L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
21 janvier : le Québec fête son drapeau, le Fleurdelisé
Le 21 janvier 1948, le drapeau du Québec, une croix blanche sur fond bleu assorti de quatre fleurs de lys, a été hissé pour la première fois sur la tour centrale de l'hôtel du Parlement.
Le gouvernement du Québec invite les Québécoises et les Québécois à célébrer ce mardi 21 janvier le 77e anniversaire de la levée du drapeau du Québec, le Fleurdelisé, un symbole qui évoque le caractère culturellement distinct de la nation québécoise par rapport au reste du Canada. En effet, c’est le 21 janvier 1948 que le drapeau du Québec, une croix blanche sur fond bleu assorti de quatre fleurs de lys, a été hissé pour la première fois sur la tour centrale de l'hôtel du Parlement.
Il venait remplacer le Red Ensign, le pavillon bleu, impopulaire car il arborait l'Union Jack sur un quart de son fond beu roi. Jusque-là, le Québec n’avait pas de drapeau très défini hormis cette bannière, imposée en 1868, rappelant la domination anglaise. Auparavant, les drapeaux utilisés étaient soit le Tricolore français soit la croix blanche sur le fond beu roi. Le lys héraldique, symbole des rois de France, décliné en différentes couleurs selon les régions, s'est aussi imposé comme symbole des Français d'Amérique puis de la francophonie nord-américaine. Et c’est bien un hasard du calendrier si les Québécois célèbrent leur drapeau à fleurs de lys le jour anniversaire de la mise à mort du roi Louis XVI.
C’est René Chaloult, un homme politique nationaliste, qui siégeait alors comme député indépendant à l'Assemblée législative du Québec, qui proposa en 1947 de créer un nouveau drapeau provincial pour remplacer le Red Ensign. On discuta sur plusieurs options. Finalement, on opta pour une version un peu modifiée d’une bannière qui aurait été brandie par la milice canadienne-française à la bataille de Carillon en 1758.
C’est le 9 mars 1950 que le Parlement du Québec a adopté la loi régissant l'utilisation du drapeau. La dernière version de cette loi a été adoptée en 2002. Quant au Jour du Drapeau, le 21 janvier, il a été instauré officiellement par décret en 1998, lors des célébrations du 50e anniversaire du drapeau du Québec. Cette journée a été entérinée en 1999 par la Loi sur le drapeau et les emblèmes du Québec. Cette loi établit en même temps les autres symboles officiels du Québec, ses armoiries comme emblème de l'État, le bouleau jaune comme arbre emblématique, l'iris versicolore comme emblème floral et le harfang des neiges comme oiseau symbole du Québec.
Il existe un autre drapeau québécois, vert-blanc-rouge en bandes horizontale, le drapeau dit “des patriotes” ou “tricolore bas-canadien” créé au XIXe siècle qui est toujours utilisé lors de la Journée nationale des patriotes mais aussi brandi lors de manifestations d’extrême droite, antivax ou pro-Trump.
Quant au Canada, c’est le 15 février qu’il fête son drapeau à la feuille d’érable, adopté en 1965 seulement.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 janvier 2025
17 janvier : il y a 80 ans Raoul Wallenberg disparaissait au Goulag
Cette Journée Raoul Wallenberg a été instituée par le gouvernement du Canada pour rendre hommage, chaque 17 janvier, au diplomate suédois qui a sauvé la vie de dizaines de milliers de Juifs hongrois. De son côté, le Conseil de l’Europe a créé un prix décerné autour du 17 janvier pour perpétuer sa mémoire.
Une Journée Raoul Wallenberg a été instituée par le gouvernement du Canada pour rendre hommage, chaque 17 janvier, au diplomate suédois qui a sauvé la vie de dizaines de milliers de Juifs hongrois. De son côté, le Conseil de l’Europe a créé un prix décerné autour du 17 janvier pour perpétuer sa mémoire.
Avant son arrivée à la légation suédoise de Budapest à la mi-juillet 1944, quelque 430 000 Hongrois juifs avaient été déjà déportés vers Auschwitz. Sans aucune aide de la communauté internationale, Raoul Wallenberg parviendra à en sauver environ 100 000 juifs en six mois par des astuces et des coups de bluff, profitant de son statut de diplomate d’un pays neutre. Il a fourni des « passeports de protection » (Schutzpasses) à plus de 4 000 personnes juives. Il a aménagé des hôpitaux et des garderies, il mettra en place des soupes populaires et plus de 30 maisons protégées par l’ambassade suédoise où les juifs hongrois pouvaient se cacher. Quand des milliers de personnes juives seront contraintes à entreprendre la marche de la mort en novembre 1944, R. Wallenberg interviendra personnellement et à plusieurs occasions afin de sauver autant de personnes qu’il le pourra. Alors que les nazis avançaient vers Budapest et menaçaient de faire exploser le ghetto de la ville et de liquider les Juifs restants, il avertit les généraux nazis qu'ils seraient tenus responsables et traduits en justice, voire exécutés, pour leurs crimes de guerre et leurs crimes contre l'humanité.
Quand les Soviétiques ont libéré Budapest, Raoul Wallemberg a été arrêté et envoyé au Goulag, on ignore la date de son décès. Mais on connaît la date de son arrestation par les Russes : le 17 janvier 1945, qui est aussi celle de la disparition du diplomate suédois. Ni l’URSS ni plus tard la Russie n’ont accepté de donner la moindre information sur le sort de ce héros de la Seconde Guerre mondiale.
En 1985, Raoul Wallenberg s'est vu accorder le titre de citoyen d'honneur du Canada. En 2000, une loi a été votée prévoyant que dans l'ensemble du Canada, le 17 janvier de chaque année est désigné comme la « Journée Raoul Wallenberg ». Chaque 17 janvier les autorités canadiennes invitent toute la population à réfléchir sur la bravoure, la bienveillance et la compassion dont a fait preuve Raoul Wallenberg ainsi qu’à réitérer l’engagement des Canadiens à bâtir un pays encore plus fort et plus inclusif.
À l'initiative du Gouvernement suédois et du Parlement hongrois, le Conseil de l'Europe a créé le Prix Raoul Wallenberg, afin de perpétuer la mémoire des accomplissements hors du commun de ce diplomate suédois. Il est décerné depuis 2014, autour du 17 janvier, et récompense tous les deux ans les accomplissements humanitaires exceptionnels d'une personne, d'un groupe de personnes ou d'une organisation. En 2024, il a été décerné à Neva Tölle, une militante croate œuvrant pour la protection des femmes contre la violence domestique. Antérieurement, le prix Raoul Wallenberg avait récompensé les réalisations d’Elmas Arus (2014), une jeune réalisatrice rom de Turquie ; l’association grecque Agalià (2016), œuvrant sur l’île de Lesbos ; le Centre européen pour les droits des Roms basé à Budapest (2018) ; une pédiatre syrienne, Amani Ballour (2020) ; et Vincent Raj Arokiasamy (2022), un défenseur de la population défavorisée des « intouchables » en Inde.
Raoul Wallenberg a aussi été fait citoyen honoraire des États-Unis (qui lui dédie une journée, le 5 octobre), de l’Australie, de la Hongrie et bien sûr d’Israël. En revanche, la Suède qui n’a jamais été très à l’aise avec la Shoah, a longtemps été très discrète sur le sort subi par son diplomate. Elle a attendu 2001 pour reconnaître ses manquements, le gouvernement suédois avait alors présenté des excuses publiques à la famille de Wallenberg. En 2012, l’année où il aurait dû célébrer son 100e anniversaire, la Suède a organisé une année de commémoration en sa mémoire. Désormais, elle se souvient de son héros chaque 27 août, journée nationale de l'égalité des droits et du courage civique.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 janvier 2025
timbre poste canadien de 1,85 dollar émis en janvier 2013
13 décembre : le Jour du Souvenir acadien
Les Acadiens commémorent une opération de nettoyage ethnique qui a eu lieu au milieu du XVIIIe siècle au Canada, connue sous le nom de Grand Dérangement. La date du 13 décembre est celle d’un terrible naufrage qui a englouti des centaines d’Acadiens déportés par les Anglais.
Français et Anglais se sont affrontés pour le contrôle de ce qui est devenu le Canada. Les Anglais qui ont remporté la seconde guerre intercoloniale, vont chercher à angliciser leurs conquêtes, en particulier l’Acadie dont une grande partie des habitants français a refusé de prêter allégeance au roi d’Angleterre. Ils seront donc évincés de leur région (qui correspond aux provinces maritimes du Canada actuel, renvoyés brutalement en Europe ou chassés vers le Québec. Cette opération de nettoyage ethnique, qui a eu lieu au milieu du XVIIIe siècle, est connue sous le nom de Grand Dérangement.
Les descendants Acadiens, vivant toujours en Amérique du Nord, célèbrent cette mémoire chaque 15 août mais récemment, en 2004, ils ont rajouté une date désignée comme le Jour du Souvenir acadien qui est célébré chaque année le 13 décembre. Il a été institué pour rendre hommage à plus de 3 000 Acadiens qui ont été déportés de l'Île-du-Prince-Édouard en 1758, ainsi qu'aux autres victimes du Grand Dérangement.
La date du 13 décembre est celle du naufrage du Duke William, en 1758, faisant 362 victimes. Ce fut le pire de trois naufrages survenus dans l’espace de cinq jours, provoquant la mort de plus de 850 Acadiens. À ces décès, s’ajoutent ceux qui n’ont pas survécu à la pénible traversée de l’Atlantique des îles Royale et Saint-Jean vers l’Europe. Ce 13-Décembre n’oublie pas non plus ceux qui sont morts au Québec durant l’hiver 1757-1758, sont décédés de faim et de misère, surtout durant la grande disette sur la rivière Miramichi… Un hommage est rendu à toutes les victimes de la déportation du peuple Acadien (environ 11500 personnes) qui a débuté en 1755 pour laisser place à un repeuplement britannique des provinces orientales de la colonie anglaise : la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et l'île-du-Prince-Édouard.
Le Jour du souvenir acadien est marqué à l’Île-du-Prince-Édouard par une cérémonie qui se déroule, cette année pour la vingtième fois, autour du Monument de l’Odyssée acadienne, inauguré le 13 décembre 2008, année où on marquait le 250e anniversaire de la déportation de l’île Saint-Jean, qui a été si meurtrière. Il existe près d’une vingtaine de monuments sont déjà érigés à la mémoire des Acadiens déportés, dont cinq au Nouveau-Brunswick, trois en Nouvelle-Écosse, un à l'Île-du-Prince-Édouard, un à Terre-Neuve-et-Labrador, quatre au Québec, un en Louisiane et un à Miquelon (France).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 décembre 2024
Le drapeau acadien (photo Rémi Jouan)
11 décembre : le jour où le Canada est devenu presque indépendant
Chaque 11 décembre, du lever du soleil, les bâtiments officiels du Canada hissent le drapeau britannique. C’est l’anniversaire de l’entrée en vigueur du Statut de Westminster, adopté par le Parlement britannique en 1931, qui accorde au Canada une quasi indépendance.
Chaque 11 décembre, du lever du soleil, les bâtiments officiels du Canada hissent le drapeau britannique, sans pour autant retirer le drapeau à la feuille d’érable. Cela concerne les immeubles fédéraux, les aéroports, les bases militaires et autres établissements fédéraux… tous se doivent d’arborer l’Union Jack, en même temps que le drapeau national, pour rendre hommage à une loi britannique votée en 1931.
Le 11 décembre est l’anniversaire de l’entrée en vigueur du Statut de Westminster adopté par le Parlement britannique. Ce jour-là, les dominions autonomes de l'Empire britannique, dont le Canada, sont devenus des nations quasi souveraines à part entière. Cette date fait un peu figure, pour le Canada, de l’obtention de l’indépendance. Enfin, presque, car la rupture de 1931 est loin d’être totale puisque le roi d’Angleterre demeure celui du Canada. L’indépendance ne sera que graduelle. Par exemple, jusqu’en 1949, c’est le comité judiciaire du Conseil privé, un organisme britannique, qui reste la dernière cour d’appel pour les Canadiens. Ce pouvoir sera ensuite transféré à la Cour suprême du Canada. Autre exemple, le Parlement britannique conserve le pouvoir de modifier la Constitution du Canada, jusqu’en 1982, année de son rapatriement outre Atlantique… En revanche, sur la scène internationale, le Canada n’avait pas attendu le statut de Westminster pour agir sans en référer à Londres. Dès 1923, il signait un accord de pêches avec les États-Unis. En 1926, un premier ambassadeur canadien prenait son poste à Washington…
La Confédération canadienne a été fondée en 1867 et a acquis le statut de nation à la bataille de la Crête de Vimy, le 9 avril 1917. Il lui restait d’obtenir la reconnaissance de son autonomie, à la fois sur les scènes nationale et internationale.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 décembre 2024
30 octobre : la Mischief Night, nuit de chahut aux États-Unis
Ce soir dans le monde anglo-saxon, principalement aux États-Unis, c’est la Mischief Night (la nuit des méfaits), propice aux farces d’enfants et d’adolescents. Appelée aussi Devil’s Night (la nuit du diable), elle occasionne souvent des violents dérapages.
Ce soir dans le monde anglo-saxon, principalement aux États-Unis, c’est la Mischief Night (la nuit des méfaits), propice aux farces d’enfants et d’adolescents. Appelée aussi Devil’s Night (la nuit du diable), elle occasionne souvent des violents dérapages. Mais, le plus souvent, le chahut consiste à lancer des œufs sur les voitures ou de la farine sur les passants ou encore de décorer arbres et jardins avec du papier toilette… Les épiceries locales refusent souvent de vendre des œufs aux enfants et aux adolescents au moment d'Halloween pour cette raison.
Aux États-Unis, la tradition de la Mischief Night est liée à Halloween, les journaux américains ont commencé à en parler dans les années 1930 et 1940. On dit que la coutume serait née de la Grande Dépression – le mardi noir (le 29 octobre 1929) ayant eu lieu juste avant Halloween – et que la menace de guerre aurait encouragé à la fois la tendance au vandalisme et le désir d'une tradition moins contrôlée que la fête du 31 octobre. C’est à Detroit, au début des années 1980, que les choses ont pris une tournure vraiment violente. En 1984, il y a eu plus de 800 incendies déclarés au cours des trois jours précédant Halloween et, en 1986, un couvre-feu a été imposé à toute personne de moins de 18 ans. À la fin des années 1980, la ville a commencé à recruter des bénévoles pour aider à prévenir les incendies d'Halloween. À la Nouvelle-Orléans, où la tradition carnavalesque est séculaire, on mélange également réjouissances et violence aveugle, les défilés Mischief Night font intervenir des chars et des costumes thématiques. Les participants s’adonnent volontiers au vandalisme et à des incendies ciblés.
En Ontario, la soirée du 30 octobre est appelée Cabbage Night (Nuit de Chou) faisait référence à la coutume de piller les jardins locaux à la recherche des restes de choux pourris et de les jeter pour semer le désordre dans le quartier. Dans certaines régions des États-Unis, également communément connue sous le nom de Mat night (Nuit du chou). Au Québec, dans les quartiers anglophones, s’est développée une tradition de vol de paillassons lors de la Nuit du Diable.
Le Royaume-Uni, connaît une tradition semblable, mais généralement, le 4 novembre, veille du Guy Fawkes Day, même si le 30 octobre n’est pas oublié, notamment dans la région de Liverpool où la police est sur les dents, dans certains quartiers, ce jour-là. Au Pays de Galles, la nuit des méfaits est appelée Noson Ddrygioni et en Écosse, Oidhche nan Cleas.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 octobre 2024
Photo : Philip Schatz / Flickr
18 octobre : il y a 95 ans les Canadiennes devenaient des « personnes »
Le 18 octobre 1929, la plus haute cour d'appel du Canada reconnaissait que les femmes était bien des personnes au sens de la loi et leur accordait le droit d'être nommées au Sénat… L’anniversaire de cette décision est célébré chaque année.
Le 18 octobre, au Canada, c’est la Journée de l’affaire « personne ».
On remet aujourd’hui à Ottawa, le Prix du Gouverneur général à cinq femmes de nationalité canadienne, âgées de plus de 30 ans (il existe aussi un Prix jeunesse pour les 15 à 30 ans), ayant, par leur détermination et leur courage fait faire des progrès importants en matière d’égalité des sexes dans leur lieu de vie, de travail. Ce prix a été institué en 1979 à l’occasion du cinquantenaire de l’affaire « Personne », un combat qui a véritablement changé le cours de l’histoire des femmes au Canada.
C’est le refus, par trois premiers ministres successifs, de voir une femme accéder au Sénat sous prétexte que les femmes ne sont pas des « personnes ayant les qualités requises » au sens de la constitution du Canada qui est à l’origine de cette révolution. Il faudra la détermination de la principale intéressée, Emily Murphy, et de quatre soutiens influents : Henrietta Muir Edwards, louise McKinney, Nellie McLung et Irene Parlby pour obtenir gain de cause devant le plus haut tribunal de l’Empire britannique, en 1929, après huit années de lutte acharnée.
Tout a commencé en Alberta, où la décision d’une juge était contestée par un avocat. Les autorités de l’Alberta ont confirmé la juge dans ses fonctions. Les cinq femmes citées plus haut ont alors exhorté la Cour suprême du Canada à donner suite au précédent établi en Alberta. Le 24 avril 1928, la Cour rend une décision contraire à celle de la province, établissant que les femmes ne sont pas des personnes au sens juridique. Tenaces, les cinq femmes portent leur cas directement devant le Conseil privé britannique, outrepassant ainsi les pouvoirs juridiques canadiens. La Grande Bretagne infirmera la décision du Canada le 18 octobre 1929, affirmant, une fois pour toutes, que les femmes sont bien des personnes au sens de la loi.
Ce jour-là, en effet, le plus haut tribunal d’appel du Canada a rendu une décision historique : les femmes seraient incluses dans la définition du mot « personne » au sens de la loi. C’est ainsi que les femmes ont obtenu le droit de siéger au Sénat, ce qui a mené à une participation féminine grandissante à la vie publique et politique.
L’action de ces cinq pionnières ( les “Célèbres cinq”, Famous Five) ouvrira la voie à la participation des femmes à tous les aspects de la vie publique au Canada, sur un pied d’égalité avec les hommes. Cela dit, si Emily Murphy fut une pionnière des droits politiques des citoyennes anglaises du Canada, elle a toujours milité pour que les femmes autochtones (celles des premières nations) et les immigrantes en soit excluent. Ce qui lui vaut aujourd’hui, à juste titre, d’être traitée de raciste et de voir ses statues vandalisées. Elle avait, entre autres, appuyé publiquement des politiques eugénistes, dont celles menant à l’adoption, en 1928, de la loi sur la stérilisation sexuelle, qui permettait à des médecins de stériliser sans leur consentement des personnes considérées comme déficientes mentales. En vigueur jusqu’en 1972, cette loi a été dirigée de manière disproportionnée contre les femmes autochtones et celles de classes pauvres.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 octobre 2024
24 juin : la Saint-Jean, fête nationale du Québec
C’est en 1977 que la Saint-Jean-Baptiste est devenue officiellement la fête nationale du Québec et un jour férié. Au fil des ans, elle est devenue la fête de tous les Québecois et non plus seulement celle des Canadiens d’origine française, catholiques de surcroît.
On a coutume de se souhaiter « bonne Saint-Jean ! » en ce jour de fête nationale qui trouve son origine, comme dans beaucoup de pays de tradition catholique, dans les traditionnelles fêtes de la Saint-Jean.
Si toute la province est en fête, c’est à Québec (ville) que se déroule d’ordinaire la plus grande manifestation, sur les plaines d’Abraham qui peuvent accueillir jusqu’à 200 000 personnes. La fête mêle, comme toujours au Québec, discours patriotiques, chants en français , concerts musicaux, défilés et, bien sûr, feux de joie. Traditionnellement, ces rassemblements festifs se produisent sur les plaines d’Abraham à Québec ou au Quartier des spectacles à Montréal.
C’est en 1977, sous le gouvernement souverainiste du Parti québecois, que la Saint-Jean-Baptiste devient officiellement fête nationale du Québec et jour férié, et en 1984 que son organisation est confiée au Mouvement national des Québecoises et des Québecois. Au fil des ans, elle est devenue la fête de tous les Québecois et non plus seulement celle des Canadiens d’origine française, catholiques de surcroît.
En fait la fête remonte beaucoup plus loin, au point qu’en 2024, on fête son 180e anniversaire. Saint Jean Baptiste est, par ailleurs, le patron des Français du Canada. Au Québec, la Saint-Jean-Baptiste prend une nouvelle signification en 1834. Cette année-là, un grand banquet patriotique s’organise, avec pour objectif de donner aux Canadiens français une fête nationale annuelle. Le député Louis-Hippolyte Lafontaine, le futur avocat et premier ministre George-Étienne Cartier et le maire de Montréal Jacques Viger sont des festivités. Dans les années qui suivent, la population commence à souligner la Saint-Jean-Baptiste. La Rébellion des Patriotes, de 1837 à 1839, interrompt les célébrations de la Saint-Jean pendant cinq ans. Mais les Québécois ont toujours le cœur à la fête ! En 1842, on organise le premier défilé de la Saint-Jean-Baptiste, à Montréal. La coutume continue de s’ancrer dans les mœurs, et dans les années 1950, les fêtes de la Saint-Jean se multiplient dans les villes, les villages et les quartiers. Dans les années 1960 et 1970, la Saint-Jean-Baptiste perd son caractère religieux. En 1977, donc, le gouvernement de René Lévesque la proclame fête nationale du Québec, un jour chômé et férié.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 juin 2024
20 mai : la Journée des patriotes au Québec, pour éviter de fêter la Monarchie
Cette journée commémore les événements de 1837-1838 qui virent les Québecois s’insurger contre l’occupant anglais pour la reconnaissance de leur peuple et la démocratie. Ce même jour, dans le reste du Canada, c’est la « fête de la Reine », même si le monarque est aujourd’hui un roi.
Le Québec est en effervescence, drapeaux de la province bien en évidence sur les bâtiments officiels et dans les rues, ambiance de fête empreinte de solennité, la journée est un mélange de grande fête populaire et de cérémonie du souvenir : défilés en tenue d’époque, reconstitutions de scène de bataille, repas champêtres, conférences, expositions… Cette Journée des patriotes commémore les événements de 1837-1838 qui virent les Québécois s’insurger face à l’occupant anglais pour la reconnaissance de leur peuple et la démocratie. Autrefois, cette journée était célébrée en novembre car la rébellion avait débuté en novembre 1837. Mais, en 2003, il a fallu remplacer la fête de Dollard des Ormeaux, un héros aujourd’hui controversé de la lutte pour l’indépendance de la Nouvelle France. Or, cette journée étant fériée dans l’ensemble du Canada, il fallait lui trouver une thématique proprement québécoise faute de quoi, c’est le monarque qui est aujourd’hui célébré. On le sait, les Québécois n’aiment guère la monarchie britannique.
En effet, la Journée des patriotes a été placée ce jour-là pour concurrencer une autre fête, toujours d’actualité dans l’ensemble du Canada : la Fête de la reine ou Victoria Day. À l’origine, c’était l’anniversaire de la reine Victoria (née le 24 mai 1819). Aujourd’hui, le souverain du Canada est Charles III, mais la journée a conservé son appellation de Fête de la Reine. À cette occasion, l’Union Jack (drapeau du Royaume-Uni) flotte aux côtés du drapeau national canadien toute la journée.
Cela dit, pour beaucoup de Canadiens, cette journée instaurée en 1953, représente avant tout un jour férié et chômé qui permet, chaque année, un week-end de trois jours puisqu’il tombe toujours un lundi ! Pour beaucoup, c’est le premier congé de l’année, il arrive au moment où les températures commencent à se radoucir. Certes, pour les catholiques, ce 20 mai est aussi le lundi de Pentecôte mais il n’est pas férié au Canada.
Le drapeau des patriotes du Canada des années 1837-1838 (vert-blanc-rouge) est encore régulièrement brandi lors de la fête nationale du Québec, le 24 juin, et bien sûr pour la Journée des patriotes, au mois de mai.
En Ontario, où on célèbre officiellement Victoria Day, les Franco-Ontariens continuent toutefois de parler de cette journée comme de la fête de fête de Dollard.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 mai 2024
Le drapeau des patriotes du Canada des années 1837-1838
1er juillet : les québécois déménagent le jour de la fête du Canada
C’est la journée où beaucoup de locataires québécois déménagent. On estime que 200 à 250 000 familles changent de domicile le même jour, le phénomène est unique au monde. La raison est qu'au Québec les baux expirent généralement le 30 juin…
Le 1er juillet est la journée où beaucoup de locataires québécois déménagent. On estime que 200 à 250 000 familles changent de domicile le même jour, le phénomène est unique au monde. La raison est qu'au Québec les baux expirent généralement le 30 juin. Les autres Canadiens y voient un pied de nez au reste du pays qui célèbre la fête nationale chaque 1er juillet. Car longtemps, c’était le 1er mai que l’on déménageait. La loi a changé en 1974 pour repousser d’un mois la fin des baux.
À Montréal, les autorités municipales estiment que dix pour cent des ménages déménageront cette semaine. À l'approche du 1er juillet, de nombreux Québécois consultent frénétiquement les petites annonces dans l'espoir de pouvoir y dénicher leur prochain domicile. Des produits électroniques en fin de vie utile, des vêtements usagés, des jouets ou de la vaisselle, peuvent être déposés sur les trottoirs. Tous les ans, plus de 60 000 tonnes d’articles usagés à Montréal sont abandonnées dans la rue et ne sont pas réutilisées ou recyclés.
Le phénomène est particulièrement important dans les grandes villes comme Québec ou Montréal où le nombre de locataires dépasse les 50 %. Dans ces villes, il est presque impossible de circuler en ville tant les rues sont remplies de déménageurs ce jour-là. Cette tradition du Moving Day est vivace. Cela permet notamment d’éviter le déménagement au milieu de l’année scolaire.
Ce jour est aussi la fête du Canada, laquelle célèbre la promulgation de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique de 1867 qui a réuni trois colonies britanniques distinctes en un seul pays appelé Canada. Cette fête s'appelait à l'origine la fête du Dominion, mais elle a été rebaptisée en 1982, lorsque la Loi sur le Canada a été adoptée. La fête est, en principe, célébrée dans tout le pays, mais au Québec avec beaucoup moins d’enthousiasme qu’ailleurs.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
13 mars : la première Journée du Commonwealth présidée par le roi Charles
Cette journée marque également le dixième anniversaire de la signature de la Charte du Commonwealth, qui énonce les valeurs et les principes qui unissent les 56 pays du Commonwealth, représentant plus de 2,5 milliards de personnes, soit près d’un tiers de l'humanité.
C’est la première Journée du Commonwealth (Commonwealth Day) présidée par Charles III en tant que roi et chef du Commonwealth. Cette journée du 13 mars marque également le dixième anniversaire de la signature de la Charte du Commonwealth, qui énonce les valeurs et les principes qui unissent les 56 pays du Commonwealth, représentant plus de 2,5 milliards de personnes, soit près d’un tiers de l'Humanité. Le Commonwealth a été créé au milieu du XXe siècle pendant le processus de décolonisation. Il est formellement constitué par la Déclaration de Londres de 1949 qui fait des États membres des partenaires « libres et égaux ». Il s’agissait pour Londres de conserver des liens culturels et politiques avec ses anciennes colonies. Mais, en dépit de toute la symbolique de la journée, celui-ci demeure très tenu. Cette année 2023, le slogan de la journée est « Forging a sustainable and peaceful common future » (Forger un avenir commun durable et pacifique).
Comme chaque deuxième mardi de mars, depuis 1977, la journée est marquée par un service multiculturel et multiconfessionnel organisé à l'abbaye de Westminster qui met en vedette une procession de jeunes porte-drapeaux représentant chacune des 56 nations du Commonwealth, ainsi qu'une cérémonie de dépôt de gerbe à la Commonwealth Memorial Gates et un événement de levée de drapeau pour le drapeau du Commonwealth pour la paix. L'événement est diffusé en direct depuis l'abbaye de Westminster sur la BBC One à 14h15.
Le Commonwealth Day a succédé en 1958 à l’Empire Day fêté au Royaume-Uni à partir de 1902 et qui avait vocation à célébrer l’empire colonial britannique. Il était fêté le 24 mai, date de l’anniversaire de la reine Victoria (décédée l’année précédente). Au Belize, la Journée du Commonwealth est toujours célébrée le 24 mai. À Gibraltar, c’est un jour férié mais depuis 2022, il est célébré en février et non plus en mars.
En Australie, le jour du Commonwealth n'est pas observé comme un jour férié, bien que plusieurs jours fériés régionaux coïncident avec ce jour : la Journée de Canberra, la Fête du travail de l’État de Victoria, la Journée de la Coupe d'Adélaïde en Australie-Méridionale et la Journée de huit heures en Tasmanie. Au Canada, on se contente, ce jour-là, de faire flotter le drapeau du Royaume-uni aux côtés du drapeau national sur quelques bâtiments gouvernementaux. Dans de nombreux pays, cette journée est le début d'une semaine d'événements et d'activités, comprenant des rassemblements religieux et civiques, des débats, des assemblées scolaires, des cérémonies de levier du drapeau et des événements culturels.
En 2023, le Commonwealth comprend 56 membres, il a été rejoint par quelques pays n'ayant pas de relation historique avec le Royaume-Uni : le Mozambique en 1995, suivi en 2009 par le Rwanda. Le Gabon et le Togo ont adhéré au Commonwealth le 25 juin 2022.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
Le drapeau du Commonwealth flotte sur le toit du Foreign Office, le Jour du Commonwealth Day 2019. Il existe depuis 2013, une version de ce drapeau dite « de la paix » qui figure une colombe de la paix sur son coin droite, en bas.
2 février : le Jour de la marmotte
C’est un événement du folklore nord-américain célébré le jour de la Chandeleur et à vocation météorologique, mais qui est hérité des traditions européennes.
C’est un événement du folklore nord-américain célébré le jour de la Chandeleur. Ce jour-là, s’il n’y a pas trop de neige pour tout recouvrir, on observe les terriers des marmottes pour voir si celles-ci pointent leur nez. On raconte que si le temps est suffisant ensoleillé pour que la marmotte voie son ombre, celle-ci prendra peur et se réfugiera de nouveau au fond de son terrier. Alors l’hiver durera encore 6 semaines. En revanche, si le temps est nuageux, et donc plus doux, la marmotte sera tentée de s’aventurer hors de son trou. Dans ce cas, c’est signe que l’hiver finira vite.
Les Américains vont vous raconter que cette tradition est née en 1886 dans la petite ville de Punxsutawney, en Pennsylvanie, où le Jour de la marmotte (Groundhog Day) a été pour la première fois médiatisé. Il existe depuis cette date un club de ma marmotte très doué en communication. Si bien que chaque 2 février, toutes les chaînes de télévision américaines sont au rendez-vous pour filmer la réaction d’une marmotte apprivoisée, nommée Phil, à qui on a assigné le rôle de distraire les médias et amuser la foule. Chacun y va de son pronostic avant que la marmotte star ne s’exprime. Phil a prédit un long hiver 103 fois et un printemps précoce 18 fois… l’événement a été notamment médiatisé à partir de 1993 par le film de Harold Ramis Groundhog Day (Jour sans fin) avec Bill Murray. Ainsi, Punxsutawney attire chaque année pas moins de 40 à 50 000 visiteurs pour le Jour de la marmotte, devenue un événement touristique majeur à cette saison.
En réalité, cette coutume qui existe aussi en Alaska (où le 2 février est un jour férié depuis 2009) et au Canada, a été importée d’Europe. Le 2 février, le jour où les chrétiens fêtent la Présentation de Jésus au Temple, est à la mi-chemin entre le solstice d’hiver et l’équinoxe de printemps. Antérieurement au christianisme, les anciens avaient eux aussi des cultes antérieurs agraires ce jour-là. C’est l’époque de l’année où les paysans commencent à observer le ciel et se demandent à quel moment ils pourront effectuer leurs plantations, au printemps. Pour cela, ils ont toujours cherché des signes de la part des animaux qui hibernent, pas forcément la marmotte. Les Allemands observaient le comportement du hérisson. Dans les Pyrénées, c’est autour des ours qu’existent de nombreuses légendes. Si le temps est clair le 2 février, celui-ci retourne dans son antre pour encore 40 jours disait-on. En Lorraine, on observait la loutre ; ailleurs, le blaireau…
Il est vrai qu’en ce début de février, un anticyclone sur l’Arctique peut nous valoir un ciel dégagé associé à un air très froid venant du nord. À l’inverse une dépression peut nous valoir un temps nuageux amenant de l'air doux du sud ce qui peut faire penser à une fin précoce de cette saison. Mais cette alternative est valable pour l’Europe tempérée du nord, pas forcément pour l’Amérique où a été importée tradition météorologique, cultivée à grand renfort d’événements médiatiques. #GroundhogDay
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er février 2022
Phil de Punxsutawney - Photo Flickr - Anthony Quintano
21 janvier : le Canada rend hommage à Lincoln Alexander, son premier député noir
Élu dans l’Ontario, sous une étiquette de centre-droit, Lincoln Alexander a aussi été le premier Noir à devenir ministre fédéral du Canada
Né à Toronto, il y a exactement cent ans, le 21 janvier 1922, de parents immigrants de la Jamaïque et de Saint-Vincent-et-les Grenadines, Lincoln Alexander a connu l’injustice et les préjugés raciaux, mais ses combats politiques, au sein du Parti progressiste-conservateur, lui ont permis de devenir, en 1968, le premier Noir au Canada à être élu député à la Chambre des communes, où il siégera jusqu’en 1980. Il est aussi le premier Noir à être nommé ministre fédéral (ministre du Travail) et à servir comme président de la Commission des accidents du travail de l’Ontario, à devenir lieutenant-gouverneur de l’Ontario et à occuper le poste de chancelier de l’Université de Guelph durant cinq mandats, ce qui est sans précédent.
Lincoln MacCauley Alexander est mort en 2012. En 2013, la province de l'Ontario a proclamé le 21 janvier « Journée Lincoln Alexander » (Lincoln Alexander Day) pour honorer ses réalisations et ses contributions. Depuis 2015, cette journée est célébrée dans l’ensemble du Canada, mais ce n’est pas un jour férié. Cette année, 2022, pour son centenaire, une série de manifestations exceptionnelles sont programmées.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 janvier 2022
Détail d’un timbre canadien de 0,92 $, émis en 2018 pour rendre hommage à Lincoln Alexander
27 juin : la Journée du multiculturalisme au Canada
C’est en 2002 que le gouvernement a désigné le 27 juin comme la Journée canadienne du multiculturalisme, s’appuyant sur une orientation politique héritée des années 19870 et 1970.
Il y a 50 ans, en 1971, le Canada devenait le premier pays au monde à faire du multiculturalisme une politique nationale officielle, mais c’est en 2002 que le 27 juin a été désigné par le gouvernement comme la Journée canadienne du multiculturalisme, s’appuyant sur une orientation politique héritée des années 1970 et 1980 qui, pourtant, ne fait plus aujourd’hui l’unanimité.
Plus de 5 millions de foyers au Canada parlent une langue autre que l'anglais. Ces gens travaillent quelque part, possèdent des contacts et des réseaux, votent, magasinent, accompagnent leurs enfants à la pratique de hockey et au cours de danse – au même titre que les Canadiens anglophones ou francophones. Selon les autorités canadiennes : « La Journée canadienne du multiculturalisme nous donne l’occasion de célébrer notre diversité et notre engagement envers la démocratie, l’égalité et le respect mutuel ainsi que d’apprécier la contribution des différents groupes et communautés multiculturels à la société canadienne. »
On peut dire que le multiculturalisme, célébré aujourd’hui, n’est pas un vain mot au Canada. Ainsi, chaque année depuis plus de dix ans, le mois de février est consacré à l’histoire des Noirs et à l’apport de ces concitoyens, originaires d’Afrique, à la richesse du pays. En mai, c’est le mois du patrimoine asiatique et, là encore, c’est une façon de souligner l’importance et l’ancienneté de l’histoire commune de ces deux continents. 2010 fut l’Année des petits immigrants britanniques (de 1869 à la fin des années 40, plus de 100 000 enfants ont été amenés du Royaume-Uni au Canada). Le Prix Paul Yuzyk pour le multiculturalisme récompense chaque année des personnes ou des collectivités qui ont apporté des contributions exceptionnelles au multiculturalisme. La liste pourrait encore être longue tant cette idée est ancrée dans les mentalités et a fait de ce pays ce qu’il est aujourd’hui.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 juin 2021
11 juin : jour de mémoire au Canada pour les enfants autochtones enlevés à leur famille
Chaque année le 11 juin le Canada honore la mémoire des 150 000 enfants autochtones qui ont été enlevés de force de leur foyer pour être placés dans des pensionnats indiens à partir des années 1870 jusqu’au milieu des années 1990.
Chaque année, le 11 juin, le Canada honore la mémoire des 150 000 enfants autochtones qui ont été enlevés de force de leur foyer pour être placés dans des pensionnats indiens à partir des années 1870 et jusqu’au milieu des années 1990.
« Nos rêves comptent aussi », c’est le nom de la campagne que mène tous les ans, à cette même date, la Société de soutien à l’enfance et à la famille des premières nations du Canada (autrement dit des autochtones). Enfants et adultes sont incités à adresser au Premier ministre ou au député de leur circonscription une lettre réclamant l’équité culturelle pour les enfants des populations amérindiennes. D’autres organisent des marches de soutien à cette campagne.
Tout a commencé un 11 juin 2008 lorsque le Premier ministre Stephen Harper a pris la parole à la Chambre des communes afin de présenter des excuses aux autochtones pour le grave préjudice subi par certains d’entre eux, envoyés de force dans des pensionnats. En effet, dès le but du XXe siècle, le système retirait les jeunes enfants autochtones de leur famille et les envoyait dans des établissements, souvent éloignés de leur communauté, afin de les isoler de leur famille et de leur culture en vue de les forcer à s’assimiler à la culture dominante. Depuis, chaque année, le Canada célèbre le 11 juin au titre de la Journée nationale de réconciliation. Un jour férié est à l’étude a annoncé Justin Trudeau…
La découverte, le 28 mai 2021, des ossements de 215 enfants autochtone enfouis dans une fosse commune d’un ancien pensionnat pour autochtones à Kamloops (Colombie-Britannique), le plus grand qu’ait connu le Canada, a provoqué une onde de choc dans tout le pays. Mal nourris, mal chauffés, mal soignés : les enfants autochtones mouraient souvent de maladies, notamment de la tuberculose, ou en tentant de s'enfuir des pensionnats, mais les archives sont la plupart du temps incomplètes ou manquantes. Créé en 1890 et géré par l'Église catholique puis par le gouvernement fédéral, le pensionnat de Kamloops a fermé ses portes en 1978. D'autres pensionnats, environ 140 au total, ont perduré jusqu'en 1996, année de fermeture du dernier d’entre eux. Déjà en 2015, une commission nationale d’enquête avait qualifié ce système de « génocide culturel ».
Mise à jour : en 2021, cette journée a été déplacée au 30 septembre
11 janvier : le Canada célèbre Macdonald
La journée instaurée en 2001 est aujourd’hui très controversée. Chaque 11 janvier, les Canadiens sont appelé à se souvenir de John A. Macdonald (1815-1891) qui fut le premier chef du gouvernement d’un Canada indépendant et on découvert une histoire peu glorieuse…
La Journée Sir John A. Macdonald, instaurée en 2001, est aujourd’hui très controversée, même si on est bien loin du culte voué à George Washington dans le pays voisin. Chaque 11 janvier, les Canadiens sont appelés à se souvenir de John A. Macdonald (1815-1891) qui fut le premier chef du gouvernement d’un Canada indépendant, mais aussi à découvrir son histoire pas toujours très admirable, à tel point que sa statue qui trône sur la place du Canada à Montréal est régulièrement vandalisée. Celle de l’hôtel de ville de Victoria, en Colombie britannique a été récemment retirée.
On lui doit le chemin de fer qui traverse le Canada, mais on dénonce aussi sa politique d’appropriation des terres des terres des Premières Nations des grandes plaines canadiennes, au centre du pays. On reproche également au premier dirigeant du Canada moderne d’avoir mis sur pied les écoles résidentielles, sortes de pensionnats dans lesquels les enfants autochtones furent envoyés de force afin qu’ils acquièrent « les habitudes et les pratiques des Blancs », comme le formulait Macdonald. Cette politique (qui a duré jusqu’en 1996) a séparé de leur famille quelque 150 000 enfants autochtones à qui on interdisait de parler leur langue. Nombreux sont morts des mauvais traitements subits dans ces pensionnats publics. Aujourd’hui, on dénonce un véritable génocide culturel.
En dépit de révélations faites par des historiens à l’occasion de son bicentenaire, il y a six ans (il est né le 11 janvier 1815), John A. Macdonald demeure l’objet d’un culte officiel de plus en plus contesté.
John A. Macdonald est une figure familière des Canadiens, pendant des lustres, il a figuré sur les éditions successive des billets de 10 dollars. Depuis 2018, il a été remplacé par Viola Desmond, militante noire anti raciste.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 janvier 2021
21 juin : le solstice d'été (ou d'hiver)
À 17h54 (heure de Paris), c’est le solstice d’été pour l’hémisphère nord, la journée la plus longue de l’année. En revanche, pour l’hémisphère sud, c’est le début de l’hiver…
À 17h54 (heure de Paris), c’est le solstice d’été pour l’hémisphère nord, la journée la plus longue de l’année. En revanche, pour l’hémisphère sud, c’est le début de l’hiver. En raison d’approximation de calendrier, les anciens avait pris coutume de le fêter le 24 juin, jour d’une fête du feu et de la lumière que les chrétiens ont recyclé en fête religieuse en la dédiant à saint Jean-Baptiste (fêté le 24 juin). Cela dit, certains pays organisent de grandes cérémonies tout particulièrement aujourd’hui. Ainsi, en Suède, où l’Église catholique n’a pas eu la même emprise que plus au Sud, c’est une période de fête très populaire qui va s’étendre jusqu’au 29 juin. Pour la Midsommar, fête du milieu de l’été, la tradition veut que l’on danse autour de l’arbre de mai, symbole de fécondité après avoir bu de la bière froide aromatisée aux épices et de l’eau-de-vie (schnaps), indispensable au bon déroulement de la fête. En Finlande, la journée est fériée. Ceux qui ne sont pas partis à la campagne peuvent assister à les rites ancestraux, au musée de plein air de Seurasaari (Helsinki). Dans tout le pays, on allume des feux.
Ce n’est pas un hasard si, au Canada, le 21 juin a été désigné comme la Journée nationale des populations autochtones. Le solstice d’été est un moment important pour les Inuits, comme pour les autres premières nations, et il est apparu aux autorités comme le meilleur moment de l’année pour célébrer leur culture et leur patrimoine. Cette journée débute une série de fêtes canadiennes (21, 24, 27 juin et 1er juillet) qui s’insère dans la même tradition des festivités du cœur de l’été. C’est le même atavisme qui a fait choisir cette date comme fête nationale du Groënland. La grande île célèbre son nouveau statut acquis il y a 10 ans (le 21 juin 2009) : une autonomie élargie qui va lui permettre de gérer ses ressources naturelles. Un premier pas vers l’indépendance, même si la moitié des ressources provient toujours du Danemark.
À Stonehenge (grand monument circulaire mégalithique, au sud de l’Angleterre), c’est à une tout autre cérémonie que se livrent des milliers d’adeptes du New Age. Ces néo-païens viennent se recueillir sur ce site vieux de 5 000 ans qui pourrait avoir été une horloge astronomique et dont la Heel Stone, une pierre en grès située à l’extérieur du cercle, est étrangement alignée avec le soleil levant.
Un peu partout dans le monde, c’est aussi, et surtout, la fête de la musique, une manifestation initiée par la France en 1982.
Mise à jour 2021 : le solstice tombe à 5h31 du matin (heure de Paris)
18 octobre : le jour où les Canadiennes sont devenues des personnes
Le 18 octobre, au Canada, c’est la Journée de l’affaire « personne » : tout a commencé avec le refus, par trois premiers ministres successifs, de voir une femme accéder au Sénat sous prétexte que les femmes ne sont pas des « personnes ayant les qualités requises »… C’était en 1929.
Le 18 octobre, au Canada, c’est la Journée de l’affaire « personne ».
On remet aujourd’hui à Ottawa, le Prix du Gouverneur général à cinq femmes de nationalité canadienne, âgées de plus de 30 ans (il existe aussi un Prix jeunesse pour les 15 à 30 ans), ayant, par leur détermination et leur courage fait faire des progrès importants en matière d’égalité des sexes dans leur lieu de vie, de travail. Ce prix a été institué en 1979 à l’occasion du cinquantenaire de l’affaire « Personne », un combat qui a véritablement changé le cours de l’histoire des femmes au Canada.
C’est le refus, par trois premiers ministres successifs, de voir une femme accéder au Sénat sous prétexte que les femmes ne sont pas des « personnes ayant les qualités requises » au sens de la constitution du Canada qui est à l’origine de cette révolution. Il faudra la détermination de la principale intéressée, Emily Murphy, et de quatre soutiens influents : Henrietta Muir Edwards, louise McKinney, Nellie McLung et Irene Parlby pour obtenir gain de cause devant le plus haut tribunal de l’Empire britannique, en 1929, après huit années de lutte acharnée.
Tout à commencé en Alberta, où la décision d’une juge était contesté par un avocat. Les autorités de l’Alberta on confirmé la juge dans ses fonctions. Les cinq femme citées plus haut ont alors exhorté la Cour suprême du Canada à donner suite au précédent établi en Alberta. Le 24 avril 1928, la Cour rend une décision contraire à celle de la province, établissant que les femmes ne sont pas des personnes au sens juridique. Tenaces, les cinq femmes portent leur cas directement devant le Conseil privé britannique, outrepassant ainsi les pouvoirs juridiques canadiens. La Grande Bretagne infirmera la décision du Canada le 18 octobre 1929, affirmant, une fois pour toutes, que les femmes sont en effet des personnes au sens de la loi.
L’action de ces cinq pionnières ouvrira la voie à la participation des femmes à tous les aspects de la vie publique au Canada, sur un pied d’égalité avec les hommes.
Ce jour-là, en 1929, le plus haut tribunal d’appel du Canada a rendu une décision historique : les femmes seraient incluses dans la définition du mot « personne » au sens de la loi. C’est ainsi que les femmes ont obtenu le droit de siéger au Sénat, ce qui a mené à une participation féminine grandissante à la vie publique et politique.