L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

10 mars : il y a 64 ans les Tibétains se soulevaient contre l'occupation chinoise

La diaspora tibétai­ne commémore le soulève­ment de 1959 au Tibet contre l’invasion chinoise. Sur place, tout est verrouillé, la présence policière et militaire renforcée et le Tibet est fermé aux étrangers. À l’époque, le Tibet n’avait pas bénéficié d’une mobilisation internationale contre l’agression chinoise, comme c’est le cas aujourd’hui en faveur de l’Ukraine.

 

Voilà une cause bien éclipsée aujourd’hui par la crise ukrainienne, mais la diaspora tibétai­ne n’oublie pas ce rendez-vous annuel. Chaque année, le 10 mars, elle commémore le soulève­ment de 1959 au Tibet contre l’invasion chinoise.

Le 10 mars 1959, des dizaines de milliers d’hommes et de femmes sont descendus dans les rues de Lhassa pour réclamer l’indépendance du Tibet. Ce mouvement de protestation, porté par une population déjà exaspérée, fut réprimé dans un bain de sang (plus de 80 000 morts). Pékin considérait le Tibet comme appartenant à la zone d’influence chinoise, il n’était pas question d’imaginer son émancipation. Ce raisonnement est aujourd’hui celui de Moscou à l’égard de l’Ukraine.

Aujourd’hui, la commémoration se déroule à l’extérieur du pays, notamment en Inde, où une partie des Tibétains sont réfugiés. Notamment dans la ville himalayenne de Dharamsala, dans le nord de l'Inde où est réfugié le Dalai Lama. Au Tibet, tout est verrouillé, la présence policière et militaire renforcée et le pays est fermé aux étrangers pour quelques jours. Ceux-ci, d’ailleurs, ont été rares en Chine ces derniers temps, en raison de l’épidémie de covid.

Suite aux manifestations de 2008 au Tibet, lourdement réprimées par l’État chinois (plus de 200 morts, 5 000 prisonniers, condamnations à de lourdes peines de prison et des exécutions), la situation au Tibet ne cesse d’empirer : on déplore plus de 2000 prisonniers politiques tibétains, des morts sous la torture, des disparitions forcées, des violences des forces de polices contre des rassemblements pacifiques entraînant des morts. Depuis 2009 au Tibet, quelque 150 Tibétains se sont immolés par le feu pour protester contre cette répression. La plupart sont morts. Pékin alourdit son emprise sur la région, depuis 2019, il prélève de manière systématique l’ADN des 3,5 millions de Tibétains comme il l’a fait pour les 23 millions de Ouïghours. On ignore l’objectif précis de ce programme. En revanche, l’envoi de centaines de milliers d'enfants tibétains, âgés de 4 à 18 ans, dans des internats coloniaux chinois au Tibet, loin de leurs familles, est beaucoup plus clair : il vise à éradiquer la culture tibétaine. 

La Chine suit la crise ukrainienne avec intérêt, elle s’est abstenue à l’ONU de condamner l’agression russe. Elle le sait, un parallèle pourrait être fait avec l’invasion du Tibet en 1959. Elle est également dans le viseur de la communauté internationale pour sa politique d’élimination du peuple ouïghour et ses visées sur Taïwan.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

à lire : Himalaya à cœur ouvert, dans lequel, l’auteur Alain Laville, parle de la souffrance du peuple tibétain à travers une série de témoignages recueillis au Tibet.

 
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1915, Inde, diaspora, 9 janvier Bruno Teissier 1915, Inde, diaspora, 9 janvier Bruno Teissier

9 janvier : l’Inde célèbre sa diaspora

Chaque 9 janvier, une fois tous les deux ans, le gouvernement indien organise la Journée de la diaspora  indienne. La date choisie commémore le retour du Mahatma Gandhi en Inde, le 9 janvier 1915, après vingt années passées en Afrique du Sud. Mais le but de cette journée est surtout d’encourager des Indiens du monde entier, de préférence des entrepreneurs et des décideurs, à renouer avec leurs racines et à travailler pour leur pays d’origine.

 

Chaque 9 janvier, une fois tous les deux ans, le gouvernement indien organise la Journée de la diaspora  indienne, connue sous son officiel en hindi : Pravasi Bharathya Divas (प्रवासी भारतीय दिवस). La date choisie commémore le retour du Mahatma Gandhi en Inde, le 9 janvier 1915, après vingt années passées en Afrique du Sud.

La diaspora indienne n’est pas numériquement très importante, compte tenu de la taille du pays (une vingtaine de millions de personnes), mais elle est ancienne. Elle a pris une dimension mondiale grâce à l’administration coloniale britannique qui a envoyé des Indiens partout où eux-mêmes s’étaient établis : Afrique (Afrique du Sud, Tanzanie…), Caraïbes (Suriname, Trinité et Tobago…), Océan indien (Maurice, Sri Lanka), extrême orient (Malaisie surtout, Birmanie, Singapour), Pacifique (Fidji…) et au Royaume-Uni. Ils se sont ensuite établis massivement dans d’autres pays comme les États-Unis, l’Arabie saoudite (les deux premières communautés au monde), EAU, Canada, Oman…

La plupart de ces travailleurs sont des hindous appartenant à des basses castes rurales, les autorités de l’Inde indépendante s’en sont longtemps peu préoccupées. Même si le gouvernement a créé en 1973 la catégorie fiscale des NRI (Non-Resident Indians) pour éviter une double imposition aux émigrés indiens à qui Constitution indienne ne permet pas la double citoyenneté, il faut attendre les années 2000 pour que l’Inde, en particulier la droite nationaliste actuellement au pouvoir, prenne conscience des opportunités que peut offrir une diaspora. Des Indiens ayant un rôle politique ou économique non négligeable dans au moins une vingtaine d’États, il convenait de les mobiliser.

En 2000, est créé la Haute Commission de la Diaspora Indienne et le 9 janvier 2003 est organisé la première convention Pravasi Bharatiya Divas (PBD) pour marquer la contribution de la communauté indienne d'outre-mer au développement de l'Inde. Les premières années, l’événement avait lieu tous les ans, puis devant la lourdeur de l’organisation, on est passé à une année sur deux. Vingt ans après la première, la 17e Convention PBD se tient du 8 au 10 janvier 2023 à Indore, dans l’État du Madhya Pradesh. Le thème de cette édition est « Diaspora : partenaires fiables pour le progrès de l'Inde à Amrit Kaal ». (En terme spirituel, « Amrit Kaal » est la meilleure période pour démarrer toute nouvelle entreprise). PBD est l’occasion de réunir des  entrepreneurs et des décideurs du monde entier que l’on invite à se reconnecter avec leur pays d’origine et à travailler pour lui.

Hier, 8 janvier, le ministre des Affaire extérieures a rencontré les jeunes pravasi pour les encourager à renouer avec leur racine. Aujourd’hui, c’est la journée la plus importante, le Premier ministre Narendra Modi a fait le déplacement pour rencontrer des Indiens d'outre-mer qui ont été sélectionnés. Certains sont même honorés du prestigieux prix Pravasi Bharatiya Samman, décerné chaque 9 janvier.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 janvier 2023

 

Premier ministre Narendra Modi entouré de personnalités de la diaspora.

En 2015, le centenaire du retour du Mahatma Gandhi sur le sol indien après plus de vingt ans passés en Afrique du Sud, fut célébré le 9 janvier à Gandhinagar, la « ville de Gandhi » et capitale de l’État du Gujarat, dans le cadre des journées PBD.

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1952, 21 octobre, diaspora, Taïwan Bruno Teissier 1952, 21 octobre, diaspora, Taïwan Bruno Teissier

21 octobre : la Journée des Chinois outre-mer

Cette célébration culturelle et politique n’a rien à voir avec la politique de soft power de Pékin, c’est à Taipei qu’elle est organisée chaque année depuis 1952.

 

Cette célébration culturelle et politique n’a rien à voir avec la politique de soft power de Pékin, c’est à Taipei qu’elle est organisée chaque année depuis 1952.

Cette année, 70e anniversaire de l’événement, la réunion traditionnelle du 21 octobre a eu lieu avec quelques jours d’avance : la conférence organisée par la Fédération du salut national des Chinois d'outre-mer s'est tenue le 12 octobre à 9h au National Army Heroes Hall de la ville de Taipei. Mais la journée du 21 octobre demeure la date de référence.

Il y a 10 ans, le 21 octobre 2012, pour le 60e anniversaire de la Fédération chinoise d'outre-mer, Sun Suifang, petite-fille de Sun Yat-sen a fait don de la statue du père fondateur de la République de Chine à la Fédération chinoise du salut national d'outre-mer et l'a érigée à Taipei.

Chaque année, on rappelle que parmi les soixante-douze martyrs de Huanghuagang, exécutés après le soulèvement du d’avril 1911, à Canton, plus d’un tiers d'entre eux étaient des Chinois d'outre-mer ; et que pendant la guerre de huit ans contre le Japon, des Chinois d'outre-mer sont non seulement retournés dans le pays pour rejoindre l'armée, mais ils ont également fait des dons et collecté des fonds dans le monde entier. Au début de la guerre, les envois de fonds des Chinois d'outre-mer représentaient 90 % des dépenses militaires nationales totales. Plus tard, les Chinois d'outre-mer ont aussi contribué à ce que Taiwan se dote, en quelques décennies, une économie de renommée mondiale. 

La date du 21 octobre(10月21日)de cette Journée des Chinois outre-mer (華僑節) organisée à Taiwan fait référence à une première réunion qui s’était ouverte le 21 octobre 1952, réunissant pendant une semaine 307 chinois d’outre-mer venus de tous les pays où vit une communauté chinoise significative : Thaïlande, Malaisie, Indonésie, Philippines, Hong-Kong, États-Unis… On était en pleine guerre froide depuis la prise du pouvoir par les communistes à Pékin, le 1er octobre 1949. Cette réunion avait un fort relent d’anti-communisme. 70 ans après, elle demeure hostile aux ambitions continentales de réunification. Toutefois, l’ancien président Ma Ying-jeou (aujourd’hui dans l’opposition), invité de ce 70e anniversaire, n’a pas manqué de rappeler que de part et d’autre du détroit, il y avait deux régions et non deux États. Ce qui lui a valu de nombreuses critiques d’une partie des participants.

La même date sert de référence, parfois à quelques jours près, à des célébrations dans la diaspora comme c’est le cas à San Francisco, il y a quelques jours : six personalités de la diaspora ont été honorées lors du San Francisco Celebration Overseas Chinese Festival qui se déroule chaque année dans un restaurant du quartier chinois de la ville.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

La réunion du 70e anniversaire

Deux timbres taïwanais faisant référence à cette Journée des Chinois d’outre-mer

Sun Yat-sen fait figure de père de la patrie

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31 décembre : la journée de la diaspora et du nationalisme azéri

C’est la Journée internationale de solidarité des Azerbaïdjanais en souvenir du 31 décembre 1989, quand le Front populaire d'Azerbaïdjan demandait la suppression des frontières entre l’Iran et la république soviétique d’Azerbaïdjan.

 

Ce jour est férié en Azerbaïdjan en souvenir du 31 décembre 1989, quand le Front populaire d'Azerbaïdjan demandait la suppression des frontières entre la république soviétique d’Azerbaïdjan et l’Iran afin de réunir le peuple azéri en un seul État. Écoutant cet appel, près de 4000 manifestants azerbaïdjanais avaient traversé le fleuve Arax qui sépare les deux pays afin de rejoindre les Azerbaïdjanais iraniens. Coupant les fils barbelés, ils ont détruit la frontière sur 130 kilomètres, en exigeant la libre circulation entre les deux pays. Le même jour, le premier Congrès mondial des Azerbaïdjanais s’ouvrait à Istanbul, en Turquie. Ce sont ces deux événements qui ont inspiré la Journée internationale de solidarité des Azerbaïdjanais (Dünya Azərbaycanlılarının Həmrəylik Günü) qui est célébrée chaque 31 décembre depuis 1991.

L’Azerbaïdjan est un pays de 10 millions d’habitants, en très grande majorité Azéris. En Iran est peuplé de 85 millions d’habitants mais au moins 20 millions d’entre eux sont azéris, peut-être même 25 ou 30 millions selon certaines estimations. Tous ne sont pas animés d’une tentation séparatiste, loin de là. Certains sont même au cœur du régime de la république islamique, comme Mir Hossein Moussavi qui fut premier ministre de 1981 à 1989. Téhéran a toutefois perçu le danger de cette soudaine bouffé de nationalisme d’une population turcophone à l’identité encore assez floue et demandé à Gorbatchev de réagir. L’URSS finissante ne souhaitait pas avoir des problèmes avec un État faisant du prosélytisme religieux dans toute la région s’est efforcé de calmer le jeu vis-à-vis de l’Iran (on ne remet pas enchausse une frontière vieille de plus de deux siècles entre en pire russe et perse). En revanche, Moscou fermera les yeux sur les pogroms anti arméniens qui se dérouleront dans les jours qui suivent à Bakou (au moins 90 morts civils arméniens et de 700 blessés, du 12 au 18 janvier 1990) et qui permettrons de canaliser la violence azérie dans une direction moins problématique pour la Russie. 

La stratégie de Téhéran a été, dans un premier temps, d’amadouer Bakou et de tenter d’entraîner dans son orbite ce pays peu religieux mais de culture chiite. Peine perdue l’Azerbaïdjan, pays turcophone, a préféré s’appuyer sur Ankara pour assouvir ses ambitions nationalistes. La dernière guerre du Haut-Karabagh contre les Arméniens lui donnera raison. L’idée d’une réunion de tous les Azéris dans un même pays est aujourd’hui mise en sourdine en revanche la violence nationaliste se déchaîne contre le peuple Arménien, coupable d’isoler le Nakhitchevan, aujourd’hui peuplé d’Azéris du reste de l’Azerbaïdjan. D’où un grignotage des frontières de la république d’Arménie associé à une pression diplomatique constante sur Erevan. La Journée internationale de solidarité des Azerbaïdjanais, célébrée aujourd’hui, est une de ces journées où s’exacerbe le nationalisme azéri, aussi bien dans la diaspora qu’en Azerbaïdjan.

 

Le nationalisme azéri assorti des symboles de Noël

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