L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1er juillet : les anciennes colonies hollandaises des Antilles célèbrent l’abolition de l’esclavage

Le 1er juillet 1863, le royaume des Pays-Bas a aboli l’esclavage dans certaines ex-colonies des Antilles néerlandaises.

 

C’est le 1er juillet 1863 que le Royaume des Pays-Bas ont aboli l’esclavage dans leurs colonies des Antilles. À cette époque, plus de 45 000 esclaves originairement africains ont été libérés, dont 34 441 étaient des esclaves au Suriname. Les propriétaires d'esclaves ont été indemnisés avec 300 florins pour chaque esclave, mais les personnes libérées elles-mêmes n'ont rien reçu et ont été obligées, au Suriname, de continuer à faire le travail sur une base contractuelle pendant encore dix ans.

Au Surinam, cette fête est appelée Ketikoti (chaînes brisées). Le Ketikoti est une fête pour tous les habitants, pas seulement pour les descendants des esclaves. Les festivités comprennent Bigi Spikri ("Grand Miroir"), un défilé coloré en tenue festive et souvent traditionnelle, les femmes portant souvent de petits parapluies blancs avec elles. Des maisons et clôtures sont traditionnellement décorées ce jour-là avec des branches de l' arbre de juillet en fleurs (le flamboyant).

Depuis 2000, le Ketikoti est également célébré aux Pays-Bas. Un monument national a été inauguré en 2002. Le 1er juillet 2021, le maire d’Amsterdam a présenté les excuses de ses concitoyens à la communauté noire. Depuis, il appelle le gouvernement à instaurer le 1er juillet comme jour férié.

Depuis peu, les îles des Antilles : Saba, Saint-Eustache (Sint Eustatius) et Saint-Martin (Sint Maarten) célèbrent aussi le Jour de l’émancipation (Emancipatiedag). À Saba, il a été fêté pour la première fois en 2021. À Saint-Eustache, il a fallu attendre 2022 pour que le 1er juillet devienne un jour férié et chômé.

La date du 1er juillet 1863 ne concerne que les Antilles (et encore, certaines îles comme Curaçao célèbre une autre date). En Asie (dans les Indes néerlandaise) l’abolition a eu lieu en 1860 dans certaines zones, mais seulement en 1910-1914 dans d’autres îles.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 juin 2024

 
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1848, France, esclavagisme, Abolition de l'esclavage, 22 mai Bruno Teissier 1848, France, esclavagisme, Abolition de l'esclavage, 22 mai Bruno Teissier

22 mai : la Martinique commémore l'abolition de l'esclavage

La Fête de l'abolition de l'esclavage commémore la journée d’émeute populaire du 22 mai 1848 qui a contraint le gouverneur de la Martinique à anticiper le processus.

 

Spectacles, concerts, marche aux flambeaux, conférences... de nombreux temps forts rythme ce 176e anniversaire de l’abolition de l’esclavage à la Martinique.

En 1848, le gouvernement provisoire qui succède à la Monarchie de Juillet, renversée par les journées révolutionnaires de février, élabore le 27 avril 1848, des décrets abolissant l’esclavage dans toutes les colonies françaises. Ces décrets devaient mettre quelques semaines pour parvenir dans les différentes colonies et s’appliquer véritablement. De fait, ils n’arriveront à la Martinique que le 4 juin 1848. De plus, ces textes prévoyaient l’abolition dans un délai de deux mois après leur promulgation dans la colonie… La ferveur populaire en décidera autrement.

À la Martinique, la nouvelle de l’instauration de la République, fin mars 1848, fait naître un véritable espoir car celle-ci proclame aussitôt que « nulle terre française ne peut plus porter d’esclaves ». L’enthousiasme des quelque 60 000 esclave se transforme, le 22 mai, en véritable émeute populaire. Ce qui contraint le gouverneur de la colonie à proclamer l’abolition immédiate, le 23 mai, sans attendre l’arrivée des décrets du 27 avril. C’est ce premier jour de liberté qui est commémoré chaque année à la Martinique (à la Guadeloupe, c’est le 27 mai) par un jour est férié et des festivités.

En 2020, les festivités prévues dans le cadre du 22-Mai avait été annulées pour cause de crise sanitaire, mais la journée a été marquée par la destruction de deux statues de Victor Schoelcher. L’une devant l’Espace Camille Darsières à Fort-de-France, l’autre à l’entrée du bourg de Schoelcher. Ces actes de vandalisme n’avait pas été revendiqués mais toutefois, approuvés par certains militants. Certes, Victor Schœlcher avait permis que soit signé les décrets abolissant l’esclavage et la traite négrière dans les colonies. Mais, il lui est reproché d’avoir prévu l’indemnisation, non des victimes de l’esclavage (qui ne l’ont jamais été) mais les 10 000 propriétaires d’esclaves lesquels ont reçu, à partir de 1849, des indemnités d’un montant total de 126 millions de francs or. Certaines grandes fortunes françaises ont leur origine dans cette indemnisation scandaleuse. La statue de Joséphine, l’épouse de Napoléon Bonaparte (qui a rétabli l’eclavage) a aussi été détruite.

Depuis une vingtaine d’année, un combat a été engagé pour obtenir des réparations. Le Mouvement international pour les Réparations (MIR) a lancé le 13 mai son « 24yèm Konvwa ba réparasyon », qui se termine comme chaque année le 21 mai . Le thème de cette année : « Réparasyon pou palantjé matjoukann péyi-a ».

D’autres, au contraire, veulent faire de cette journée du 22 mai (le 22-Mé), une fête consensuelle, une fête nationale de la Martinique. Dans cette nuit du 21 au 22 mai, chacun peut faire mémoire des combats menés pour la liberté, en allumant un flambeau ou une bougie, une lumière symbolique, en écoutant « Rhapsodie Martinique IV/La marche de la Liberté » de Manuel Césaire.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Le mémorial Cap 110 de Laurent Valère, situé Anse Caffard, en Martinique, édifié en 1998, à l’occasion du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage.

Dans une rue de Fort-de-France

Ce qui reste du socle de la statue de Joséphine, Fort-de-France, place de la Savane

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1862, États-Unis, Abolition de l'esclavage, 16 avril Bruno Teissier 1862, États-Unis, Abolition de l'esclavage, 16 avril Bruno Teissier

16 avril : Washington fête l’émancipation des Noirs

Cette fête qui célébrait la liberté des Noirs de la capitale a été complètement oubliée durant tout le XXe siècle. Elle a été relancée en 2000 et c’est en 2005 que le 16 avril a été officiellement déclaré jour férié dans le District de Columbia.

 

Ce jour férié du District de Columbia est très récent compte tenu de l’ancienneté de l’événement auquel il fait référence. Tout au long du XIXe siècle, on avait fêté l’émancipation des Noirs du district obtenue par un décret du président Abraham Lincoln, le 16 avril 1862. À partir de 1866, des concerts, des feux d'artifice ainsi que le défilé traditionnel du Jour de l'Émancipation (Emancipation Day) avec les fanfares des écoles locales et ses chars colorés, avait lieu chaque année jusqu’à la fin du siècle. Le dernier eut lieu en 1901. Cette fête qui célébrait la liberté des Noirs de la capitale a été complètement oubliée durant tout le XXe siècle. Un siècle pendant lequel les Noirs américains ont lutté pour devenir citoyen. À Washington, la fête a été relancée en 2000 et c’est en 2005 que le 16 avril a été officiellement déclaré jour férié dans le District de Columbia. Si le 16 avril tombe pendant un week-end, la célébration a lieu le jour de la semaine le plus proche.

La loi a libéré plus de 3 000 esclaves dans le district de Columbia. Elle accordait aussi aux propriétaires d'esclaves restés fidèles à l'Union une compensation de 300 dollars du gouvernement fédéral pour chaque esclave libéré. Le gouvernement fédéral a également offert, ce qui a été très rarement fait, 100 dollars aux anciens esclaves, mais c’était pour les encourager à émigrer vers le nord, ce que peu ont fait. Le District de Colombia a longtemps été un refuge pour les Noirs, en dépit des restrictions locales au droit de vote qui existent toujours. Ceux-ci représentent aujourd’hui la moitié de la population du DC, ce fut même plus des deux tiers à la fin du XXe siècle.

L’idée d’une abolition de l’esclavage est un peu plus ancienne. Dès 1849, soit un an après la libération des esclaves français, alors qu'il était simple député, Lincoln présenta un plan visant à éliminer l'esclavage à Washington DC, par le biais d'une émancipation compensée. Le projet de loi a échoué. On s’est contenté, en 1850, d’interdire la vente et l'achat d'esclaves dans le District de Columbia sans remettre en cause la propriété des esclaves dans la capitale dont les résidents pouvaient toujours acheter et vendre des esclaves dans la Virginie et le Maryland voisins.

L'émancipation dans le District de Columbia est devenue possible en 1861 après le départ des sénateurs et des représentants des États sécessionnistes qui avaient bloqué la fin de l'esclavage dans le district, ne voulant pas d’une émancipation qu’elle qu’en soit l’endroit. 

C’est le Treizième amendement à la Constitution, ratifié le 6 décembre 1865, qui a finalement aboli l'esclavage « aux États-Unis ou dans tout lieu soumis à leur juridiction ». Les Noirs américains attendront encore plus d’un siècle pour être de vrais citoyens (avec le droit de vote acquis en 1967 seulement). Dans 42 des 50 États américains, le Jour de l’émancipation est observé le 19 juin (Juneteenth), commémorant la libération des esclaves au Texas, le 19 juin 1865. Les autres observent leur propre jour de l'émancipation à une date qui leur est propre, comme le District de Columbia, le 16 avril.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 avril 2024

 
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1846, Tunisie, Abolition de l'esclavage, 23 janvier Bruno Teissier 1846, Tunisie, Abolition de l'esclavage, 23 janvier Bruno Teissier

23 janvier : le jour de l’abolition de l’esclavage en Tunisie

La Tunisie est fière d’avoir été l’un des tout premiers pays au monde à avoir aboli l’esclavage, elle l’a fait le 23 janvier 1846 par un décret d’Ahmed Bey. Mais ce jour férié, créé en 2019, demeure très discret dans la Tunisie de Kaïs Saïed, dont les discours aux relents racistes envers les migrants africains, ne facilitent pas l’insertion sociale des Tunisiens descendants d’esclaves africains, toujours stigmatisés par leur couleur de peau ou leurs patronymes.

 

La Tunisie est fière d’avoir été l’un des tout premiers pays au monde à avoir aboli l’esclavage, elle l’a fait en 1846 soit deux ans avant la France. Seuls, Haïti, l’Argentine et le Royaume-Uni l’ont précédé. Elle est donc le premier pays arabe à avoir pris cette décision, bien avant le Maroc (1922), l’Arabie saoudite (1963) ou la Mauritanie (1981).

La commémoration, en revanche est récente et de meure discrète. C’est le 23 janvier 2019, que le président tunisien, Béji Caid Essebsi, a annoncé la création d’une Journée nationale de l'abolition de l'esclavage (اليوم الوطني لإلغاء الرق). Ce jour férié n’est pas chômé mais la célébration permet chaque année de rappeler une réalité bien occultée de la Tunisie ancienne.

Décrétée le 23 janvier 1846, par Ahmed Bey, l'abolition de l'esclavage avait toutefois été précédée par une interdiction de vente d'esclaves dès 1841 et de la décision, en 1842, que tout enfant né à Tunis, était libre.

Les esclaves, comme ceux qui ont été déportés en Amérique où aux Antilles par les Européens, provenaient principalement de la traite africaine qui arrivait en Tunisie par le Sahara. Jusqu’en 1841, la Tunisie recevait un millier d’esclaves noirs chaque année, ils étaient appelés les Abid ou les Chouchen. Il y avait aussi des esclaves berbères, les Akli, provenant des razzias entre tribus, ainsi que des esclaves européens, capturés lors de raids sur les côtes méditerranéennes ou les prises de navires marchands, c’était les Mamelouk. Ces derniers représentaient 10 à 20% des captifs selon les époques. Certains ont eu des destinées singulières. La propre mère d’Ahmed Bey, le souverain qui a aboli l’esclavage, était une esclave sarde.

En Tunisie, il en reste des stigmates et des non-dits : aujourd’hui encore des enfants naissent avec  les termes atig (affranchi) ou chouchane (« esclave ») accolés à leur nom. Une véritable stigmatisation dans un pays où les Tunisiens noirs ont encore du mal à trouver leur place, surtout depuis que Kaïs Saïed, le très autoritaire président actuel, par ses discours aux relents racistes, a lancé la chasse aux immigrés africains à qui l’Europe a fermé ses portes.

Les autorités tunisiennes veulent se débarrasser des migrants africains. Mais certains profitent de leur précarité soudaine en Tunisie pour les asservir. On assiste à un retour d’une forme d’esclavage encore courante dans les pays du Golfe : des femmes migrantes subsahariennes, à qui on a confisqué le passeport, sont aujourd’hui employées comme domestiques, contre leur gré et sans salaire.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 janvier 2024

Timbre-poste émis en 2021 pour commémorer l’abolition du 23 janvier 1846

 
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1804, 1805, 1851, 1852, France, bataille célèbre, 2 décembre Bruno Teissier 1804, 1805, 1851, 1852, France, bataille célèbre, 2 décembre Bruno Teissier

2 décembre : la gloire de Napoléon

Les élèves de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr célèbrent chaque 2 décembre la victoire militaire du fondateur de leur établissement : l’empereur Napoléon Ier. Ils sont bien les seuls, car les autorités françaises restent très réticentes à glorifier la geste napoléonienne. En revanche, en République tchèque, on organise chaque année, à Slavkov u Brna (Austerlitz), une reconstitution de la célèbre bataille en costume d’époque à laquelle participent un millier de figurants venus de toute l’Europe.

 

Les élèves de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr célèbrent chaque 2 décembre la victoire militaire du fondateur de leur établissement : l’empereur Napoléon Ier. La tradition remonte au Second Empire quand le 1er décembre au soir avait lieu une bataille de polochons dans les dortoirs de l’établissement et le lendemain une veillée aux flambeaux. À partir de 1920, la direction de l’école a autorisé une reconstitution de la bataille qui se déroule aujourd’hui à grande échelle sur les terrains de Coëtquidan chaque 2 décembre. La bataille ainsi mythifiée est bien sûr celle d’Austerlitz, en 1805, la plus brillante des victoires de l’Empereur face aux armées autrichienne et russe, que la Prusse s’apprêtait à rejoindre. Les lettres du nom de la bataille servent même de calendrier à l’école : A pour octobre, U pour novembre, S pour décembre… Ainsi les saint-cyriens fêtent aujourd’hui le « 2S ». L’an un de l’école étant 1805, ainsi dans le langage saint-cyrien, on ne parle pas du 2 décembre 2023 mais du « 2S 218 », soit l’année 218 à partir d’Austerlitz. Partout dans le monde où ils se trouvent, les officiers issus de Saint-Cyr célèbrent la glorieuse victoire. Le 1er décembre, selon le calendrier catholique, est la fête du Bienheureux Père Charles de Foucauld, confesseur de la Foi et également ancien élève de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr. Il est souvent associé aux célébrations de cette école où règne toujours une poignée d'étudiants ultra conservateurs, volontiers traditionalistes et fasciné également par l’épopée coloniale.

Au lendemain de la bataille, dans sa proclamation à ses soldats, Napoléon avait écrit : « Je vous ramènerai en France. Vous ne rentrerez dans vos foyers que sous des arcs de triomphe ». La promesse ne sera tenue qu’en 1806, et il faudra 36 ans pour que l’Arc de Triomphe de l’Étoile soit achevé. Napoléon n’en profitera que pour le retour de ses cendres. Aujourd’hui, le monument n’est plus perçu comme ayant été construit à sa gloire. La République en a fait un symbole patriotique. Ce soir, toutefois, c’est bien sûr une délégation de l’école de Saint-Cyr qui va ranimer la flamme. Une tradition qui n’a que cent ans d’âge et qui n’a rien à voir avec la geste napoléonienne.

La journée du 2 décembre est doublement  liée à l’Empereur, puisque c’est ce même jour qu’il s’était lui-même couronné empereur dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Pour son sacre, il avait fait venir de Rome le pape Pie VII. C’était en 1804, il y a 219 ans aujourd’hui.

Les passionnés des Bonaparte célèbrent aussi le neveu, Louis-Napoléon Bonaparte, élu président de la république le 2 décembre 1851 et couronné empereur, sous le nom de Napoléon III, l’année suivante, le 2 décembre bien sûr, la date n’avait pas été choisie au hasard.

Voilà une journée à la gloire des Bonaparte. Mais est-ce par malice que l’ONU a placé le 2 décembre une Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage ? Sachant que Napoléon, s’il a largement repris à son compte l’héritage de la Révolution de 1789 dont il a fait profiter une partie de l’Europe, il en a renié au moins un en rétablissant l’esclavage que la révolution avait aboli huit ans plus tôt, en 1794.

Napoléon, on le sait a aussi sa part d’ombre, on lui reproche toutes ses guerres qui ont fait tant de morts partout en Europe, notamment en Espagne, au point que les autorités françaises ont souvent renoncé à célébrer la gloire napoléonienne. En 2005, Jacques Chirac et Dominique de Villepin, alors au pouvoir, ont préféré boycotter  le 200e anniversaire d'Austerlitz, à la grande surprise de beaucoup de Français. La célébration française était pourtant tout à fait exceptionnelle. Les Anglais qui célèbrent chaque année la bataille de Trafalgar ont bien moins de scrupule.

En République tchèque, on organise chaque année, à Slavkov u Brna (Austerlitz), une reconstitution de la célèbre bataille en costumes d’époque. Un millier de passionnés, viennent tous les ans d’une quinzaine de pays, pour honorer la mémoire de ceux qui sont tombés à Austerlitz (18 000 morts tout de même !). La seule variante, depuis 2022, c’est que faute de visas, les ressortissants russes ne peuvent plus se joindre à la célébration.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er décembre 2023

 

La bataille d'Austerlitz (détail) par François Gérard, Musée de Trianon

Le monument aux morts du plateau de Pratzen (où s’est déroulé la bataille), en mémoire des soldats russes, autrichiens et français tombés le 2 décembre 1805. 

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1760, Suriname, marronage, esclavage, 10 octobre Bruno Teissier 1760, Suriname, marronage, esclavage, 10 octobre Bruno Teissier

10 octobre : la fête des Noirs marrons du Suriname

Au Surinam, c’est Maroon Day. Depuis 2011, le jour est férié mais la fête qui célèbre les anciens esclaves marrons est bien plus ancienne. Longtemps marginalisés, les Marrons cherchent aujourd’hui à affirmer leur place au sein de la société surinamaise. 

 

Au Surinam, c’est Maroon Day. Depuis 2011, le jour est férié mais cette fête qui célèbre les Marrons est bien plus ancienne. Le terme « marron » lui-même dérive de l'espagnol latino-américain « cimarrón », qui signifie « fugitif, fugueur, sauvage ». C’est ainsi que l’on appelait les esclaves en fuite. En Guyane néerlandaise, ils étaient particulièrement nombreux et se sont regroupés en différentes tribus.

Le Maroon Day commémore le jour, le 10 octobre 1760 où la tribu des Ndyuka signa avec les Néerlandais un traité définissant les territoires et les droits des « marrons ». Le traité a été conçu par un ancien esclave jamaïcain qui avait appris à lire et à écrire et connaissait le traité jamaïcain. S’en est suivi, un autre traité avec les Marrons de Saamaka en 1762 et d'un autre avec ceux de Matawai en 1767.  

Les Marrons du Surinam ont ainsi été parmi les premiers peuples de cet hémisphère à obtenir leur indépendance, plus d’un siècle avant l’abolition de l’esclavage au Surinam (en 1863). Ils sont devenus l'un des groupes de descendants d'esclaves en fuite les plus importants et les plus concentrés au monde. Leurs descendants représentent plus de 20% de la population du Suriname. Ils sont néanmoins victimes d’un mépris séculaire de la part des autres habitants du pays. En 1986, suite à un différend avec son garde du corps marron, le dictateur Bouterse a lancé une véritable guerre contre les villages marrons de l’intérieur du pays. Des dizaines de morts ont été à déplorer.

La Journée du Marron est principalement organisée dans les villages de l'intérieur et à Paramaribo dans des endroits tels que le Palmentuin, par les descendants des Marrons - les Loweman - qui sont vêtus de pangi colorés pour la liberté avec tout le monde au Surinam (ou Suriname).

Cependant, malgré des décisions de justice, il n'y a toujours aucune reconnaissance légale des droits fonciers des peuples autochtones et des Marrons au Suriname. Lesquels vivent toujours dans une certaine marginalité dans ce pays multiculturel , mais cherchent aujourd’hui à affirmer leur place au sein de la société surinamaise. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 octobre 2023

 
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1972, Tanzanie, 7 avril, assassinat Bruno Teissier 1972, Tanzanie, 7 avril, assassinat Bruno Teissier

7 avril : Zanzibar commémore l’assassinat de son premier président

Sheik Abeid Amani Karume est à la fois un héros et un dictateur. La sanglante révolution de 1964 dont il est l’un des initiateurs lui a permis de devenir président de Zanzibar. Avec l’aide de la Chine, il a redistribué les terres et fait construire nombreuses maisons. Il n’a, en revanche, pas ménagé ses opposants. Son fils qui a été élu par deux fois président au tout début du XXIe siècle, cultive sa mémoire.

 

Sheik Abeid Amani Karume est à la fois un héros et un dictateur. Fils d’une esclave originaire du Malawi, il est  arrivé à Zanzibar alors qu’il était encore un enfant. L’île était alors dominée par une classe politique arabo-persanne qui s’était imposée à l’époque où l’archipel de Zanzibar était une colonie arabe, dépendant du sultanat d’Oman et pratiquant le commerce des esclaves africains. Ce rôle plaque tournante de l’esclavage a duré jusqu’à son abolition, très tardive, en 1890, quand l’île est devenue une colonie britannique.

Abeid Karume est entré en politique en 1954 en devenant maire de la capitale et en adhérant au parti pro britannique Afro-Shirazi, militant contre la domination arabe. Dix ans plus tard, il participe à la très sanglante révolution du 12 janvier 1964 qui renverse le dernier sultan. Karume devient alors le premier président de la république de Zanzibar. Cette révolution d’inspiration socialiste s’attaque à la classe dirigeante arabe qui contrôle toutes les terres. Certaines familles sont largement dépossédées par la redistribution des terres à la population swahilie locale. Ce sont d’ailleurs de jeunes officiers arabes, issus de familles locales humiliées et persécuté Karume, qui ont abattu le président le 7 avril 1972, mettant fin à un régime autoritaire et prochinois. Le cheikh Karume, qui avait récemment changé son titre de président de Zanzibar en président du Conseil révolutionnaire, se trouvait au siège de son parti Afro-Shirazi lorsque des hommes armés ont fait irruption dans la pièce et l'ont tué avec des mitraillettes.

Président de Zanzibar, il était aussi le vice-président de la Tanzanie dont l’île est une composante depuis que Abe Karume et Julius K. Nyerere ont fondé la Tanzanie. Ce dernier a assisté à ses funérailles et la décrété que le 7 avril serait désormais le Karume Day, un jour férié et chômé dans tout le pays, pas seulement à Zanzibar. Ce président autoritaire qui pourchassait les opposants de manière impitoyable, a aussi laissé une œuvre sociale. Il a établi un système d'éducation et de services de santé gratuits pour tous les Zanzibaris, quelle que soit leur race, leur couleur ou leur appartenance ethnique. En dehors de cela, il s'est engagé dans la construction de nombreuses maisons mises à la disposition des habitants de Zanzibar à des loyers très abordables. Karume demeure très populaire. Sa mémoire a été grandement cultivée par son fils. Son premier fils, Amani Abeid Karume, lui a succédé à la présidence pour deux mandats successifs de 2000 à 2010 obtenus démocratiquement.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1959, Chine, Tibet, 28 mars Bruno Teissier 1959, Chine, Tibet, 28 mars Bruno Teissier

28 mars : Journée de l'émancipation des serfs au Tibet

La commémoration est controversée et participe pleinement à la propagande chinoise dont le but est de justifier l’occupation du Tibet par la Chine. N’empêche qu’en réprimant le soulèvement du Tibet en 1959, au prix de 87 000 morts et l’exil de 100 000 Tibétains, le gouvernement de Pékin a pris le contrôle d’un territoire autonome qui vivait encore à l’époque du servage.

 

La commémoration est controversée et participe pleinement à la propagande chinoise dont le but est de justifier l’occupation du Tibet par la Chine. N’empêche qu’en réprimant le soulèvement du Tibet en 1959, au prix de 87 000 morts et l’exil de 100 000 Tibétains, le gouvernement de Pékin a pris le contrôle d’un territoire autonome qui vivait encore à l’époque du servage : 90% de la population travaillaient de manière contrainte au profit d’une petite élite. Cette réalité est souvent occultée. Le Tibet a perdu sa liberté (sa langue et sa culture sont menacées) en tombant totalement sous la coupe du gouvernement chinois, mais la grande majorité de la population a vu son statut social s’améliorer, même si c’est pour se retrouver gouverné par une dictature communiste réprimant sans pitié la moindre incartade politique.

La date du 28 mars est en fait l’anniversaire de la dissolution du gouvernement tibétain en 1959. Le choix de cette date a été vécu comme une provocation par les Tibétains en exil. L’abolition du servage a été, en fait, décidée que le 17 juillet 1959. Le choix de 2009 pour lancer cette commémoration était stratégique, c’était l’année du cinquantenaire des événement de 1959. Il s’agissait de justifier aux yeux du monde, la présence chinoise au Tibet. Ce territoire est stratégique pour la Chine, notamment pour le contrôle des ressources en eau d’une grande partie de l’Asie du Sud.

La Journée de la libération des serfs au Tibet (農奴解放日) est un élément important de la propagande chinoise. Elle s’inscrit toutefois parmi les dates anniversaires de l’abolition de l’esclavage dans les différentes parties du monde.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
Le drapeau de la Chine face au palais du Potala au cœur de Lhassa

Le drapeau de la Chine face au palais du Potala au cœur de Lhassa

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1873, Porto Rico, Abolition de l'esclavage, 22 mars Bruno Teissier 1873, Porto Rico, Abolition de l'esclavage, 22 mars Bruno Teissier

22 mars : Porto Rico célèbre les 150 ans de l’abolition de l’esclavage

La Journée de l’abolition de l’esclavage est célébrée par un jour férié dans une atmosphère de carnaval. Elle rappelle la loi votée par le Parlement espagnol le 22 mars 1873 qui abolissait l’esclavage à Porto Rico. On fait la fête dans l’île mais aussi à New York, Miami… La réalité, toutefois, fut bien moins idyllique que le discours festif pourrait le laisser penser.

 

À l’époque, avant de tomber sous la coupe des États-Unis, l’île de Porto Rico était encore espagnole. La Journée de l’abolition de l’esclavage (Día de la abolición de la esclavitud) est célébrée chaque année par un jour férié qui se déroule dans une atmosphère de carnaval. Elle rappelle la loi votée par le Parlement espagnol le 22 mars 1873 qui abolissait l’esclavage à Porto Rico. Une journée festive est organisée chaque année dans l’île mais aussi à New York, Miami… partout où des Portoricains ont émigré en masse pour fuir la misère de leur île.

Même si certains avaient déjà été émancipés, parfois par testament à la mort de leur maître, il y avait encore environ 35 000 esclaves à cette date dans l’île. Porto Rico était l'avant-dernier pays à abolir l'esclavage dans les Caraïbes, juste devant Cuba où il ne sera aboli qu’en 1886, mais près d'un siècle après ses voisins haïtiens qui se sont libérés en 1793. Et à Porto Rico, la libération n’eut rien d’immédiate, on accorda trois années aux propriétaires d’esclaves pour les libérer, sauf si l’esclave était en mesure de racheter sa liberté au prix fixé par son maître qui de toute manière sera indemnisé pour cette privation de main d’œuvre presque gratuite. L'Assemblée royale espagnole avait décidé un prêt de 35 000 000 de pesetas pour indemniser les propriétaires d'esclaves. Chaque propriétaire d’esclave a reçu une compensation de 100 pesos pour chaque travailleur perdu. Quant aux esclaves, pour des années de travail, parfois toute une vie, de travail gratuit, l’État espagnol n’avait rien prévu. Cela n’avait rien d’anormal à l’époque, d’ailleurs, il en fut de même dans les colonies françaises et anglaises.

Porto Rico a été « découverte » par Christophe Colomb en 1493 et les Espagnols ont commencé à coloniser l'île au début du XVIe siècle. Au début, ils ont asservi la population des Taínos, les autochtones. Mais, la majorité d'entre eux sont morts de conditions de travail inhumaines et des maladies infectieuses apportées par les Européens. En 1520, ce qui restait de la population taínos a été émancipé par décret royal et les Espagnols ont commencé à importer des esclaves africains. Les conditions étaient si durent que la première révolte d’esclave s’est produite en 1527. En 1784, le marquage à chaud des esclaves a finalement été suspendu et les esclaves ont eu la possibilité d'obtenir la liberté dans certaines circonstances. 

Au milieu du XIXe siècle, le mouvement abolitionniste à Porto Rico a commencé à prendre de l'ampleur. Dans l’île, à Mayagüez, Ramón Emeterio Betances a fondé une société abolitionniste  en 1858. Alors qu'en Espagne, il faut attendre 1865 pour qu’un groupe de Portoricains fonde la Société abolitionniste espagnole, laquelle exige aussitôt l'abolition de la « lugubre institution de l'esclavage ». Cette-ci ne viendra qu’en 1873, le 22 mars, Il y a 150 ans jour pour jour.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Cette mosaïque figurant l'abolition se trouve dans le capitole de Porto Rico (le Capitole). Elle a été conçu par l'artiste plasticien portoricain (né à New York) Rafael Tufiño Figueroa, connu sous le nom d' El Artista del Pueblo , pour les thèmes de ses œuvres. Cela représente un esclave brisant ses chaînes et, au premier plan, on peut voir les abolitionnistes Segundo Ruiz Belvis, Ramón Emeterio Betances, José Julián Acosta, Francisco Mariano Quiñones, Julio L. Vizcarrondo et Román Baldorioty de Castro, signant la loi. La mosaïque a été en réalisée par Enrique Pandolfini, en Italie.

Le monument commémoratif

Famille d’esclaves émancipés à la fin du XIXe siècle.

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1848, Abolition de l'esclavage, 20 décembre Bruno Teissier 1848, Abolition de l'esclavage, 20 décembre Bruno Teissier

20 décembre : la fête cafre célèbre la liberté des Réunionnais

L’île de la Réunion résonne depuis hier soir des rythmes du maloya, cette musique créée par les esclaves et quasiment interdite jusqu’aux années 1960. La Fête de la liberté commémore l’abolition de l’esclavage, le 20 décembre 1848.

 

L’île de la Réunion résonne depuis hier soir des rythmes du maloya, cette musique créée par les esclaves et quasiment interdite jusqu’aux années 1960. La Fête de la liberté commémore l’abolition de l’esclavage, le 20 décembre 1848. Il était déjà aboli depuis 1834 dans les îles voisines de Maurice et des Seychelles. À la Réunion, cette loi a été attendue pendant des décennies. Ce jour-là, un 20 décembre (20 désanm) donc, 62 000 esclaves ont été libérés, soit plus de 60% de la population de la Réunion. Leur premier geste a été d’abattre le poteau où ils étaient fouettés en public sur la place du marché de Saint-Denis, la capitale de l’île. Cette date n’est fériée à la Réunion que depuis 1983 et la fête Cafre (fèt kaf) est récente.  

Ce soir, la Nuit de la liberté sera marquée par un grand défilé aux flambeaux descendant la rue de Paris, à Saint-Denis. Chaque localité de l’île a prévu un kabar, grands bals populaires où s’exprime le maloya, musique dont le Parti communiste réunionnais a fait depuis les années 1970, un chant identitaire et revendicatif. Depuis 2006, il est inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 décembre 2022

 
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19 juin : quand les États-Unis ont aboli l'esclavage

On fête la Déclaration officielle de l’abolition de l’esclavage, telle qu’elle a été annoncée aux esclaves du Texas depuis le balcon de la villa Ashton, à Galveston par le général Granger, le 19 juin 1865.

 

La journée du Juneteenth (contraction de June et de nineteenth) commence par une lecture solennelle de la Déclaration officielle de l’abolition de l’esclavage, telle qu’elle a été annoncée aux esclaves du Texas depuis le balcon de la villa Ashton, à Galveston par le général Granger, le 19 juin 1865.

Elle se poursuit par une messe d’action de grâce en mémoire de tous les esclaves morts dans leur lutte pour la liberté. Des chants emblématiques de la mémoire noire américaine comme Swing Low, Sweet Chariot ou Lift every voice and sing sont repris. Mais cette journée est aussi festive avec défilés, reconstitutions historiques, rodéo, marchés de rue et, parfois, élection d’une  « Miss Juneteenth » !  42 États sur les 50 que comptent les États-Unis célèbrent cet événement. Abraham Lincoln avait proclamé la fin de l’esclavage en 1863, mais il fallut attendre plus de deux années pour que les esclaves du Texas en bénéficient et encore six mois de plus pour qu’en décembre 1865, le 13e amendement de la constitution américaine interdise l’esclavage sur l’ensemble du territoire américain. Quatre millions d’afro-américains devenaient ainsi libres après plus de 250 années de soumission, mais pas encore citoyen... Pour cela, ils devront attende encore un siècle !

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1er février : Jour de la liberté aux États-Unis

Aux États-Unis, c’est le Jour de la liberté, en souvenir du 13e amendement à la constitution qui abolissait l’esclavage. On était en 1865, sous la présidence d’Abraham Lincoln.

 

Aux États-Unis, c’est le Jour de la liberté (National Freedom Day), une journée instaurée en 1948 en souvenir du 13e amendement à la constitution qui abolissait l’esclavage. On était en 1865, sous la présidence d’Abraham Lincoln. Libérés de l’esclavage, les Noirs attendront exactement un siècle pour devenir citoyen américain. Et, l’ont-ils été pleinement dans l'Amérique du président Trump ? D’ailleurs, celui-ci avait fait retirer du bureau ovale, le jour-même de son investiture, le portrait de… Martin Luther King. Le président Jo Biden l’a-t-il réinstallé ?

Le 1er février correspond à la date de la ratification de cet amendement par l’Illinois. La moitié des États américains le feront au cours de l’année 1865. D’autres dans les années qui suivent. Un tiers des États, ceux du Middle-West, ne l’ont jamais ratifié. Le 13e amendement fut suivi en 1868 par le 14e (qui garantit l'égalité des droits civiques dans les États) et en 1869 par le 15e (qui bannit les restrictions raciales au droit de vote)… les derniers obstacles au vote des Noirs n’ont pourtant été levés que le 6 août… 1965, soit un siècle plus tard.

Ce jour débute très officiellement aux États-Unis et au Canada, un mois en l’honneur des luttes de la population noire pour la conquête de ses droits (Black History Month), perçu comme très discriminatoire par les intéressés. L’histoire des Africain-Américains, comme l’on dit aujourd’hui, c’est ni plus ni moins que l’histoire de tous les Américains.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
L’illustration date de 1940, la journée du 1er février n’était pas encore une date officielle. En 2021, nous fêtons le 156e anniversaire de l’évènement.

L’illustration date de 1940, la journée du 1er février n’était pas encore une date officielle. En 2021, nous fêtons le 156e anniversaire de l’évènement.

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1856, Roumanie, Abolition de l'esclavage, 20 janvier Bruno Teissier 1856, Roumanie, Abolition de l'esclavage, 20 janvier Bruno Teissier

20 janvier : la Roumanie se penche sur son passé esclavagiste

La Roumanie célèbre la libération de ses esclaves, le 20 janvier 1856. La Roumanie n’a pas réalisé de conquêtes lointaines ni pratiqué la traite. Ses esclaves étaient les Tsiganes, arrivés au XIVe siècle et tombé en esclavage sous le joug des monastères et des boyars, les nobliaux locaux.

 

La Roumanie célèbre la libération de ses esclaves, le 20 janvier 1856. La Roumanie n’a pas réalisé de conquêtes lointaines ni pratiqué la traite. Ses esclaves étaient les Tsiganes, arrivés au XIVe siècle et tombés en esclavage sous le joug des monastères et des boyards, les nobliaux locaux.

« les Tsiganes naissent esclaves. Tout enfant né d'une mère esclave est esclave. Tout propriétaire a le droit de vendre ou de donner ses esclaves. Tout Tsigane sans propriétaire est la propriété du Prince… » affirme le Code pénal de la Valachie au début du XIXe siècle. Celui de la Moldavie est rédigé dans le même esprit. À époque, on comptait quelque 250 000 esclaves dans les principautés roumaines.

La Roumanie connaîtra une rechute, puisque le prince Curza rétabli l’esclavage en 1861, avant qu’il ne soit à nouveau aboli en 1864, définitivement cette fois. Mais c’est la date du 20 janvier que le gouvernement roumain a choisi en 2011 pour commémorer l’événement. En 2016, pour les 160 ans de l’abolition, le monastère Tismana qui fut l’un des premiers à posséder des esclaves, a fait poser une plaque commémorative. Réaction tardive dans un pays où le sujet est demeuré longtemps tabou car chacun avait le sentiment qu’e l’esclavage n’avait jamais été complètement aboli, au moins dans les têtes.

À leur libération, les Tsiganes, sans argent et privés de terre dans un pays à très majoritairement rural, sont restés longtemps encore dépendants de leurs maîtres. Pour leur échapper ils se sont entassés à la périphérie des villes où ils ne sortiront guère de leur marginalité et de leur misère. Ce qui est encore la condition de beaucoup de Roms (c’est ainsi qu’on les appelle aujourd’hui) au début du XXIe siècle.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 janvier 2021

 
© Photothèque nationale de RoumaniePour nous aider à faire vivre l’Almanach BiblioMonde, pensez à un petit don de temps en temps, vous pouvez le faire sur Tipeee

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1596, esclavagisme, 4 janvier, Sao-Tomé et Principe Bruno Teissier 1596, esclavagisme, 4 janvier, Sao-Tomé et Principe Bruno Teissier

4 janvier : Amador, héros de la lutte anti-esclavagiste

Le petit archipel africain de Sao Tomé et Principe célèbre aujourd'hui son héros national : Amador. Celui-ci avait mené une révolte d'esclaves et avait tenu tête durant plusieurs mois aux Portugais…

 

Le petit archipel africain de Sao Tomé et Principe célèbre aujourd'hui son héros national : Amador. Celui-ci, au XVIe siècle, a mené une révolte d'esclaves et a tenu tête durant plusieurs mois aux Portugais. Mais, Lisbonne ayant envoyé du renfort, Amador a fini par être capturé et exécuté, le 4 janvier 1596. Depuis 2005, l'anniversaire de ce jour est férié sous le nom de Jour du martyre (Dia dos Mártires).

La révolte a débuté le 9 juillet 1595 avec le meurtre de plusieurs Portugais lors de la messe de l'église de la Trinité et s'est terminée le 29 de ce mois avec la défaite de son chef. Au cours des trois semaines du soulèvement, les esclaves ont détruit de nombreuses plantations de canne à sucre et moulins. La dernière bataille a eu lieu le 28 juillet quand Amador a attaqué la ville avec une armée de 5 000 hommes (soit la moitié des esclaves de Sao Tomé), un plus gros effectif que celui des colons mais bien moins armés. Suite à la défaite des mutins, les principaux commandants d'Amador ont été arrêtés et pendus. Amador Rei, lui, ne sera rattrapé que quelques mois plus tard. Pendant le soulèvement, plus des deux tiers des sucreries ont été détruites. La production de sucre à Sao Tomé-et-Principe n'atteindrait jamais son niveau d'avant la révolte. La révolte n’a fait qu’accélérer un déclin engagé dès 1580. 

Nous n'avons de lui aucun portrait authentique, il n'empêche que la tête d’Amador Rei (une légende fait de lui un roi) figure sur tous les billets de banque du pays.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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