L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
19 octobre : la Jamaïque honore ses héros
Le National Heroes Day est férié en Jamaïque, il commémore sept héros nationaux de l'histoire du pays. Ceux-ci sont au nombre de sept, dont une femme. Le plus célèbre d’entre eux est Marcus Garvey, héraut de la cause des Noirs aux États-Unis.
Le National Heroes Day est férié en Jamaïque, il commémore sept héros nationaux de l'histoire du pays. La célébration a été créée en 1968 pour remplacer l’anniversaire de la reine Élisabeth, souveraine de la puissance coloniale.
Le premier groupe de héros nationaux a été désigné en 1965, année de la célébration du centenaire de la rébellion de Morant Bay de 1865, moment mémorable de la lutte pour l'indépendance à l’égard de la Grande-Bretagne qui occupait l’île. Les premiers furent Paul Bogle, le chef des manifestants de la révolte de 1865 et Norman Manley, le militant indépendantiste des années 1920, décédé en 1969. On y ajoutera le leader indépendantiste Alexander Bustamente (décédé en 1977) et le croisé panafricain Marcus Garvey (1887-1940). Ainsi que, Samuel Sharpe, le chef de la rébellion d'esclaves de la guerre baptiste de 1832… Et tout de même une femme, Nanny of the Maroons, dite la reine Nanny, qui prit la tête au XVIIIe siècle d’un groupe d’esclaves marrons défendant leur liberté.
La journée est marquée par diverses célébrations, notamment des cérémonies de lever du drapeau et de plantation d'arbres, des concerts et des services pour commémorer les héros. Des remises de prix ont également lieu chaque année pour honorer et récompenser ceux qui ont apporté une contribution exceptionnelle à la Jamaïque et à la société jamaïcaine. La liste des héros n’est peut-être pas close.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
10 octobre : la fête des Noirs marrons du Suriname
Au Surinam, c’est Maroon Day. Depuis 2011, le jour est férié mais la fête qui célèbre les anciens esclaves marrons est bien plus ancienne. Longtemps marginalisés, les Marrons cherchent aujourd’hui à affirmer leur place au sein de la société surinamaise.
Au Surinam, c’est Maroon Day. Depuis 2011, le jour est férié mais cette fête qui célèbre les Marrons est bien plus ancienne. Le terme « marron » lui-même dérive de l'espagnol latino-américain « cimarrón », qui signifie « fugitif, fugueur, sauvage ». C’est ainsi que l’on appelait les esclaves en fuite. En Guyane néerlandaise, ils étaient particulièrement nombreux et se sont regroupés en différentes tribus.
Le Maroon Day commémore le jour, le 10 octobre 1760 où la tribu des Ndyuka signa avec les Néerlandais un traité définissant les territoires et les droits des « marrons ». Le traité a été conçu par un ancien esclave jamaïcain qui avait appris à lire et à écrire et connaissait le traité jamaïcain. S’en est suivi, un autre traité avec les Marrons de Saamaka en 1762 et d'un autre avec ceux de Matawai en 1767.
Les Marrons du Surinam ont ainsi été parmi les premiers peuples de cet hémisphère à obtenir leur indépendance, plus d’un siècle avant l’abolition de l’esclavage au Surinam (en 1863). Ils sont devenus l'un des groupes de descendants d'esclaves en fuite les plus importants et les plus concentrés au monde. Leurs descendants représentent plus de 20% de la population du Suriname. Ils sont néanmoins victimes d’un mépris séculaire de la part des autres habitants du pays. En 1986, suite à un différend avec son garde du corps marron, le dictateur Bouterse a lancé une véritable guerre contre les villages marrons de l’intérieur du pays. Des dizaines de morts ont été à déplorer.
La Journée du Marron est principalement organisée dans les villages de l'intérieur et à Paramaribo dans des endroits tels que le Palmentuin, par les descendants des Marrons - les Loweman - qui sont vêtus de pangi colorés pour la liberté avec tout le monde au Surinam (ou Suriname).
Cependant, malgré des décisions de justice, il n'y a toujours aucune reconnaissance légale des droits fonciers des peuples autochtones et des Marrons au Suriname. Lesquels vivent toujours dans une certaine marginalité dans ce pays multiculturel , mais cherchent aujourd’hui à affirmer leur place au sein de la société surinamaise.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 octobre 2023
6 janvier : le Festival marron de la Jamaïque
Chaque 6 janvier, les Marrons jamaïcains organisent un grand festival. Ces descendants d’esclaves évadés célèbrent cette année le 285e anniversaire d’un accord, arraché aux colons anglais, qui légalisait leurs villages et leur attribuait des terres. Certains de ces villages existent toujours, l’un d’eux organise la fameuse Fête marron.
Le 6 janvier de chaque année, les Marrons jamaïcains organisent un grand festival pour célébrer leur culture. Les Marrons, ce sont les esclaves évadés qui sont parvenus à s’établir dans un coin reculé du pays pour y fonder des villages demeurés indépendants pendant toute l’époque coloniale. Leurs descendants cultivent aujourd’hui des spécificités culturelles mises en avant par lors de cette Fête marron (Maroon Festival). La célébration a lieu dans la localité historique marron d'Accompong, au son de chants, danses, et jeux de tambour traditionnels.
Le marronage a été une réalité dans toute l’Amérique esclavagiste. La Jamaïque a connu des circonstances qui lui ont été favorables. De nombreux esclaves amenés par les Espagnols ont obtenu la liberté lors de l'invasion britannique en 1655. Ils ont établi des communautés libres dans les montagnes et ont parfois attaqué des plantations des colons.
C’est la raison pour laquelle les Britanniques ont enclenché une première Guerre des Marrons en vue d’éliminer ces anciens esclaves devenus libres mais sans y parvenir en raison de la résistance des communautés les plus organisées. L’un des chefs marrons jamaïcains les plus célèbres était Cudjoe, également connu sous le nom de capitaine Cudjoe ou Kojo. Il était le fils de Naquan, un prince africain déporté de l’actuel Ghana en Jamaïque vers 1640 et qui avait soulevé les esclaves de la colonie formant l’une des premières communautés de marrons, alors que l’île était encore espagnole.
Harcelé pendant 40 ans par les Anglais, Cudjoe non seulement ne fut jamais vaincu, mais il mena régulièrement des offensives contre des plantations pour libérer les esclaves. Il terrorisa les colons britanniques au point de faire rembarquer nombre d’entre eux en Angleterre. Faute de pouvoir le vaincre, le gouverneur de la Jamaïque, Edward Trelawney, dut se résoudre à signer un traité avec lui, le 1er mars 1739, reconnaissant les Marrons comme un peuple autonome et leur concédant une petite partie du territoire de la colonie.
Aujourd'hui, quatre de ces villes marrons existent encore en Jamaïque : Accompong Town, Moore Town, Charles Town et Scott's Hall. Elles détiennent des terres qui leur ont été attribuées dans les traités de 1739-1740 avec les Britanniques.
C’est à Accompong Town (du nom du frère de Cudjoe), située dans un coin peu accessible de la région de St-Elisabeth qu’est organisé chaque 6 janvier, le Maroon Festival dans le but de commémorer l’accord signé avec les Anglais il y a 285 ans. Comme, il a lieu en début d’année, il fait aussi figure de « Nouvel An Maroon ». Les autres Jamaïcains et les touristes sont autorisés à assister à bon nombre des événements de ce festival, essentiellement musicaux et gastronomiques. D'autres célébrations considérées comme sacrées sont tenues secrètes et restent entourées de mystère. Le chant, la danse, le jeu du tambour et la préparation d'aliments traditionnels sont au cœur du rassemblement. Une marche traditionnelle, notamment, conduit vers le légendaire arbre de Kindah, où un « porc maroon » est cuit et consommé. La fête dure ensuite toute la nuit, jusqu’à l’aube.
La Jamaïque célèbre aussi parmi ses héros : Nanny of the Maroons, dite la reine Nanny, qui pris la tête au XVIIIe siècle d’un groupe d’esclaves marrons défendant leurs liberté. D’autres pays se souviennent du marronage. C’est le cas du Suriname et du Brésil.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
20 novembre : le Brésil se penche sur ses racines noires
L’ambiance au Brésil ne se prête pas à la lutte contre le racisme, pourtant, comme chaque 20 novembre, le Movimento Negro organise des évènements ludiques et pédagogiques pour réfléchir sur la place des Noirs dans la société. La date choisie est celle, au XVIIe siècle, de la mort tragique d'un chef d’esclaves marrons, nommé Zumbi.
L’ambiance politique au Brésil ne se prête pas toujours à la lutte contre le racisme, pourtant, comme chaque 20 novembre, le Movimento Negro organise des évènements ludiques et pédagogiques pour réfléchir sur la place des Noirs dans la société. C’est aujourd’hui le Jour national de la conscience noire (Dia Nacional da Consciência Negra).
La date choisie est celle de la mort tragique d'un chef d’esclaves marrons, nommé Zumbi. Capturé dès l’enfance, il avait été élevé par un prêtre, mais à 15 ans, il est retourné vivre dans le quimbolos de Palmares, une vaste région de l’arrière-pays de Bahia, où des esclaves ayant fui les plantations (les esclaves “marrons”) ont construit plusieurs villages où ils vécurent libres la majeure partie du XVIIe siècle. Zumbi en devient le chef, Mais, le 20 novembre 1695, il est pris par les Portugais et décapité aussitôt. Sa tête sera exposée sur la grande place de Récife, afin de décourager le marronnage. Au XXe siècle, il est devenu un héros national et un symbole de liberté. Cette Journée de la conscience noire, instaurée dans les années 1960 n’est pas fériée, contrairement au 13 mai, date de l’abolition de l’esclavage (en 1888 seulement au Brésil).
Pour la 17e année consécutive, la Marche de la conscience noire (Marcha da Consciência Negra) de São Paulo débute ce vendredi à 16h. Les militants se retrouveront au Musée d'art de São Paulo (MASP) et marcheront avenue Paulista. « Vidas negras importam » (les vies noires comptent) est le slogan de cette journée. #vidasnegrasimportam
Ce même jour est marqué par une vague d'indignation au Brésil après la mort d'un homme noir passé à tabac par des vigiles.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 novembre 2020