L’Almanach international
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17 mai : pour ne pas oublier le panchem-lama
Des manifestations de Tibétains ou d’amis du Tibet se déroulent un peu partout dans le monde, ce 17 mai ou au cours du week-end qui vient, en soutien du panchem-lama, le deuxième plus grand chef spirituel du bouddhisme tibétain, avec le dalaï-lama. Il a été enlevé par le régime communiste chinois, le 17 mai 1995, et n’est plus jamais réapparu.
Des manifestations de Tibétains ou d’amis du Tibet se déroulent un peu partout dans le monde, ce 17 mai ou au cours du week-end qui vient. À Paris, un rassemblement aura lieu samedi, 18 mai, place de la Bastille en soutien au panchem-lama, le deuxième plus grand chef spirituel du bouddhisme tibétain, avec le dalaï-lama. Il a été enlevé par le régime communiste chinois, le 17 mai 1995, et n’est plus jamais réapparu.
Depuis le 17 mai 1995, personne n’a vu celui qui n’était encore qu’un petit garçon de six ans, appelé Gedhun Choékyi Nyima, alors âgé de six ans. Ce qui a fait de lui le plus jeune prisonnier politique du monde. Deux jours plus tôt, il venait d’être reconnu par le dalaï-lama comme étant une réincarnation du panchen-lama, ou "grand érudit" en tibétain. Il a été enlevé et amené en Chine avec sa famille. On ne sait pas, aujourd’hui, s’il est vivant ou mort. On peut juste imaginer le visage qu’il aurait aujourd’hui. Son image a été minutieusement construite en consultation avec des Tibétains, en utilisant des informations exhaustives par l’artiste, Tim Widden. Le 25 avril dernier, on a tout de même fêté ses 35 ans.
À sa place, les autorités chinoises ont nommé un faux panchen-lama pour le remplacer. Une personne qu’on puisse manipuler pour servir les intérêts chinois. L’enjeu est de taille pour Pékin, car si le dalaï-lama participe à la désignation du pandem-lama, cette cooptation est réciproque. Or, Tenzin Gyatso, l’actuel dalaï-lama, qui vit en exil qour échapper à l’emprise chiboise, est aujourd’hui âgé de 88 ans. Il va bientôt falloir lui trouver un successeur, ou plutôt une réincarnation. Pékin veut contrôler cette désignation comme il contrôle le Tibet que les Chinois occupent depuis 1959. L’objectif est l’effacement complet de la culture tibétaine afin d’annihiler toute velléité d’indépendance du Tibet.
༸པཎ་ཆེན་སྐུ་འཕྲེང་ ༡༡ པ་དགེ་འདུན་ཆོས་ཀྱི་ཉི་མ་རིན་པོ་ཆེ་མཆོག་གང་མགྱོགས་སུ་གློད་གྲོལ་བྱ་དགོས། །
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 mai 2024
28 mars : Journée de l'émancipation des serfs au Tibet
La commémoration est controversée et participe pleinement à la propagande chinoise dont le but est de justifier l’occupation du Tibet par la Chine. N’empêche qu’en réprimant le soulèvement du Tibet en 1959, au prix de 87 000 morts et l’exil de 100 000 Tibétains, le gouvernement de Pékin a pris le contrôle d’un territoire autonome qui vivait encore à l’époque du servage.
La commémoration est controversée et participe pleinement à la propagande chinoise dont le but est de justifier l’occupation du Tibet par la Chine. N’empêche qu’en réprimant le soulèvement du Tibet en 1959, au prix de 87 000 morts et l’exil de 100 000 Tibétains, le gouvernement de Pékin a pris le contrôle d’un territoire autonome qui vivait encore à l’époque du servage : 90% de la population travaillaient de manière contrainte au profit d’une petite élite. Cette réalité est souvent occultée. Le Tibet a perdu sa liberté (sa langue et sa culture sont menacées) en tombant totalement sous la coupe du gouvernement chinois, mais la grande majorité de la population a vu son statut social s’améliorer, même si c’est pour se retrouver gouverné par une dictature communiste réprimant sans pitié la moindre incartade politique.
La date du 28 mars est en fait l’anniversaire de la dissolution du gouvernement tibétain en 1959. Le choix de cette date a été vécu comme une provocation par les Tibétains en exil. L’abolition du servage a été, en fait, décidée que le 17 juillet 1959. Le choix de 2009 pour lancer cette commémoration était stratégique, c’était l’année du cinquantenaire des événement de 1959. Il s’agissait de justifier aux yeux du monde, la présence chinoise au Tibet. Ce territoire est stratégique pour la Chine, notamment pour le contrôle des ressources en eau d’une grande partie de l’Asie du Sud.
La Journée de la libération des serfs au Tibet (農奴解放日) est un élément important de la propagande chinoise. Elle s’inscrit toutefois parmi les dates anniversaires de l’abolition de l’esclavage dans les différentes parties du monde.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
10 mars : il y a 64 ans les Tibétains se soulevaient contre l'occupation chinoise
La diaspora tibétaine commémore le soulèvement de 1959 au Tibet contre l’invasion chinoise. Sur place, tout est verrouillé, la présence policière et militaire renforcée et le Tibet est fermé aux étrangers. À l’époque, le Tibet n’avait pas bénéficié d’une mobilisation internationale contre l’agression chinoise, comme c’est le cas aujourd’hui en faveur de l’Ukraine.
Voilà une cause bien éclipsée aujourd’hui par la crise ukrainienne, mais la diaspora tibétaine n’oublie pas ce rendez-vous annuel. Chaque année, le 10 mars, elle commémore le soulèvement de 1959 au Tibet contre l’invasion chinoise.
Le 10 mars 1959, des dizaines de milliers d’hommes et de femmes sont descendus dans les rues de Lhassa pour réclamer l’indépendance du Tibet. Ce mouvement de protestation, porté par une population déjà exaspérée, fut réprimé dans un bain de sang (plus de 80 000 morts). Pékin considérait le Tibet comme appartenant à la zone d’influence chinoise, il n’était pas question d’imaginer son émancipation. Ce raisonnement est aujourd’hui celui de Moscou à l’égard de l’Ukraine.
Aujourd’hui, la commémoration se déroule à l’extérieur du pays, notamment en Inde, où une partie des Tibétains sont réfugiés. Notamment dans la ville himalayenne de Dharamsala, dans le nord de l'Inde où est réfugié le Dalai Lama. Au Tibet, tout est verrouillé, la présence policière et militaire renforcée et le pays est fermé aux étrangers pour quelques jours. Ceux-ci, d’ailleurs, ont été rares en Chine ces derniers temps, en raison de l’épidémie de covid.
Suite aux manifestations de 2008 au Tibet, lourdement réprimées par l’État chinois (plus de 200 morts, 5 000 prisonniers, condamnations à de lourdes peines de prison et des exécutions), la situation au Tibet ne cesse d’empirer : on déplore plus de 2000 prisonniers politiques tibétains, des morts sous la torture, des disparitions forcées, des violences des forces de polices contre des rassemblements pacifiques entraînant des morts. Depuis 2009 au Tibet, quelque 150 Tibétains se sont immolés par le feu pour protester contre cette répression. La plupart sont morts. Pékin alourdit son emprise sur la région, depuis 2019, il prélève de manière systématique l’ADN des 3,5 millions de Tibétains comme il l’a fait pour les 23 millions de Ouïghours. On ignore l’objectif précis de ce programme. En revanche, l’envoi de centaines de milliers d'enfants tibétains, âgés de 4 à 18 ans, dans des internats coloniaux chinois au Tibet, loin de leurs familles, est beaucoup plus clair : il vise à éradiquer la culture tibétaine.
La Chine suit la crise ukrainienne avec intérêt, elle s’est abstenue à l’ONU de condamner l’agression russe. Elle le sait, un parallèle pourrait être fait avec l’invasion du Tibet en 1959. Elle est également dans le viseur de la communauté internationale pour sa politique d’élimination du peuple ouïghour et ses visées sur Taïwan.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
à lire : Himalaya à cœur ouvert, dans lequel, l’auteur Alain Laville, parle de la souffrance du peuple tibétain à travers une série de témoignages recueillis au Tibet.
2 septembre : les Tibétains en exil célèbrent une démocratie fantoche
La première assemblée de députés élus de l'histoire du Tibet a pris ses fonctions le 2 septembre 1960 non au Tibet mais à Dharamsala, dans le nord de l'Inde.
La première assemblée de députés élus de l'histoire du Tibet a pris ses fonctions le 2 septembre 1960 non au Tibet mais à Dharamsala, dans le nord de l'Inde. De fait, ce « Jour de la démocratie » n’est observé que par la communauté tibétaine en exil. S’il ne permet pas de célébrer la démocratie au Tibet, il donne un peu d’écho à la cause tibétaine dans le monde.
Le Tibet n’a jamais connu la démocratie et n’avait jamais eu de Parlement. Ce n’est qu’après l’invasion de leur pays par la Chine que les Tibétains qui avaient choisi l’exil, se sont préoccupés d’élire une assemblée dite « démocratique » (en réalité le corps électoral est très limité et son rôle très symbolique) et de se doter d’un gouvernement qui siège lui aussi dans le nord de l’Inde.
De son côté, Pékin qui occupe le pays depuis 1959, a créé une contre commémoration, la Journée de l'émancipation des serfs, célébrée chaque 28 mars par les autorités et qui sert à la propagande du régime chinois. On le sait, Pékin n’a pas apporté la démocratie au Tibet, son régime y est bien plus oppressif encore que dans le reste de la Chine mais, comme à Hong Kong, il est difficile cependant de l’accuser de l’avoir fait disparaître.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
24 février : le Nouvel an tibétain
Le Losar (བོད་ཀྱི་ལོ་གསར།), le nouvel an tibétain inaugure l’année 2147. Souvent, il coïncide avec le nouvel an chinois. Ce n’est pas le cas cette année où il tombe presqu’un mois plus tard. La date est choisie conformément à l’astrologie tibétaine.
Le Losar (བོད་ཀྱི་ལོ་གསར།), le nouvel an tibétain inaugure l’année 2147. Souvent, il coïncide avec le nouvel an chinois. Ce n’est pas le cas cette année où il tombe presqu’un mois plus tard. La date est choisie conformément à l’astrologie tibétaine. En revanche, comme en Chine, cette nouvelle année est placée sous le signe du rat et du même élément, le métal.
Avant l'invasion chinoise du Tibet, en 1950, le Losar commençait par une cérémonie rituelle matinale au monastère de Namgyal, sous la conduite du Dalaï Lama et d’autres lamas de haut rang, avec la participation de responsables gouvernementaux, pour honorer le Dharmala (protecteur du dharma) Palden Lhamo. Aujourd’hui, le Tibet étant en deuil de son indépendance, à la demande du Dalaï Lama, le Losar n’est guère fêté par la diaspora. Quant aux festivités de Lhassa, elles sont supervisées par le gouvernement chinois.
En revanche, il est célébré au Bouthan et par certaines populations du Népal, comme les Sherpas. Les familles se préparent pour Losar quelques jours à l'avance en nettoyant soigneusement leurs maisons. Les dettes sont réglées, les querelles sont résolues, de nouveaux vêtements sont acquis. La boisson de circonstance est le chang (bière d'orge) qui est servi chaud. Parce que les mots "tête de mouton" et "début d'année" sonnent de manière similaire en tibétain, il est de coutume de façonner une tête de mouton à partir de beurre coloré comme décoration.
Les Bhoutanais célèbrent aussi la nouvelle année en visitant un monastère et en organisant des tournois de tir à l’arc et de fléchettes. Pique-nique, danses et chants occupent le reste de la journée.
S’ils n’ont guère fêté le Losar, les Tibétains de Dharamsala ont célébré samedi 22 février, le 80e anniversaire de Tenzin Gyatso en tant que Dalaï Lama.