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Grèce, 1940, Seconde Guerre mondiale, 28 octobre Bruno Teissier Grèce, 1940, Seconde Guerre mondiale, 28 octobre Bruno Teissier

28 octobre : le jour où les Grecs ont dit « non »

Ce jour est jour férié en Grèce et à Chypre en référence au “ Non ” des Grecs face à l’ultimatum de Mussolini en 1940. L’évènement est commémoré chaque année par des défilés de soldats et d’étudiants.

 

Il y a treize ans, le 28 octobre 2011, les Grecs défilaient dans les rues pour dire « non » à l’austérité imposée par la gestion européenne de leur dette publique. Le slogan était tout trouvé, les sentiments anti-européens étaient toujours prêts à resurgir en cette période très humiliante pour le pays. En réalité, cette fête très patriotique fait référence à un événement beaucoup plus ancien. 

En 1940, le 28 octobre à 4 heures du matin, Rome demandait au président Metaxas de permettre à l’armée italienne de disposer du territoire grec dans le cadre de la stratégie de l’Axe. Metaxas opposa à Mussolini un « non » catégorique. C’est ce sursaut patriotique, face à un pays plus puissant, que la Grèce commémore aujourd’hui par un jour férié, le Jour du Non (Επέτειος του « 'Οχι »). 

Cet ultimatum a été présenté à Metaxas par l'ambassadeur d'Italie en Grèce. En réalité, le président grec ne lui aurait pas répondu par un simple “non” mais par cette phrase, prononcée en français : « Alors, c'est la guerre ! »

À ce moment-là, Metaxas avait exprimé le sentiment populaire grec, le refus de la soumission. Ce refus a été transmis à la presse grecque de l'époque avec le mot « 'Οχι » (non). Le mot « NON » a figuré pour la première fois comme titre dans l'article du journal Hellenic Future de N. P. Efstratiou le 30 octobre 1940.

L'ultimatum stipulait que l'attaque débuterait à 6 heures du matin. À cinq heures et demie du matin, la guerre gréco-italienne commença par une invasion surprise.

L’histoire ne s’arrête pas là. Les Grecs ont si bien résisté face à l’offensive italienne que les Allemands ont dû prêter main-forte aux Italiens. Si bien que Hitler a dû retarder de deux mois son offensive contre la Russie. Deux mois face au « général hiver », ça ne pardonne pas. L’enlisement allemand face à la Russie a marqué le tournant de la guerre. Comme quoi, un petit “non” très déterminé…

Il est à noter que la Grèce est le seul pays au monde qui ne célèbre pas sa libération mais son entrée en guerre. Immédiatement après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la guerre civile a éclaté, de fait le pays est resté en état de guerre. C’est la raison pour laquelle le 28 octobre a été érigé en fête nationale et non le 12 octobre (jour de la libération d’Athènes en 1944) ou le 18 octobre suivant, jour où Georges Papandreou a hissé le drapeau national sur l'Acropole. Ni même le 30 octobre 1944, date retrait des nazis de Thessalonique. Quant à la date du 8 ou 9 mai 1945, elle n’a guère de sens dans un pays qui était  libéré de l’occupation nazie depuis octobre 1944.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 octobre 2021

 
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1821, Grèce, 25 mars, indépendance Bruno Teissier 1821, Grèce, 25 mars, indépendance Bruno Teissier

25 mars : les Grecs du monde entier célèbrent le bicentenaire leur révolution

D’Odessa à Ottawa, en passant par New York et Salonique, partout les Grecs célèbrent ce jour de 1821, où un évêque grec de Patras aurait levé l’étendard de la révolte contre  l’occupation ottomane.

 

La Grèce fête les 200 ans du début de sa lutte pour l’indépendance. Cela aurait dû être une grande célébration internationale, l’épidémie de covid a tout remis en cause. Certains chefs d’État, comme le président Macron ont dû annuler leur venue. Comme chaque année, la fête nationale grecque (ελληνική εθνική εορτή) débute par une messe solennelle célébrée en l’église Saint-Deny l’Aréopagite, à Athènes, par le Primat de Grèce, à laquelle assiste toute la classe politique. Ensuite, le président de la République dépose une gerbe sur la tombe du soldat inconnu. Des membres de la communauté grecque de Paris font de même à l’Arc de triomphe. Il s’ensuit un défilé militaire dans les rues d’Athènes, qui débute par les evzones, mais se limitera aux troupes à pied, crise sanitaire et crise économique obligent. Cette année, comme l’année dernière, pas de défilé des étudiants au milieu de la foule. L'ambiance n'y est pas. Les Grecs sont invités à suivre la cérémonie devant leur téléviseur.

Triste bicentenaire qui aurait dû être une fête extraordinaire : cette année la traditionnelle Greek Parade sur la 5e avenue de New York est, elle aussi, annulée. D’Odessa à Ottawa, en passant par Salonique, partout pourtant les Grecs célèbrent ce jour de 1821, où un évêque grec de Patras aurait levé l’étendard de la révolte contre l’occupation ottomane. Ce geste n’était pas le premier et l’indépendance ne sera acquise que bien plus tard et elle sera toujours perçue comme incomplète, ne serait-ce qu’à cause de la situation de Chypre. Ainsi, comme au Mexique, préfère-t-on célébrer un premier cri d’indépendance, fut-il mythique que les débuts de l’État grec.

Quant à la date de la commémoration nationale, le 25 mars, elle n’a pas été choisie par hasard : les orthodoxes grecs célèbrent aujourd’hui l’une de leurs principales fêtes religieuse, l’Annonciation à Marie (ο Ευαγγελισμός της Μαρίας), notamment à Tinos.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 mars 2021

 
La parade du Greek Day de Melbourne, Australie, en 2019

La parade du Greek Day de Melbourne, Australie, en 2019

Ce 25 mars, l’Opéra de Sydney aux couleurs de la Grèce

Ce 25 mars, l’Opéra de Sydney aux couleurs de la Grèce

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Grèce, 1833, 27 octobre, Drapeau Bruno Teissier Grèce, 1833, 27 octobre, Drapeau Bruno Teissier

27 octobre : la Grèce fête son drapeau

Le drapeau grec a été adopté en 1833 par Othon de Bavière lors de la création du royaume de Grèce. C'est une combinaison entre la croix blanche de saint Georges brandie par les révoltés orthodoxes contre l'occupation ottomane dès 1807 et la couleur bleu des armes de la Bavière.

 

Le drapeau grec a été adopté en 1833 par Othon de Bavière lors de la création du royaume de Grèce. C'est une combinaison entre la croix blanche de saint Georges brandie par les révoltés orthodoxes contre l'occupation ottomane dès 1807 et la couleur bleue des armes de la Bavière d'où était originaire le premier roi que les Européens ont placé sur le trône de Grèce. D’ailleurs, on retrouve ce motif et cette couleur dans le symbole de la marque de voiture BMW, l'un des emblèmes de la Bavière.

Les neuf bandes reprennent les neuf syllabes de la devise révolutionnaire : "Ἐλευθερία ἤ θάνατος" (é-leu-the-ri-a i tha-na-tos : la liberté ou la mort). À propos des couleurs, en Grèce on vous affirmera que le bleu est celui de la mer et que le blanc représente la terre.  Le drapeau grec (Η ελληνική σημαία) est fêté chaque 27 octobre, simplement parce que c’est la veille du Jour du non.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 octobre 2020

 
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1866, Grèce, 8 novembre Bruno Teissier 1866, Grèce, 8 novembre Bruno Teissier

8 novembre : le martyre des Crétois

C’est un peu la fête nationale crétoise. Le 8 novembre 1866, des villageois réfugiés dans le monastère d’Arkadi, avec femmes et enfants, ont préféré mourir en faisant sauter des barils de poudre, que de tomber vivants aux mains des Turcs qui les assiégeaient.

 

C’est un peu la fête nationale crétoise. Le 8 novembre 1866, des villageois réfugiés dans le monastère d’Arkadi, avec femmes et enfants, ont préféré mourir en faisant sauter des barils de poudre, que de tomber vivants aux mains des Turcs qui les assiégeaient.

Après quelques jours de rudes combats, les Ottomans ont fait irruption dans le monastère connu pour être l’un des hauts lieux de la résistance. À ce moment-là, l'abbé du monastère a mis le feu à la poudre à canon stockée sous les voûtes du monastère, causant la mort de la plupart des insurgés, mais aussi des femmes et des enfants qui y étaient hébergés, en tout 964 victimes.

Cet événement a provoqué un choc énorme dans le reste de l'Europe, même en Amérique du Nord et il a affaibli la légitimité de la domination ottomane sur la Grèce. Ce sacrifice de plusieurs centaines de personnes aura eu au moins le mérite de faire connaître la cause crétoise au reste de l’Europe. Un ossuaire expose le crâne des victimes de l’explosion.

Ce matin 8 novembre 2019, à Réthymnon à 10h, débute le défilé des corps politiques, militaires et de sécurité avec la participation de l'Orchestre philharmonique municipal de la ville. À 11h, départ des officiers pour le monastère d'Arkadi, situé à 13km. À midi, cérémonie religieuse au monastère sous la conduite du métropolitain de Rethymnon. Ensuite, Konstantinos Spanoudakisis, le vice-recteur aux affaires étudiantes prononcera le discours commémoratif prononcé par le vice-recteur aux affaires étudiantes devant des étudiants de l'Université de Crète, sur le thème « Célébration d'Arkadi en tant qu'événement spirituel ». Après la messe, dépôts de couronnes par des représentants du gouvernement grec et des forces armées grecques, suivis d’une une minute de silence, conclu par l’hymne national. Depuis quelques années, la célébration, autrefois très discrète, voire inexistante, a pris une grande ampleur. Elle a été précédée par des Jeux d’Arkadi, organisés dimanche dernier dans la ville de Réthymnon.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 novembre 2019

 
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