L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
2 mai : la Pologne fête sa diaspora et son drapeau
Cette journée qui fait un pont entre deux jours fériés est à la fois la fête du drapeau national et celle de la diaspora, en particulier aux États-Unis où les festivités sont nombreuses.
Cette journée n’est pas fériée même si beaucoup de Polonais la prennent en congé car elle est située entre deux jours fériés : le 1er mai et la fête nationale polonaise qui sont deux jours chômés en Pologne.
En 2004, en vue du 60e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Parlement a institué une Journée du drapeau polonais (Dzień Flagi Polskiej) afin de commémorer le jour où des soldats polonais ont placé leur drapeau national sur la colonne de la victoire (Siegessäul) à Berlin ainsi que sur le Reichtag. L'Armée rouge et l'Armée populaire polonaise ont, ensemble, occupé Berlin après de violents combats contre les nazis allemands. À l’époque communiste, le drapeau polonais était chaque année arboré ce jour-là afin d’éviter qu’il ne soit brandi le 3 mai, dont la commémoration a été interdite de 1947 à 1990.
En 2002, le Parlement polonais (Sejm) avait aussi créé une Journée de la diaspora polonaise (Dzień Polonii i Polaków za Granicą , littéralement « la Journée de la diaspora polonaise et des Polonais à l'étranger »). Cette fête est célébrée dans toute la diaspora, en particulier aux États-Unis où vit la plus grandes communautés polonaises, mais aussi au Royaume-Uni, en Allemagne, au Brésil, en Biélorussie, en France, au Canada et en Israël (principalement des Juifs polonais et des membres de leurs familles venus en Israël sous la loi du retour)... Cette fête est relativement récente alors que le drapeau de la Pologne qui date du XIXe siècle, a été officiellement adopté en 1919.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er mai 2024
2 avril : l’hommage des Polonais à leur pape
Ce soir, 2 avril, à 21h37 précise, de très nombreux Polonais vont observer une minute de silence à la mémoire du pape Jean Paul II, décédé le 2 avril 2005, au Vatican. Toutefois, le culte de Jean Paul II n’est plus aussi intense en Pologne qu’il ne le fut, en particulier auprès de la jeunesse qui reproche à l’Église catholique d’avoir soutenu des gouvernements particulièrement réactionnaires et anti-démocratiques.
Ce soir, 2 avril, à 21h37 précise, de très nombreux Polonais vont observer une minute de silence à la mémoire du pape Jean Paul II, décédé le 2 avril 2005, au Vatican. Aujourd’hui, des messes sont dites dans toutes les villes de Pologne, des marches et processions sont organisées un peu partout ; ce soir, des veillée de prière sont prévues… Comme chaque année, des centaines de fidèles se rassemblent devant l’archevêché de Cracovie en bas de la «fenêtre papale», de laquelle Jean Paul II avait l’habitude de dialoguer avec la foule lors de ses huit visites en Pologne.
Il a été béatifié en 2011 par son successeur, puis canonisé en 2014 par le pape François, soit moins de dix ans après son décès. Un record. Karol Józef Wojtyła est un saint dont les reliques sont sorties chaque 2 avril en procession et s’il est un pays où il est toujours particulièrement vénéré, c’est la Pologne où il est né le 18 mai 1920. L’élection de l’archevêque Wojtyla à la papauté en 1978 avait donné à la population majoritairement catholique de la Pologne le courage de s’opposer ouvertement au régime communiste. Les Polonais lui en sont très reconnaissants. À l’échelle mondiale, il a donné un élan à son Église a pourtant été critiqué de son vivant pour son conservatisme et son indulgence à l’égard des dictatures d’extrême droite, pourvu qu’elles soient catholiques. Son bilan, pour l’avenir de l’église est aujourd’hui très discuté.
Mais, depuis quelque temps c’est en Pologne même que l’on critique celui qui fut l’archevêque de Cracovie. En 2023, la télévision polonaise révèle que Monseigneur Wojtyla savait que des prêtres sous son autorité agressaient sexuellement des enfants et qu’il a tout fait pour que l’on n’en sache rien. Le futur pape les a déplacés de paroisse en paroisse dans les années 1970. L’un d’eux a même été envoyé en Autriche, après qu’ils aient été accusés d’avoir agressé des mineurs. Le 2 avril 2023, en réaction, une statue de Jean Paul II a été vandalisée, ses mains ont été couvertes de peinture rouge et le socle marqué d'une inscription "Maxima culpa" ("La plus grande faute »), qui est le titre du livre d’Ekke Overbeek à l’origine des révélations.
Même avant cette affaire, le culte de Jean Paul II n’était plus aussi intense en Pologne qu’il ne le fut, en particulier auprès de la jeunesse qui ne l’a pas connu. Ces révélations ont causé une grande émotion en Pologne, pays où une partie de la population a pris ses distances avec l’église accusée d’avoir soutenu pendant des années un gouvernements particulièrement réactionnaire et anti-démocratique. Ce dernier a perdu les élections de novembre 2023 et son principal soutien, le PiS (Droit et Justice) est aujourd’hui dans l’opposition.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er avril 2024
19 avril : la mémoire de l’insurrection du ghetto de Varsovie
Il y a 80 ans, plusieurs centaines de juifs du ghetto de Varsovie se soulevaient contre les occupants nazis, préférant mourir les armes à la main plutôt que gazés dans le camp d’extermination de Treblinka… Ce soulèvement est considéré comme étant l'acte de résistance juive pendant la Shoah le plus connu et le plus commémoré.
Comme chaque année, en dépit de relations plutôt froides entre les deux pays, une délégation israélienne accompagne le président polonais pour déposer une gerbe devant le monument érigé à la gloire des héros du ghetto. Cette année, alors qu’on célèbre le 80e anniversaire de l’insurrection du ghetto de Varsovie (80. rocznica powstania getta warszawskiego), Israël entame une normalisation de ses relations avec la Pologne. Les deux pays vont à nouveau échanger des ambassadeurs (lequel étaient absents depuis 2021). Aujourd’hui, des fêtes, des expositions, des concerts, des représentations théâtrales, des conférences scientifiques, des ateliers et des promenades sont au programme.
Le musée du Ghetto de Varsovie (WGM), entre autres organise un concert de l'orchestre symphonique polono-israélien le 19 avril au Grand Théâtre - Opéra National. Le concert a eu lieu sous le patronage du président Andrzej Duda. L'orchestre, composé de jeunes musiciens de l'Académie de musique et de danse de Jérusalem et de l'Université de musique Fryderyk Chopin, est dirigé par Anna Sułkowska-Migoń (lauréate cette année du "Polityka's Passport"). Pendant le concert, la 8e Symphonie op. 53 "Fleurs polonaises". Les auteurs de l'ouvrage sont Mieczysław Weinberg et Julian Tuwim. Une pièce composée spécialement pour cette occasion par Elżbieta Sikora sera également présentée. Le WGM a également préparé l'exposition "Mémoire 1943" à Kordegarda - la galerie du Centre national de la culture (30 mars - 10 mai).
Il n’y a plus de témoins directs (le dernier combattant du ghetto de Varsovie, Simha Rotem est décédé le 22 décembre 2018 à l'âge de 94 ans), on évoque le courage de ces hommes face à leurs bourreaux et finalement à la mort. Le 19 avril 1943, plusieurs centaines de juifs du ghetto de Varsovie se soulevaient contre les occupants nazis, préférant mourir les armes à la main plutôt que gazés dans le camp d’extermination de Treblinka. À cette époque, ils n’étaient plus que 60 000 dans la capitale polonaise contre 450 000 en 1940. Cette insurrection de près d’un mois, sans moyens et sans véritable espoir, aboutira à la destruction totale du ghetto et à la mort quasi-totale de ses derniers occupants.
À Paris, le Réseau d'Actions contre l'Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR) et de nombreuses associations et personnalités dont Memorial 98, a rendu hommage aux résistants du ghetto, le dimanche 16 à 14 30 h sur la place de l'Hôtel de Ville de Paris.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
10 avril : il y a dix ans, le crash qui décimait la classe politique polonaise
Journée douloureuse pour la Pologne qui commémore le crash du 10 avril 2010 qui a fait disparaitre son président, ainsi que 91 personnalités politiques éminentes. Journée de propagande exacerbée pour le gouvernement d'extrême droite qui exploite ad nauseam la catastrophe de Smolensk pour abolir progressivement la démocratie.
Journée douloureuse pour la Pologne où l’on commémore le crash du 10 avril 2010, survenu près de Smolensk, qui a fait disparaître son président, ainsi que 91 personnalités politiques éminentes (chefs d’état-major, ministres, cardinaux, etc.). Journée de propagande exacerbée pour le gouvernement d'extrême droite qui exploite ad nauseam la catastrophe de Smolensk pour abolir progressivement la démocratie.
L’accident s’est produit non loin de la forêt de Katyń, où, soixante-dix ans plus tôt, le NKVD a exécuté près de 22 000 officiers polonais, capturés dans la foulée de l’invasion de la Pologne par l’Armée rouge en 1939. L’accident se produit seulement trois jours après que Vladimir Poutine a invité les dirigeants de la Pologne à commémorer à ses côtés le massacre de Katyń, réalisant ainsi la promesse de Mikhail Gorbatchev de rompre avec un demi-siècle de déni de la part du régime soviétique.
Le drame de Smolensk a profondément divisé les Polonais et il a rebattu les cartes politiques, offrant une nouvelle chance aux ultra-conservateurs de PiS de fédérer les mécontentements sociaux. Cet accident, dû en réalité aux conditions météorologiques et à l’impatience du président Lech Kaczynski, fut immédiatement interprété par une partie de la population comme le résultat d’un attentat provoqué par Poutine. Jouant sur la fibre nationaliste, le parti Droit et Justice au pouvoir (PiS), dont le chef, Jaroslaw Kaczynski, est le frère jumeau du président disparu à Smolensk, a profité de la catastrophe pour s’imposer durablement au pouvoir. Aujourd’hui, dans un contexte de pandémie, le gouvernement tente un passage en force électoral au mois de mai prochain, visant à se maintenir au pouvoir.
D’ordinaire, des messes à l’intention des victimes du crash sont célébrées dans toute la Pologne ainsi qu’à l’étranger. Les sites de mémoire dédiés à tous ceux qui sont morts dans la catastrophe du 10 avril 2010 ont été décorés de fleurs et de flambeaux. Chaque année, à Cracovie, le Président participe à la prière sur la tombe Lech et Maria Kaczyński dans la crypte de la cathédrale au Wawel. Un appel de la mémoire a eu lieu devant le Palais présidentiel – les noms de toutes les victimes de la catastrophe y ont été prononcés, une prière a été dite à leur intention. Dans la soirée les représentants des plus hautes autorités de l’État participent à une messe à l’intention des victimes de la catastrophe, concélébrée par le cardinal-métropolite de Varsovie. Une célébration a eu lieu aussi au cimetière militaire de Powązki où reposent 28 des victimes.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 avril 2020