L’Almanach international
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24 octobre : la Zambie célèbre son indépendance
La Zambie célèbre l’anniversaire de sa déclaration d'indépendance à l’égard de la Grande-Bretagne il y a 60 ans. En 1964, les Anglais occupaient le pays, connu sous le nom de Rhodésie du Nord, depuis plus de 80 ans.
La Zambie célèbre l’anniversaire de sa déclaration d'indépendance à l’égard de la Grande-Bretagne en 1964. Les Anglais occupaient le pays, connu sous le nom de Rhodésie du Nord, depuis plus de 80 ans.
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, face à la poussée des mouvements anti-coloniaux. le Royaume-Uni a décidé de créer une Fédération de Rhodésie et du Nyassaland, composée de la Rhodésie du Nord, de la Rhodésie du Sud (aujourd'hui Zimbabwe) et du Nyassaland (aujourd'hui Malawi), et de lui donner un statut semi-autonome. Les habitants de la Rhodésie du Nord s'opposèrent à cette décision et déclenchèrent une série de grèves générales en 1960-1961. En octobre et décembre 1962, la Rhodésie du Nord a organisé des élections pour son conseil législatif. Celui-ci a adopté les résolutions appelant à la sécession du pays de la fédération et exigeant une pleine autonomie interne en vertu d'une nouvelle constitution. Finalement, la fédération a été dissoute en 1964. La Rhodésie du Nord a élu son premier président Kenneth Kaunda, qui a pris ses fonctions le 24 octobre 1964 et a rebaptisé le pays République de Zambie. C’est cette date est célébrée en Zambie comme le Jour de l'Indépendance (Zambian Independence Day), qui est l'un des jours fériés de la république.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 octobre 2021
31 mars : des marches du silence en souvenir des victimes de la dictature brésilienne de 1964
Il y a 60 ans l’armée prenait le pouvoir au Brésil pour instaurer une dictature qui dura deux décennies et fit sa cohorte de victimes auxquelles de nombreux Brésiliens entendent rendre hommage, en dépit du renoncement du président Lula à toute commémoration, de crainte d’une réaction des nostalgiques de la dictature.
« Sans mémoire, il n’y a pas d’avenir », c’était le mot d’ordre de la campagne de sensibilisation, dans le cadre du 60e anniversaire du putsch qui a instauré une terrible dictature au Brésil. À la demande du président Lula, tout a été annulé. Mais, la société civile a pris le relais de l’hommage aux victimes du pouvoir militaire.
Ce week-end, le Brésil marque le 60e anniversaire du coup d'État militaire du 31 mars/ 1er avril 1964 qui a renversé le président João Goulart, élu démocratiquement en 1961. La dictature militaire d’extrême droite durera 21 ans. Ce régime autoritaire est à l’origine de la mort de plusieurs centaines d’opposants politiques et de milliers d’Amérindiens, déplacés de force. Des dizaines de milliers de personnes ont été détenues, une grande partie d'entre elles a été torturée. Quelque 10 000 Brésiliens ont été forcés de s'exiler…
Les militaires ont lâché le pouvoir en 1985, sans aucune épuration dans leurs rangs. La loi d’amnistie de 1978 qui les protège de toute poursuite n’a jamais été abolie. Une partie d’entre eux, en particulier les haut gradés qui ont commencé leur carrière sous la dictature, restent nostalgiques de cette époque où ils avaient tout pouvoir. Dans les milieux proches de l’ancien président Bolsonaro (lui-même ancien officier), le putsch du 31 mars est désigné comme la « révolution de 1964 ». Comme en Argentine ou au Chili, dans les milieux conservateurs, prévaut l’idée que le pays aurait été sauvé du péril communiste.
Est-ce la peur d’un nouveau coup d’État militaire qui a incité le président Lula à interdire à son gouvernement toute commémoration ? Il a aussi renoncé au projet de musée de la mémoire et des droits de l’homme, centré sur la dictature, il n’a pas rétabli la Commission spéciale pour les morts et disparus politique que Jair Bolsonaro avait, bien sûr, supprimée. Lula a-t-il été traumatisé par la tentative de coup d’État de janvier 2023, quand des milliers de militants d’extrême droite, acquis à la cause de Bolsonao, sont venus s’agacer les institutions de Brasilia ?
Pas de commémoration gouvernementale, mais des marches dans tout le pays à la mémoire des victimes.
Ce 31 mars, à São Paulo, se déroule la quatrième édition de la Marche du Silence (Caminhada do Silêncio). Elle commence à 16 heures, devant l'ancien siège du DOI-Codi (un centre de torture dépendant de l’armée), transformé en commissariat de police, au sud de São Paulo. Les manifestants se rendent ensuite au Monument en hommage aux morts et disparus politiques, dans le parc d'Ibirapuera. Le lieu où les membres des familles des victimes de la dictature allument des bougies, déposent des fleurs et récitent des prières à ceux qui ont été assassinés par les forces publiques. Le thème de cette année est « Pour que tu n'oublies pas / Pour que ça ne continue plus » (“Para que você não esqueça / Para que não continue mais”).
Ce même jour, une marche quitte Rio de Janeiro en direction de Juiz de Fora, vers Minas Gerais. C’est la Marche pour la démocratie (marcha pela democracia) ou la « marche inversée » ou , car, il entreprend le parcours en sens inverse des troupes dirigées par le général Olympio Mourão Filho, commandant de la 4e région militaire, qui avaient quitté le Minas Gerais pour se diriger vers Rio, pour renverser le régime constitutionnel. Ce 31 mars 2024, les caravanes quittent Cinelândia, au centre de Rio, pour aller à la rencontre de la famille de l'ancien président, João Goulart, mort en 1976, en exil, sans avoir revu le Brésil. Cette marche fera un arrêt symbolique à Petrópolis, où se trouvait la « Casa da Morte » (un centre clandestin de torture et d'assassinat). Un autre centre de torture existait à Parelheiros, dans le sud de São Paulo, il est appelé aujourd’hui, la ferme du 31 mars (Fazenda 31 de Março).
À Salvador de Bahia, la marche du silence aura lieu dimanche 1er avril, elle partira à 17 heures, de Piedade à Campo da Pólvora, où se trouve le Monument aux Bahiens morts et disparus sous la dictature.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 mars 2024
9 janvier : la Journée de la souveraineté nationale au Panama
C’est un jour férié et chômé, sans alcool ni fête, pour commémorer la mort de 21 étudiants tués le 9 janvier 1964 lors des émeutes au cours desquelles les Panaméens revendiquaient la souveraineté de la zone du canal de Panama. Cette journée est aussi connue comme la Journée des Martyrs.
Le 9 janvier est un jour de deuil au Panama, pendant toute la journée, il est interdit de boire de l’alcool et d’organiser des fêtes ou des spectacles publics. C’est un jour férié et chômé au niveau national pour commémorer la mort de 21 étudiants et d’un bébé panaméens tués le 9 janvier 1964 lors des émeutes au cours desquelles les Panaméens revendiquaient la souveraineté sur le canal de Panama. Cette journée est connue comme la Journée des Martyrs (Día de los Mártires) ou la Journée de la souveraineté nationale (Día de la Soberanía Nacional).
À l’époque le pays était divisé en deux zones car les Américains occupaient la zone du canal de Panama qu’il était attribué à perpétuité depuis le début du siècle. Des milliers d'Américains et leurs familles vivaient dans cette zone selon leurs propres lois et coutumes tout en travaillant pour le canal ouvert en 1914. Les États-uniens y avaient aussi installé une importante base militaire. Les Zonians, comme on les appelait, n’avaient pratiquement aucun contact avec le reste du pays et sa population. Laquelle ne pouvait accéder à la zone du canal sans une autorisation spéciale.
Face aux protestations récurrentes des Panaméens, Washington avait fini par faire concessions symboliques, comme la présence conjointe des deux drapeaux américain et panaméen sur les bâtiments officiels de la zone du canal. À partir du 1er janvier 1964. Mais les Zonites ignorèrent l'accord et refusèrent de hisser le drapeau panaméen. Ce fut notamment le cas des élèves américains du lycée Balboa. Après négociation avec la police, il a été convenu qu'un groupe de six étudiants panaméens s'approcherait du mât du drapeau pour hisser leur drapeau et chanter l'hymne panaméen. Zonites tentèrent de les empêcher. Ils ont encerclé les étudiants et une bagarre a éclaté, au cours de laquelle le drapeau a été déchiré en morceaux. Quand cela s’est su dans le reste du pays, des milliers de manifestants ont afflué dans la zone du canal. La police, débordée, a été contrainte de demander l'aide de l'armée américaine, qui a décidé de tirer et d'utiliser des gaz lacrymogènes contre les manifestants. 21 étudiants et 4 membres des forces américains ont perdu la vie au cours des trois jours d’émeute.
Ces événements ont mis en lumière la situation coloniale que subissait le Panama de la part d’un État toujours prompt à dénoncer le colonialisme des Européens. Il faudra malgré tout attendre de nombres années pour que la situation évolue. En 1977, le traité Torrijos-Carter établit la neutralité du canal et la double administration panamo-américaine sur les lieux. Puis, le 31 décembre 1999, les États-Unis ont finalement rendu canal au Panama.
Comme chaque année, le Président Laurentino Cortizo, accompagné de membres du Cabinet, dépose une couronne de fleurs devant le Monument aux Martyrs du Centre de Formation Ascanio Arosemena du Canal de Panama, où se trouve également la « Flamme éternelle », à la mémoire des 21 martyrs qui ont offert leur vie. la lutte pour la souveraineté nationale. Il s’agit de l’ancien lycée Balboa qui porte aujourd’hui le nom d’un étudiant de 20 ans tué d’une balle dans le dos le 9 janvier 1964.
De leur côté, divers mouvements populaires et syndicats panaméens manifestent au parc Santa Ana de la capitale pour rendre hommage aux martyrs mais surtout pour dénoncer le poids de l’influence américaine sur le mouvement actuel de leur pays.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 janvier 2024
12 décembre : la fête nationale du Kenya
Le Kenya fête aujourd’hui le 60e anniversaire de son indépendance, obtenue le 12 décembre 1963, mais la fête nationale du Kenya fait d’abord référence à l’adoption, un an plus tard, le 12 décembre 1964 d’un régime républicain, c’est pour cela que le 12 décembre est appelé le Jour de la République (Jamhuri Day).
Le Kenya fête aujourd’hui le 60e anniversaire de son indépendance (Uhuru Day), obtenue le 12 décembre 1963, mais la fête nationale du Kenya fait d’abord référence à l’adoption, un an plus tard, d’un régime républicain. Cet anniversaire est appelé le Jour de la République (Sikukuu ya Jamhuri en swahili ou Republic Day).
Le pays était une colonie britannique depuis le XIXe siècle. La lutte pour l’indépendance du Kenya avait commencé après la Seconde Guerre mondiale. L’un des événements les plus importants de cette période a été le soulèvement des Mau Mau qui a débuté en 1952. Le pays a finalement obtenu son autonomie le 1er juin 1963 (jour de Mdaraka), puis l’indépendance le 12 décembre suivant mais tout en demeurant sous la couronne anglaise. Le Kenya a ensuite rompu avec l’ancienne puissance coloniale enlevant une république, avec l'investiture de Jomo Kenyatta comme président le 12 décembre 1964.
Le Jour de Jamhuri est marqué par une grande parade militaire, la Parade des couleurs de l’armée nationale au stade Nyayo qui débute à 11h30, après une inspection des troupes par le président du Kenya, William Ruto, lequel est aussi commandant en chef des armées. Après que la bénédiction des drapeaux par un évêque anglican, un évêque catholique et un Kadhi musulman, le président remet officiellement les couleurs à deux porte-drapeaux. qui les reçoivent à genoux. C’est aussi la journée de distribution de médailles civiles et militaires.
C’est la fête, la journée est fériée et chômée. Les musées et parcs nationaux sont ouverts gratuitement pour l’occasion. C’est aussi le coup d’envoi des fêtes de Noël.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 décembre 2023
21 juillet : Singapour célèbre son harmonie raciale et culturelle
Chaque 21 juillet à Singapour, on célèbre le Racial Harmony Day. C’est l’occasion de rappeler les principes fondamentaux de ce petit État : le multiculturalisme, le multiracialisme et la nécessaire tolérance envers les autres.
Chaque 21 juillet à Singapour, on célèbre le Racial Harmony Day, l’occasion de rappeler les principes fondamentaux de ce petit État : le multiculturalisme, le multiracialisme et la nécessaire tolérance envers les autres.
La date fait référence aux émeutes raciales qui avaient débuté le 21 juillet 1964, et qui ont conduit à l’indépendance de la cité-État. Après le retrait des Anglais, au moment de la décolonisation, Singapour avait été intégrée à la Fédération de Malaisie. Or dans cette ville créée de toutes pièces par les Anglais, les Chinois étaient très nettement majoritaires (ils le sont toujours) et à l’échelle de la Malaisie, les Malais ne forment qu’une très courte majorité fasse aux Chinois mais aussi aux Indiens, massivement attiré par les colons anglais. Les Malais craignaient de perdre le pouvoir dans le pays dont ils forment la population autochtone. Le 21 juillet, ils étaient quelque 25000 à célèbre l’anniversaire du prophète Mahomet. Cette procession pacifique s’est rapidement transformée en émeutes exacerbées par les ultranationalistes de l’United Malays National Organization of Singapore, qui réclamait des droits spéciaux pour les Malais. Les émeutes ont duré 11 jours. On déplora 23 morts et 454 blessés. Les autorités locales ont arrêté 3 000 personnes… De nouvelles émeutes ont eu lieu début septembre. Elles ont contribué à l’indépendance de Singapour l’année suivante.
Les Chinois, majoritaires dans la cité, ont pris consciences de l’importance de la neutralité culturelle et raciale était la garante de la stabilité du pays. D’où cette journée du Racial Harmony Day, instaurée par les autorités singapouriennes en 1997. Chaque 21 juillet, les écoles sont encouragées à réciter une déclaration d’harmonie religieuse. Dans la semaine du 21 juillet, des représentants du Cercle d'harmonie interreligieuse (IRHC) comprenant divers groupes religieux se réunissent pour réaffirmer leur soutien et promouvoir la Déclaration.
Lors de cette journée spéciale, dédiée à l’harmonie raciale, les élèves ont la possibilité de se déguiser en différents costumes ethniques pour montrer leur appréciation de la culture des uns et des autres. La variété de vêtements traditionnels comprend cheongsam et hangshan portés par les Chinois, baju kurung et baju melayu enfilés par les Malais et les saris et les dhotis pour les hommes et les femmes indiens.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
10 octobre : la Journée du sport au Japon
Cette date avait été choisie pour commémorer l'ouverture des Jeux olympiques d'été de 1964 à Tokyo qui ont débuté le 10 octobre 1964. Une date très tardive pour éviter l'humidité et la chaleur estivales et la saison des typhons qui sévissent en septembre.
Ce jour férié a été créé en 1966 pour promouvoir le sport et un mode de vie sain. La date originale de la fête était le 10 octobre, mais en 2000, elle a été déplacée au deuxième lundi d’octobre pour créer un long week-end. C’est un hasard si cette année, la fête tombe le 10 octobre.
Cette date avait été choisie pour commémorer l'ouverture des Jeux olympiques d'été de 1964 à Tokyo qui ont débuté le 10 octobre 1964. Une date très tardive pour éviter l'humidité et la chaleur estivales et la saison des typhons qui sévissent en septembre. En fait, une telle journée existait avant ces jeux olympiques, et s’appelait au départ le Supo-tsu no hi (スポーツの日). Ce n’était pas un jour férié car il avait été placé le 1er samedi du mois d’octobre.
La Journée japonaise de la santé et du sport, également appelée simplement Journée du sport (Taiiku no hi, スポーツの日) depuis 2016. Traditionnellement, les parents assistent aux concours sportifs appelés Undoukai (うんどうかい) de leurs enfants organisées par les écoles.. Les activités les plus populaires comprennent les épreuves d'athlétisme (courses et relais), le tir à la corde et le kiba-sen (une variante de terrain du combat de poulets). La célébration de la Journée du sport ressemble à une mini-olympiade. Elle débute le matin par un défilé haut en couleur mettant en scène tous les participants et parfois une fanfare. Les compétitions durent toute la journée (avec une pause déjeuner). Dans la soirée, la cérémonie de remise des prix a lieu. Les gagnants reçoivent généralement de petits prix, généralement quelque chose d'utile pour le ménage.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
31 mars : À São Paulo, une marche du silence en mémoire des victimes de la dictature militaire brésilienne
La Caminhada do Silêncio commémore les victimes de la junte brésilienne issue du coup d’État du 31 mars 1964.
Une première marche avait réuni 10 000 personnes en 2019 pour réagir contre la célébration du coup d’État du 31 mars 1964 par Jair Bolsonaro. Les deux années suivantes l’épidémie de covid, terrible au Brésil, avait empêché la commémoration. Cette année, 2022, une nouvelle édition de la Caminhada do Silêncio, conduira à un rassemblement au parc d'Ibirapuera, dans le sud de São Paulo. C'est une manifestation de plusieurs entités, à la date qui fait référence au coup d'État de 1964, pour la démocratie et la mémoire, pour les victimes de la violence d'État, dans le passé et dans le présent : victimes de la dictature, population noire, peuples autochtones, LGTBI+ communauté, touchée par covid . Et contre les risques de déboires institutionnels, qui semblaient plus présents ces dernières années, sous le gouvernement actuel.
Le rassemblement commencera à 17h30 sur la Praça da Paz, avec un accès par les portes 7/8 du parc d'Ibirapuera. La marche partira à 19h en direction du Monument aux morts et disparus politiques (porte 10). Les responsables conseillent le port d’un masque. Comme son nom l'indique, il n'y aura pas de discours. Les manifestants apporteront des photos, des bougies et des fleurs.
La Caminhada do Silêncio est organisée, notamment par l’Institut Vladimir Herzog (du nom d’un opposant torturé et assassiné) et le Núcleo Memória, avec le soutien de la ville de São Paulo. Ainsi, plusieurs organisations « attirent l'attention de la société sur les violences commises par l'État pendant et après la dictature ». L'initiative met également en lumière les luttes et les populations rendues invisibles à cette époque - telles que les populations noires, les peuples autochtones, les LGBTQIA+ - qui souffrent à ce jour des conséquences du maintien et de la montée de projets politiques contraires aux principes démocratiques et droits de l'homme », disent l'IVH et le Núcleo Memória. « L'assaut de l'État par l'extrême droite et sa « nécropolitique » responsable de plus de 650 000 morts par covid-19, le recul des politiques publiques de préservation de l'environnement et des peuples autochtones, le retour du pays sur la carte de la faim, le démantèlement de la culture et tant d'autres violations récentes des droits uniront à cette date d'innombrables fronts de résistance sociale.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
31 mars : le Brésil de Jair Bolsonaro nostalgique de la dictature militaire
Séance solennelle ce jeudi à l'Assemblée législative de Brasilia en l'honneur du 58e anniversaire du coup d'État militaire de 1964 dont Jair Bolsonaro est un grand admirateur.
À la demande du député d'État Capitão Assumção (PL), une séance solennelle a lieu ce jeudi à l'Assemblée législative de Brasilia en l'honneur du 58e anniversaire du coup d'État militaire de 1964. Rien d’étonnant quand on sait que Jair Bolsonaro, ex-capitaine chez les parachutistes et dont le gouvernement comprend plusieurs militaires parmi les ministres, est un admirateur avoué de la période de la dictature.
Le président d’extrême droite Jair Bolsonaro, élu en 2018 et a pris ses fonctions le 1er janvier 2019, avait ordonné la commémoration du 31 mars 1964, date du coup d’État militaire qui a confisqué la démocratie pendant 21 ans. Cinq généraux se sont succédés à la tête de la junte qui a dirigé pays pendant cette période de répression, de tortures des opposants ou d’assassinats (plusieurs centaines d’entre eux ont perdu la vie). Le régime s'est durci en 1968 avec l'interdiction des manifestations, la censure et le jugement des prisonniers politiques par des tribunaux militaires. Beaucoup d’artistes et d’opposants politiques se sont exilés, comme les musiciens Gilberto Gil et Caetano Veloso, pour sauver leur vie.
En juin 2016, Jair Bolsonaro affirmait à la radio Jovem Pan : "L'erreur de la dictature a été de torturer sans tuer". Lors de la séance de la Chambre des députés où a été votée en avril 2016 la destitution de la présidente Dilma Rousseff (qui fut torturée par les militaires), Bolsonaro avait dédié son vote au colonel qui était le chef du renseignement sous la dictature, accusé d'au moins six assassinats sous la torture. "À la mémoire du colonel Carlos Alberto Brilhante Ustra, la terreur de Rousseff (...), je vote oui !".
Contrairement à d'autres pays comme le Chili et l'Argentine, au Brésil, les militaires ont maintenu le contrôle total de la transition de la dictature à la redémocratisation. « À tel point que jusqu'à aujourd'hui, tout ce qui touche à la justice transitionnelle passe par les militaires, comme la Commission des morts et des disparus en 1995 et la Commission d'amnistie. Tout a dû être négocié avec les militaires.
Depuis 1986, la Constitution interdit à l'armée de s'ingérer dans les affaires publiques. En 2019, Bolsonaro avait demandé au ministère de la Défense d’organiser des fêtes de commémoration dans les casernes. Cela ne se produira pas cette année. L’an dernier dans une crise d'autoritarisme le président paranoïaque a renvoyé son ministre de la Défense, ce qui a entraîné la démission des trois principaux chefs militaires du Brésil, trois généraux à la tête de l'armée de terre, de l'armée de l'air et de la marine, le 29 mars 2021, ce qui ne s’était jamais vu… En campagne pour les élections d’octobre 2022, Jair Bolsonaro qui les années précédentes avait évoqué l’idée d’un nouveau coup d’État militaire, va plutôt faire profil bas. Les sondages ne lui sont pas très favorables face à Lula, son adversaire de gauche. Il a toutefois choisi un militaire comme candidat à la vice-présidence, son nouveau ministre de la Défense, Walter Souza Braga Netto, un nostalgique lui aussi du golpe de 1964.
Ce 31 mars 2022, l’heure est au recueillement, les opposants à Bolsonaro organisent des marches du silence (Caminhada do Silêncio), dans plusieurs villes du Brésil.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 mars 2022
12 janvier : Zanzibar commémore une révolution politique et culturelle qui s’est déroulée dans le sang
C’est une révolution sanglante qui a rempli des fosses communes que l’on commémore chaque 12 janvier dans l’île paradisiaque de Zanzibar.
C’est une révolution sanglante qui a rempli des fosses communes que l’on commémore chaque 12 janvier dans l’île paradisiaque de Zanzibar. Au final, les habitants ont chassé de l’îles toutes les populations allogènes, arabes, persanes, indiennes… qui s’étaient établis au cours des trois derniers siècles et qui y avaient pris le pouvoir. Cette île, jadis plaque tournante du commerce des esclaves, est redevenue pleinement africaine en s’associant politiquement au continent.
Le 12 janvier 1964, tôt le matin, quelques centaines d’hommes prennent les armes pour renverser le pouvoir et l’ordre social. Tous sont des villageois africains, ils sont dirigés par un Ougandais fantasque, John Okello. Les insurgés sont principalement des Africains, ils se révoltent contre les élites arabes qui dominent le pays depuis deux siècles et demi et les commerçants persan et indien établis dans l’île à la faveur de l’occupation anglaise. À parti du milieu du XIXe siècle le sultanat de Zanzibar est tombé sous le protectorat du Royaume-Uni, lequel a maintenu en place les sultans et les élites socio-économiques. L’indépendance et finalement obtenue en décembre 1963. Elles ont été précédées par des élections législatives qui ont permis aux élites arabes de maintenir leurs dominations. Le clivage ethnique est aussi social. Les grands propriétaires sont tous des descendants dans grandes familles arabes ou arabophones établies à l’époque où l’archipel était dominé par le sultanat d’Oman. Les ouvriers agricoles sont d’origine africaine et de langue swahilie. Ils ont eu la majorité des voix aux élections mais sont sous-représentés au Parlement. Le mécontentement est généralisé dans les villages de l’île.
La révolution est brève et violente : plusieurs milliers de morts. Des représailles sont exercées contre des civils arabes et persans ou indiens. Les Européens, peu nombreux, sont épargnés. La colère vise principalement les structures traditionnelles qui pèsent sur la population. Le sultan, Jamshid ben Abdallah, s’enfuit le jour même avec ses proches sur le yacht royal. Il réside aujourd’hui encore, en exil à Londres. Un Conseil révolutionnaire est créé par l'Afro-Shirazi Party (un parti africain) et l'Umma Party (formation de gauche). Abeid Karume est nommé président et le nom du pays est changé en République populaire de Zanzibar. Celle-ci ne dure que quelques semaines. Le 26 avril 1964, en associant le Tanganyika et Zanzibar, on crée un nouvel État, la Tanzanie.
Aujourd’hui, le Zanzibar revolution day est un jour férié en Tanzanie, même s’il est principalement commémoré à Zanzibar et à Pemba. On oublie les massacres et les exécutions sommaires, on préfère glorifier la prise du pouvoir par des représentants de la majorité opprimée. La démocratie sera-t-elle toujours respectée ? Ça, c’est une autre histoire dans un archipel où chaque élection provoque des violences comme ce fut le cas encore en novembre dernier.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde