L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

10 mars : la Journée du sauvetage des juifs bulgares

Une commémoration qui n’est pas sans ombres : les autorités bulgares ont permis en 1943 aux 48 000 juifs bulgares d’échapper à la Shoah, mais elles ont aussi livré aux camps nazis 11 000 juifs des territoires occupés par la Bulgarie.

 

Cette Journée du souvenir de l’Holocauste (Ден на възпоменание на Холокоста) a été instaurée en 2003. La célébration est aussi appelée Jour du Salut des juifs bulgares (Деня на спасяването на българските евреи) car elle fait référence au sauvetage des juifs de Bulgarie par l’action des hauts dignitaires de l’Église orthodoxe. Il est un fait remarquable que les quelque 48 000 juifs de nationalité bulgare ont survécu à la Shoah. Si bien que le 12 mars 2002, lors d’une cérémonie officielle à Jérusalem, les métropolites bulgares Stéphane (1878-1957) et Cyrille (1901-1971) ont été déclarés Justes du monde par Yad Vashem – l’institution créée en 1953 par la Knesset d’Israël pour perpétuer la mémoire des martyrs et des héros de la Shoah en Europe. 

La belle histoire est toutefois un peu à nuancer. En 1940, la Bulgarie vit sous la dictature du roi Boris III, mise en place en 1935. Dès 1940, le pays adopte une législation anti-juive prévoyant l'identification et la marginalisation sociale et économique des citoyens juifs. 

Début 1941, la Bulgarie choisit le camp de l’Allemagne nazie dans l’espoir de récupérer les territoires de la Macédoine et la Thrace grecque ainsi que la Macédoine yougoslave dont elle s’estime injustement privée (non-application du traité de San Stefano). En avril 1941, avec ce choix diplomatique et stratégique la Bulgarie assouvit en partie ses ambitions territoriales. Les nouveaux territoires ainsi conquis permettent à la Bulgarie de s’ouvrir sur la mer Égée et de s’étendre jusqu’aux frontières de l’Albanie. Elle devra évidemment rendre ces territoires en 1945, mais Sofia les gère pendant quatre ans.

À l’automne 1942, l’Allemagne qui s’est lancée dans la Solution finale (l’extermination des juifs d’Europe) se fait pressante dans ses demandes adressées à la Bulgarie de livraison de juifs. Le 22 février 1943, un accord prévoyant la déportation de 20 000 juifs des « nouveaux territoires » est conclu. Mais, le nombre des juifs des régions de Yougoslavie et de Grèce occupées par les Bulgares n'excédant pas les 12 000, le gouvernement de Sofia prévoit alors la déportation de 8 000 juifs bulgares dits « indésirables ».

Ainsi, début mars 1943, les autorités bulgares organisent des rafles de juifs dans le nord de la Grèce et dans la Macédoine yougoslave occupée. Regroupés à Skopje, ils sont déportés par le train, puis par bateau sur le Danube. Livrés aux Allemands, quelque 11 343 juifs seront exterminés à Treblinka. 

Mais, s’agissant du sort des juifs de la Bulgarie proprement dite, la population bulgare, apprenant ce qui se tramait, s’est mobilisée dans plusieurs villes pour protester contre le sort qui est promis à leur compatriotes juifs. Une telle réaction s’est rarement vue en Europe à cette époque. Pressées par leurs fidèles, les autorités orthodoxes bulgares se sont adressées au roi Boris III pour le convaincre de ne pas participer à des persécutions contre ses propres sujets fussent-ils juifs. Finalement, le souverain fait savoir aux Allemands qu’on avait besoin d’eux pour des travaux des champs. 25 000 juifs de Sofia ont ainsi été déplacés dans la campagne bulgare, ce qui leur a sauvé la vie. 

On notera que contrairement aux l’Églises catholiques ou luthériennes, l’Église orthodoxe bulgare n’a jamais eu dans son histoire de discours anti juifs. Au XIXe siècle, la communauté juive a participé à la lutte nationale contre les ottomans. Si bien que les Bulgares ont toujours considérés les juifs comme des concitoyens comme les autres. Les rancœurs de l’époque ottomanes étaient oubliées.

Les autorités bulgares de l’époque sont responsables de la disparition de quelque 11000 juifs (un fait que le gouvernement bulgare actuel a encore du mal à admettre) mais, en m^eme temps, elles ont contribué au sauvetage des 48 000 qui vivaient en Bulgarie en ne les livrant pas aux nazis. Ce pays refuge peut même affirmer être le seul dans l’Europe en guerre dont la population juive a augmenté pendant le conflit. La décision du roi Boris III d’assigner les juifs bulgares à des à des travaux agricoles ou de voirie dans tout le pays a été prise le 10 mars 1943. C’est cette date qui est commémorée aujourd’hui.

L’abrogation partielle de la législation anti-juive aura lieu le 31 août 1944, une mesure étendue par le gouvernement Muraviev (2-9 septembre 1944) avant la déclaration de guerre de l’Union soviétique à la Bulgarie (5 septembre), l’invasion de l’Armée rouge (8 septembre) et l’accession au pouvoir d’un Front de la patrie à dominante communiste (9 septembre). Il faudra toutefois attendre mars 1945 pour qu’un décret prévoie la restitution des biens juifs spoliés ou l’indemnisation des propriétaires dont les possessions nationalisées ne seront pas restituées, soit adopté.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Chaque 10 mars, un hommage est rendu à Dimitar Pechev, vice-président du Parlement et ministre de la Justice de la Bulgarie pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a grandement participé au sauvetage de ses concitoyens juifs. Il est aussi citoyen d'honneur de l'État d’Israël.

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28 décembre : la mémoire de la déportation des Kalmouks par Staline

La Journée du souvenir des victimes de la déportation des Kalmouks, opérée par Staline en 1943.

 

Les Kalmouks, peuple mongol, sont les habitants de l’ancien Khanat de Khalmyk, devenu une colonie russe puis un oblast autonome au sein de la république de Russie, composante de l’URSS. En 1935, l’obast a accédé au statut de République socialiste soviétique autonome de Kalmoukie. Elle est située sur la côte nord de la mer Caspienne.

C’est pendant la Seconde guerre mondiale que la destinée de plusieurs peuples minoritaires de l’URSS a basculée. Dénoncés comme ennemi, les Tatars de Crimée, les Balkars,  les Tchétchènes et les Ingouches, les Kalmouks… Pour ces derniers cela s’est joué le 28 décembre 1943 avec l’ordre signé par Staline de déportation vers la Sibérie du peuple Kalmouks en entier. La veille leur république avait été supprimée de la carte de l’URSS. Accusés de collaborer avec les occupants nazis et combattu l’Armée rouge, quelque 100 000 personnes furent jetées hors de leurs maisons. Les femmes, les enfants et les vieillards ont été entassés dans des wagons à bestiaux pour être envoyés en Sibérie. Nom de code de l’opération « Ulusy » (Операция « Улусы »). 16 000 d’entre eux ont perdu la vie pendant la déportation, de faim, de froid ou de maladie, avant d’atteindre leur destination finale.  D’autres sont morts en Sibérie… Ils n’étaient plus que 60 000 en 1945.

Les Kalmouks ont été réhabilités après la mort de Joseph Staline . En 1956, son successeur Nikita Khrouchtchev dénonça les répressions de Staline et initia une série de réformes. La république soviétique de kalmoukie a été rétablie et les Kalmouks ont été autorisés à retourner dans leur région d'origine depuis les colonies sibériennes. En 1991, les répressions de Staline contre les minorités ethniques ont été officiellement déclarées comme un acte de génocide.

En 2004, le Parlement de Kalmoukie a déclaré le 28 décembre – anniversaire du début de la déportation – la Journée du souvenir des victimes de la déportation des Kalmouks (Депортация калмыков). Ce matin, un rassemblement de deuil a lieu à Elista, la capitale de la Kalmoukie, en mémoire des victimes de la déportation et de la répression. L'événement organisé près du monument d’Ernst Neizvestny "Exode et retour" réunit environ 3000 personnes. Des représentants d'organisations  d'anciens combattants, d'organismes de l'État et de simples citoyens déposent fleurs et couronnes au mémorial. Des cérémonies religieuses orthodoxes et bouddhistes complètent la journée commémorative. Ce jour, sur le territoire de la Kalmoukie, est un jour férié et chômé.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Le monument “Exodus et Retour”

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7 décembre : l’attaque de Pearl Harbor, il y a 80 ans

Les États-Unis honorent les victimes de l'attaque japonaise de Pearl Harbor en 1941, un évènement qui a marqué un tournant dans la Seconde Guerre mondiale

 


Chaque 7 décembre les États-Unis honorent les victimes de l'attaque de Pearl Harbor en 1941, un évènement qui a marqué un tournant dans la Seconde Guerre mondiale puisqu’il a décidé les États-Unis, agressé par le Japon, à entrer en guerre contre les puissances de l’Axe (Allemagne, Italie, Japon). La base militaire américaine de Pearl Harbor est située sur l’île d’Oahu, dans l’archipel américain d’Hawaï.

Chaque année, le 7 décembre, les survivants de Pearl Harbor, les anciens combattants et les visiteurs du monde entier se réunissent pour honorer et se souvenir des 2 403 militaires et civils qui ont été tués lors de l'attaque japonaise sur Pearl Harbor le 7 décembre 1941. Quelque 1 178 personnes ont été blessées dans l'attaque, qui a coulé définitivement deux cuirassés de l'US Navy (l'USS Arizona et l'USS Utah ) et détruit 188 avions.

Le 23 août 1994, le Congrès des États-Unis a été désigné le 7 décembre Journée nationale du souvenir de Pearl Harbor (National Pearl Harbor Remembrance Day). Chaque année, des événements commémoratifs ont lieu au mémorial national de Pearl Harbor, culminant avec la cérémonie de commémoration le 7 décembre.  

Le mémorial national de Pearl Harbor, la région de la marine d'Hawaï et les parcs historiques du Pacifique ont annoncé le thème de la commémoration nationale du jour du souvenir de Pearl Harbor de cette année : la  vaillance, le sacrifice et la paix . Cette année marque la 80e  commémoration de l'attaque de Pearl Harbor le 7 décembre 1941 et l'entrée subséquente des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale. 
Le National Park Service (NPS), Navy Region Hawaii, avec le soutien de Pacific Historic Parks, organise une série d'événements du 5 au 9 décembre dans le cadre de la 80e  commémoration du jour du souvenir national de Pearl Harbor pour honorer les 2 390 vies américaines perdues lors de l'attaque de Pearl Harbor et de l'île d'O’ahu le 7 décembre 1941.

L'USS Nevada , le plus ancien cuirassé de Battleship Row lors de l'attaque de Pearl Harbor, a réussi à démarrer pendant l'attaque, mais a ensuite été endommagé et s'est échoué près de Hospital Point. La famille et les amis se réuniront à Hospital Point, lieu historique pour honorer l'équipage et l'héritage de l'USS Nevada.

La cérémonie honore également la perte de l'USS Utah et de 58 membres d'équipage après que le navire a été torpillé lors de l'attaque de Pearl Harbor. L'USS Utah a été le premier navire torpillé lors de l'attaque ; il a coulé 12 minutes plus tard.

Environ 150 anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale, dont environ 40 survivants de Pearl Harbor, sont présents à Kilo Pier pour la cérémonie principale. 800 membres du public ont reçu des sièges pour regarder la diffusion en direct au centre des visiteurs du mémorial national de Pearl Harbor dans le cadre de la loterie recreation.gov hébergée par le National Park Service. La cérémonie de cette année – baptisée “Valeur, Sacrifice et Paix" – honore les sacrifices de ceux qui sont morts lors de l'attaque tout en rendant hommage à la victoire ultime des alliés lors de la Seconde Guerre mondiale. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 décembre 2021

 
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1944, Roumanie, armée, Seconde Guerre mondiale, 25 octobre Bruno Teissier 1944, Roumanie, armée, Seconde Guerre mondiale, 25 octobre Bruno Teissier

25 octobre : la fête de l'armée roumaine

La date rappelle de la reconquête sur les nazis, en 1944, de Carei, la dernière ville avant la frontière hongroise. Ce jour était également l’anniversaire du roi Michel.

 

Chaque 25 octobre, la Roumanie célèbre son armée. La date commémore la reconquête du territoire à la fin de de la Seconde Guerre mondiale, le 25 octobre 1944.

Le 23 août 1944, le dictateur roumain, Ion Antonescu qui avait soutenu l'Allemagne nazie, est renversé par une coalition des forces d’opposition rassemblée par le roi Michel Ier. Aussitôt, l’armée roumaine s’est retournée contre la Wehrmacht. Avec l’aide des Soviétiques, elle est partie à la reconquête de son territoire occupé par les Allemands et en particulier des provinces cédées à la Hongrie fasciste. Le 25 octobre 1944 est la date de la reconquête de Carei, la dernière ville avant la frontière hongroise. Ce jour était également l’anniversaire du roi Michel.

La date symbole donc la reconquête du territoire, en particulier celle de la Transylvanie, disputée avec la Hongrie. En revanche, la Roumanie ne récupèrera pas toutes ses provinces d’avant la guerre : l’URSS ne lui restituera pas ce qui est devenu l’actuelle Moldavie, ainsi que la partie de la Bucovine aujourd’hui intégrée à l’Ukraine. La célébration du 25 octobre a été créée en 1959, il ne fallait pas à l’époque fâcher Moscou. 

La Journée des forces armées roumaines, également connue sous le nom de Journée de l'armée roumaine (Ziua Armatei Române), n'est pas un jour férié, mais elle est encore largement célébrée dans tout le pays. Il est marqué par des discours officiels, des cérémonies solennelles, des défilés militaires notamment à Bucarest où l’armée défile jusqu’à l’arc de triomphe. 

Cette journée est aussi l’occasion de célébrer l’armée actuelle. Actuellement, un millier de soldats roumains sont impliqués dans des missions internationales, sous les auspices de l'OTAN, de l'UE, de l'ONU et de type coalition. Jusqu’à récemment, le contingent le plus important, 693 hommes, était déployé en Afghanistan, sous les auspices de l'OTAN, dans le cadre de la mission Resolute Support. La première action de l'armée roumaine hors des frontières nationales, après 1990, a commencé le 8 mars 1996, avec des contingents des armées des États membres et partenaires de l'OTAN, sur le théâtre d'opérations en Bosnie-Herzégovine, avec le 96e bataillon de génie. . En 2000, l'armée roumaine a commencé à participer à la mission de l'OTAN KFOR dans la province du Kosovo, avec du personnel et, plus tard, avec des sous-unités spécialisées au niveau de l'entreprise. La Roumanie a participé, avec 838 soldats, entre juillet 2003 et 31 juillet 2009, aux efforts internationaux pour la stabilisation de l'Irak, tant au sein de la Force multinationale (MNF-I) qu'au sein de la mission OTAN d'entraînement des forces de sécurité irakiennes. Au cours des missions sur les théâtres d'opérations, 30 soldats roumains sont morts et plus de 140 autres ont été blessés. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 octobre 2021

 
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1941, Croatie, Yougoslavie, Seconde Guerre mondiale, 22 juin Bruno Teissier 1941, Croatie, Yougoslavie, Seconde Guerre mondiale, 22 juin Bruno Teissier

22 juin : il y a 80 ans des partisans croates se soulevaient contre le fascisme

Le jour est férié en Croatie, c’est la Journée de la lutte antifasciste (Dan antifašističke borbe). Elle commémore la création du Détachement partisan de libération du peuple de Sisak le 22 juin 1941. Ce fut la première unité antifasciste non seulement en Croatie, mais aussi dans cette partie de l'Europe.

 

Le jour est férié en Croatie, c’est la Journée de la lutte antifasciste (Dan antifašističke borbe). Elle commémore la création du Détachement partisan de libération du peuple de Sisak le 22 juin 1941. Ce fut la première unité antifasciste non seulement en Croatie, mais aussi dans cette partie de l'Europe.

En 1941, l'occupation de la Yougoslavie par l'Axe avait permis de proclamer un “État indépendant” de Croatie, qui n’était qu’un État fantoche collaborateur de l'Allemagne nazie et de l'Italie fasciste. En réaction, un mouvement partisan antifasciste a commencé à se développer dans la Yougoslavie occupée par l'Axe.

Une première unité de résistance yougoslave a été formée le 22 juin 1941 dans la forêt de Brezovica près de la ville de Sisak (aujourd'hui la Croatie). Parmi ses membres fondateurs figurait Janko Bobetko, qui deviendra en 1991 l'un des généraux les plus éminents de la guerre d'indépendance croate, exactement un demi siècle plus tard. Le Détachement partisan de libération du peuple de Sisak était composé de 79 membres, principalement des Croates. Alors que le mouvement partisan commençait à se répandre, les Croates ont eu le soutien d'autres nations yougoslaves. Le même jour, dans les environs de Vrgorac, également en Croatie, des communistes se mobilisaient. Le Conseil national antifasciste de libération du peuple de Croatie (ZAVNOH) a exercé la fonction législative et exécutive suprême, et en 1945, le ZAVNOH est devenu le Parlement national de Croatie. Ainsi, pendant la lutte de libération nationale, les Croates considèrent que la continuité historique de la souveraineté de l'État croate a été préservée. À la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945, la République populaire de Croatie a été constituée en tant qu'unité fédérale de l'ancienne République populaire fédérale de Yougoslavie, qui est sortie de la Seconde Guerre mondiale dans le camp des vainqueurs aux côtés des forces alliées.

Aujourd'hui, le 22 juin est célébré en Croatie comme la Journée de la résistance antifasciste. C'est un jour férié non travaillé marqué par des événements festifs dans tout le pays. Ce jour férié n’est célébré que depuis 2002. Dans la Yougoslavie communiste, c’était le 27 juillet que l’on fêtait chaque année le début de la résistance contre les nazis.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1945, Seconde Guerre mondiale, Shoah, 4 mai, Pays-Bas Bruno Teissier 1945, Seconde Guerre mondiale, Shoah, 4 mai, Pays-Bas Bruno Teissier

4 mai : jour de deuil aux Pays-Bas

Chaque 4 mai aux Pays-Bas, on célèbre la Journée nationale du Souvenir en hommage à tous les morts de la Seconde Guerre mondiale et des autres conflits

 

Ce soir à 20 heures, les Néerlandais observent deux minutes de silence après que les cloches des églises aient sonné pendant plusieurs minutes, parfois un quart d’heure. À partir de 18 heures, tous les drapeaux nationaux sont mis en berne. Après la cérémonie du souvenir, ils seront levés au son de l'hymne national néerlandais. Chaque 4 mai aux Pays-Bas, on célèbre la journée nationale du Souvenir (Nationale Dodenherdenking) en hommage à tous les morts de la Seconde Guerre mondiale. Cette année, c’est la 75e cérémonie annuelle. Initialement, seuls les soldats et résistants hollandais morts au cours de la Seconde Guerre mondiale étaient célébrés. Puis, on a élargi à tous les civils comme militaires, puis à tous les morts des conflits qui ont suivi dans le monde y compris les opérations de maintien de la paix. Depuis 1981, la commémoration est également dirigée contre «le racisme et l'intolérance». Jusqu’en 2015, le mémorandum stipulait que toutes les victimes devaient avoir la nationalité néerlandaise. Cela a été modifié en 2019, pour ne pas exclure par inadvertance des groupes, tels que les réfugiés juifs d'Allemagne.

La date du 4 mai correspond à la veille de la signature de la reddition allemande à Wageningen. Demain sera férié, on fêtera la Libération du pays, le 4 mai 1945. La cérémonie principale a lieu au monument national sur la place du Dam dans la capitale d'Amsterdam, généralement en présence des membres de la famille royale, des représentants du gouvernement et des chefs militaires. D’ordinaire à l’issue de la cérémonie se forme un défilé où chacun peut passer devant le monument et déposer des fleurs. Mais, en 2020, la cérémonie a eu lieu sans public pour cause de pandémie. La cérémonie est diffusée par la Dutch Broadcast Foundation (NOS).

Des cérémonies spécifiques se tiennent dans les lieux liés à la Seconde Guerre mondiale, notamment là où des camps de concentration avaient été construits : Amersfoort, Vught et Westerbork ; dans le cimetière militaire de Grebbeberg, ainsi qu'à Waalsdorpervlakte, à proximité de La Haye, où furent fusillés environ 250 résistants néerlandais. Une cérémonie est aussi organisée dans le Hollandsche Schouwburg, théâtre ayant servi de lieu de transit dans la déportation des juifs à Amsterdam. En 1942 et 143, 46000 juifs sont passés par ce théâtre, devenu aujourd’hui un lieu de mémoire de la Shoah.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
Le 4 mai à Enschede

Le 4 mai à Enschede

La reine Beatrix et le prince Claus, en 1985, sur la place du Dam à Amsterdam

La reine Beatrix et le prince Claus, en 1985, sur la place du Dam à Amsterdam

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19 février : l'Amérique rend justice à ses citoyens d'origine japonaise internés dans des camps en 1942

Plusieurs États américains célèbrent une journée du souvenir (Day of Remembrance) en souvenir de l’internement dans des camps de plus de 120 000 Nippo-Américains. Le 19 février rappelle la date du décret 9066 signé par le président Franklin D. Roosevelt en 1942, soit deux mois après l'attaque japonaise sur la base américaine de Pearl Harbor.

 

Plusieurs États américains célèbrent une journée du souvenir (Day of Remembrance) en mémoire de l’internement dans des camps de plus de 120 000 Nippo-Américains. Le 19 février rappelle la date du décret 9066 signé par le président Franklin D. Roosevelt en 1942, soit deux mois après l'attaque japonaise sur la base américaine de Pearl Harbor. Ces internements forcés ont duré jusqu'en 1945. Pendant la Seconde guerre mondiale, ni les Américains d’origine allemande ni ceux d’origine italienne n’ont été inquiétés. Ce décret visait les seuls japonais.

Le gouvernement américain n’a reconnu ses torts qu’en 1988, lorsque Ronald Reagan a promulgué une loi qui contenait des excuses et accordait une compensation de 20 000 dollars à chaque interné, une forme de réparation sans précédent. 

Il est vrai que la xénophobie à l’encontre des personnes d’ascendance japonaise était bien établie dès la fin du XIXe siècle, en particulier en Californie où on interdisait aux Japonais de posséder des terres, et à toute personne d’ascendance japonaise d’épouser un Blanc. En 1924, le Congrès prohiba l’immigration à tous les Asiatiques. Ceux qui étaient déjà installés ne pouvaient plus devenir citoyens. Seuls leurs enfants nés aux États-Unis pouvaient obtenir la nationalité (un droit constitutionnel).

En 1942, les internements  dans des “centres de réinstallation” se sont faits sans procès ni avocat ni possibilité de recours en justice alors que deux tiers d’entre eux étaient de nationalité américaine. L’armée fut si efficace dans ses arrestations que l’hippodrome de Santa Anita, à Los Angeles, dû être transformé en vaste des centres provisoires, avec plus de 18 000 internés, forcés de vivre dans les écuries. Les internés y ont passé des mois, avant d’être déportés, le plus souvent en train, vers dix camps situés dans des montagnes ou des déserts reculés, battus par les vents, glacials l’hiver et brûlants l’été.

Un jeune homme de 23 ans, Fred Korematsu, eu le culot de faire appel à la Cour suprême des États-Unis. Par 6 voix contre 3, celle-ci n’a rien trouvé à redire à l’internement préventif des Japonais, fussent-ils citoyens américains. Il a fallu attendre juin… 2018, pour que la Cour suprême casse finalement sa propre décision de 1944. Son président, John G. Roberts Jr., a écrit qu’enfermer des citoyens américains dans des « camps de concentration, en se fondant uniquement et ouvertement » sur l’origine ethnique, « est objectivement illégal et ne relève pas de l’autorité du président ».  Fred Korematsu est décédé le 30 mars 2005 à l'âge de 86 ans. En février 2021, le représentant Takano et le sénateur Hirono ont renouvelé leur demande de lui faire décerner la médaille d'or du Congrès.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
mars 1942

mars 1942

1943, dans l’Oregon

1943, dans l’Oregon

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Le mémorial de Manzanar, dans le camp le plus important, au pied de la Sierra Nevada, en Californie

Le mémorial de Manzanar, dans le camp le plus important, au pied de la Sierra Nevada, en Californie

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1944, Russie, Seconde Guerre mondiale, URSS, 27 janvier Bruno Teissier 1944, Russie, Seconde Guerre mondiale, URSS, 27 janvier Bruno Teissier

27 janvier : la mémoire étouffée d'une grande tragédie du XXe siècle : le blocus de Léningrad

Aujourd’hui, c’est la Journée du blocus de Léningrad (День снятия блокады города Ленинграда). Comme chaque 27 janvier, la foule vient déposer des fleurs au monument de la mère patrie au cimetière Piskaryovskoye où repose un demi million de victimes.

 

La Russie n’en finit pas de commémorer la Grande Guerre patriotique (notre Seconde guerre mondiale). Aujourd’hui, c’est la Journée du blocus de Léningrad (День снятия блокады города Ленинграда). Léningrad était le nom de Saint-Pétersbourg entre 1924 et 1991. Comme chaque 27 janvier, la foule vient déposer des fleurs au monument de la mère patrie au cimetière Piskaryovskoye, où la plupart des victimes du siège de Leningrad ont été enterrées. Plus de 470 000 civils et plusieurs dizaines de milliers de soldats morts pour la ville y reposent dans des fosses communes dont le frère aîné de Vladimir Poutine. Ce frère qu’il n’a pas connu, puisqu’il est né après la guerre, mais sa famille a été profondément marquée par cet épisode peu connu de la guerre et qui est pourtant l’une des grandes tragédies du XXe siècle. On estime à un million le nombre de victimes de la faim, du froid (il a fait jusqu’à -38° durant l’hiver 1941) et des bombardements.

Le blocus a commencé le 8 septembre 1941, quand la ville a été presque totalement encerclée par l’armée allemande. N’ayant pas été évacuée, la population de 2,5 millions a été prise au piège. Durant des mois quelque 100 000 bombes incendiaires sont tombées sur la ville, visant principalement les entrepôts de nourriture. Plus de 2000 personnes ont été arrêtées et condamnées pour cannibalisme. Les Allemands ont aussi bombardé les systèmes d’approvisionnement en eau de la ville. En 1942, l’eau courante a donc été coupée, et l’eau ne pouvait plus être obtenue que dans les canaux et rivières, quand ceux-ci n’étaient pas gelés. Le siège a duré jusqu’au 27 janvier 1944, soit 872 jours. C’est l’anniversaire de cette libération qui est fêtée aujourd’hui, comme chaque année depuis le milieu des années 1960, par un feu d’artifice.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1943, France, Seconde Guerre mondiale, résistance Bruno Teissier 1943, France, Seconde Guerre mondiale, résistance Bruno Teissier

27 mai : journée de la Résistance en France, mémoire du CNR et de son programme

À l'initiative de François Hollande, la France fête depuis 2013 la Journée nationale de la résistance. Le 27 mai est la date anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance, autour de Jean Moulin.

 

À l'initiative de François Hollande, la France fête depuis 2013 la Journée nationale de la résistance. Le 27 mai est la date anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance (CNR), autour de Jean Moulin. 

Créé en 1943, le CNR était l'organe qui dirigea et coordonna les différents mouvements de la Résistance intérieure française pendant la Seconde Guerre mondiale, toutes tendances politiques comprises. 

Réuni pour la première fois le 27 mai 1943 au 48 rue du Four dans le 6e arrondissement de Paris, le Conseil national de la Résistance regroupe représentants des mouvements de Résistance (Libération-nord et sud, Combat, Franc-tireur, OCM, Front national, Ceux de la Libération et Ceux de la Résistance) des partis politiques (PCF, SFIO, Parti radical-socialiste, Parti démocrate Populaire, Fédération républicaine, Alliance démocratique) et des confédérations syndicales (CGT et CFTC). Présidé par Jean Moulin, il adopte, après débat,  une motion de soutien au général de Gaulle « qui fut l'âme de la Résistance aux jours les plus sombres et qui n'a cessé depuis le 18 juin 1940 de préparer en pleine lucidité et en pleine indépendance la renaissance de la Patrie détruite comme des libertés républicaines déchirées ».

Ces dernières années, il était de bon ton dans les milieux de la droite française de vouloir liquider l’héritage du CNR en matière de gestion du pays (sécurité sociale, régime de retraite, droit du travail…). À l’heure de la « guerre » contre la Covid-19, cette démarche semble pour le moins incongrue.

Le "modèle social français" est en effet issu d'un texte, présenté par le Conseil national de la Résistance (CNR), d'une douzaine de pages, vieux de plus de 75 ans, à la diffusion clandestine et au titre improbable, "Les jours heureux". Le CNR est à l'origine de la création de l'ENA (octobre 1945), des premières ordonnances sur la Sécurité Sociale (octobre 1945), de la nationalisation de la Banque de France et des grandes banques de crédit (décembre 1945), de la nationalisation du gaz et de l'électricité et des grandes compagnies d'assurances (avril 1946), de la loi sur les Comités d'entreprise, de la création des Charbonnages de France et nationalisation de toutes les Houillères (mai 1946), de la loi sur les prestations familiales (août 1946), sur les assurances vieillesse (septembre 1946), sur le statut de la Fonction Publique (octobre 1946). Le projet a lancé le rétablissement de la semaine de 40 heures, la suppression de l'abattement de 10% sur les salaires des femmes - mais le droit de vote et d'éligibilité des femmes, effectif pourtant en 1945, n'était pas prévu dans le programme du CNR -, une augmentation de 130% des retraites, 3 semaines de congés payés pour les jeunes travailleurs. Des syndicats indépendants sont reconstitués… Le patronat est mécontent mais, discrédité pour avoir largement collaboré pendant l'Occupation avec les Allemands, il n'a pas eu les moyens de s'y opposer. Depuis une trentaine d’années, les tentatives de le liquider se sont multipliées.

Denis Kessler, le vice-président du MEDEF, né en 1952, proposait en 2007, de liquider tous ces acquis. « La liste des réformes ? C'est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! » Affirmait-il dans un éditorial publié dans Chalenges le 4 octobre 2007.

Sources : fondationresistance.org, L’Express, Médiapart…

 
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1944, Roms, Seconde Guerre mondiale, résistance Bruno Teissier 1944, Roms, Seconde Guerre mondiale, résistance Bruno Teissier

16 mai : les Rroms célèbrent leur résistance pendant la Seconde Guerre mondiale

Les Rroms commémorent le soulèvement du camp tsigane d’Auschwitz, le 16 mai 1944. Le souvenir de cet épisode longtemps oublié de l’histoire des camps nazis est à l’origine de la Journée de la résistance rromani.

 

Les Rroms commémorent le soulèvement du camp tsigane d’Auschwitz, le 16 mai 1944. Le souvenir de cet épisode longtemps oublié de l’histoire des camps nazis est à l’origine de la Journée de la résistance rromani (International Rromani Resistance Day). Cette année, la Fête de l’insurrection gitane qui devait avoir lieu à Saint-Denis, en région parisienne, n’aura pas lieu ; tout comme les manifestations prévues simultanément à Budapest, Prague, Rome, Madrid, Paris, Londres...  

C’est dix-sept mois avant cette journée du 16 mai, que, sur ordre de Heinrich Himmler, le responsable des camps de la mort, les Rroms provenant de toute l’Europe centrale ont été transférés à Auschwitz-Birkenau. Un camp familial spécial - le Zigeunerlager (camp gitan) - a été mis en place où hommes, femmes, enfants et vieillards vivaient ensemble. Environ 23 000 Roms y ont été successivement détenus, parmi eux, environ 20 000 sont morts dans les chambres à gaz, souvent sans même être correctement enregistrés. Le médecin du camp était SS-Hauptsturmführer, le docteur Josef Mengele, le fameux « ange de la mort » et de nombreux détenus, en particulier des enfants, ont été utilisés dans d’horribles expériences pseudo-médicales. 

Parmi les manifestations de la résistance des Rroms et Sintis dans les camps, un moment fort a été la révolte de la section B II e du camp d'Auschwitz-Birkenau, le «camp de gitans». Le 16 mai 1944, lorsque les SS voulaient gazer les prisonniers sintis et roms qui y vivaient encore, ces derniers se sont armés de pierres et de divers outils. Lorsque les soldats allemands sont arrivés dans le camp, ils ont reçu des pierres, des tuyaux en fer, des panneaux de bois, du fil de fer barbelé qui avaient été ramassés dans la caserne. Les Rroms ont réussi à repousser la première attaque d’une centaine de soldats allemands arrivés tôt le matin, mais les assaillants se sont regroupés et ont lancé une nouvelle offensive sanglante. Les armes des Rroms n'étaient pas à la hauteur face aux canons allemands… Ce qui les a momentanément sauvés c’est que des trains transportant les remplaçants potentiels des Rroms sont arrivés pendant l'affrontement et les autorités allemandes craignaient que la révolte ne se propage à travers tout le camp d’Auschwitz-Birkenau. Si bien que le Lagerkommandant a annulé l'a dernière attaque et a retiré ses hommes. 

Au cours des semaines suivantes, des mesures ont été prises pour garantir qu'un tel défi à l'autorité nazie ne puisse plus se reproduire. Un millier de jeunes Rroms valides ont été transférés à Buchenwald, en juillet, mille autres ont été transférés dans d’autres camps, tandis que des femmes ont été envoyées à Ravensbrück, ne laissant que la moitié des 6000 habitants d’origine du Zigeunerlager, principalement des personnes âgées, des faibles et des enfants. . Toutes ces personnes ont été assassinées et brûlées dans les incendies du crématoire le 2 août. Une fois de plus, elles ont résisté, mais leurs tentatives ont été vaines et le Zigeunerlager a été vidé.

 
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1944, France, Nazisme, Shoah, Seconde Guerre mondiale, juifs, Enfants Bruno Teissier 1944, France, Nazisme, Shoah, Seconde Guerre mondiale, juifs, Enfants Bruno Teissier

6 avril : en souvenir des enfants d'Izieu

Triste anniversaire que celui qui est fêté aujourd’hui dans la colonie d’Izieu, située dans une petite commune de l’Ain, en hommage aux 44 enfants et aux 7 adultes arrêtés un matin du 6 avril 1944 par la gestapo, sur ordre de Klaus Barbie.

 

Triste anniversaire que celui qui est fêté aujourd’hui dans la colonie d’Izieu, située dans une petite commune de l’Ain, en hommage aux 44 enfants et aux 7 adultes arrêtés un matin du 6 avril 1944 par la gestapo, sur ordre de Klaus Barbie.  

En 1994, le président Mitterrand a inauguré le « Musée-mémorial des enfants d’Izieu », qui deviendra en 2000 « Maison d’Izieu, mémorial des enfants juifs exterminés ».

« Le message d’Izieu, c’est celui de l’engagement, l’engagement qui fut celui des hommes et des femmes qui ont accueilli ces enfants et qui nous adressent finalement une terrible leçon : ne jamais laisser personne de côté, accueillir celles et ceux qui sont les plus fragiles, les éduquer, les former, les accompagner, les élever. Le message d’Izieu, c’est aussi celui de la République. » Extrait du discours d’inauguration du président François Hollande le 6 avril 2015 à Izieu.

Chaque 6 avril, l’association commémore la rafle de 1944 par une cérémonie en hommage aux enfants et adultes déportés. Elle rassemble autour des anciens de la colonie un grand nombre de personnes (membres de l’association, élus, représentants de l’État et des collectivités territoriales, etc.).

Les jeunes générations sont étroitement associées au déroulement de la cérémonie. Des élèves lisent des lettres des enfants accueillis alors à Izieu, d’autres présentent des réalisations faites en classe autour du travail de mémoire mais le moment le plus poignant reste peut-être la lecture du nom des 44 enfants et leur âge, plusieurs avaient en effet moins de 6 ans !

La colonie d’Izieu, ouverte par Sabine et Miron Zlatin accueillit de mai 1943 à avril 1944 plus de cent enfants pour les soustraire aux persécutions antisémites. Le Musée-mémorial d’Izieu est, avec l’ancien Vélodrome d’hiver de Paris et l’ancien camp d’internement de Gurs, l’un des trois lieux de la mémoire nationale des « victimes des persécutions racistes et antisémites et des crimes contre l’humanité » commis avec la complicité du gouvernement de Vichy reconnus par le décret du 3 février 1993.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1943, Bulgarie, Nazisme, Seconde Guerre mondiale Bruno Teissier 1943, Bulgarie, Nazisme, Seconde Guerre mondiale Bruno Teissier

22 février : manifestation néo-nazie en Bulgarie

Ce soir, comme chaque année, une marche au flambeau rassemble dans les rues de Sofia, la fine fleur de mouvance néo-nazie européenne. La « Marche de Loukov » est organisée pour commémorer le décès d’un général nazi, le bulgare Christo Loukov, en 1943.

 

Ce soir, comme chaque année à la mi-février, une marche au flambeau rassemble dans les rues de Sofia, la fine fleur de la mouvance néo-nazie européenne. La « Marche de Loukov » (Луков марш) est organisée par l'Union nationale bulgare (BNS) pour commémorer le décès de Christo Loukov, un ministre de la Défense des années 1930, pro nazi, mort assassiné par un groupe communiste le 13 février 1943. Loukov dirigeait l'Union des légions nationales bulgares, une organisation fasciste et antisémite. Son successeur idéologique, le BNS, est accusé d’avoir adopté une idéologie similaire.

Cette marche a été organisée très officiellement de 2003 à 2014 (le samedi le plus proche du 13 février), puis a été interdite par la municipalité de Sofia à la demande de Moscou. Néanmoins les autorités n’ont pas pu empêcher le défilé de centaines d’irréductibles bravant l’interdiction. Le 25 juillet 2019, le tribunal administratif a finalement annulé l'interdiction prononcée par le maire de Sofia, affirmant que celle-ci violait les droits constitutionnels des organisateurs… Cette sinistre manifestation aura donc bien lieu en 2020.

La Marche de Loukov est devenue au fil des années l’un des rendez-vous européens de la droite extrême. On peut y croiser des Allemands des organisations Die Rechte et Junge Nationalisten, des membres du groupe français la Jeune Nation (qui rend aujourd’hui hommage à Loukov sur la page d’accueil de son site internet) ou des partisans suédois du Mouvement de résistance nordique…

En 2018, le Congrès juif mondial, avait déposé une requête, signée par plus de 175 000 personnes auprès du Premier ministre bulgare Bokyo Borissov, pour protester contre une parade organisée par les néo-nazis célébrant un dirigeant de la Seconde Guerre mondiale, proche du Troisième Reich. Très peu de juifs vivent aujourd’hui en Bulgarie où l’antisémitisme est toujours présent. Fin janvier 2019, une synagogue de Sofia a encore été saccagée.

Les autorités bulgares n’ont pas dit leurs derniers mots. Le procureur général de Bulgarie, Ivan Geshev, a ordonné une enquête sur la légalité ou non de l’association néonazie Union nationale bulgare - Edelweiss, organisatrice de la marche annuelle de Loukov (Lukov Marsh)… à suivre.

Mise à jour 2023 : La Cour administrative suprême confirmant l'interdiction du maire de Sofia, Yordanka Fandukova, avait entraîné l'annulation de la procession aux flambeaux du 22 février 2020, mais la manifestation néonazi s’est poursuivie d’une autre manière, les années suivantes dans une ambiance de grandes tensions entre manifestants anti-nazis, forces de polices déployées dans Sofia et militants bulgares pronazis. Voilà qu’en 2023, pour le 80e anniversaire de l’élimination du leader nazi bulgare et pour le 20e anniversaire de la première Lukov Marsh, on annonce une nouvelle édition de la funeste marche pour le 25 février 2023 à 17h30. L’interdiction de cette manifestation est à nouveau demandée par toutes les forces politiques démocrates… à suivre

Le site internet des oraganisateurs : lukovmarsh-info

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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29 avril : en France, le souvenir des déportés

On estime à plus de 155 000 le nombre des déportés de France dans les camps de concentration ou d’extermination nazis au cours de la Seconde Guerre mondiale… des cérémonies sont organisées à leur mémoire.

 

On estime à plus de 155 000 le nombre des déportés de France dans les camps de concentration ou d’extermination nazis au cours de la Seconde Guerre mondiale. Parmi eux, quelque 80 000 victimes de mesures de répression (principalement des politiques et des résistants, mais aussi des homosexuels) et plus de 75 000 juifs, victimes de mesures de persécution qui ont aussi touché les Rroms.

La cérémonie qui a lieu aujourd’hui se déroule en trois étapes : un hommage est d’abord rendu au mémorial du martyr juif inconnu, rue Geoffroy l’Asnier, Paris 4e, puis au Mémorial des martyrs de la déportation, dans l’île de la Cité. La commémoration se termine par le ravivage de la flamme à l'Arc de Triomphe.

Une autre cérémonie a lieu au mont Valérien, à Suresnes, et d’autres dans de nombreuse villes de France.

 
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