L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
16 avril : Washington fête l’émancipation des Noirs
Cette fête qui célébrait la liberté des Noirs de la capitale a été complètement oubliée durant tout le XXe siècle. Elle a été relancée en 2000 et c’est en 2005 que le 16 avril a été officiellement déclaré jour férié dans le District de Columbia.
Ce jour férié du District de Columbia est très récent compte tenu de l’ancienneté de l’événement auquel il fait référence. Tout au long du XIXe siècle, on avait fêté l’émancipation des Noirs du district obtenue par un décret du président Abraham Lincoln, le 16 avril 1862. À partir de 1866, des concerts, des feux d'artifice ainsi que le défilé traditionnel du Jour de l'Émancipation (Emancipation Day) avec les fanfares des écoles locales et ses chars colorés, avait lieu chaque année jusqu’à la fin du siècle. Le dernier eut lieu en 1901. Cette fête qui célébrait la liberté des Noirs de la capitale a été complètement oubliée durant tout le XXe siècle. Un siècle pendant lequel les Noirs américains ont lutté pour devenir citoyen. À Washington, la fête a été relancée en 2000 et c’est en 2005 que le 16 avril a été officiellement déclaré jour férié dans le District de Columbia. Si le 16 avril tombe pendant un week-end, la célébration a lieu le jour de la semaine le plus proche.
La loi a libéré plus de 3 000 esclaves dans le district de Columbia. Elle accordait aussi aux propriétaires d'esclaves restés fidèles à l'Union une compensation de 300 dollars du gouvernement fédéral pour chaque esclave libéré. Le gouvernement fédéral a également offert, ce qui a été très rarement fait, 100 dollars aux anciens esclaves, mais c’était pour les encourager à émigrer vers le nord, ce que peu ont fait. Le District de Colombia a longtemps été un refuge pour les Noirs, en dépit des restrictions locales au droit de vote qui existent toujours. Ceux-ci représentent aujourd’hui la moitié de la population du DC, ce fut même plus des deux tiers à la fin du XXe siècle.
L’idée d’une abolition de l’esclavage est un peu plus ancienne. Dès 1849, soit un an après la libération des esclaves français, alors qu'il était simple député, Lincoln présenta un plan visant à éliminer l'esclavage à Washington DC, par le biais d'une émancipation compensée. Le projet de loi a échoué. On s’est contenté, en 1850, d’interdire la vente et l'achat d'esclaves dans le District de Columbia sans remettre en cause la propriété des esclaves dans la capitale dont les résidents pouvaient toujours acheter et vendre des esclaves dans la Virginie et le Maryland voisins.
L'émancipation dans le District de Columbia est devenue possible en 1861 après le départ des sénateurs et des représentants des États sécessionnistes qui avaient bloqué la fin de l'esclavage dans le district, ne voulant pas d’une émancipation qu’elle qu’en soit l’endroit.
C’est le Treizième amendement à la Constitution, ratifié le 6 décembre 1865, qui a finalement aboli l'esclavage « aux États-Unis ou dans tout lieu soumis à leur juridiction ». Les Noirs américains attendront encore plus d’un siècle pour être de vrais citoyens (avec le droit de vote acquis en 1967 seulement). Dans 42 des 50 États américains, le Jour de l’émancipation est observé le 19 juin (Juneteenth), commémorant la libération des esclaves au Texas, le 19 juin 1865. Les autres observent leur propre jour de l'émancipation à une date qui leur est propre, comme le District de Columbia, le 16 avril.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 avril 2024
30 décembre : la mémoire d'un résistant indien contre les Anglais
Au Meghalaya, dans le nord-est de l’Inde, on commémore l’exécution par les Anglais de U Kiang Nangbah, pendu le 30 décembre 1862.
L’État indien du Meghalaya, situé au nord du Bangladesh, célèbre son héros national : U Kiang Nangbah, pendu par les Anglais le 30 décembre 1862. En hommage à ce grand résistant, U Kiang Nangbah Day est férié dans ce petit État du nord de l’Inde.
En 1835, les Britanniques qui occupaient le Bengale ont annexé le royaume de Jaintia situé à ses marges. À la fin des années 1850, Anglais ont commencé à taxer les Jaïntiens et ont tenté d'interdire certaines de leurs traditions et rituels religieux séculaires. En 1860, ils ont introduit une taxe d'habitation et un impôt sur le revenu. Ceux qui n'avaient pas les moyens de payer la taxe d'habitation ou refusaient de la payer par principe ont été expulsés de force de leurs maisons. Bien sûr, les nouvelles taxes et l'ingérence dans leur vie quotidienne et leurs rituels religieux ont provoqué la colère des habitants, et les jaïntiens se sont rebellés contre les Britanniques .
U Kiang Nangbah, un jeune paysan de Jowai, devient le chef des rebelles. La date exacte de sa naissance est inconnue, mais on pense qu'il était encore un enfant lorsque le royaume de Jaintia a été annexé par les Britanniques, ce qui fait de lui un jeune homme au moment du soulèvement.
U Kiang Nangbah a organisé plusieurs raids réussis contre les Britanniques, les obligeant à appeler des renforts afin de réprimer la révolte. La rébellion doit une grande partie de son succès initial à l'habileté d'U Kiang Nangbah à cacher son identité aux Britanniques. Comme ils ne savaient pas qui dirigeait les rebelles, ils ne pouvaient pas prédire son prochain mouvement.
Malheureusement, l'un des hommes d'U Kiang Nangbah s'est avéré être un traître et a révélé son identité aux Britanniques contre une récompense de 1 000 roupies. En conséquence, les Britanniques ont capturé U Kiang Nangbah le 27 décembre 1862 et lui ont offert le choix entre la reddition publique et la mort. Il a choisi de mourir et a été pendu à Jowai le 30 décembre.
Moins d'un siècle après son exécution, l'Inde est devenue indépendante. Depuis, les habitants de Khasi et de Jaintia Hills ont perdu une grande partie de leur culture traditionnelle. En fait, peu de personnes parmi la jeune génération se souviennent même de U Kiang Nanbah.
En 2019, une statue commémorative d'U Kiang Nangbah a été dévoilée à l'occasion du 157e anniversaire de la mort. Elle a été conçue par l'Union des étudiants de Khasi à la jonction de l'hôpital civil de Shillong.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 décembre 2021
5 mai : une victoire sur les Français devenue une fête nationale mexicaine
El Cinco de Mayo est une fête très populaire au Mexique, ainsi qu’en Californie, en Arizona... où ce jour fait figure de fête nationale de la communauté mexicain…
El Cinco de Mayo est une fête populaire au Mexique, mais surtout en Californie, en Arizona… où ce jour fait figure de fête nationale de la communauté mexicaine, à l’image de la Saint-Patrick pour les Irlandais (17 mars). Il commémore la victoire de Puebla (1862), où les forces mexicaines du général Ignacio Zaragoza ont pu repousser un corps expéditionnaire français, deux fois plus nombreux et bien décidé à pousser l’offensive jusqu’à la capitale pour obliger le gouvernement mexicain à payer ses dettes. Au Mexique, en particulier dans l’État de Puebla, les écoliers et étudiants ont un jour de congé ; une reconstitution de la bataille est organisée à Puebla, suivi d’un défilé coloré, ont lieu dans les rues de cette ville (la quatrième du Mexique).
Au Mexique, le nom officiel de cette festivité est « Día de la Batalla de Puebla » (« Le jour de la bataille de Puebla »). C’est aux États-Unis surtout que l’on parle du Cinco de Mayo. À Los Angeles, une grande parade se déroule sur Olvera street… Le succès populaire du Cinco de Mayo aux États-Unis est dû aux étudiants chicanos de la fin des années soixante. Les membres de l’organisation MEChA en Californie cherchaient un jour de fête cultivant leurs origines, mexicaines pour la plupart. Le 16 septembre (fête nationale du Mexique) était trop tôt dans l’année scolaire pour que les étudiants puissent s’organiser. Le mois de mai est beaucoup propice à ce genre d’événement.
Tout cela pour célébrer une victoire purement symbolique, puisque Zaragoza gagna la bataille mais perdit la guerre. Les Français prendront Mexico en 1864 et garderont le pouvoir jusqu’au retrait de leurs troupes du Mexique en 1866. C’est pour cela que ces festivités sont peu prisées des autorités mexicaines, hormis dans l’État de Puebla, théâtre de la bataille.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 mai 2021