L’Almanach international

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1847, Liberia, indépendance, 26 juillet Bruno Teissier 1847, Liberia, indépendance, 26 juillet Bruno Teissier

26 juillet : la fête nationale du Liberia

Le Liberia célèbre chaque 26 juillet son indépendance acquise officiellement en 1847, soit plus d’un siècle avant les autres États africains.

 

Le Liberia célèbre chaque 26 juillet son indépendance acquise officiellement en 1847, soit plus d’un siècle avant les autres États africains. L’origine du pays repose sur une idée du courant abolitionniste (de la traite des Noirs) américain : réimplanter les descendants des esclaves noirs dans leur continent d’origine. Tel était le projet de l'American Colonization Society (ACS), fondée en 1816. L’idée n’était pas nouvelle, des Anglais avaient déjà créé la Sierra Leone en 1787 dans le même but. Mais ce pays restera sous tutelle anglaise jusqu’en 1961. En revanche, le territoire baptisé Liberia par les Américains, se verra totalement émancipé dès 1847.

Le projet, très utopique, est loin d’avoir fait l’unanimité. La plupart des Afro-américains n'étaient pas enthousiastes à l'idée d'abandonner leur pays natal aux États-Unis pour la côte ouest-africaine et son climat rude pour des Nord-Américains. Beaucoup mourront de la fièvre jaune ou dans des conflits armés avec les autochtones.

Le premier navire avec des émigrants noirs, bien nommé Mayflower of Liberia, a quitté New York au début de 1820. Il avait à son bord plus de 80 Noirs libres et plusieurs agents blancs de la Société chargés de trouver une zone appropriée pour leur installation. En 1821, l'ACS a acquis une bande de terre d'un chef local et a commencé à développer la colonie du cap Mesurado, qui serait connue sous le nom de Libéria. Les premières années de colonisation ont été très dures pour les colons. En 1846, la ACS sera en faillite, pour s’épargner le fardeau financier qu’elle représente, l’indépendance sera accordée à ce territoire. Ainsi l’indépendance du Liberia n’était en rien un projet politique. Ainsi après un référendum (dont les autochtones ont été exclus), fut proclamée le 26 juillet 1847 la République indépendante du Libéria, doté d’un drapeau inspiré de celui des États-Unis, mais avec une seule étoile. 

Néanmoins, au cours de la première décennie de la colonisation, quelque 2 600 Afro-Américains sont implantés au Liberia. Au milieu du XIXe les colons noirs américains sont environ 15000. Ils vont dominer les autochtones à qui ils imposent taxes et travail forcé. Cette situation de quasi-esclavage au profit de quelques multinationales du caoutchouc perdura jusqu’à l’assassinat du président Tolbert et de ses ministres en 1980. Le nouvel homme fort, Samuel Doe était  le premier président qui ne soit pas d’origine états-unienne. Il s’ensuivra deux terribles guerres civiles qui ensanglanteront le pays jusqu’en 2005.

Ce pays qui fête les 174 ans de son indépendance est un des plus pauvres du monde. un tiers du PIB du Liberia provient de sa diaspora et beaucoup de familles sont entièrement dépendantes des envois de fonds, en particulier des États-Unis.

Le Jour de l'indépendance (Indépendance Day) est la fête nationale du Libéria. Le jour est férié, la plupart des entreprises sont fermées pour permettre aux citoyens de participer aux festivités. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 juillet

 
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1980, Liberia, 12 avril Bruno Teissier 1980, Liberia, 12 avril Bruno Teissier

12 avril : une date qui divise le Liberia

Une date qui oppose les partisans de l’ancien président Samuel Doe aux victimes du coup d'État de 1980 et de sa dictature.

 

Pendant une dizaine d’années à partir de 1981, le 12 avril, Jour national de la Rédemption (National Redemption Day), a été férié au Liberia. Il ne l’est plus mais la date est toujours marquée par les partisans de l’ancien président Samuel Doe. Pour ses adversaires, le 12 avril est, au contraire, un jour de deuil dédié aux victimes du coup d'État de 1980 et de la dictature de Doe.

De juillet 1847 à 1980, le Liberia a été dominé par une petite minorité d'Américano-Libériens, descendant d’esclaves libérés, qui étaient généralement plus riches et plus puissants que les indigènes du Libéria.

La situation a changé le 12 avril 1980, lorsqu'un groupe de soldats dirigé par le sergent-chef Samuel Doe, dont la famille appartenait au peuple autochtone Krahn, a tué le président William R. Tolbert Jr. et 26 de ses partisans. Dix jours plus tard, Doe a fait exécuter publiquement 13 membres du Cabinet. Après le coup d'État, il a assumé le rang de général et a créé un Conseil populaire de rédemption pour gouverner le pays. L'anniversaire du coup d'État a été déclaré fête nationale sous le nom de Journée nationale de la rédemption.

Le coup d'État de Doe avait d'abord été accueilli avec enthousiasme par la population indigène libérienne, mais le soutien a été de courte durée. Le nouveau gouvernement était mal préparé à gouverner. De plus, la présidence de Doe a été caractérisée par une répression accrue. En 1989, la première guerre civile libérienne a éclaté et en 1990, Doe a été assassiné.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1822, Liberia, Fondation du pays Bruno Teissier 1822, Liberia, Fondation du pays Bruno Teissier

14 février : les 200 ans du Liberia, une commémoration qui ne réjouit pas tout le monde

Le président du Liberia, George Manneh Weah, lance officiellement la célébration du bicentenaire du Liberia, un État destiné aux esclaves noirs américains affranchis.

 

Ce lundi 14 février, le président du Liberia, George Manneh Weah, lance officiellement  la célébration du bicentenaire du Liberia (National Bicentennial Commemoration) au stade sportif Samuel Doe où se déroule un festival culturel. 

La commémoration a débuté quelques jours plus tôt, le 7 janvier 2022, sur l'île de Providence, à l’embouchure due la rivière Mesurado, où l’American Colonization Society a fait débarquer du navire Elizabeth, 86 esclaves américains libres, il y a 200 ans exactement. Deux ans plus tard, la principale localité du pays, Christopolis sera rebaptisée Monrovia du nom du président américain James Monroe qui fut l’un des principaux soutiens de l’American Colonization Society et de son projet de créer un État, baptisé Liberia, pour des esclaves noirs américains affranchis. 

Entre 1822 et 1861, en effet, des milliers de Noirs libres ont été « réinstallés » dans la colonie de Cape Mesurado, territoire contrôlé par les Américains.  Mais les autochtones, demeurés largement majoritaires, n’ont pas participé à la création de cet État. Ils ont même subi le travail forcé autorisé jusqu’en 1936. Même s’ils ont fini par obtenir le droit de vote, en 1944, ces derniers se sont longtemps considérés comme des citoyens de seconde zone par rapport aux colons descendants d’esclaves américains. Cette division sociopolitique est à l’origine des deux guerres civiles qui ont ravagé le pays. Ce qui explique que tous les citoyens du Liberia ne se réjouissent pas de la même manière de cette commémoration du bicentenaire du pays.

Ce même jour, la résidence et siège du président de la République, Executive Mansion House, reprend son activité après 16 ans de travaux. Le bâtiment, construit dans les années 1960, avait brûlé  en 2006, lors de la fête d’indépendance du 26 juillet, alors que la présidente Ellen Johnson Sirleaf (en fonction de 2006 à 2018) recevait des invités et des dignitaires étrangers dans les jardins de la présidence.

 
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1895, Liberia, 29 novembre, héros national Bruno Teissier 1895, Liberia, 29 novembre, héros national Bruno Teissier

29 novembre : le Liberia célèbre le père de la nation

C’est l’anniversaire du président William Tubman qui a dirigé le Liberia de 1944 à sa mort, en 1971. Mort, il y a 50 ans, Il était né le 29 novembre 1895.

 

C’est l’anniversaire du président William Tubman (William Tubman’s Birthday) qui a dirigé le pays de 1944 à sa mort, en 1971. Mort, il y a 50 ans, Il était né le 29 novembre 1895.

Sa présidence est considérée comme une période d’apaisement entre les élites d’origine américaine et les autochtones. Jusque-là ces derniers n’avaient aucuns droits politiques, le pays était dirigé par une classe politique d’origine afro-américaine qui a été imposée aux populations locales. Le Liberia fut une colonie des États-Unis, le pays avait vocation à accueillir les esclaves noirs affranchis par les Américains. William Tubman était le fils de l’un d’eux, pasteur en Géorgie. Mais c’est lui qui a accordé la pleine citoyenneté aux populations autochtones qui étaient jusque-là sans droits politiques et exploitées sans vergogne par les élites américaines.  Toutefois, après la mort du président Tubman, les relations entre les deux communautés se sont vite dégradées conduisant à des coups d’État et deux guerres civiles. 

En tant que président du Libéria, William Tubman a fait beaucoup pour le développement du pays. Il a attiré des investissements étrangers pour moderniser l'économie et les infrastructures, faisant du Libéria le premier producteur mondial de caoutchouc et le troisième exportateur de minerai de fer. Les années de l'administration de Tubman sont connues comme l'âge d'or du Libéria. Beaucoup de Libériens ont la nostalgie de cette époque. Ce qui explique que l’anniversaire du président Tubman, père du Liberia moderne, le 29 novembre, soit aujourd’hui un jour férié.

 

Timbres de 1966, émis pour le 70e anniversaire du président

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Liberia, Thanksgiving, novembre Bruno Teissier Liberia, Thanksgiving, novembre Bruno Teissier

4 novembre : le Liberia fête aussi Thanksgiving

Calquée sur celle des États-Unis mais célébrée aujourd’hui, premier jeudi de novembre.

 

Le Liberia a aussi sa fête de Thanksgiving, calquée sur celle des États-Unis mais qui est célébrée aujourd’hui, premier jeudi de novembre. Rien d’étonnant à cela car le pays a été fondé, il a deux siècles, comme une colonie américaine afin d’y installer des esclaves libérés aux États-Unis. Ceux-ci ont importé cette coutume observée dans leur pays d’origine. Ces migrants ayant occupé le pouvoir à partir de l’indépendance en 1847, jusqu’à la fin du XXe siècle. Ils ont imposé cette fête à l’ensemble des peuples du pays, totalement étrangers à cette tradition qu’ils voient plutôt comme une manifestation de satisfaction de ceux qui les ont dominés pendant un siècle et demi.  

Thanksgiving est une fête nationale au Liberia, mais sans avoir l’ampleur de la fête nord-américaine. Ceux qui la célèbrent se rendre dans leurs lieux de culte, principalement des églises chrétiennes. Ils y apportent les fruits frais de la récolte et, après la fin de l’office, les vendent aux enchères. Le repas traditionnel ce jour-là est composé de purée de manioc, de poulet et d’une casserole de haricots verts.

 
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Liberia, Unité, 14 mai Bruno Teissier Liberia, Unité, 14 mai Bruno Teissier

14 mai : au Liberia, c'est Unification Day

Un jour férié tout à fait de bon aloi dans un pays qui a été ravagé par deux guerres civiles consécutives entre 1989 et 2003.

 

Ce jour férié décrété par la présidente Elen Johnson Sirleaf en 2010 est tout à fait de bon aloi dans un pays qui a été ravagé  par deux guerres civiles consécutives entre 1989 et 2003. La date du 14 mai fait référence à un discours de 1960 prononcé par le président William VS Tubman (1944-1971), lequel était parvenu à réduire l’animosité historique entre l’élite américano-libérienne et les autochtones. Mais celle-ci est devenue explosive trente ans plus tard. Même si le Liberia a aussi subi une terrible épidémie de fièvre Ebola dans les années 2014-2015 – et par chance, la pandémie actuelle de covid-19 le touche peu –, le pays a été plus encore éprouvé par les guerres civiles. Aujourd’hui, les risques politiques liés à son histoire particulière sont toujours latents. Une rechute est toujours possible.

On se souvient que le Liberia a été fondé au XIXe siècle pour des esclaves noirs américains affranchis. Entre 1822 et 1861, des milliers de Noirs libres ont été réinstallés dans la colonie de Cape Mesurado, territoire contrôlé par les Américains.  Mais les autochtones, demeurés largement majoritaires, n’ont pas participé à la création de cet État. Ils ont même subi le travail forcé autorisé jusqu’en 1936. Même s’ils ont fini par obtenir le droit de vote, en 1944, ces derniers se sont longtemps considérés comme des citoyens de seconde zone par rapport aux colons et à leurs descendants. Cette division sociopolitique est à l’origine des deux guerres civiles qui ont ravagé le pays.

 
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