7 janvier : le Ghana, les 30 ans d’une démocratie africaine

 

Il y a trente ans, le 7 janvier 1993, une nouvelle constitution entrait en vigueur au Ghana. Inspirée du modèle français, elle a permis l’instauration d’un système démocratique unique sur le continent africain. Cette constitution garantit les libertés individuelles, la liberté d’expression, le pluralisme politique et l’indépendance du système judiciaire, autant d’éléments clefs d’un système démocratique. Son texte a été soutenu par toutes les forces politiques du pays et a été approuvé fin 1992 à 92 % des voix. Le Ghana connaît depuis des alternances politiques pacifiques qui ont chaque fois lieu le 7 janvier. Deux partis dominent la scène politique ghanéenne : le Nouveau Parti patriotique (NPP, droite libérale-conservatrice) actuellement au pouvoir et représenté par le président Nana Akufo-Addo qui termine son second mandat, et le Congrès démocratique national (NDC, social-démocrate) de l'ancien président John Mahama. La prochaine élection présidentielle aura lieu en fin d’année 2024 et la prochaine passation de pouvoir se déroulera le 7 janvier 2025, car constitutionnellement l’actuel président ne peut pas se représenter. C’est lui qui avait décidé, en 2018, de faire du 7 janvier un jour férié. On célèbre donc aujourd’hui le 5e Constitution Day.

Cette quatrième constitution du pays, qui instaure donc la quatrième république du Ghana qui fête aujourd’hui ses 30 ans, a été voulue par Jerry Rawling, un ancien militaire putschiste. Auteur de deux coups d’État militaires, en 1979, puis en 1981, il avait instauré un régime autoritaire avant de se convertir à la démocratie et au multipartisme (en 1992). C’est lui qui a organisé le référendum constitutionnel, sur les recommandations d’un comité de neuf juristes, lesquels ont tiré les leçons des échecs des constitutions des trois régimes précédents (1957, 1960, 1969). Cette constitution s’inspire de la cinquième république française, avec un président et un premier ministre, un conseil d’État et un parlement. Elle a permis l'installation d'une démocratie stable, faisant du Ghana un modèle dans une région souvent secouée par des putschs et des crises post-électorales. Comme quoi, il n’y a pas de fatalité, le Ghana est comme ses voisins une mosaïque d’ethnies avec un clivage religieux, des musulmans au nord, des chrétiens au sud… Ces divisions ne sont pas instrumentalisées par la classe politique comme chez ses voisins. Le pays vit aujourd’hui une situation économique difficile au point d’avoir été secouru par le FMI, la préparation des élections de décembre va sans doute agiter le pays… La presse internationale devrait s’intéresser un peu plus souvent au Ghana. Ce pays peut inspirer le continent, ce serait bien d’en parler, au moins pour faire taire ceux qui pensent que l’Afrique et la démocratie ne vont pas ensemble.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 janvier 2023

Mise à jour 2024 : le 8 décembre, Mahamudu Bawumia (Nouveau Parti patriotique) reconnaissait sa défaite électorale à la présidentielle, face à John Dramani Mahama (Congrès national démocratique), élu président du Ghana avec 56% des voix, un poste qu’il avait occupé de 2012 à 2017. Depuis l’avènement de la IVe république, toutes les alternance politique se sont déroulées de manière pacifique.

 
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