L’Almanach international
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6 janvier : les Arméniens fêtent la Théophanie, improprement assimilée à Noël
Les Arméniens célèbrent le même jour la nativité et le baptême du Christ. Cette fête, comme chez les orthodoxes, est appelée Théophanie. Elle est, en fait, beaucoup importante que Noël.
Les Arméniens ne fêtent pas véritablement Noël. Les chrétiens des premiers temps ne se préoccupaient pas de la date de naissance du Christ dont on ignore tout, même l’année précise. Seule la date de son baptême était célébrée, l’Épiphanie, placée le 6 janvier. L’Arménie est le premier État à avoir adopté le christianisme de manière officielle, en 301. La fête de Noël n’avait pas encore été inventée. Elle le sera à Rome, au milieu du IVe siècle, et placé le 25 décembre pour remplacer des cultes païens.
C’est en octobre 451, lors d’un concile réuni à Chalcédoine (Kadıköy, aujourd’hui, un quartier de la rive asiatique d'Istanbul) que les fêtes de la nativité et du baptême du Christ ont été définitivement séparées. Il fut décidé que désormais, on fêterait Noël et l’Épiphanie à des dates distinctes (25 décembre et 6 janvier). La seconde des deux fêtes étant, à l’époque, de loin la plus importante. Or, l'Église apostolique Arménienne n'a pas pu participer à ce concile. Les Arméniens venaient d’être écrasés par les Perses à la bataille d’Avarayr (ou Vartanantz, mai 451). Constantinople avait refusé de leur venir en aide.
Les Arméniens n’ont pas adopté les décisions de ce concile, auquel, ils n’étaient sans doute pas invités. La plus importante portait sur la nature du Christ dont il avait été décidé de faire « une seule personne en deux natures ». Une autre conséquence est que les Arméniens continuent de célébrer le même jour nativité (Ծնունտ) et baptême du Christ. Cette fête, comme chez les orthodoxes, est appelée Théophanie (աստվածահայտնություն).
En Arménie, les plus religieux observent un jeûne de sept jours qui se termine le soir du 5 janvier par un repas léger, le khetum ('Խթում’). Un repas plus riche, à base de poisson et de riz pilaf aux raisins secs est préparé pour le lendemain. Les Arméniens éclairent leurs maisons et leurs églises avec des bougies pour illuminer la fin des jours sombres et des longues nuits. Pour la Théophanie, le matin du 6 janvier, le prêtre plonge la croix dans l'eau, qui est censée symboliser la descente de Jésus-Christ dans le Jourdain pour le baptême, et verse de la myrrhe dessus. Ensuite, les fidèles s'avancent pour embrasser la croix. La plupart de ceux qui assistent à la liturgie du matin rapportent de l'eau bénite chez eux parce qu'ils croient en sa capacité à guérir les maux physiques et spirituels.
À Jérusalem et à Tiflis, où l’Église arménienne est restée fidèle au calendrier julien, la Théophanie est célébrée le 19 janvier du calendrier grégorien.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 janvier 2023
Pour en savoir plus sur l’Église arménienne lire Géopolitique de l’Arménie
5 janvier : les Italiens, petits et grands, attendent la Befana
Ce soir, en Italie, on conseille aux enfants laisser en évidence une chaussette, décorée de préférence, dans l’espoir que la Befana, une sorcière bienveillante, y déposera quelques bonbons et surtout des cadeaux. Une tradition en lien avec l’Épiphanie, fêtée le lendemain, et avec des cultes païens qui remontent au moins à l’époque romaine.
Ce soir, en Italie, on conseille aux enfants laisser en évidence une chaussette, décorée de préférence, dans l’espoir que la Befana y déposera quelques bonbons et surtout des cadeaux. Pour la remercier, on déposera près de la chaussette, une mandarine ou quelques biscuits. Autrefois, on prévoyait même une assiette de soupe. En effet, selon la légende, la Befana munie d’une hotte, à califourchon sur son balai, va de toit en toit pour distribuer des présents aux enfants en cette nuit du 5 au 6 janvier. Mais, cette gentille sorcière est aujourd’hui de plus en plus supplantée par le Père Noël.
Jusqu’aux années 1960, dans une bonne partie de l’Italie, c’était le matin de l’Épiphanie que les enfants découvraient leurs cadeaux et non le matin de Noël. Il fallait donc s’y préparer la veille, le soir du 5 janvier. Cette coutume était très présente à Rome et dans toute l’Italie centrale et septentrionale, même si dans d’autres régions, comme en Vénétie, c’était la nuit, précédant la Sainte-Lucie, le 13 décembre qui jouait ce rôle. Ou encore, celle qui précédait la Saint-Nicolas, le 7 décembre, dans les régions proches de l’Autriche… Mais la popularité mondiale du Babo Natale (le Père Noël) a eu raison de la bonne sorcière. Il est vrai que le soir du 24 décembre arrive avant celui du 5 janvier, l’impatience des enfants aidant.
La tradition a tout de même survécu. Le gros des cadeaux a déjà été offert, mais en Italie, on garde toujours quelque chose censé être déposé dans la nuit du 5 au 6 janvier, comme en Espagne, où le même jour, on raconte aux enfants que ce sont les Rois mages qui leur ont apporté des cadeaux. À Rome, règne toute une ambiance festive tout au long de la journée du 5 janvier. Autrefois, le cœur de la fête était situé autour de la piazza Sant’Eustachio, aujourd’hui, c’est place Navonne bien plus vaste que se tient le principal marché de Noël de la capitale. On y trouve des stands pour adultes et enfants, remplis de friandises, de jeux et d’objets artisanaux, en bien sûr les fameuses chaussettes à déposer le soir même, près de la cheminée si on en a une. Attention, pour les enfants qui n'ont pas été gentils, la Befana remplit les chaussettes de charbon ! Pour avoir un avant-goût de ce que l’on risque on pourra goûter ce charbon sur le marché de Noël. Il s'agit bien sûr de sucre noir comestible ou des morceaux de réglisse qui ressemble à du charbon. L'icône de la petite vieille est présente partout, dans les vitrines des magasins, les publicités… On vend des déguisements, avec les fameux balais de sorcière et même des poupées de la Befana avec les yeux qui clignotent !
L’Église a bien tenté de résister au Père Noël en racontant que c’était le Gesu Bambino (le Petit Jésus) qui apportait les cadeaux. La Befana elle-même a dû être raccrochée à une fête : l’Épiphanie (Befana est d’ailleurs une déformation populaire du nom de la fête). On raconte alors que les Rois mages, avançant sur la route de Bethléem pour offrir des cadeaux à l’Enfant Jésus, demandèrent leur chemin à une vieille femme. Alors qu’ils lui demandèrent de les guider, la vieille dame refusa. Mais rapidement, elle fut prise de remords et pour se faire pardonner, elle prépara un panier rempli de petits gâteaux et de fruits secs et parti à leur recherche. Comme elle ne retrouva jamais la caravane des Rois mages, elle s’en alla de maison en maison distribuer ses friandises aux enfants.
Des bonnes fées survolant les maisons et les champs existaient déjà dans l’Antiquité romaine, elles s’appelaient Diane, Satia ou Abundia. Leur passage célébrait la renaissance de la nature en vue du printemps. Elles survolaient les champs cultivés pour favoriser leur fertilité. Selon les cultes païens, c’est la douzième nuit après le solstice d’hiver, que la mort et la renaissance de la nature étaient célébrées à travers Mère Nature. À partir du IVe siècle l’Église a intégré tous ces cultes dans sa propre tradition. C’est ainsi que Noël et L’Épiphanie ont été placés sur le calendrier religieux. Cette nuit du 5 au 6 janvier sera la dernière de celles que l’Église appelle les Douze nuits de Noël. Et la déesse Diane est devenue la Befana. Une figure de femme moins idéalisée, il est vrai. Demain matin, à partir de 10h, aura lieu le traditionnel défilé « Viva la Befana », sur Via della Conciliazione (l’avenue qui conduit au Vatican). Des décors et des costumes colorés sont conçus chaque année par une ville différente pour représenter l’universalité de l’Épiphanie, sous forme à la fois religieuse et folklorique. Cette année c’est la ville ombrienne de Foligno, qui fera défiler de mille personnages costumés avec la célèbre Giostra della Quintana, des porte-drapeaux, des fanfares, des majorettes, des butteri, des chevaux et des décors originaux.
En provinces, il y a des variantes , comme dans la province de Grosseto, où des hommes, les befani (sur l’île d’Elbe, ils s’appellent befanotti), accompagnent les befana dans les rues des villages pour interpréter des chants traditionnels de la Maremme. À Venise, se déroule la 45e Befana Regatta, au cours de laquelle des concurrents habillés en Befana, s’affrontent à coups d’avirons sur le Canal Grande, vêtus de jupe, châle en laine, bonnet et foulard sur la tête. Dans les régions germaniques du Nord, toutefois, elle est en concurrence avec Berchta.
Même la politique s’en est mêlée. En 1928, Mussolini avait institué des célébrations autour d’une « Befana fasciste », en encourageant la distribution de cadeaux aux enfants pauvres. En 1929, dans le Tessin (Suisse) et dans les cercles de l’émigration antifasciste italienne, on a célébré un « Befana rouge » jusque dans les années 1970.
Ainsi se termine en Italie la séquence des fêtes de fin d’année. « L’Epifania tutte le feste si porta via ! »
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
19 janvier : les Éthiopiens fêtent Timket dans un climat très tendu
Timket (ou Timqat) célèbre le baptême du christ, c’est l’Épiphanie de l’Église orthodoxe locale, une véritable fête nationale en Éthiopie.
Les trois couleurs du drapeau éthiopien pavoisent les rues des grandes villes du pays, c’est Timket, la célébration chrétienne la plus importante de l’année. En Éthiopie, les chrétiens représentent qu’une petite moitié de la population (contre un tiers de musulmans) mais cette cérémonie qui dure trois jours est quasiment une fête nationale, chômée dans la plupart des régions.
Timket (ou Timqat) célèbre le baptême du christ, c’est l’Épiphanie selon l’Église orthodoxe locale, laquelle comme celle des Russes ou des Coptes, suit un calendrier religieux calqué sur le calendrier julien, lequel est en retard de 13 jours sur le calendrier grégorien.
Cette année, comme en 2021, Timket est fêté dans une ambiance très martiale. Le pays vit depuis plus d’un an sous la menace d’une guerre civile généralisée. La situation est très tendues, notamment à Gondar, une ville où les célébrations de l’Épiphanie sont les plus remarquables. Gondar est située au nord du pays non loin du Tigré que les forces pro-gouvernementales assiègent depuis décembre.
Timket (ጥምቀት) se déroule sur trois jours. Le 18 janvier, appelé Ketera, est le jour des préparatifs. Ce jour-là, les tabots, des coffres en bois symbolisant l'Arche d'Alliance (que l’Église d’Éthiopie prétend détenir) sont sortis des églises, enveloppés de tissu et de soie. Au cours d’une cérémonie grandiose, le prêtre le plus ancien de chaque église conduit la procession jusqu’à la rivière ou à un bassin (timkete-bahir), en portant les tabots sur la tête.
Le tabot symbolise les coffres contenant les tablettes sur lesquelles les 10 commandements ont été écrits et présentés à Moïse par Dieu sur le mont Sinaï. Les participants passent la nuit à prier et à chanter lors de différents offices, dont la liturgie eucharistique.
La messe commence aux petites heures du matin du 19 janvier, le jour du baptême (timket) proprement dit et se poursuit jusqu'à environ 7 heures du matin. Les habitants portent des vêtements blancs et se couvrent la tête de foulards. Après la messe, des discours sont prononcés par des personnalités importantes de l’Église et l'eau est bénie. Des participants se plongent ensuite dans l'eau, renouvelant les vœux qu'ils ont prononcés lors du baptême.
Le troisième et dernier jour de Timkat, le 20 janvier. Les tabots qui avaient été portés à l'eau sont ramenés aux églises lors d’une procession similaire.
En 2019, les cérémonies du Timket, ont été inscrites sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité.
Pour suivre les fêtes religieuses, partout dans le monde, consulter l’Almanach des fêtes religieuses
5 janvier : les Espagnols accueillent les Rois mages
Ce soir en cette veille d'Épiphanie, il convient de bien recevoir les Rois mages, car dans la nuit, ce sont eux qui vont distribuer les cadeaux aux enfants, du moins c’est ce qu’on leur raconte en Espagne.
Ce soir, en cette veille d'Épiphanie, il convient de bien recevoir les Rois mages, car dans la nuit, ce sont eux qui vont distribuer les cadeaux aux enfants, du moins c’est ce qu’on leur raconte en Espagne. Depuis la fin du XIXe siècle, les municipalités organisent chaque année une « cavalcade des Rois mages » (cabalgata de los Reyes Mágos) particulièrement populaire à Barcelone où le défilé est suivi par des milliers de personnes.
Les figurants arrivent par bateau vers 15h30 heures, à ce moment, 21 coups de canons sont tirés du fort de Monjuic. Les Rois mages et leur suite composée de musiciens en costumes, de saltimbanques en tout genre, remontent les Ramblas jusqu’à la place de Catalogne, tout en distribuant des friandises.
Voici l’itinéraire pour ce 5 janvier 2022 : Le public ne pourra pas assister à cette arrivée, ceci étant l'une des restrictions du défilé 2022. Pour le public, le défilé débute à 18.15, avenue Marqués de l'Argentera - Pla de Palau- Paseo de Isabelle II - Via Laietana - Place Urquinaona - Fontanelle - Place de Catalogne - Pelai - Place de l'Université - Ronda de Sant Antoni - Sépulvéda - Avenida del Paral - Place d'Espagne - arrivée : Avenida de la Reina Maria Cristina (Avenida de Rius i Taulet), vers 21h.
En France, Perpignan organise aussi sa cavalcade qui va du Castillet au parvis de la cathédrale où l'on distribue des chocolats chauds.
À Madrid, chaque quartier a son défilé auquel participent aussi les maires d'arrondissement et le personnel politique. La télévision publique (TVE) en diffuse les images en direct.
Ce soir, les enfants sont invités à se coucher tôt, en laissant leurs chaussures près de la fenêtre, sans oublier de prévoir un bol d’eau pour les chameaux et quelques friandises pour les Rois mages. Demain, au réveil, ils trouveront des cadeaux, en complément de ceux qu’ils ont déjà reçus à Noël, et mangeront du Roscon de Reyes, une brioche aux fruits confits.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 janvier 2022
19 janvier : le baptême glacé des Russes
Ce vendredi soir, dès minuit, des milliers de Russes vont s'immerger dans l'eau glacée à l’occasion de l’Épiphanie. En Russie, la date de cette fête dépend du calendrier julien, ce qui la place le 19 janvier dans le calendrier grégorien.
Ce vendredi soir, dès minuit, des milliers de Russes vont s'immerger dans l'eau glacée à l’occasion de l’Épiphanie. En Russie, la date de cette fête dépend du calendrier julien, ce qui la place le 19 janvier dans le calendrier grégorien.
Envie de se purifier le corps…ou de laver son âme de ses péchés ou encore désir de retrouver de l’énergie et des forces pour toute une année, c’est une tradition qui perdure selon un rituel immuable censé rappeler le baptême du Christ (Théophanie).
On fait des trous en forme de croix (du nom de yordan, en souvenir du Jourdain ) dans la glace et l’on s’immerge le corps dans l’eau glacée à 3 reprises (au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit), en poussant des cris de joie ! La cérémonie commence dès minuit et, à Moscou même où l’on attend plusieurs dizaines de milliers de participants, de plus en plus nombreux chaque année, quelque 200 sauveteurs ont été mobilisés en cas d’incident… Il en coûtera 3 500 roubles (un peu plus de 80 euros) aux courageux mais un buffet leur sera servi une fois le rituel terminé. On peut voir dans cet engouement un retour de la religion, si longtemps brimée et contrôlée à l’époque soviétique.
On s’en doute, le surhomme russe, Vladimir Poutine, se doit de montrer l’exemple. L’an dernier il s’est plongé dans le lac Seliger, dans la région de Tver.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde