L’Almanach international

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Espagne, 25 juillet, fête régionale Bruno Teissier Espagne, 25 juillet, fête régionale Bruno Teissier

25 juillet : la Galice en fête pour la Saint-Jacques

C’est la fête régionale de la Galice, région la plus occidentale de l’Espagne. La région commémore son autonome acquise en 1981. L’essentiel des festivité a bien sûr lieu à Santiago (Saint-Jacques) Compostela…

 

C’est la fête nationale de la Galice (O Día Nacional de Galicia), province la plus occidentale de l’Espagne. La région commémore son autonome acquise en 1981. L’essentiel des festivités a bien sûr lieu à Santiago (Saint-Jacques) Compostela (de Compostelle) comme dans la région entière pour son célèbre pèlerinage. Le troisième de la Chrétienté, dit-on, après Rome et Jérusalem.

Les origines de cette célébration remontent en fait à novembre 1919, il y a près d’un siècle, lorsque la IIe Assemblée nationale d’Irmanade da Falla qui s’est déroulée à Saint-Jacques de Compostelle a décidé de célébrer la fête nationale de la Galice le 25 juillet dès l’année suivante.

À la fin de l’époque franquiste, la fête se terminait toujours par des heurts avec la police. Si bien que le gouvernement de La Corogne a interdit les manifestations nationalistes jusqu'en 1983, année où des centaines de manifestants ont décidé de se rassembler à Praza de Galicia, Saint-Jacques-de-Compostelle.

Quand le 25 juillet coïncide avec le dimanche, on célèbre l’Année sainte de Compostelle ou Année sainte jacobéenne (Ano Santo Xacobeo, en galicien). Dans ce cas, la concentration de pèlerins venus du monde entier, est encore plus grande.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 juillet 2024

 
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Espagne, Fêtes traditionnelles, 28 décembre, Autriche Bruno Teissier Espagne, Fêtes traditionnelles, 28 décembre, Autriche Bruno Teissier

28 décembre : le 1er avril des Espagnols

En Espagne, dans le monde hispanique et jusqu’aux Philippines,  c’est le jour des farces, à l’instar du 1er avril dans d’autres pays. Derrière cette journée un peu folle se cache une référence biblique et une fête dédiée aux Saints Innocents.

 

En Espagne, dans le monde hispanique et jusqu’aux Philippines,  c’est le jour des farces, à l’instar du 1er avril dans d’autres pays.  De la plaisanterie anodine au véritable canular, cette journée de la malice est aujourd’hui incontournable. En Espagne, une grande soirée télévisée très populaire met en scène des farces faites à des personnalités du showbiz. C’est l’occasion d’un gala de charité destiné à collecter des fonds pour différentes organisations qui se consacrent au traitement des problèmes des enfants. Au Mexique, les journaux participent à la fête en publiant de fausses nouvelles sur un ton ironique ou humoristique. 

Cette fête est connue sous le nom de Jour des Saints Innocents (Día de los Santos Inocentes), référence biblique à la mise à mort de tous les enfants de moins de deux ans nés à Bethléem sur ordre du roi Hérode le Grand. Cette légende a profondément marqué le discours religieux catholique et inspiré de nombreux peintres. On raconte que des mages se sont présentés à Hérode en lui demandant où était le futur roi des Juifs qui venait de naître. Celui-ci craignant pour son trône envoya des soldats passer par l’épée tous les nouveau-nés. L’Église catholique se souvient de ce massacre chaque 28 décembre. Au Mexique, c’est même considéré comme l'une des fêtes religieuses les plus importantes. Chaque paroisse la célèbre à sa manière, des cadeaux (vêtements) et de la nourriture (souvent des bonbons) sont offerts ce jour-là à l’enfant Jésus. Dans certaines villes espagnoles, la célébration prend l’allure d’un carnaval.

En France, la tradition de la « fête des fous » a disparu, mais on en trouve des traces dans des récits comme celui de Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris. Les origines de cette fête sont bien antérieures puisqu’on les fait remonter aux Saturnales de l’époque romaine (rythmées par le calendrier julien).

Le matin du 28 décembre, en Carinthie et en Styrie (Autriche), les enfants (de moins de 12 ans) vont traditionnellement de maison en maison en souhaitant santé et bonheur pour le Nouvel An en chantant « Schapp, schapp, frisch und g'sund, s'ganze Jahr gsund bleibn, nit klunzn nit klagn, bis i wieder kumm schlagn. » ["Snap, snap, frais et en bonne santé, restez en bonne santé toute l'année sans vous plaindre jusqu'à ce que je revienne frapper à la porte."] En échange, ils reçoivent des bonbons ou quelques sous. Ils doivent toutefois être de retour chez eux avant midi, sous peine d’être tués nous dit cette très ancienne coutume qui s’est perdue dans le reste du monde germanique. En Carinthie, elle est connue sous le nom de Schappen et en Styrie de Frisch & Gsund. Autrefois, la tradition voulait que les enfants frappent symboliquement avec une petite branche les adultes des maisons visitées. L’Église a fait de cette tradition une punition symbolique des adultes pour le massacre ordonné par Hérode. La tradition païenne, les enfants participaient, sans le savoir, à une magie favorisant la fertilité.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 décembre 2022

 
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20 janvier : hommage à un militaire devenu une icône gay

Les villes de San Sebastian (Pays basque espagnol) et de Rio de Janeiro fêtent leur saint patron, saint Sébastien, un militaire romain, canonisé, puis devenu sous le pinceau des artistes une référence plus ou moins cachée à l’homosexualité. Saint Sébastien est aujourd’hui une icône gay.

 

La ville de San Sebastian (Pays basque espagnol) résonne du bruit des tambours et vit au rythme des défilés en costume d’époque napoléonienne depuis hier au soir. C’est la Tamborrada, en ce jour de fête de son saint patron, elle commémore les années d’occupation par les armées françaises, de 1808 à 1812. Une partie des défilés se fait au son des tambours (d’où le nom de la fête) et en costume militaire napoléonien. Depuis 1836, la Saint-Sébastien est l’occasion d’un véritable carnaval bien ordonné qui débute à minuit le 19 janvier sur la place de la Constitución de Saint-Sébastien avec lever du drapeau de la ville. Durant toute la journée du 20 janvier, et principalement jusqu’à midi, toutes les Tamborradas vont défiler à travers les innombrables rues et ruelles de la ville, pour y interpréter les airs officiels. Le soir, à minuit précise, la clôture de ces 24 heures de Tamborrada est officiellement déclarée avec l’interprétation, toujours sur cette même place, de la sociedad La Unión Artesana. Évidement la journée du 20 janvier est férié localement. Elle l’est aussi à Rio de Janeiro (appelée à l’origine São Sebastião de Rio de Janeiro) dont Sébastien est le saint patron.

Soldat romain, né à Narbonne, Sébastien était commandant de la garde prétorienne l’empereur Dioclétien, secrètement chrétien et exécuté pour cela. Généralement représenté attaché à un arbre et transpercé de flèches puisque tel fut son martyr, son corps fut enseveli dans les catacombes romaines qui portent aujourd’hui son nom puis transféré dans l’église Saint-Médard de Soissons où l’Ordre de Saint-Sébastien veille sur ses reliques. Il serait mort à Rome le 20 janvier 288.

Souvent utilisé par les peintres comme une référence cachée ou ouverte à l’homosexualité, saint Sébastien est aujourd’hui une icône gay. Dès le XIIIe siècle, on commence à le peindre sous la forme d’un jeune homme d’une grande beauté à la pose langoureuse. Le beau soldat dans la force de l’âge devient au fil des siècles un bel éphèbe alangui. Il le restera jusqu’à nos jours dans toute l’histoire de la peinture et de la photographie.

De nombreux écrivains comme Oscar Wilde, Gabriele D’Annunzio, Marcel Proust ou Yukio Mishima se sont emparé de la thématique. C’est ce dernier qui est le plus explicite, l’écrivain japonais raconte sa découverte à l’âge de douze ans d’une reproduction du Saint Sébastien de de Guido Reni : « Mes mains, tout à fait inconsciemment, commencèrent un geste qu’on ne leur avait jamais enseigné. Je sentis un je ne sais quoi secret et radieux bondir rapidement à l’attaque, venu d’au-dedans de moi. Soudain la chose jaillit, apportant un enivrement aveuglant. (…) Ce fut ma première éjaculation. Ce fut aussi le début, maladroit et nullement prémédité, de mes « mauvaises habitudes ». Confession d’un Masque, Yukio Mishima, 1949

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
Saint Sébastien par Guido Reni (1615)

Saint Sébastien par Guido Reni (1615)

Le défilé des enfants (vers midi), le jour de la Tamborrada de Saint-SébastienPour nous aider à faire vivre l’Almanach BiblioMonde, pensez à un petit don de temps en temps, vous pouvez le faire sur Tipeee

Le défilé des enfants (vers midi), le jour de la Tamborrada de Saint-Sébastien

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Bruno Teissier Bruno Teissier

22 décembre : la loterie de Noël des Espagnols

Si vous êtes en Espagne, vous pouvez tenter votre chance à la traditionnelle loterie de Noël, sans doute la plus grand loterie du monde. Le premier prix est de 4 millions d’euros…

 

Si vous êtes en Espagne, vous pouvez tenter votre chance à la traditionnelle loterie de Noël. Le premier prix est de 4 millions d’euros, mais les chances de gagner sont limitées car vous serez sans doute plus de 20 millions à avoir acheté un billet. Ce serait aujourd'hui la plus grande loterie du monde. Presque toutes les familles espagnoles participent à cet événement national. Le billet coûte 200 euros, mais on peut acheter un dixième de billet. Le premier prix est de 4000 000 d’euros. Le tirage 2019 distribuera 2,38 milliards d'euros.

On raconte que cette tradition remonterait au règne de Carlos III, lorsqu’un premier tirage a été organisé, en 1763, pour récolter des fonds pour les hôpitaux et les œuvres caritatives. La Lotería est une institution depuis 1812, elle a été créée pour renflouer les caisse de l’État, mais le tirage de Noël (El Gordo de Navidad) n’existe que depuis 1892. Et il n’a jamais cessé, même pendant la guerre civile. Toutefois, en 1938, deux tombolas ont eu lieu : une républicaine, à Barcelone; et un autre, pour camp fasciste, à Burgos.

Depuis 2011, le tirage se déroule au Teatro Real de Madrid, il est effectué par des élèves du Colegio de San Ildefonso (une école fondée en 1543 qui accueille des orphelins) et il est diffusé en direct à la télévision. Le résultat est publié sur internet 45 minutes plus tard, vers 22.00.

Un site pour savoir si vous avez gagné : www.laloterianavidad.com/buscar-numeros/

Pour en savoir plus

 
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Bruno Teissier Bruno Teissier

2 janvier : Grenade célèbre sa propre conquête

En Espagne, la municipalité de Grenade commémore la prise de la ville par les souverains d’Aragon et de Castille, une conquête qui a abouti à l’expulsion d’une partie de ses habitants et l’éradication de leur culture.

 

En Espagne, la municipalité de Grenade commémore la prise de la ville par les souverains d’Aragon et de Castille, une conquête qui a abouti à l’expulsion d’une partie de ses habitants et l’éradication de leur culture.

Cette cérémonie controversée commence chaque année par un dépôt de gerbes sur les tombes de Ferdinand d’Aragon et d’Isabelle de Castille qui reposent dans la Chapelle royale. La ville de Grenade, assiégée depuis le 9 juin 1491, n’a pas été prise par les armes, mais livrée aux Espagnols par le dernier émir de Grenade, Boabdil. Celui-ci, après négociations, a quitté la ville le 2 janvier 1492 contre l’engagement des futurs Rois catholiques de respecter les différents cultes. Cette promesse ne fut jamais tenue, puisque dans les semaines qui ont suivi les musulmans et les juifs n’ont eu d’autres choix que la conversion ou l’exil. S’en était fini de l’Espagne des trois religions évoquée jusque-là par Ferdinand II lui-même, l’Inquisition allait désormais avoir le champ libre. Depuis 2009, la municipalité invite des musulmans, habillés en costume d’époque, à se joindre au cortège, mais ce symbole n’a pas convaincu les associations espagnoles qui militent pour le rapprochement des trois cultures. La cérémonie se termine Plaza del Carmen, vers 13 heures. Des policiers anti-émeutes séparent les militants de l’extrême droite espagnole qui ont fait de cette date l’un de leurs rendez-vous annuels, du reste de la foule qui écoute le plus jeune conseiller municipal crier trois fois « Grenade ! », au son de l’hymne national. La victoire électorale récente de Vox, mouvement d’extreme droite, entré pour a première fois fin 2018 au Parlement Andalou, ne fait qu’exacerber les passions.

Les détracteurs de cette fête régionale sont chaque année plus nombreux. Ils parlent d’un hommage rendu aux bourreaux et de l’oubli des victimes. Cette « Journée de la ville de Grenade » se termine néanmoins par un Festival des cultures où l’accent est mis sur la tolérance. À la suite du rétablissement de la liberté de culte, en…1978, Grenade avait été, cette année-là, la première ville d’Espagne à inaugurer officiellement une mosquée.

 
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