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1972, Cameroun, unification du pays, 20 mai Bruno Teissier 1972, Cameroun, unification du pays, 20 mai Bruno Teissier

20 mai : la fête de l'unité du Cameroun contestée par une partie du pays

C’est un pays en guerre civile qui célèbre chaque 20 mai son unité. La fête nationale est boycottée par la partie anglophone du Cameroun qui réclame le retour au fédéralisme et dénonce avant tout la dictature du président Biya, l’un des plus vieux et des plus anciens chef d’État au monde.

 

La fête nationale (The National Day) du Cameroun, également connue sous le nom de Fête de l'unité (Unity Day), est célébrée chaque année le 20 mai. En 1972, une nouvelle constitution a été adoptée, à la suite d'un référendum (sujet à caution) organisé le 20 mai par le président Ahmadou Ahidjo. Elle a aboli le système de gouvernement fédéral et remplacé la fédération par un État unitaire sous le nom de République-Unie du Cameroun. En 1984, le pays est devenu simplement la République du Cameroun, le nom qui était celui du seul Cameroun francophone.

Le projet du président Ahmadou Ahidjo était d’instaurer un régime autoritaire à parti unique, il lui fallait pour cela, commencer par abolir l’État fédéral. Son successeur, Paul Biya, qui dirige le pays depuis plus de 40 ans, n’a fait que renforcer le caractère dictatorial du régime.

Le pays était divisé depuis 1916, quand l’ancienne colonie allemande du Kamerun avait été partagée entre Français et Anglais. Le Cameroun francophone, anciennement sous tutelle française a accédé à l'indépendance le 1ᵉʳ janvier 1960, et le Southern Cameroons, le 1ᵉʳ octobre 1961. Les deux parties du territoire ont donc des dates d'indépendance différentes, c’est la raison pour laquelle, c’est la date du 20 mai qui a été choisie comme fête nationale. 

La fête nationale est célébrée par des discours prononcés par le président du Cameroun et des représentants du gouvernement, des marches et des défilés, notamment sur le mythique boulevard du 20 mai de la capitale, Yaoundé. Bien que cette journée soit un jour férié, les enfants de tout le pays se rendent à l'école où ils célèbrent la fête nationale, en effectuant des marches en chantant dans les différents quartiers de leurs villes.

Bien que célébrant l’unité, cette fête nationale ne fait pas l’unanimité. Elle est boycottée depuis 2019 par l’opposition anglophone qui, depuis un demi siècle, déplore l’abandon du fédéralisme et estime être victime d’une nouvelle forme de colonisation de la part du pouvoir francophone. Si bien que pays est aujourd’hui en guerre civile depuis plus de cinq ans, le mouvement sécessionniste anglophone, qui a pris les armes, est de plus en plus populaire localement.

Aujourd’hui, l’unité du pays ne tient que par la répression et la force des armes, c’est donc un échec flagrant qui est célébré ce 20 mai. Toutefois, les Anglophones ne réclament pas vraiment la partition du pays mais demandent simplement la démocratie.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1961, Cameroun, jeunesse, 11 février Bruno Teissier 1961, Cameroun, jeunesse, 11 février Bruno Teissier

11 février : la journée de la jeunesse, une fête qui divise le Cameroun, pays dirigé par un vieillard

La jeunesse est fêtée au Cameroun chaque année le 11 février. Le choix de cette date a été une manière de gommer la mémoire de l’autre Cameroun, celui des Anglophones qui se sentent mis à l’écart et qui, bien sûr, boycottent cette fête.

 

La Journée de la jeunesse au Cameroun est célébrée chaque année le 11 février. Le choix de cette date par Yaoundé, a été une manière de gommer la mémoire de l’autre Cameroun, celui des Anglophones qui s’estiment mis à l’écart et qui, bien sûr, boycottent cette fête.

Le Cameroun actuel est le fruit de l’union de deux anciens protectorats, le Cameroun français et le Southern Cameroons (britannique). Les deux provenant du partage du Kamerun allemand en 1918. Le Cameroun français a accédé à l’indépendance le 1er janvier 1960 et le Cameroun méridional (ex-britannique) a demandé à y être rattaché par le référendum du 11 février 1961 (70%). C’est cette date qui a servi, dès 1963, à la placer la fête de la jeunesse.

Initialement, la fête de la jeunesse était le 26 octobre, en remplacement de la fête nationale du Southern Cameroons (anniversaire de la création d’une région détachée du reste du Nigeria britannique en 1954). Les Camerounais anglophones célébraient cette date par des manifestations dédiées à la jeunesse. Le déplacement de cette fête de la jeunesse du 26 octobre au 11 février a été vécu comme un effacement de leur mémoire. Même si la nouvelle date, en pleine saison sèche, était plus favorable à l’organisation des manifestations sportives qui marquent traditionnellement cette journée. Le mois d’octobre est au contraire très pluvieux, mais il y va de l’identité d’une région qui a mal vécu son intégration au Cameroun, surtout depuis que celui-ci n’est plus une république fédérale.

Aujourd’hui, les Camerounais anglophones qui se sentent méprisés et marginalisés dans le Cameroun actuel aspirent à l’indépendance de leur région sous le nom d’Ambazonie. Ils considèrent le 11 février comme la « journée de la honte » et ont lancé une opération villes-mortes ce jour-là. Les leaders sécessionnistes appellent au confinement des habitants à rester chez eux, de crainte de représailles de l’armée.

La fête a eu lieu le 26 octobre 1962 et à partir de l’année suivante, c’est chaque 11 février que le Cameroun célèbre sa jeunesse. Une célébration paradoxale dans un pays gouverné de manière autoritaire par une classe politique âgée et un président inamovible depuis plus de quarante ans : Paul Biya. Celui-ci fêtera ses 90 ans la semaine prochaine, le 13 février. C’est le plus vieux président du monde et le plus ancien (après le dictateur équatorien-guinéen). Pour cette 57e édition de la fête de la jeunesse, le thème annoncé par le président est : « Jeunesse, réarmement moral, civique et entrepreneurial, gage de discipline pour l’édification d’un Cameroun uni et prospère ». Des parades sont organisées dans toutes les régions, sauf dans les régions anglophones.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 février 2023

 
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1961, Cameroun, Unité, 1er octobre Bruno Teissier 1961, Cameroun, Unité, 1er octobre Bruno Teissier

1er octobre : le Cameroun plus divisé que jamais célèbre les 60 ans son unification

La dictature de Biya est à l’origine d’une guerre entre les deux Camerouns

 

Ce Jour de l’unification commémore chaque 1er octobre la réunion du Cameroun anglophone, indépendant de Londres, le 1er octobre 1961 et le Cameroun francophone, indépendant depuis le 1er janvier 1960,  Cette réunion des deux anciennes colonies anglaise et française permet la proclamation de la République fédérale du Cameroun, il y a 60 ans jour pour jour. Cette fédération a néanmoins été supprimée en 1972.

La célébration de la Journée de l'Unification commence par un défilé, le reste de la journée est consacré à des activités sportives. Un marathon de 40 km est organisé chaque année, les gens participent également à des courses de canoë, à des matchs de lutte et de football.

Cet anniversaire est aussi celui du 1er octobre 2017, quand les militants séparatistes proclamaient symboliquement l’indépendance du Cameroun anglophone.  Ce jour-là, des dizaines de milliers de personnes avaient manifesté. Au moins 40 manifestants avaient trouvé la mort dans des violences policières… à l’approche de cet anniversaire, les manifestations avait été interdites ces derniers jours dans toute la zone anglophone.

Le point de départ concernait la seule défense de la langue anglaise. Mais, le régime du président Biya a préféré tirer sur les manifestants. La crise a déjà fait 3000 morts, officiellement, sans doute le double, en réalité. La guerre contre les sécessionnistes anglophone a déjà fait entre 600 et 800 000 déplacés internes, 40 000 se sont réfugiés au Nigéria. La guerre a pris un nouveau tournant. Le pays bilingue que l’on célèbre aujourd’hui a vécu.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
Le monument de la réunification  à Yaoundé

Le monument de la réunification à Yaoundé

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