L’Almanach international
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6 avril : Tartan Day, le grand rassemblement culturel écossais des Amériques
Aujourd’hui, à New York, se déroule la 26e parade annuelle du Tartan Day devant des dizaines de milliers de spectateurs enthousiastes. Cet « héritage celtique » largement inventé il y a deux siècles est fièrement cultivé par les descendants américains, du nord comme du sud, des migrants écossais du XIXe siècle. Ce Tartan Day a peu d’écho en Europe, y compris en Écosse.
Aujourd’hui, à New York, se déroule la 26e parade annuelle du Tartan Day. À partir de 14 heures, quelque 3000 joueurs de cornemuse, ainsi que des membres de clan écossais drapés de leur tartan et accompagnés de chiens de race écossaise, remontent la Sixième avenue, entre la 44e et la 55e rue, en plein cœur de Manhattan, devant des dizaines de milliers de spectateurs enthousiastes car la culture écossaise est toujours très valorisée aux États-Unis où vivent environ 25 millions de descendants des migrants écossais du XIXe siècles. L’ascendance écossaise, comme l’irlandaise, est de celles que l’on n’oublie pas de mettre en avant, même si elle ne repose que sur un unique et lointain ancêtre. Ce grand rassemblement culturel écossais est relativement récent : il a été institué par le Sénat américain en 1998.
La date du Tartan Day, célébrée aux États-Unis, au Canada, en Argentine… repose sur l’anniversaire de la déclaration d’Arbroath, le 6 avril 1320, en fait une lettre envoyée au Pape pour affirmer l’indépendance de l’Écosse, à une époque où le pays était menacé par les Anglais. Il est un fait qu’un royaume d’Écosse existera de manière distincte jusqu’au XVIIe siècle. Toutefois, le folklore lié aux kilts et au tartan (étoffe tissée de motifs dit « écossais ») est une invention du début du XIXe siècle (vers 1820) et ne remonte en aucun cas au Moyen Âge. L’idée que chaque clan écossais était doté d’un tartan spécifique, afin d’afficher ses couleurs, est construction de toutes pièces de nationalistes écossais soucieux de créer un folklore qui les distinguerait des Anglais. Une légende comme quoi le kilt aurait été porté au Moyen Âge avant de disparaître à la renaissance et de ressurgir au XIXe siècle a été créée à l’époque du Printemps des peuple, quand chaque nation d’Europe s’est inventée un passé la distinguant de ses voisins. Après son invention, cet « héritage celtique » a essaimé en Irlande, où il n’y a jamais de telles traditions dans le passé, et même jusqu’en Bretagne où la certitude est à la mode. Au début du XXIe siècle, des tartans bretons ont même été créés pour chacun des différents pays de la Bretagne…
En attendant, le Tartan Day du 6 avril est avant tout une manifestation nord-américaine née dans les années 1980 (en Australie et en Nouvelle Zélande, on a opté pour le 1er juillet). Au Canada, une Journée nationale du tartan du 6 avril a été déclarée en 2010. En Argentine, où la communauté est forte de 100 000 membres, la Scottish Argentine Society, organise un défilé à Buenos Aires, chaque 6 avril.
En France quelques événements ponctuels ont eu lieu dans les années 2000, mais sans aucune récurrence. Pour profiter des retombées touristique du mouvement américain, l’Écosse a aussi lancé une série d’événements locaux, qui faute de tradition établie, se sont essoufflés les uns après les autres. Rien à voir avec New York, et d’autres villes américaines comme Washington, où la fête dure toute une semaine (la New York City Tartan Week par exemple), culminant avec la parade du samedi, qui toutefois est très loin d’attirer les foules de la Saint-Patrick, la fête de la communauté irlandaise.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 avril 2024
6 avril : en dépit de la fronde de sa jeunesse, la Thaïlande célèbre sa dynastie
Ce jour férié rappelle la fondation de la dynastie des Chakri par un général putchiste, le 6 avril 1782. La Thaïlande a un régime de monarchie parlementaire depuis 1932, mais depuis cette date, le pays a connu pas moins de 18 coups d’État (le dernier date de 2014) débouchant sur des régimes plus ou moins autoritaires.
Ce jour férié rappelle la fondation de la dynastie des Chakri par un général putchiste, le 6 avril 1782. La Thaïlande a un régime de monarchie parlementaire depuis 1932, mais depuis cette date, le pays a connu pas moins de 18 coups d’État (le dernier date de 2014) débouchant sur des régimes plus ou moins autoritaires. Constitutionnellement, le roi a peu de pouvoir, dans les faits, c’est tout le contraire. Face à cette instabilité politique, la monarchie apparaissait du temps du roi Bhumibol (alias Rama IX) comme la seule institution stable et il demeuré très populaire durant tout son règne (1946-2016). Son successeur Maha Vajiralongkorn, alias Rama X, l’inquiétant nouveau roi est un homme à femmes, imprévisible et colérique, qui diffère son couronnement et préfère vivre en Bavière. Son règne est beaucoup plus intrusif dans les affaires politiques. Ce monarque, le plus riche du monde, s’est octroyé un accès direct aux budget de l’État. Profitant de l’absence de démocratie, il s’est fait attribuer de nouvelles prérogatives que n’avait pas son père. Aujourd’hui, la Thaïlande n’est plus un pays en voie de démocratisation. Le régime repose sur la monarchie et l’armée.
La monarchie fait partie de l’identité culturelle et sociale de la Thaïlande. Les plus vieux y voit même un régime de droit divin. D’où la sévérité avec laquelle sont traités les crimes de lèse majesté qui ne trouve son équivalent qu’au Maroc. Cela n’empêche pas la jeunesse d’être de plus en plus critique à l’égard d’un régime qui a franchement viré à l’autoritarisme. Le caractère monarchique du régime n’est plus un tabou aujourd’hui. Depuis 2019, les manifestations étudiantes sont beaucoup plus revendicatives qu’elles n’ont jamais été dans l’histoire du pays. Après 239 ans de règne, la dynastie des Chaki n’a peut-être pas l’éternité devant elle.