth French, la juge Vernetta Perkins Walker, la juge UW Clemons (retraitée), la juge Vanzetta Penn McPherson (retraitée), la juge Delores Boyd (retraitée), la juge Leah Ward Sears (retraitée), le juge Arnette Hubbard (retraitée), l'avocat Fred Gray et l'avocate Ernestine Sapp. Un hommage posthume honorera l'avocat Arthur Shores, l'avocat JL Chestnut et l'avocat Michael Figures pour leurs contributions durables à la lutte pour les droits civiques.
Vendredi marquera également le lancement du Sommet éducatif HBCU à l'Université de Selma, où l'accent sera mis sur les lycéens et leur rôle dans la construction de l'avenir de la démocratie. Cette session spéciale mettra en vedette l'activiste viral YelloPain, qui engagera les étudiants dans une conversation sur l'importance de l'engagement civique. Ce soir-là, l'Université d'État de l'Alabama organisera la réception de bienvenue du week-end au Nest, réunissant les participants, les dirigeants et les sympathisants.
Le samedi 8 mars, le sommet éducatif des HBCU se poursuivra avec la table ronde des présidents des HBCU et la table ronde sur l'agenda législatif des Noirs à l'université d'État de l'Alabama. La journée comprendra des tables rondes avec des leaders des droits civiques, des dialogues politiques sur les questions touchant les communautés noires et des opportunités d'activisme étudiant et communautaire. La soirée se terminera avec le sénateur Robert Stewart et la quatrième soirée annuelle Homegrown de 100 Black Men, un événement dédié à la promotion du leadership et à la célébration de l'excellence au sein de la communauté noire.
Le dimanche 9 mars, le week-end culminera avec le Salute Selma Gospel and R&B Explosion au Selma Memorial Stadium 108 Dallas Avenue Selma, AL de 8h00 à 13h00, avec des artistes lauréats et nominés aux Grammy Awards, dont CeeLo Green, Bishop William Murphy et Asher HaVon, vainqueur de la saison 25 de The Voice sur NBC. L'événement comprendra des food trucks, des vendeurs et des leaders nationaux, dont les Divine 9, The Links, The Boule, Jack and Jill et 100 Black Men. Les food trucks et les vendeurs sont les bienvenus, visitez https://www.saluteselma.com/vendor-application-selma
Après la célébration, les participants se joindront à la reconstitution historique du 60e pont traversant le pont Edmund Pettus, rendant hommage aux marcheurs de 1965 et réaffirmant l’engagement collectif en faveur de la justice, du droit de vote et de la démocratie.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 mars 2025
Les violences du 7 mars 1965 filmées par la télévision
Le 25 mars 1965, au centre, Martin Luther King ; à gauche, Ralph David Abernathy et Jesse Douglas ; à droite, James Forman et John Lewis
17 février : les Portoricains célèbrent leurs héros
Alors que les États-Unis, comme chaque troisième lundi de février, fêtent Presidents' Day, à Porto Rico, on célèbre aussi la Journée des illustres Portoricains.
Alors que les États-Unis comme chaque troisième lundi de février, fêtent Presidents' Day, à Porto Rico, on célèbre la Journée des illustres Portoricains (Día de los Próceres Puertorriqueños).
Ce jour férié existe depuis 2014. Cette année-là, le gouvernement de Porto Rico avait fusionné les anniversaires de trois Portoricains éminents (Luis Muñoz Rivera, José Celso Barbosa et Luis Muñoz Marín), qui étaient autant de jours fériés, en une seule célébration, le troisième lundi de février. Cette mesure a été prise pour réduire le nombre de jours fériés à Porto Rico.
C’est Grace à Luis Muñoz Rivera (1859–1916), poète et journaliste que les Portoricains ont obtenu la citoyenneté américaine (des citoyens de seconde zone puisqu’ils ne participent pas au choix du président américain). Le docteur José Celso Barbosa (1857–1921) fut le premier Portoricain à obtenir un diplôme de médecine aux États-Unis, il a participé au mouvement politique pour améliorer le sort politique de ses compatriotes. Luis Muñoz Marín (1898–1980) fut le premier gouverneur démocratiquement élu de Porto Rico, poste qu’il a occupé pendant 16 ans à partir de 1949. Il est considéré comme « l'architecte du Commonwealth de Porto Rico » (qui jusque-là n’était qu’une colonie américaine).
La Journée des Héros Portoricains rend hommage à quatre autres personnes qui ont joué un rôle important dans l'histoire de l'île : Ramón Emeterio Betances (1827–1898), l’un des héros de la lutte contre l’occupation espagnole. Román Baldorioty de Castro (1822–1889) qui a milité pour l’abolition de l’esclavage, Ernesto Ramos Antonini (1898-1963) cofondateur du Parti démocratique populaire, qui prône le statu quo du Commonwealth. Luis A. Ferré (1904-2003), le fondateur du Nouveau Parti progressiste, qui plaide pour que Porto Rico devienne un État des États-Unis d'Amérique.
Cette liste n’étant, au départ, que masculine, une femme a été rajoutée à la liste. Isabel Rosado (1907-2015), une militante indépendantiste qui a passé dix années de sa vie en prison pour son militantisme. Ensuite la liste s’est rallongée : Lola Rodríguez de Tió, Nilita Vientós Gastón, Julia de Burgos, Mariana Bracetti, Ana Roque de Duprey, Luisa Capetillo, María Luisa Arcelay, Sœur Isolina Ferré, Felisa Rincón de Gautier, María Libertad Gómez, ainsi que deux autres hommes, Roberto Clemente Walker et Rafael Hernández Colón.
Désormais, cette journée est désignée comme le Día de Jorge Washington, Día de los Presidentes y Día de las Mujeres y Hombres Próceres de Puerto Rico.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 février 2025
28 décembre : le serment d’allégeance des États-Unis d’Amérique
Aux États-Unis, l’idée d’un serment d’allégeance à la patrie remonte à la fin du XIXe siècle, quand l’arrivée massive de migrants nécessita de former de jeunes patriotes américains. La cérémonie a été modifiée à plusieurs reprises et, plus récemment, une référence à Dieu a été rajoutée.
Aux États-Unis, l’idée d’un serment d’allégeance à la patrie remonte à la fin du XIXe siècle, à l’époque où l’arrivée massive de migrants nécessita de former de jeunes patriotes américains. Dans les écoles, on se mit à faire réciter ce serment aux écoliers en leur présentant le drapeau.
Ce n’est toutefois qu’en 1945, le 28 décembre précisément, que ce serment a été reconnu par le Congrès. L’anniversaire de cette reconnaissance officielle, le Pledge of Allegiance Day, est fêté par l’armée mais elle n’est pas une célébration fédérale. Depuis 2004, elle fait l’objet de cérémonies locales et selon les États, elle est marquée avec plus ou moins de ferveur.
En voici la dernière version du serment mais ce n’est pas celle de 1945 : « Je jure allégeance au drapeau des États-Unis d’Amérique et à la République qu’il représente, une nation sous l’autorité de Dieu, indivisible, avec liberté et justice pour tous. »
Le texte de ce serment a, en effet, été modifié plusieurs fois. Contrairement à ce que l’on pourrait penser la référence à Dieu : « under God », que l’on peut traduire par « sous l'autorité de Dieu » n’a été introduite qu’en 1954, en pleine guerre froide. Il s’agissait, disait-on à l’époque, de se distinguer de l’athéisme imposé par les États communistes. Le président Eisenhower venait, un an plus tôt, de se faire baptiser presbytérien. Il appuya fortement cette initiative, contestée et contestable, qui venait des milieux conservateurs.
En effet, cette allégeance à Dieu contredit pleinement l’article premier de la déclaration des Droits : « Le Congrès n'adoptera aucune loi relative à l'établissement d'une religion, ou à l'interdiction de son libre exercice ; ou pour limiter la liberté d'expression… » Habilement, la Cour suprême s’est toujours débrouillée pour ne pas avoir à statuer sur la conformité de ce serment avec la constitution américaine. Tout juste a-t-elle admis que l’on puisse avoir la liberté de refuser de prononcer ce serment sans être sanctionné. Rares sont les écoliers qui s’y risquent.
Les Américains se sont habitué à cette injonction de croire en Dieu, « In God we trust » n’est-elle pas la devise du pays. Les premiers timbres-poste où figure cette devise sont apparus en 1954. Depuis 1955, elle est également inscrite sur les billets de banque… ceci en dépit de la séparation (officielle) de l’État et des Églises.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 décembre 2024
Photo : Rebecca Westfall, une infographie de l’Armée américaine (2020)
Outre le texte du serment, la gestuelle aussi a changé plusieurs fois. Dans les année 1930, le bras tendu vers le drapeau s’apparentait trop à celui de l’Allemagne nazie. En 1942, on lui préféra la main sur le cœur, un geste qui a ensuite traversé l’Atlantique pour s’imposer aujourd’hui en Europe lorsqu’on joue les hymnes nationaux.
Le salut dit de Bellamy, dans les années 1920 et 1930
Des écoliers récitent le serment d'allégeance en 1899, Washington, DC
22 décembre : la célébration des premiers colons nord-américains
La ville américaine de Plymouth, dans le Massachusetts, commémore le débarquement, en 1620, des premiers colons qui, bien plus tard, seront appelés les Pères pèlerins. C’est l’un des mythes fondateurs de l’Amérique qui est rejoué chaque 22 décembre à Plymouth, une fête est en lien direct avec Thanksgiving.
La ville américaine de Plymouth, dans le Massachusetts, commémore chaque 22 novembre le débarquement, en 1620, des premiers colons qui, bien plus tard, seront appelés les Pères pèlerins (Pilgrim fathers). Cette fête, célébrée pour la première fois en 1769, est connue comme la fête des ancêtres (Forefathers' Day). Cette commémoration annuelle a un retentissement dans tout le pays car, par tradition, ces premiers colons européens considérés comme les premiers « Américains ».
Comment s’étonner du poids de la religion aux États-Unis, quand on sait que des fondamentalistes protestants sont considérés comme à l’origine de la future fédération. Ce groupe de puritains anglais s’était d’abord réfugié aux Provinces-Unies (Pays-Bas), avant de se lancer dans une traversée de l’Atlantique dans le seul but de conserver son intégrité religieuse sur une terre que l’on disait vierge. Ils étaient guidés par une stricte observance de la foi et du culte calviniste, la vie communautaire basée sur la discipline et une morale des plus austère. Même s’ils ont été précédés par les Français, des Espagnols et même des Anglais, plus au nord, ou plus au sud, ils sont sans doute à l’origine de la première colonie européenne d’Amérique du Nord, du moins celle dont on a gardé la mémoire car ils ont su affronter le terrible hiver nord-américain.
Le folklore états-unien a popularisé le nom de leur vaisseau, le Mayflower. Après un voyage de deux mois, le navire jeta l'ancre à Cape Cod, dans ce qui est aujourd'hui le port de Provincetown. Comme ils n'avaient pas d’autorisation pour s'installer dans cette zone, les colons explorèrent la région et décidèrent de s'installer dans ce qui est aujourd’hui le port de Plymouth. Un premier groupe a débarqué sur le site de Plymouth le 21 décembre 1620. Après une erreur de conversion de calendrier, la commémoration annuelle avait été fixée au 22 décembre. Cette date, ancrée dans la tradition, a été conservée après la découverte de l’erreur historique.
La célébration, organisée par le Old Colony Club, commence tôt le matin. Les membres du club marchent jusqu'au sommet de Cole's Hill (un monument situé en face de Plymouth Rock), lisent une proclamation en l'honneur des Pères pèlerins et tirent le canon du club. La veille ou le lendemain, la Société du Mayflower qui regroupe les descendant du Mayflower, Organise un dîner où l’on sert le succotash est un plat composé de maïs sucré et de haricots que l’on pense avoir été consommé par les Aïeux que l’on célèbre ce jour.
C’est l’un des mythes fondateurs de l’Amérique qui est rejoué chaque 22 décembre à Plymouth. Cette fête est en lien direct avec Thanksgiving qui, avant de devenir une fête commerciale, était une célébration de la première récolte, synonyme de survie, et donc juste le fait que l’on va passer l’hiver. Dans ce récit, il n’y a guère de place faite aux autochtones qui évoluaient hors du monde chrétien, ce qui ne leur donnaient aucune existence réelle aux yeux des colons.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 décembre 2024
Le Débarquement des pèlerins, une œuvre de Charles Lucy
15 décembre : le culte au 2e amendement en Caroline du sud
Le Jour du 2e amendement est une journée de propagande observée dans certains États américains dont la Caroline du Sud, destinée à inculquer aux citoyens le droit de détenir et de porter des armes, protégé par le Deuxième amendement de la Constitution des États-Unis. Elle vise principalement les écoliers et lycéens par le biais programmes scolaires.
Le Jour du 2e amendement est une journée de propagande observée dans certains États américains dont la Caroline du Sud, destinée à inculquer aux citoyens le droit de détenir et de porter des armes, protégé par le Deuxième amendement de la Constitution des États-Unis. Elle vise principalement les écoliers et lycéens par le biais programmes scolaires, en s’appuyant sur le Second Amendment Education Act. En Caroline du Sud, le Jour du deuxième amendement (2nd Amendment Day) a été fixé le 15 décembre, jour anniversaire de sa ratification. La date est différente dans d’autres États.
Le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis a été ratifié le 15 décembre 1791, en même temps que neuf autres articles de la Déclaration des droits. Il est rédigé ainsi « Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d’un État libre, le droit des citoyens de détenir et de porter des armes ne sera pas violé »
C'était une réponse aux inquiétudes issues de la convention de ratification de la Constitution de Virginie, selon lesquelles une milice contrôlée uniquement par le gouvernement fédéral ne serait probablement pas opérationnelle pour protéger les propriétaires d'esclaves d'une révolte d'esclaves. C’est James Madison, futur quatrième président américain, lui-même planteur et propriétaire de centaines d’esclaves, qui a rédigé cet amendement pour apaiser les inquiétudes de la Virginie où, à l’époque, les esclaves représentait plus de 40% de la population, et tous les anti-fédéralistes qui craignaient par-dessus tout de perdre le contrôle de la masse des esclaves africains qu’ils avaient importés pour travailler à leur place.
On instituait ainsi le droit de tous les citoyens de porter une arme. Sachant que les Noirs ne seront pas citoyens avant 1967, cet amendement a été perçu à l’époque comme une garantie de la pérennité du système raciste sur lequel se bâtissait le pays. La Caroline du Nord était jadis un des États qui défendait l’esclavage. Même devenus citoyens, les Noirs y ont eu le plus grand mal à se voir reconnu le droit de porter eux-mêmes une arme.
L’esclavage a fini par être aboli, mais le culte autour du 2e amendement a persisté. Il est basé sur la croyance qu’en armant la population, on assure sa sécurité. Ce dogme est totalement démenti par les statistiques de mort par arme à feu. De ce point de vue la Caroline du Nord est un État dans la moyenne états-unienne. Son taux de décès par armes à feu pour 100 000 habitants est de 16 (en 2023) contre 34 au Mississippi ou 29 en Louisiane, mais bien loin du tau du Massachusetts (3,4) ou du New Jersey (5,2) où la législation sur les armes est bien plus restrictive. À titre de comparaison, au sein de l’Union Européenne, les taux varient de 0,2 au Royaume-uni à 4,5 en Bulgarie pour 2023.
L’article 2 de la loi de 2015 (Second Amendment Education Act) votée en Caroline du Nord est rédigé ainsi : « Pour reconnaître l'importance du deuxième amendement pour nos droits fondamentaux en tant qu'Américains, le 15 décembre de chaque année est désigné et doit être reconnu comme “Journée de sensibilisation au deuxième amendement” en Caroline du Sud. Lors de la Journée de sensibilisation au deuxième amendement, les écoles organisent des concours d'affiches ou de dissertations sur le thème « Le droit de porter des armes un droit américain protégeant tous les autres » pour chaque niveau scolaire. (…) Le parent d'un élève qui souhaite dispenser son enfant de participer doit fournir une demande écrite d'exemption au directeur de l'école. Toutes les écoles primaires, secondaires et lycées publics doivent dispenser un enseignement sur le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis pendant au moins trois semaines consécutives au cours d'une période de notation au cours de chaque année scolaire. »
À l’échelle fédérale cet amendement est férocement défendu par le très influent lobby des armes National Rifle Association of America (NRA). Les États-Unis comptent davantage d’armes individuelles que d’habitants : un adulte sur trois possède au moins une arme et près d’un adulte sur deux vit dans un foyer où se trouve une arme. On le sait, chaque année, les fusillades de masse font des milliers de victimes aux États-Unis.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 décembre 2024
Source de image : NC 2nd Amendment Coalition
28 novembre : Thanksgiving contre Unthanksgiving, quatre siècles de mémoires antagonistes
Aux États-Unis, Thanksgiving est un jour de rassemblement familial, on se retrouve autour d’un repas traditionnellement composé d’une dinde. Ce même jour, les Amérindiens tiennent à rappeler ce qu’ils ont subi à cause de l'arrivée des Européens.
Depuis des générations, aux États-Unis, Thanksgiving (action de grâce) est un jour de rassemblement familial pour lequel on a parfois traversé tout le pays. On se retrouve autour d’un repas traditionnellement composé d’une dinde à la sauce aux airelles, accompagnée de pommes de terre et de l’inévitable tarte au potiron (pumpkin pie). Depuis une tradition lancée par Harry Truman en 1947, le président des États-Unis et son épouse vont eux-mêmes découper la dinde en public et en distribuer aux pauvres de Washington. Beaucoup de villes organisent aujourd’hui un grand défilé qui aura du mal à rivaliser avec celui de New-York et ses ballons géants, sponsorisé par la chaine de magasins Macy’s, suivi par plus de 2,5 millions de spectateurs et 45 millions de téléspectateurs.
Cette fête trouve son origine dans l’histoire des premiers pèlerins anglais, débarqués du Mayflower dans la baie de Plymouth, au Massachusetts en 1621. Malades et sans ressources, ils survivent grâce au soutien des populations amérindiennes qui les initient à la culture du maïs. La première récolte donne lieu à une grande fête des moissons et une journée d’action de grâce pour remercier Dieu des bienfaits reçus et de la bonne entente avec les autochtones.
C’est Abraham Lincoln qui en a fait une fête nationale en 1863, pour encourager l’unité pendant la guerre de Sécession. En 1941, le Congrès a officiellement arrêté la date de Thanksgiving au quatrième jeudi de novembre. Le choix du jeudi était pour ne pas empiéter sur les fêtes religieuses.
Les mauvaises langues font remarquer que depuis quatre siècles, les Américains ont surtout rendu grâce à Dieu, beaucoup plus qu’aux Indiens, les grands oubliés de l’histoire officielle américaine. Si le sort des Indiens n’a jamais mobilisé les foules, le sort des dindes si ! Thanksgiving est aussi un jour mobilisation de la part des associations de défense des animaux, au point que le président américain a coutume depuis G. Bush, très officiellement, d’en gracier au moins une ce jour-là. Joe Biden en a sauvé deux vendredi dernier.
Ce même jour, une cérémonie du lever du soleil des peuples autochtones se déroule sur l'île d'Alcatraz le quatrième jeudi de novembre, coïncidant avec Thanksgiving. Ce Unthanksgiving, tel qu’il a été baptisé, a pour but d’honorer les Amérindiens et promouvoir leurs droits.
Le 20 novembre 1969, un groupe d'Amérindiens, pour la plupart des étudiants, occupait l'île d'Alcatraz. Ils revendiquaient l'île en appuyant sur le traité de Fort Laramie, également connu sous le nom de traité des Sioux de 1868. L'occupation a duré dix-neuf mois. Pendant l'occupation, de nombreux Amérindiens ont rejoint ce mouvement des droits civiques. Le gouvernement des États-Unis a mis fin de force à l'occupation le 11 juin 1971.
Le premier Unthanksgiving Day a eu lieu le 27 novembre 1975. Il a été créé pour célébrer la survie des peuples autochtones des Amériques malgré la colonisation européenne. C’est intentionnellement que les organisateurs ont choisi le quatrième jeudi de novembre, jour où la plupart des États-uniens célèbrent Thanksgiving, pourt rappeler les pertes que les Indiens ont dû subir à cause de l'arrivée des Européens.
La cérémonie est organisée par le Conseil international des traités indiens et American Indian Contemporary Arts. La célébration a lieu avant le lever du soleil et est ouverte au public. Le même jour, une manifestation annuelle connue sous le nom de Journée nationale de deuil (National Day of mourning) est organisée dans le Massachusetts.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 novembre 2024
10 novembre : l’anniversaire du corps américain des marines
Les États-Unis célèbrent aujourd’hui le 249e anniversaire de son corps d’armée le plus prestigieux : le corps des Marines, qui est la force de projection rapide de la diplomatie états-unienne. Les marines sont présents dans tous les conflits pour le meilleur ou pour le pire.
Les «États-Unis célèbrent aujourd’hui le 249e anniversaire de son corps d’armée le plus prestigieux : le corps des Marines (United States Marine Corps birthday). Il s’agit de la force de projection rapide des États-Unis, présente dans tous les conflits pour le meilleur ou pour le pire.
Cet anniversaire est médiatisé depuis un siècle, le premier bal, pour l’occasion, a été organisé en 1925 et depuis 1956, on procède jour-là, une cérémonie de découpe de gâteau, transmise en direct à la télévision. Traditionnellement, la première part du gâteau est remise au Marine le plus âgé présent, qui la transmet au plus jeune. Les festivités comprennent aussi des événements sportifs et des simulations de batailles.
Le 10 novembre 1775, le deuxième Congrès continental promulgua le décret qui créait les Marines continentaux. Cependant, les Marines continentaux furent dissous lorsque la guerre d'indépendance américaine prit fin en 1783. Le Corps des Marines fut rétabli par le président John Adams le 11 juillet 1798. L'anniversaire officiel du Corps des Marines des États-Unis était à l'origine célébré le 11 juillet sans grande pompe ni faste. C’est en 1921, qu’il fut décidé de faire du 10 novembre le jour de fête officiel du Corps des Marines (USMC).
Ce corps, capable de combattre à la fois en mer et à terre, est indépendant de la Marine américaine dont le Navy Day est célébré le 27 octobre. En dépit de son appellation, ses interventions sont principalement terrestre. C’est le bras armée de la diplomatie américaine, au nom de ce qui est perçu comme des intérêts américains. Une de leur premières missions fut un raid contre Tripoli, en Libye, en 1812.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 novembre 2024
Le fameux gâteau dont la découpe est médiatisée chaque 10 novembre (photo Bryce Muhlenberg)
30 octobre : la Mischief Night, nuit de chahut aux États-Unis
Ce soir dans le monde anglo-saxon, principalement aux États-Unis, c’est la Mischief Night (la nuit des méfaits), propice aux farces d’enfants et d’adolescents. Appelée aussi Devil’s Night (la nuit du diable), elle occasionne souvent des violents dérapages.
Ce soir dans le monde anglo-saxon, principalement aux États-Unis, c’est la Mischief Night (la nuit des méfaits), propice aux farces d’enfants et d’adolescents. Appelée aussi Devil’s Night (la nuit du diable), elle occasionne souvent des violents dérapages. Mais, le plus souvent, le chahut consiste à lancer des œufs sur les voitures ou de la farine sur les passants ou encore de décorer arbres et jardins avec du papier toilette… Les épiceries locales refusent souvent de vendre des œufs aux enfants et aux adolescents au moment d'Halloween pour cette raison.
Aux États-Unis, la tradition de la Mischief Night est liée à Halloween, les journaux américains ont commencé à en parler dans les années 1930 et 1940. On dit que la coutume serait née de la Grande Dépression – le mardi noir (le 29 octobre 1929) ayant eu lieu juste avant Halloween – et que la menace de guerre aurait encouragé à la fois la tendance au vandalisme et le désir d'une tradition moins contrôlée que la fête du 31 octobre. C’est à Detroit, au début des années 1980, que les choses ont pris une tournure vraiment violente. En 1984, il y a eu plus de 800 incendies déclarés au cours des trois jours précédant Halloween et, en 1986, un couvre-feu a été imposé à toute personne de moins de 18 ans. À la fin des années 1980, la ville a commencé à recruter des bénévoles pour aider à prévenir les incendies d'Halloween. À la Nouvelle-Orléans, où la tradition carnavalesque est séculaire, on mélange également réjouissances et violence aveugle, les défilés Mischief Night font intervenir des chars et des costumes thématiques. Les participants s’adonnent volontiers au vandalisme et à des incendies ciblés.
En Ontario, la soirée du 30 octobre est appelée Cabbage Night (Nuit de Chou) faisait référence à la coutume de piller les jardins locaux à la recherche des restes de choux pourris et de les jeter pour semer le désordre dans le quartier. Dans certaines régions des États-Unis, également communément connue sous le nom de Mat night (Nuit du chou). Au Québec, dans les quartiers anglophones, s’est développée une tradition de vol de paillassons lors de la Nuit du Diable.
Le Royaume-Uni, connaît une tradition semblable, mais généralement, le 4 novembre, veille du Guy Fawkes Day, même si le 30 octobre n’est pas oublié, notamment dans la région de Liverpool où la police est sur les dents, dans certains quartiers, ce jour-là. Au Pays de Galles, la nuit des méfaits est appelée Noson Ddrygioni et en Écosse, Oidhche nan Cleas.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 octobre 2024
Photo : Philip Schatz / Flickr
14 juin : le jour du drapeau américain
Le 14 juin est le Jour du drapeau (Flag Day) aux États-Unis. Cette fête commémore l'adoption du drapeau des États-Unis par le deuxième Congrès continental le 14 juin 1777.
Le 14 juin est le Jour du drapeau (Flag Day) aux États-Unis. Cette fête commémore l'adoption du drapeau des États-Unis par le deuxième Congrès continental le 14 juin 1777. La résolution sur le drapeau prévoyait « que le drapeau des treize États unis soit composé de treize bandes, alternées de rouge et de blanc ; que l'union soit de trois étoiles, blanches sur un champ bleu, représentant une nouvelle constellation. » Dès cette époque, il est surnommé le le Stars and Stripes (Étoiles et Bandes).
Le Jour du drapeau a été fixé par le président Woodrow Wilson en 1916. Mais ce n’est que le 3 août 1949, que la Journée du drapeau national a été instituée. Officiellement, cette fête n’est pas fédérale, mais tous les Américains célèbrent chaque année le Jour du drapeau. Pendant la Semaine du drapeau national, le drapeau est affiché sur tous les bâtiments gouvernementaux. Parfois, des défilés et des événements sont organisés par certaines organisations pour célébrer le drapeau américain et tout ce qu'il représente.
Il existe une Fondation nationale du Jour du drapeau qui célèbre chaque année un Jour du drapeau le deuxième dimanche de juin, soit un jour différent de la célébration du gouvernement fédéral américain. Cette journée a eu lieu le 9 juin 2024, la prochaine est prévue le 8 juin 2025.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 juin 2024
Affiche du 140e Jour du drapeau américain, 1777-1917. L'anniversaire des étoiles et des rayures, le 14 juin 1917.
16 avril : Washington fête l’émancipation des Noirs
Cette fête qui célébrait la liberté des Noirs de la capitale a été complètement oubliée durant tout le XXe siècle. Elle a été relancée en 2000 et c’est en 2005 que le 16 avril a été officiellement déclaré jour férié dans le District de Columbia.
Ce jour férié du District de Columbia est très récent compte tenu de l’ancienneté de l’événement auquel il fait référence. Tout au long du XIXe siècle, on avait fêté l’émancipation des Noirs du district obtenue par un décret du président Abraham Lincoln, le 16 avril 1862. À partir de 1866, des concerts, des feux d'artifice ainsi que le défilé traditionnel du Jour de l'Émancipation (Emancipation Day) avec les fanfares des écoles locales et ses chars colorés, avait lieu chaque année jusqu’à la fin du siècle. Le dernier eut lieu en 1901. Cette fête qui célébrait la liberté des Noirs de la capitale a été complètement oubliée durant tout le XXe siècle. Un siècle pendant lequel les Noirs américains ont lutté pour devenir citoyen. À Washington, la fête a été relancée en 2000 et c’est en 2005 que le 16 avril a été officiellement déclaré jour férié dans le District de Columbia. Si le 16 avril tombe pendant un week-end, la célébration a lieu le jour de la semaine le plus proche.
La loi a libéré plus de 3 000 esclaves dans le district de Columbia. Elle accordait aussi aux propriétaires d'esclaves restés fidèles à l'Union une compensation de 300 dollars du gouvernement fédéral pour chaque esclave libéré. Le gouvernement fédéral a également offert, ce qui a été très rarement fait, 100 dollars aux anciens esclaves, mais c’était pour les encourager à émigrer vers le nord, ce que peu ont fait. Le District de Colombia a longtemps été un refuge pour les Noirs, en dépit des restrictions locales au droit de vote qui existent toujours. Ceux-ci représentent aujourd’hui la moitié de la population du DC, ce fut même plus des deux tiers à la fin du XXe siècle.
L’idée d’une abolition de l’esclavage est un peu plus ancienne. Dès 1849, soit un an après la libération des esclaves français, alors qu'il était simple député, Lincoln présenta un plan visant à éliminer l'esclavage à Washington DC, par le biais d'une émancipation compensée. Le projet de loi a échoué. On s’est contenté, en 1850, d’interdire la vente et l'achat d'esclaves dans le District de Columbia sans remettre en cause la propriété des esclaves dans la capitale dont les résidents pouvaient toujours acheter et vendre des esclaves dans la Virginie et le Maryland voisins.
L'émancipation dans le District de Columbia est devenue possible en 1861 après le départ des sénateurs et des représentants des États sécessionnistes qui avaient bloqué la fin de l'esclavage dans le district, ne voulant pas d’une émancipation qu’elle qu’en soit l’endroit.
C’est le Treizième amendement à la Constitution, ratifié le 6 décembre 1865, qui a finalement aboli l'esclavage « aux États-Unis ou dans tout lieu soumis à leur juridiction ». Les Noirs américains attendront encore plus d’un siècle pour être de vrais citoyens (avec le droit de vote acquis en 1967 seulement). Dans 42 des 50 États américains, le Jour de l’émancipation est observé le 19 juin (Juneteenth), commémorant la libération des esclaves au Texas, le 19 juin 1865. Les autres observent leur propre jour de l'émancipation à une date qui leur est propre, comme le district de Columbia, le 16 avril.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 avril 2024
6 avril : Tartan Day, le grand rassemblement culturel écossais des Amériques
Aujourd’hui, à New York, se déroule la 26e parade annuelle du Tartan Day devant des dizaines de milliers de spectateurs enthousiastes. Cet « héritage celtique » largement inventé il y a deux siècles est fièrement cultivé par les descendants américains, du nord comme du sud, des migrants écossais du XIXe siècle. Ce Tartan Day a peu d’écho en Europe, y compris en Écosse.
Aujourd’hui, à New York, se déroule la 26e parade annuelle du Tartan Day. À partir de 14 heures, quelque 3000 joueurs de cornemuse, ainsi que des membres de clan écossais drapés de leur tartan et accompagnés de chiens de race écossaise, remontent la Sixième avenue, entre la 44e et la 55e rue, en plein cœur de Manhattan, devant des dizaines de milliers de spectateurs enthousiastes car la culture écossaise est toujours très valorisée aux États-Unis où vivent environ 25 millions de descendants des migrants écossais du XIXe siècles. L’ascendance écossaise, comme l’irlandaise, est de celles que l’on n’oublie pas de mettre en avant, même si elle ne repose que sur un unique et lointain ancêtre. Ce grand rassemblement culturel écossais est relativement récent : il a été institué par le Sénat américain en 1998.
La date du Tartan Day, célébrée aux États-Unis, au Canada, en Argentine… repose sur l’anniversaire de la déclaration d’Arbroath, le 6 avril 1320, en fait une lettre envoyée au Pape pour affirmer l’indépendance de l’Écosse, à une époque où le pays était menacé par les Anglais. Il est un fait qu’un royaume d’Écosse existera de manière distincte jusqu’au XVIIe siècle. Toutefois, le folklore lié aux kilts et au tartan (étoffe tissée de motifs dit « écossais ») est une invention du début du XIXe siècle (vers 1820) et ne remonte en aucun cas au Moyen Âge. L’idée que chaque clan écossais était doté d’un tartan spécifique, afin d’afficher ses couleurs, est construction de toutes pièces de nationalistes écossais soucieux de créer un folklore qui les distinguerait des Anglais. Une légende comme quoi le kilt aurait été porté au Moyen Âge avant de disparaître à la renaissance et de ressurgir au XIXe siècle a été créée à l’époque du Printemps des peuple, quand chaque nation d’Europe s’est inventée un passé la distinguant de ses voisins. Après son invention, cet « héritage celtique » a essaimé en Irlande, où il n’y a jamais de telles traditions dans le passé, et même jusqu’en Bretagne où la certitude est à la mode. Au début du XXIe siècle, des tartans bretons ont même été créés pour chacun des différents pays de la Bretagne…
En attendant, le Tartan Day du 6 avril est avant tout une manifestation nord-américaine née dans les années 1980 (en Australie et en Nouvelle Zélande, on a opté pour le 1er juillet). Au Canada, une Journée nationale du tartan du 6 avril a été déclarée en 2010. En Argentine, où la communauté est forte de 100 000 membres, la Scottish Argentine Society, organise un défilé à Buenos Aires, chaque 6 avril.
En France quelques événements ponctuels ont eu lieu dans les années 2000, mais sans aucune récurrence. Pour profiter des retombées touristique du mouvement américain, l’Écosse a aussi lancé une série d’événements locaux, qui faute de tradition établie, se sont essoufflés les uns après les autres. Rien à voir avec New York, et d’autres villes américaines comme Washington, où la fête dure toute une semaine (la New York City Tartan Week par exemple), culminant avec la parade du samedi, qui toutefois est très loin d’attirer les foules de la Saint-Patrick, la fête de la communauté irlandaise.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 avril 2024
12 février : l’anniversaire de la Géorgie américaine
La Géorgie célèbre l’arrivée des premiers colons anglais et de leurs esclaves africains sur ce territoire peuplé jusque-là exclusivement d’Amérindiens.
La Géorgie est des treize colonies américaines la dernière à avoir été fondée. Mais, elle est devenue le quatrième État de l'Union, le 2 janvier 1788. La date choisie pour commémorer la colonisation de ce territoire peuplé jusque-là, de Cherokee, Yamasee, Hitchiti et Timicua, est l’arrivée le 12 février 1733, du navire britannique Anne, après trois mois de voyage. à L’époque, pour tenir un territoire, il fallait le peupler d’Anglais, faute de quoi, il pouvait repasser sous la domination espagnole.
En 1732, le député James Oglethorpe et ses associés ont obtenu une charte royale pour établir une colonie entre la rivière Savannah et la rivière Altamaha. En même temps, cela permettait à Londres de vider ses prisons surpeuplée de petits voyous, de débiteurs et prostituées. Pour ce premier voyage, ils étaient une centaine à débarquer le 12 février 1733. Ensuite, en 1750 et 1793, la Géorgie importe massivement des esclaves d’origine africaine dont les descendants représentent aujourd’hui 30% contre 60% pour les Géorgiens d’origine européenne. Les amérindiens ont presque totalement disparus : 0,03%.
L’anniversaire du 12 février n’est pas vraiment un jour férié local mais les écoles publiques se doivent de fêter chaque année Georgia Day. Le point culminant de Georgia Day est le défilé annuel organisé par la Georgia Historical Society. Le défilé fait partie du festival annuel d'histoire de la Géorgie, qui consiste en une série d'événements commémorant l'histoire et le patrimoine de la Géorgie.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 février 2024
29 janvier : c’est Kansas Day
L’État libre du Kansas fête son 163e anniversaire. Il a été admis dans l'Union le 29 janvier 1861, ce qui en fait le 34e État à rejoindre les États-Unis. Si le Kansas porte le surnom officieux d’ « État libre » c’est que dès sa création, l'esclavage y a été illégal.
L’État libre du Kansas fête son 163e anniversaire. Il a été admis dans l'Union le 29 janvier 1861, ce qui en fait le 34e État à rejoindre les États-Unis. Sa capitale est Topeka tandis que la plus grande ville de l'État est Kansas City. En tant qu'État du Midwest, il est entièrement enclavé et bordé par quatre autres États. Si le Kansas porte le surnom officieux d’ « État libre » c’est que dès sa création, l'esclavage y a été illégal.
La première célébration du Kansas Day date de 1877, dans une école publique de la localité de Paola. Les écoliers qui étudiaient l'histoire de leur pays voulaient consacrer une journée uniquement au Kansas. Ils ont choisi le 29 janvier parce que cette journée avait une grande importance pour l'État. C’est l’occasion d’emmener les écoliers visiter la Kansas Statehouse à Topeka. On peut aussi se contenter de chasser en classe « Home on the Range » qui est la chanson de l'État. Une autre tradition du Kansas Day est le Tournesol Showdown. Il s'agit d'un match de basket-ball qui se joue entre les Kansas Jayhawks et les Kansas State Wildcats. Ce derby a lieu généralement le jour anniversaire du Kansas.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 janvier 2024
Le Kansas est l'un des États agricoles les plus productifs du pays (timbre-poste de 1961, émis pour le centenaire de l’Etat).
1er janvier : la Rose Parade de Pasadena, le nouvel an à l’américaine
Cette année, c’est la la 135e édition de la Rose Parade (la parade des roses), également connue sous le nom de Tournament of Roses Parade (le tournoi des roses), un défilé annuel qui se déroule à Pasadena, une banlieue aisée de Los Angeles.
Cette année, c’est la la 135e édition de la Rose Parade (la parade des roses), également connue sous le nom de Tournament of Roses Parade (le tournoi des roses), un défilé annuel qui se déroule à Pasadena, une banlieue aisée de Los Angeles.
C’est le défilé le plus populaire des États-Unis. L’événement est retransmis par les chaînes de télévision nationales et internationales. Après le défilé, à 13h30 se joue le match de football universitaire appelé Rose Bowl dont c’est la 110e édition.
Cette parade a lieu chaque année le 1er janvier à 8h du matin, sauf lorsque le Nouvel An tombe un dimanche, elle a alors lieu le 2 janvier. Le défilé part du boulevard Orange Grove et parcourt 8 kilomètres jusqu'à atteindre Villa Street (à la hauteur du boulevard Sierra Madre). Il faut s'assurer d'un bon endroit pour voir les chars. Les gens réservent généralement leur place sur le trottoir la veille du défilé. Il est également possible de payer pour obtenir une place en tribune. Car le nombre de spectateurs peut atteindre le million, comme cela a été le cas en 2004. Avec fanfares, majorettes et célébrités, souvent de second rang, ce grand défilé costumé, n’échappe pas au mauvais goût, il reste un marqueur identitaire du folklore californien..
Chaque année un thème est défini, pour ce début 2024 c’est « Célébrer un monde de musique : le langage universel », et le carnaval se dote d’un maréchal, cette année, c’est l'actrice et chanteuse, Audra McDonald, l’une des stars de Broadway.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 décembre 2023
12 avril : les prémices de l’idée d’indépendance américaine
Plusieurs fêtes locales célèbrent la Révolution américaine qui a conduit à l’indépendance du 4 juillet 1776, Halifax Resolves Day est une des plus importantes. C’est l’occasion, chaque année, de reconstitutions historiques.
Plusieurs fêtes locales célèbrent la Révolution américaine qui a conduit à l’indépendance du 4 juillet 1776, Halifax Resolves Day est une des plus importantes.
La ville d'Halifax, en Caroline du Nord , est connue aux États-Unis comme le "berceau de la liberté ». Le 12 avril 1776, le quatrième congrès provincial de la Caroline du Nord y a adopté des résolutions qui, pour la première fois, appelaient à l’indépendance des colonies américaines. Trois mois plus tard la déclaration d'indépendance était adoptée, mais à la demande des déléguées de la Virginie.
À partir du printemps 1755, les treize colonies se sont d'abord rebellées en raison de leur manque de représentation à Londres et des taxes imposées par le Parlement de Grande-Bretagne. Ce n’est que peu à peu au cours du conflit que L'idée de déclarer l'indépendance a commencé à prendre forme au fur et à mesure que le conflit s'intensifiait, ce n’était pas le projet initial.
Le Halifax Day a été un jour férié en Caroline du Nord jusque dans les années 1980. Ce n’est plus le cas, mais les autorités de la Caroline du Nord organisent chaque 12 avril divers événements pour marquer Halifax Resolves Day dans le quartier historique d'Halifax. Ils comprennent des visites des bâtiments historiques de la ville menées par des guides en costumes d'époque, des reconstitutions historiques, des démonstrations d'artisanat historique, etc.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 avril 2023
Reconstitution historique chaque 12 avril.
20 février : aux États-Unis, c'est Presidents’ Day
La journée est surtout connue des milieux boursiers car ce jour-là, par tradition, Wall street est fermée. Rien avoir avec le président actuel, les Américains fêtent en réalité l’anniversaire de Georges Washington et profite de ce week-end prolongé pour faire du ski.
La Journée des présidents (Présidents’ Day) est surtout connue des milieux boursiers car ce jour-là, par tradition, Wall street est fermée. Les banquiers et les fonctionnaires fédéraux sont également en vacances. C’est une bonne journée pour le commerce, les vendeurs de voitures sont réputés casser les prix ce jour-là.
Rien avoir avec le président actuel, les Américains fêtent en réalité l’anniversaire de Georges Washington. Certes, celui-ci est né un 22 février, mais le Presidents’ Day tombe toujours un lundi (le troisième de février). Les commémorations qui associent aussi le président Lincoln (né le 12 février), se déroulent à Washington DC ainsi qu’à Alexandria, en Virginie, sa ville natale. Un grand défilé en costume du XVIIIe siècle, parcourt les rues de la ville au son de la cornemuse (Alexandria a été fondée par des Écossais), devant 75 000 spectateurs. La loge maçonnique locale participe également aux célébrations en hommage à l’un des leurs.
Ce n'est qu'en 1879, sous le président Rutherford B. Hayes, que l'anniversaire de Washington est devenu un jour férié, à observer le jour de son anniversaire, le 22 février. En 1968, le Congrès a adopté la loi sur les congés du lundi pour « assurer des observances annuelles uniformes de certains jours fériés légaux le lundi ». En effet, les syndicats américains ont obtenu pour que tous les 11 jours fériés fédéraux tombent un jour de semaine (sauf le 4 juillet, date sacrée), ce sont ainsi, toujours, de vrais jours fériés générant des week-end de trois jours, une idée à retenir… Mais, ironiquement, cela garantissait que la fête ne serait jamais organisée le jour de l'anniversaire de Washington, car le troisième lundi de février ne peut pas tomber plus tard que le 21 février. Or il est réputé être né un 22 février.
En vérité, Georges Washington est né le 11 février 1731, mais il s’agissait à l’époque du calendrier julien qui avait toujours cours en Grande-Bretagne alors que la plupart des pays d’Europe occidentale, dont la France, avaient adoptés dès le XVIe siècle le calendrier Grégorien. Quand les Anglais et les leurs colonies se sont enfin mis au nouveau calendrier, les personnes nées avant 1752 ont dû ajouter 11 jours à leur date de naissance. Ceux nés entre le 1er janvier et le 25 mars, comme Washington, ont également dû ajouter une année pour être synchronisés avec le nouveau calendrier. Si bien que la date de naissance du premier président américain est devenue le 22 février 1732.
Les prochains Présidents’ Day auront lieu les 19 février 2024, 17 février 2025, 16 février 2026, 15 février 2027, 21 février 2028…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
8 février : la Journée des scouts américains
C’est Boy Scout’s Day, les Boy Scouts of America (BSA) célèbrent le 8 février, l’anniversaire de la fondation du mouvement en 1910. En dépit de nombreuses controverses et scandales touchant le mouvement, le BSA demeure un élément de la culture américaine, mais plutôt dans sa version conservatrice.
Les Boy Scouts of America (BSA) célèbrent la Journée du Scoutisme le 8 février, anniversaire de la fondation de la BSA en 1910. Certes les BSA ont déposé le bilan en 2020, accusés d’avoir couvert des milliers d’abus sexuels. Les révélations sur des abus sexuels chez les Boy Scouts of America ont éclaté en 2012 et face aux quelque 5000 dossiers qui commençaient à s’accumuler, l’organisation a préféré se déclarer en faillite plutôt que devoir verser des millions d’indemnités, ce qui a suspendu toutes les poursuites civiles contre elle. Mais, avec 2,2 millions d’adhérents âgés de 5 à 21 ans, c’est l'une des plus grandes organisations de jeunesse aux États-Unis. Sa structure décentralisée lui permet de continuer à exister au niveau local. Si bien que la Journée nationale des scouts (Scout’s Day) du 8 février est célébrée cette année comme chaque année dans de très nombreux États et localités des États-Unis. Dimanche dernier c’était le dimanche scout célébré par les nombreux courants religieux qui encadrent le mouvement.
La date du 8 février rappelle celle de la fondation du mouvement américain en 1910 par William D. Boyce, un journaliste qui revenait d’un séjour au Royaume-Uni où il avait rencontré Robert Baden-Powell, le fondateur du scoutisme britannique deux ans plus tôt. Selon la légende, Boyce se serait perdu dans une rue brumeuse de Londres lorsqu'un scout inconnu l'a aidé en le ramenant à son hôtel. Lorsque le garçon a refusé un pourboire, expliquant qu'il ne faisait que son devoir de scout, Boyce s’est donné pour but de ramener les enseignements de la British Boy Scout Association aux États-Unis.
Le scoutisme et les scouts sont bien connus dans la culture américaine et quelque 110 millions d'Américains ont participé aux programmes BSA à un moment donné de leur vie. Plusieurs présidents américains ont été boy-scouts dans leur jeunesse, c’est le cas John F. Kennedy, Gerald Ford, George HW Bush, Bill Clinton, George W. Bush, Barack Obama (en Indonésie) et Joe Biden.
Les BSA sont proches de mouvement religieux très conservateur. En particulier, dès l’origine du mouvement de l’Église mormone. Il a fallu plus d’un siècle pour que soit mis fin, au moins dans leur règlement, à des discriminations envers les homosexuels et les athées n’y ont toujours pas leur place. De même, la discipline paramilitaire de certains de ses camps a de quoi surprendre lorsqu’on sait que des ados de 13 ans y apprennent à utiliser des armes, à défendre les frontières fictives d’un État, à intervenir contre des terroristes ou à tirer contre des cibles habillées… en djellaba.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 février 2023
26 mars : Hawaï célèbre un des ses derniers princes
Le prince Kūhiō aurait pu régner sur Hawaï si les Américains n’avaient pas aboli la monarchie. Il se contera d’une carrière de représentant de son île au Congrès des États-Unis. À Hawaï, un jour férié lui rend hommage.
À Hawaï, on célèbre l’anniversaire du prince Jonah Kūhiō Kalanianaʻole, né le 26 mars 1871 et mort, il y a juste un siècle, en 1922. Ce prince héritier de la dynastie Kalākaua, n’a jamais régné car la monarchie d’Hawaï a été reversée en 1893 par un groupe d'hommes d'affaires américains qui ont établi une république. Le prince Kūhiō a participé à une rébellion contre cette république imposée, a été arrêté et condamné à un an de prison.
Suite à l'annexion d'Hawaï par les États-Unis, le prince Kūhiō quitte le pays et voyage en Europe puis en Afrique. Il est finalement retourné à Hawaï en 1902 pour s’engager en politique. Au début, il a rejoint le Home Rule Party d'Hawaï, puis le Parti républicain. En 1903, il a été investi candidat républicain au Congrès des États-Unis et a été élu. Kūhiō a ensuite représenté le territoire d'Hawaï au Congrès jusqu'à sa mort en 1922. On lui doit une action politique en faveur de son archipel natal qui, en retour, a fait de son anniversaire un jour férié (Prince Kūhiō Day). Cette année, 2022, la date tombant un samedi, le vendredi 25 mars est également férié à Hawaï.
Le Prince Kūhiō Day a été officiellement établi en 1949. C'est l'un des deux jours fériés dédiés à la royauté, l'autre étant le Kamehameha Day (11 juin). Kūhiō est commémoré localement par des noms de rue, de plage et même de spot de surf. Lui est ses frères ont aussi été les premiers surfeurs sur les côtes californiennes.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 mars 2022
2 février : le Jour de la marmotte
C’est un événement du folklore nord-américain célébré le jour de la Chandeleur et à vocation météorologique, mais qui est hérité des traditions européennes.
C’est un événement du folklore nord-américain célébré le jour de la Chandeleur. Ce jour-là, s’il n’y a pas trop de neige pour tout recouvrir, on observe les terriers des marmottes pour voir si celles-ci pointent leur nez. On raconte que si le temps est suffisant ensoleillé pour que la marmotte voie son ombre, celle-ci prendra peur et se réfugiera de nouveau au fond de son terrier. Alors l’hiver durera encore 6 semaines. En revanche, si le temps est nuageux, et donc plus doux, la marmotte sera tentée de s’aventurer hors de son trou. Dans ce cas, c’est signe que l’hiver finira vite.
Les Américains vont vous raconter que cette tradition est née en 1886 dans la petite ville de Punxsutawney, en Pennsylvanie, où le Jour de la marmotte (Groundhog Day) a été pour la première fois médiatisé. Il existe depuis cette date un club de ma marmotte très doué en communication. Si bien que chaque 2 février, toutes les chaînes de télévision américaines sont au rendez-vous pour filmer la réaction d’une marmotte apprivoisée, nommée Phil, à qui on a assigné le rôle de distraire les médias et amuser la foule. Chacun y va de son pronostic avant que la marmotte star ne s’exprime. Phil a prédit un long hiver 103 fois et un printemps précoce 18 fois… l’événement a été notamment médiatisé à partir de 1993 par le film de Harold Ramis Groundhog Day (Jour sans fin) avec Bill Murray. Ainsi, Punxsutawney attire chaque année pas moins de 40 à 50 000 visiteurs pour le Jour de la marmotte, devenue un événement touristique majeur à cette saison.
En réalité, cette coutume qui existe aussi en Alaska (où le 2 février est un jour férié depuis 2009) et au Canada, a été importée d’Europe. Le 2 février, le jour où les chrétiens fêtent la Présentation de Jésus au Temple, est à la mi-chemin entre le solstice d’hiver et l’équinoxe de printemps. Antérieurement au christianisme, les anciens avaient eux aussi des cultes antérieurs agraires ce jour-là. C’est l’époque de l’année où les paysans commencent à observer le ciel et se demandent à quel moment ils pourront effectuer leurs plantations, au printemps. Pour cela, ils ont toujours cherché des signes de la part des animaux qui hibernent, pas forcément la marmotte. Les Allemands observaient le comportement du hérisson. Dans les Pyrénées, c’est autour des ours qu’existent de nombreuses légendes. Si le temps est clair le 2 février, celui-ci retourne dans son antre pour encore 40 jours disait-on. En Lorraine, on observait la loutre ; ailleurs, le blaireau…
Il est vrai qu’en ce début de février, un anticyclone sur l’Arctique peut nous valoir un ciel dégagé associé à un air très froid venant du nord. À l’inverse une dépression peut nous valoir un temps nuageux amenant de l'air doux du sud ce qui peut faire penser à une fin précoce de cette saison. Mais cette alternative est valable pour l’Europe tempérée du nord, pas forcément pour l’Amérique où a été importée tradition météorologique, cultivée à grand renfort d’événements médiatiques. #GroundhogDay
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er février 2022
Phil de Punxsutawney - Photo Flickr - Anthony Quintano