19 février : l'Amérique rend justice à ses citoyens d'origine japonaise internés dans des camps en 1942
Plusieurs États américains célèbrent une journée du souvenir (Day of Remembrance) en mémoire de l’internement dans des camps de plus de 120 000 Nippo-Américains. Le 19 février rappelle la date du décret 9066 signé par le président Franklin D. Roosevelt en 1942, soit deux mois après l'attaque japonaise sur la base américaine de Pearl Harbor. Ces internements forcés ont duré jusqu'en 1945. Pendant la Seconde guerre mondiale, ni les Américains d’origine allemande ni ceux d’origine italienne n’ont été inquiétés. Ce décret visait les seuls japonais.
Le gouvernement américain n’a reconnu ses torts qu’en 1988, lorsque Ronald Reagan a promulgué une loi qui contenait des excuses et accordait une compensation de 20 000 dollars à chaque interné, une forme de réparation sans précédent.
Il est vrai que la xénophobie à l’encontre des personnes d’ascendance japonaise était bien établie dès la fin du XIXe siècle, en particulier en Californie où on interdisait aux Japonais de posséder des terres, et à toute personne d’ascendance japonaise d’épouser un Blanc. En 1924, le Congrès prohiba l’immigration à tous les Asiatiques. Ceux qui étaient déjà installés ne pouvaient plus devenir citoyens. Seuls leurs enfants nés aux États-Unis pouvaient obtenir la nationalité (un droit constitutionnel).
En 1942, les internements dans des “centres de réinstallation” se sont faits sans procès ni avocat ni possibilité de recours en justice alors que deux tiers d’entre eux étaient de nationalité américaine. L’armée fut si efficace dans ses arrestations que l’hippodrome de Santa Anita, à Los Angeles, dû être transformé en vaste des centres provisoires, avec plus de 18 000 internés, forcés de vivre dans les écuries. Les internés y ont passé des mois, avant d’être déportés, le plus souvent en train, vers dix camps situés dans des montagnes ou des déserts reculés, battus par les vents, glacials l’hiver et brûlants l’été.
Un jeune homme de 23 ans, Fred Korematsu, eu le culot de faire appel à la Cour suprême des États-Unis. Par 6 voix contre 3, celle-ci n’a rien trouvé à redire à l’internement préventif des Japonais, fussent-ils citoyens américains. Il a fallu attendre juin… 2018, pour que la Cour suprême casse finalement sa propre décision de 1944. Son président, John G. Roberts Jr., a écrit qu’enfermer des citoyens américains dans des « camps de concentration, en se fondant uniquement et ouvertement » sur l’origine ethnique, « est objectivement illégal et ne relève pas de l’autorité du président ». Fred Korematsu est décédé le 30 mars 2005 à l'âge de 86 ans. En février 2021, le représentant Takano et le sénateur Hirono ont renouvelé leur demande de lui faire décerner la médaille d'or du Congrès.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde