L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1942, Corée du Nord, dictateur, 16 février Bruno Teissier 1942, Corée du Nord, dictateur, 16 février Bruno Teissier

16 février : le Jour de l’étoile brillante en Corée du Nord

Cette célébration est celle de l’anniversaire de Kim Jon-il, fils du fondateur du régime nord-coréen et le père du dictateur actuel. Ce jour férié national, chaque 16 février, est une manière de célébrer toute la dynastie régnante.

 

Cette célébration, en Corée du Nord, porte le nom de Jour de l'étoile brillante (Gwangmyeongseongjeol, 김정일의 날), c’est l’anniversaire de Kim Jon-il, fils du fondateur du régime et le père du dictateur actuel.

Né officiellement le 16 février 1942 (la vraie date reste mystérieuse), selon la légende, au sommet du mont Paektu, la montagne sacrée des Coréens, Kim Jon-il est le fils de Kim Il-Sung, le fondateur du régime totalitaire imposé à la Corée du Nord depuis 1948. Il en a été le deuxième leader, au pouvoir de 1994, à la mort de son père jusqu’à son propre décès en 2011, remplacé par son fils, Kim Jong-un, le n°1. Une telle succession dynastique, la lignée de Paektu, est unique à l’époque contemporaine. Elle puise aux sources mythologiques, le mont  Paektu étant le lieu de naissance de Tangun, le fondateur mythique du premier royaume coréen.

En 2013, Kim Jong-un a institutionnalisé la théorie de la vie éternelle de ses prédécesseurs, Kim Il-sung et de Kim Jong-il, formalisé dans le « Code de vie éternelle de Suryong ». À l’imitation de la sainte  Trinité chrétienne, le régime nord-coréen repose sur la logique selon laquelle Kim Il-sung et Kim Jong-il existent au sein de Kim Jong-un, comme Dieu et le Saint-Esprit dans la personne du Christ. Ce jour férié national, chaque 16 février, est aussi une manière de célébrer, au sens religieux du terme, toute la dynastie régnante.

S’il ne s’effondre pas subitement, comme beaucoup de dictatures, le régime va devoir innover car Kim Jong-un est en mauvaise santé et on doit imaginer sa succession. Déjà est mise en avant une fillette de 11 ou 12 ans (sa naissance avait été tenue secrète), Kim Ju Ae, fille cadette de l’actuel leader (il a aussi un fils, caché). En mars 2024, les médias officiels ont commencé à désigner Kim Ju Ae avec le titre très honorifique de « hyangdo » (personne d’un grand conseil ), laissant penser qu'elle pourrait succéder à son père. En attendant, elle doit être unique. Tout Nord-Coréen portant le même prénom d’elle, Ju Ae, a été prié d’en changer. À présent qu’elle est médiatisée, il est bien sûr interdit de chercher à s’habiller ou à se coiffer comme elle.

L'anniversaire de Kim Jong-il a commencé à être officiellement célébré le 16 février 1975, pour son 33e anniversaire. L’année suivante, en 1976, le 16 février fut désigné jour férié. À partir de 1986, la fête a été prolongé au lendemain de l'anniversaire, ce qui en fait une fête de deux jours. C’est bien le moins, pour une date qui a été désignée par les autorités comme le jour le plus important de l’année.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 février 2025

Statues de Kim Il-sung et de Kim Jong-il sur la place Mansudae à Pyongyang (photo J.A. de Roo)

 
Lire la suite
1918, 1949, Lituanie, 16 février, indépendance Bruno Teissier 1918, 1949, Lituanie, 16 février, indépendance Bruno Teissier

16 février : la fête nationale de la Lituanie

La Lituanie fête son indépendance, pas celle du 11 mars 1990 quand le pays s’est séparé de l’URSS, mais celle du 16 février 1918 quand le pays a échappé à l’emprise russe. Le nom officiel de cette ce jour férié est Restauration de l’État lituanien. Les puristes parlent d’une renaissance de la Lituanie…

 

La Lituanie fête son indépendance, pas celle du 11 mars 1990 quand le pays s’est séparé de l’URSS, mais celle du 16 février 1918 quand le pays a échappé à l’emprise russe. Le nom officiel de ce jour férié est L’anniversaire de la restauration de l’État lituanien (Lietuvos valstybės atkūrimo diena). La Lituanie est le seul pays balte à pouvoir affirmer cela car il a existé, jadis, un État Lituanien médiéval, apparu en 1253 qui dura jusqu’en 1385. Plus tard, la Lituanie et la Pologne ont vécu en symbiose, formant un État commun durant plusieurs siècles. Elles ont disparu ensemble, en 1795, et ont recouvré leur indépendance la même année, en 1918. Pour la Lituanie, l’indépendance a été reconnue par la Russie le 16 février 1920 (deux ans après sa proclamation) mais sera anéantie le 15 juin 1940 par l’armée soviétique qui occupera le pays et y demeurera pendant 50 ans (jusqu’en 1990).

Chaque 16 février, après un hissé de drapeau, un défilé de jeunes est organisé dans la capitale. Tout le monde est invité à le rejoindre à 10 heures sur la place de la Cathédrale de Vilnius. Les jeunes marchent ensuite jusqu’au cimetière Rasų, où ils rendent hommage à la mémoire des signataires en lisant l’Acte d’indépendance de 1918. Un autre événement traditionnel a lieu dans la rue Pilies devant la Maison des signataires. En soirée (dès 17 heures) il y aura des bûchers de la liberté sur l’avenue Gedimino à Vilnius. Ils sont allumés très officiellement par des personnes désignées comme méritantes aux yeux des autorités.

C’est aussi symboliquement, un 16 février, en 1949, que divers mouvements de résistance à l’occupation soviétique se sont rassemblés sous la conduite du général Jonas Žemaitis. Ce chef de la résistance lituanienne œuvrera dans la clandestinité jusqu’à son arrestation en 1953, suite à une trahison. Il sera condamné à mort et exécuté le 26 novembre 1954 à la prison de Boutyrka, à Moscou. Les discours officiels du 16 février lui font toujours une petite place.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
Lituanie2.png
Lire la suite
2022, Ukraine, Unité, fête patriotique, 16 février Bruno Teissier 2022, Ukraine, Unité, fête patriotique, 16 février Bruno Teissier

16 février : la deuxième journée de l’unité en Ukraine

Il y a un an, en 2022, le président Zélensky décrétait le 16 février jour férié. Ce nouveau Jour de l’unité était destiné à rassembler et à mobiliser la population ukrainienne face à une agression militaire russe qui s’avérait imminente. Cette année, la deuxième édition de cette journée se déroule sur fond d’annonce d’une nouvelle offensive russe, massive cette fois.

 

Il y a un an, en 2022, le président Zélensky décrétait le 16 février jour férié. Ce nouveau Jour de l’unité (День єднання) avait été annoncé deux jours plus tôt. La date n’avait pas été choisie au hasard, selon les renseignements américains, c’était celle d’une probable attaque massive de la Russie contre l’Ukraine. En dépit, de la concentration de troupes russes  aux abords de la frontière ukrainienne, en particulier au nord de Kyiv, les observateurs européens ne croyaient pas à cette offensive. Le ministère russe de la Défense démentait toute intention belliqueuse et annonçait même, le 15 février, la fin de l’exercice militaire et un début de retour. L’inquiétude grandissait néanmoins en Ukraine. Afin de diminuer la pression psychologique, maintenue par des informations alarmistes, Volodymyr Zélensky a voulu offrir aux Ukrainiens une journée de détente, de rassemblement patriotique et de mobilisation face au danger. Ce fut cette journée du 16 février dont une seconde édition a été annoncée pour 2023. La guerre n’est pas terminée, loin de-là, une nouvelle offensive massive est même annoncée de la part des Russes, dans les prochains jours…

Le 16 février 2022, le drapeau ukrainien bleu et jaune était hissé sur tous les bâtiments publics, la population était invitée à arborer un ruban aux couleurs nationales lors de manifestations publiques. À 10h, dans toute l’Ukraine, hormis les régions déjà occupées par les Russes, on a chanté l’hymne national. Une prière collective avait leu dans la cathédrale Sainte-Sophie de Kiev, le lieu le plus sacré de cette conscience nationale.

Finalement, on le sait, l’agression russe a bien eu lieu, la date choisie, on aurait pu le deviner, la décision a été prise par le dictateur Poutine le 23 février, une date très symbolique et très militariste, pour les Russes. L’offensive a débuté dans la nuit du 23 au 24 février.

Un an après, le Jour de l’unité de l’Ukraine est à nouveau célébré bien que la loi martiale ait supprimé tous les jours fériés, le pays étant en guerre. L’esprit y sera tout de même. La Russie s’est embourbée dans une guerre désastreuse, d’abord pour elle-même. L’Ukraine n’a pas cédé, l’esprit du 16 février a joué à fond au-delà de toute attente. Ce pays, autrefois politiquement très divisé, s’est rassemblé. Les Ukrainiens ont su tenir tête à un agresseur russe qui a largement surestimé ses forces et la capacité du «peuple frère » à résister.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 février 2023

 

Тільки разом ми єдині. Разом до перемоги (seulement uni. Uni vers la victoire)

Le 16 février 2022

Lire la suite