L’Almanach international

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1878, Roumanie, 14 novembre Bruno Teissier 1878, Roumanie, 14 novembre Bruno Teissier

14 novembre : la Roumanie célèbre l’annexion de la Dobroudja

Depuis 2015, les Roumains célèbrent une Journée de la Dobroudja qui commémore l’intégration de cette région littorale de la mer Noire à la Principauté de Roumanie, le 14 novembre 1878. Cet événement est perçu comme la deuxième étape du processus d'union nationale des Roumains.

 

Depuis 2015, les autorités roumaines célèbrent une Journée de la Dobroudja (Ziua Dobrogei) qui commémore l’intégration de la Dobroudja (Dobrogée, en français) à la Principauté de Roumanie, le 14 novembre 1878.

Cette région située entre le Danube et la mer Noire permet à la Roumanie d’avoir une véritable façade maritime. À l’époque la Roumanie n’était composée que de la Valachie et de la Moldavie. Seule cette dernière avait une petite ouverture sur la mer. Cette région de Dobroudja venait d’être arrachée à l’Empire ottoman par la Russie. Une partie de cette province, au sud, a été cédée à la Bulgarie. Le reste de la région a été échangé par les Russes avec la Bessarabie du Sud (une portion de la Moldavie historique aujourd’hui située en Ukraine). Le caractère roumain de la Dobroudja n’était pas évident à l’époque, les Turcs et Tatars représentant près de la moitié de la population et les Roumains moins d’un quart. S’ajoutaient des Bulgares, des Grecs, des Russes, des Allemands…

Le nord de la Dobroudja a été cédé à la Roumanie par le traité de Berlin signé le 13 juillet 1878. Mais, il a fallu plusieurs mois pour l'incorporer formellement au royaume de Roumanie. Instaurée par le Parlement roumain le 7 octobre 2015, la Journée de la Dobroudja est marquée par divers événements culturels et éducatifs. C’est une célébration officielle mais ce n’est pas un jour férié. Pour ce 145e anniversaire, un programme artistique intitulé « Harmonie interculturelles de Dobrogea » est proposé au Palais des Enfanst de Constanța à partir de 15 h. Par ailleurs, « Comment la jeunesse de Dobrogea, de différentes ethnies, voit l'avenir dans ces plaines » est un événement organisé à partir de 11h, sur le campus de l'Université Ovidius de Constanța. À partir de 14 h, une cérémonie de dépôt de gerbes se déroule au Monument dédié aux héros de la Guerre d'Indépendance roumaine, situé dans le parc de la Maison de la Culture. 

Pour les Roumains, l’union de la Dobroudja avec la Roumanie représente la deuxième étape de leur processus d'union nationale. La première étape avait eu lieu avec l'union des principautés de Valachie et de Moldavie, le 24 janvier 1859. Pour Bucarest, l’achèvement de l'unité nationale aura lieu, à Alba Iulia, le 1er décembre 1918, avec l’intégration de la Transylvanie au royaume de Roumanie.

Dans cette région littorale, les forces navales roumaines célèbrent la Journée de la Dobrogea à travers une série d'événements qui se déroulent à Tulcea et Constanța, le dimanche précédant, soit le 12 novembre, cette année. À Constanța, les marins militaires déposent des gerbes de fleurs au Monument de l'Indépendance dans le parc de la Maison de la Culture, lors d'une cérémonie qui a lieu à partir de 12h. Dans la garnison de Tulcea, les soldats participent à partir de midi, à une cérémonie militaire organisée au Monument de l'Indépendance et déposent des gerbes en l'honneur des héros martyrs qui se sont sacrifiés pour la réunification du pays.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 novembre 2023

 

L’entrée de l'armée roumaine en Dobroudja

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1878, Montenegro, 1941, Seconde Guerre mondiale, 13 juillet Bruno Teissier 1878, Montenegro, 1941, Seconde Guerre mondiale, 13 juillet Bruno Teissier

13 juillet : la fête nationale du Monténégro

Ce petit pays commémore sa reconnaissance comme nation européenne, le 13 juillet 1878, lors du Congrès de Berlin. Son indépendance ne sera obtenue que plus tard, pour peu de temps. Le pays va disparaître en 1918 pour ne ressurgir qu’en 2006.

 

Le petit pays commémore sa reconnaissance, le 13 juillet 1878, lors du Congrès de Berlin. Cependant, son indépendance ne sera pleine qu'en 1910, pour ensuite disparaître en 1918 (absorbé par le futur royaume de Yougoslavie) et réapparaître... en 2006 (avec la dissolution de la dernière mouture de la Yougoslavie).

Le Jour de l’État monténégrin (Дан државности/Dan državnosti) ne doit pas être confondu avec le Jour de l’indépendance, le 21 mai. La veille du Jour de l’État, le président de la république organise une grande réception dans sa résidence de Cetinje. Un tir d'honneur depuis la colline de Gorica à Podgorica, avec dix pelotons de six pièces d'artillerie. La soirée se termine par des feux d’artifice dans toutes les villes. Cette année, le 13 mais aussi le 14 juillet sont fériés et chômés à l’occasion de la fête nationale.

Le Montenegro se souvient aussi de l’insurrection de 1941, survenue un 13 juillet, contre l’occupation italienne. Les Italiens ont vivement riposté faisant des centaines de victimes, en particulier dans les villes de Bar et de Cetinje. Un mouvement de résistance, réfugié dans les montagnes, a combattu jusqu'en décembre 1944, date de la libération du pays de toute occupation fasciste ou nazie. Chaque année, L'Union des associations de combattants de la guerre de libération nationale (en abrégé SUBNOR) et et les antifascistes du Monténégro organise une célébration dans l’une des villes du pays.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1878, Bulgarie, 3 mars, Célébration patriotique Bruno Teissier 1878, Bulgarie, 3 mars, Célébration patriotique Bruno Teissier

3 mars : les ambiguïtés de la fête nationale bulgare

La fête nationale de la Bulgarie commémore la signature du traité de San Stefano le 3 mars 1878, faisant réapparaître une Bulgarie sur la carte de l’Europe, près de cinq siècles après sa disparition en 1396, absorbée par l’Empire ottoman. Une fête ambiguë néanmoins, qui met mal à l’aise les voisins de la Bulgarie.

 

La fête nationale de la Bulgarie commémore la signature du traité de San Stefano (Санстефански мирен договор) le 3 mars 1878, faisant réapparaître une Bulgarie sur la carte de l’Europe, près de cinq siècles après sa disparition en 1396, absorbée par l’Empire ottoman. On peut s’interroger sur le choix de la date, car ce n’est pas encore l’indépendance du pays, laquelle ne sera obtenue que 30 ans plus tard, en 1908. Concernant la Bulgarie, ce traité ne sera jamais appliqué. Il est très vite annulé et remplacé, quatre mois plus tard, par celui signé à Berlin en juillet 1878. Ce dernier n’alloue plus à la Bulgarie qu’un territoire réduit de moitié et morcelé en deux principautés qui demeurent toutes deux sous l’autorité d’Istanbul.

Si la date a été choisie comme fête nationale, en 1990, c’est qu’elle célèbre une Bulgarie rêvée, une grande Bulgarie qui englobait la Macédoine du Nord dans sa totalité et une moitié de celle du sud, si bien que la Bulgarie aurait disposé d’une côte sur la mer Égée. Si cette Grande Bulgarie n’a pas été créée c’est qu’on a craint que ce pays ne devienne un obligé de la Russie – il le deviendra effectivement plus tard – et lui offre une ouverture sur la Méditerranée. 

Les Bulgares sont très frustrés d’avoir entrevu les contours d’un tel pays et que cela leur ait été aussitôt retiré. Ils ont profité des guerres balkaniques (1912-1913) pour tenter de reprendre ces territoires, en vain.  Finalement, la Bulgarie put en partie mettre la main dessus entre 1941 et 1944 mais à la faveur d’une alliance avec l’Allemagne nazie. Ce pays du camp des vaincus se verra donc retirer tous ses gains territoriaux en 1944.

De fait, cette fête nationale bulgare est toujours empreinte d’un certain irrédentisme qui n’est pas sans rappeler le discours des nationalistes russes à l’égard de la Biélorussie et de l’Ukraine… Quoi d’étonnant que l’extrême droite bulgare en fasse une célébration largement orchestrée. Certes la Bulgarie n'a pas de velléités d'envahir la Macédoine du Nord, mais elle s'adonne tout de même à des tracasseries diplomatiques comme un veto à son entrée dans l'UE. Ce qui n'est pas rien. Cela dit, le nom officiel de cette fête rappelle juste la Libération de la Bulgarie du joug ottoman (Ден на Освобождението на България от османско иго).

À Sofia, après une messe à 10 heures en la cathédrale Alexandre Nevski, un service commémoratif et d'action de grâce est organisé en l'honneur de la fête nationale. À 11 heures, le président Roumen Radev et la vice-présidente Iliyana Yotova participent à une cérémonie dе levée du drapeau bulgare devant le tombeau du Soldat inconnu où sont commémorées les victimes de la lutte pour la liberté de Bulgarie. Un feu d’artifice et une revue de la garde d’honneur se déroulent à 18.30 sur l’esplanade devant l’Assemblée nationale quand le président reçoit le corps de parade de l’armée bulgare.

Des célébrations ont également lieu au col de Chipka (Шипченски проход) dans les Balkans, au centre de la Bulgarie, qui fut le théâtre d’une la bataille décisive, du 5 au 9 janvier 1878. Une monument commémoratif y a été construit.

Le 3 mars est devenu le Jour de la libération de la Bulgarie en 1888, mais il a fallu attendre 1978 pour qu'il devienne un jour férié en Bulgarie et 1990 pour qu’il soit officiellement déclaré fête nationale de la Bulgarie, en remplacement du 9 septembre, date anniversaire de l’entrée des troupes soviétiques sur le territoire bulgare en 1944, qui était la fête nationale de la Bulgarie communiste.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

La cérémonie du 3-Mars au col Chipka

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De San Stefano (mars 1878) à Berlin (Juillet 1878)

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1878, Qatar, unification du pays, 18 décembre Bruno Teissier 1878, Qatar, unification du pays, 18 décembre Bruno Teissier

18 décembre : la fête nationale du Qatar

Le 18 décembre commémore l’unification du pays sous l’égide la famille Al-Thani, la dynastie qui règne sur l’émirat depuis près d’un siècle et demi.

 

Depuis 2007, l’émirat célèbre sa fête nationale le 18 décembre. Jusque-là, c’était le 3 septembre qui était marqué comme Fête nationale du Qatar (اليوم الوطني لقطر ‎) en souvenir de l’indépendance du pays, il y a un demi-siècle, le 3 septembre 1971. Mais cette date ne conférait pas une grande profondeur historique à ce petit État bâti très vite sur du sable. La nouvelle date choisie fait référence à ce jour de 1878, le 18 décembre, où Jassim bin Mohammed Al Thani  a succédé à son père, Mohammed bin Thani, et a obtenu l’allégeance de l’ensemble des tribus de la péninsule, pour faire face au suzerain (théorique) ottoman et au pouvoir bien réel des Anglais, déjà dominants dans le Golfe.

Le 18 décembre commémore donc l’unification du pays sous l’égide la famille Al-Thani, la dynastie régnante sur l’émirat, elle-même vivait à l’époque sous le protectorat des Anglais qui ont dominé le Golfe pendant plus d’un siècle. Cette fête est celle de l’émirat et en même temps, celle de la famille régnante qui impose son pouvoir à la péninsule depuis le 18 décembre 1878. Un pouvoir qui ne peut être contesté, le pays n’étant pas une démocratie.

La fête nationale du Qatar est largement célébrée dans tout le pays avec divers événements et activités festifs, notamment le défilé de la fête nationale qui se déroule sur la corniche de Doha de 9h à 11h, des événements culturels sur le thème du patrimoine au village culturel de Katara… La journée se termine par des feux d'artifice à partir de 20h. Ce jour-là, les bureaux du gouvernement, les établissements d'enseignement et la plupart des entreprises sont fermés. Cette année le Qatar National Day  coïncide avec la fin de la Coupe Arabe de la FIFA. En 2022, elle coïncidera avec la finale de la coupe du monde de football.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 décembre 2021

 

La grande parade de la fête nationale sur la corniche de Doha

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