L’Almanach international
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16 décembre : le Kazakhstan affirme son indépendance
Le 16 décembre 1991, le Kazakhstan fut la toute dernière des républiques soviétiques à proclamer son indépendance à l’égard d’une URSS qui n’avait plus que dix jours à vivre. Aujourd’hui, le Kazakstan revisite sa longue période d’occupation russe puis soviétique et prend nettement ses distances avec Moscou.
Le 16 décembre 1991, le Kazakhstan fut la toute dernière des républiques soviétiques à proclamer son indépendance à l’égard d’une URSS qui n’avait plus que dix jours à vivre avant sa dissolution. Comme la plupart des républiques soviétiques, elle avait déclaré sa souveraineté dès le 25 octobre 1990, un jour dont l’anniversaire sert de fête nationale. Le 16 décembre n’en est pas moins une date importante car le Jour de l’indépendance (Тәуелсіздік күні) est tout de même gratifié de deux jours fériés, les festivités se prolongeant le 17 décembre.
Le Kazakhstan est resté longtemps proche de Moscou, au point l’appeler à l’aide lors des émeutes de janvier 2022. Les Russes avait aidé à rétablir l’ordre et Noursoultan Nazarbaïev, le président qui était arrivé à la tête du pays avant l’indépendance et qui s’était incrusté au pouvoir pendant près de trois décennies, avait été mis à l’écart. L’agression de l’Ukraine par la Russie va refroidir le Kazakhstan qui, depuis, prend ses distances, préférant décliner l’invitation de Moscou à intégrer les Brics.
Le 16 décembre est chaque année l’occasion pour les nationalistes, qui ont le vent en poupe, de dénoncer le colonialisme russe de jadis, la terrible famine de 1932 et la répression politique à l’époque soviétique, notamment celle l’insurrection de décembre 1986 dont le souvenir est réactivé par la coïncidence des dates d’anniversaire. Le 16 décembre 1986, le secrétaire général du PC kazakh, Guennadj Kolbin, prenait ses fonctions. Ce Russe parachuté par Moscou remplaçait Kunaev, un Kazakh, corrompu mais populaire. Cette nomination a provoqué les émeutes dites de Jeloqsan (décembre en langue kazakhe), violemment réprimées, mais perçue a posteriori comme le début de la renaissance kazakhe, d’où l’importance donnée aujourd’hui à ce double anniversaire du 16 décembre.
La météo annonçait des tempêtes et des chutes de neige pour ces deux jours fériés, la saison n’est jamais propice aux festivités en plein air. Dans les villages, on construit des yourtes y faire la fête. À Astana, la capitale, une grande réception est organisée au Palais présidentiel lors de laquelle le président Kassym-Jomart Tokaïev distribue médailles et décorations aux citoyens méritants. Pour l’occasion, beaucoup d’invités ont revêtu des costumes traditionnels.
À Almaty, ce 16 décembre, une cérémonie de dépôt de couronnes a lieu au monument de l'Indépendance sur la place de la République (ancienne place Brejnev). L'événement réunit des représentants du conseil des anciens combattants, de l'administration municipale, des organismes publics, des associations ethnoculturelles et des participants de l'événement de décembre 1986.
Le 17 décembre, des couronnes de fleurs seront déposées devant le monument « L'aube de l'indépendance », célébrant le 38e anniversaire de l'événement de décembre 1986. L’assistance marquera une minute de silence en souvenir des morts de la répression et les représentants religieux réciteront des versets du Coran.
Toute la semaine dernière, des concerts et des conférences ont été donnés. Dans un des principaux lycées de la ville, une réunion intitulée "Mes grands-pères aspiraient à l'indépendance », s’adressait aux lycéens. Tout un passé de lutte nationale et anticoloniale est en train de se construire.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 décembre 2024
16 février : la Grèce commémore le massacre de Domenikon
Ce massacre fait référence à la destruction totale du village de Domenikos dans le département de Larissa, en Thessalie, les 16 et 17 février 1943 par les forces d'occupation allemandes et italiennes qui, après y avoir mis le feu, ont ensuite procédé à l’exécution par la force brute de 150 villageois, soit tous les hommes de 14 à 80 ans.
Le massacre de Domenikos (Σφαγή του Δομένικου) fait référence à la destruction totale du village de Domenikos dans le département de Larissa, en Thessalie, les 16 et 17 février 1943 par les forces d'occupation allemandes et italiennes qui, après y avoir mis le feu, ont ensuite procédé à l’exécution par la force brute de 150 villageois, soit tous les hommes de 14 à 80 ans.
Cette page de la Seconde Guerre mondiale a été oubliée pendant de nombreuses années, selon l'historienne Lidia Santarelli, les massacres italiens en Grèce sont « un trou noir dans l'histoire ». Elle fut remise à jour par le documentaire de Giovanni Donfrancesco La guerra sporca di Mussolini (La sale guerre de Mussolini) diffusé à partir du 14 mars 2008 sur History Channel. Le village de Domenikon a été reconnu village martyr en 1998. L'Italie, quant à elle, a présenté ses excuses à la Grèce pour le massacre le 16 février 2009, par l'intermédiaire de son ambassadeur à Athènes.
Le massacre de Domenikon est le premier massacre de civils en Grèce. Il a donc servi de « modèle » pour les autres massacres de civils qui ont rapidement suivi durant le reste de l'occupation italienne dans ce pays, jusqu'au retrait de l'armée italienne durant l'été 1943. Le massacre est surnommé par les Italiens « le petit Marzabotto ». Le second massacre de civils a lieu trente jours plus tard dans le village de Tsaritsani où soixante personnes ont été abattues, suivi de massacres dans d'autres secteurs de la Thessalie et en Grèce interne, comme à Domokos, Pharsale ou encore Oxine. On dénombre plusieurs milliers de civils massacrés dans toute la Grèce et près de 400 villages détruits partiellement ou totalement, dont Kalávryta est un autre exemple.
Aucun des 1500 criminels de guerre italiens - dont les coupables du massacre - n’a jamais été jugés, ceci pour que l'Italie puisse conserver après la Seconde Guerre mondiale, une bonne position internationale. La majorité des criminels de guerre italiens qui ont survécu ont continué à travailler pour le gouvernement italien. Le secret sur les crimes de guerre italiens a été encouragé par le Royaume-Uni et les États-Unis.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 février 2024
16 février 2022
16 décembre : le Bangladesh célèbre sa victoire et son indépendance
Le Jour de la Victoire est férié au Bangladesh, il célèbre la fin de la guerre de libération du Bangladesh à l’égard du Pakistan, en 1971, après une terrible guerre de neuf mois qui a fait 3 millions de morts et 10 millions de réfugiés.
Le Jour de la Victoire ( বিজয় দিবস Bijôy Dibôsh ) est férié au Bangladesh, il célèbre la fin de la guerre de libération du Bangladesh à l’égard du Pakistan, en 1971.
La partition des Indes britannique en 1947 avait donné naissance à deux États, l’Inde et le Pakistan. Ce denier était composé d’une partie occidentale, le Pakistan actuel, et d’un Pakistan oriental. Ce dernier supportait de plus en plus difficilement d’être gouverné par une capitale lointaine qui lui impose jusqu’à la langue, l’ourdou, alors qu’à l’est, on parle le bengali. Après une terrible guerre de neuf mois qui a fait 3 millions de morts et 10 millions de réfugiés, le Pakistan oriental, aidé par son voisin indien, a réussi à écraser les armées de l’ouest, pourtant soutenues par les États-Unis, et à obtenir son indépendance sous le nom de Bangla Desh, puis de Bangladesh.
La reddition a eu lieu à l'hippodrome de Ramna à Dhaka le 16 décembre 1971. Le lieutenant-général Amir Abdullah Khan Niazi, pour le Pakistan occidental, et le lieutenant-général Jagjit Singh Aurora, commandant conjoint des forces indiennes et bangladaises, y ont signé la fin des combats au milieu de milliers de foules enthousiastes à l'hippodrome.
La célébration du Jour de la Victoire a lieu chaque année depuis 1972. La guerre de libération du Bangladesh occupe une grande place dans le cinéma, la littérature, les cours d'histoire à l'école, les médias et les arts au Bangladesh. Le rituel de la célébration comprend un défilé militaire sur le terrain de parade national, des réunions cérémonielles, des discours, des conférences et des feux d'artifice un peu partout dans le pays.
Le Mémorial national des martyrs (Jatiya Smriti Saudha), érigé à la mémoire de ceux qui sont morts lors de la guerre de libération du Bangladesh de 1971, connaît une affluence particulière chaque 16 décembre. Le monument est situé à Savar, à environ 35 km au nord-ouest de la capitale, Dhaka. Il a été conçu par Syed Mainul Hossain.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 décembre 2023
Le Mémorial national des martyrs (Jatiya Smriti Saudha)
L'architecture est composée de sept paires de murs ou prismes de forme triangulaire ; la paire la plus extérieure étant la plus courte en hauteur mais la plus large en envergure, les paires intérieures changent progressivement de rapport d'aspect et la paire la plus intérieure forme ainsi le point culminant de l'architecture. Chacune de ces sept paires de murs représente un chapitre important de l'histoire du Bangladesh, à savoir le Mouvement linguistique en 1952, la victoire électorale provinciale du Front uni en 1954, le Mouvement constitutionnel en 1956, le mouvement contre la Commission de l'éducation en 1962, six-point en 1966, le soulèvement de masse en 1969 et enfin l'événement culminant de la guerre de libération en 1971, par lequel le Bangladesh a été libéré.
16 décembre : la fête nationale de Bahreïn
C’est l’anniversaire du couronnement du cheikh Issa Ibn Salman al-Khalifa au titre d’émir de Bahrein, le père du roi actuel, Hamad II. Une référence est faite également à l’indépendance du pays vis-à-vis du Royaume-Uni, même si la date ne coïncide pas.
Cette journée revêt une grande importance dans l'histoire du pays, car elle marque la libération du pays des Britanniques affirme-t-on à Bahrein. Le 16 décembre est souvent qualifié à tort de fête d’indépendance du petit émirat du Golfe persique, devenu en 2003 le royaume de Bahreïn.
L’indépendance a a été obtenue des Britanniques le 15 août 1971 mais le mois d’août, en raison du climat extrême de la région, n’est pas très propice à des festivités. On le vit actuellement au Qatar, dont la fête nationale est célébrée le 18 décembre, doublée cette année d’une célébration du football, le mois de décembre est bien plus propice à une fête en plein air.
La date du 16 décembre est l’anniversaire du couronnement du cheikh Issa Ibn Salman al-Khalifa au titre d’émir de Bahrein, le 16 décembre 1961, suite au décès de son père. Il restera sur son trône jusqu’à sa mort en 1999. C’est lui qui a choisi cette date pour en faire la fête nationale de Bahreïn (العيد الوطني للبحرين). Et comme l’armée britannique a quitté définitivement l’archipel le 15 décembre 1971, la veille de la célébration du 16 décembre. Ce jour peut faire figure de véritable indépendance du pays.
Son fils et successeur, Hamed ben Issa Al Khalifa, couronné le 14 février 2002, n’a pas modifié la date de la fête nationale, il s’est contenté de rajouter un deuxième jour férié, le 17 décembre, afin que les festivités se répartissent sur deux jours.
Cette fête fait donc référence au long règne de l’émir Issa Ibn Salman (1961-1999), considéré comme le monarque modernisateur du pays. C’est à lui que l’on doit la transformation économique de Bahreïn en une nation moderne et un centre financier clé dans la région. Mais c’est aussi lui qui a dissous le Parlement pour imposer au pays son pouvoir absolu. Le Parlement a été rétabli par son successeur, Hamad II, le roi actuel, mais pas vraiment la démocratie. Le régime demeure très crispé face à toute expression de l’opposition, en particulier celle de la majorité chiite de la population (alors que la monarchie et les élites du royaume sont sunnites). Lors du Printemps arabe, en 2011, il avait fallu l’intervention sanglante de l’armée saoudienne pour que le roi Hamad ne vacille pas sur son trône. Les principaux mouvements d'opposition ont été dissous ; les dissidents sont emprisonnés et déchus de leur nationalité. En ce jour de fête nationale, le sujet n’est pas d’actualité.
Aujourd’hui c’est la fête, le roi Hamad salue la population, les célébrations comprennent des feux d'artifice spectaculaires, des performances musicales en direct par de grands artistes arabes, des concours, des expositions et l'annonce de nouveaux projets par le gouvernement.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 décembre 2022
16 décembre : Comment la date la plus controversée du calendrier sud-africain est devenue le jour de la réconciliation
C’était la date la plus controversée du calendrier sud-africain. Appelée autrefois le “Jour du vœu”, elle commémore la victoire des colons blancs sur les armées zouloues à la bataille de Blood River (« rivière de sang ») en 1838. En 1995, le nouveau régime faute d’avoir pu éliminer cette date ambiguë, en a fait un jour férié dédié à la réconciliation des différentes composantes de la nation sud-africaine.
Ce mercredi, 16 décembre est férié en Afrique du Sud, longtemps cette date a été un moment de tensions politiques et de ressentiments. Appelée autrefois le Jour du vœu (Day of the Vow), elle commémore la victoire des colons blancs sur les armées zouloues à la bataille de Blood River (« rivière de sang ») en 1838. Cette rivière fut soudainement rouge de sang car plus de 3 000 Zoulous y furent massacrés contre seulement 3 blessés dans les rangs adverses, celui des Boers, les colons blancs que l’ont appelé aujourd’hui les Afrikaners. Le 16 décembre est leur date sacrée, elle est fériée depuis plus d’un siècle. Ils célèbrent chaque année le « pacte » conclu avec Dieu . C’est un 16 décembre, en 1949, qu’a été inauguré le monument des Voortrekker à Pretoria, juste après la mise en place du régime d’apartheid.
De leur côté, ce même jour, les Zoulous commémorent le Dingaan’s Day, en souvenir de la victoire de leur roi Dingane sur les troupes britanniques en 1879. La bataille a eu lieu un 22 janvier, mais pour rien au monde, ils n’auraient laissé aux Afrikaners le monopole du 16 décembre.
Enfin, l’ANC, le parti au pouvoir, qui fut le fer de lance contre l’apartheid, commémore la création en 1961 de son organisation militaire (Umkhonto we Sizwe), un 16 décembre, la date n’avait pas été choisie au hasard. Le groupe a lancé la lutte armée contre le gouvernement de l'apartheid. Les premiers actes de résistance violente contre les dirigeants de l'apartheid ont également eu lieu ce même 16 décembre 1961.
En 1995, le nouveau régime faute d’avoir pu éliminer cette date ambiguë, en a fait un jour férié dédié à la réconciliation des différentes composantes de la nation sud-africaine : Le Jour de la réconciliation (The Day of Reconciliation). C’est un 16 décembre que la statue de Mandela a été inaugurée à Pretoria en 2003. Chaque année, des défilés et des festivités sont organisés dans tout le pays. La fête est aussi l’occasion de célébrer les groupes culturels minoritaires en Afrique du Sud, tels que le peuple San.
Cela dit, le 16 décembre, au cœur de l’été austral, est le premier d’une série de jours fériés avec le 25 et le 26 décembre puis le 1er janvier. De nombreuses entreprises ferment leurs portes en cette période de congés estivaux. Pour beaucoup de Sud-Africains, la réconciliation va se jouer à la plage.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 décembre 2022
La statue de Mandela à Pretoria figure sur un billet de banque mis en circulation en juillet 2018 à l’occasion du centenaire du leader sud-africain.
Timbres émis à l’occasion de l’inauguration du Voortrekker Monument, le 16 décembre 1949. Les Voortrekkers sont les populations boers qui ont participé au Grand Trek entre 1835 et 1852 en Afrique du Sud. Un siècle plus tard, leurs descendants mettront en place l’apartheid.
16 décembre : le Pakistan commémore un effroyable massacre d'enfants opéré par les talibans
La Journée à la mémoire des martyrs commémore le massacre du 16 décembre 2014 à Peshawar
Triste anniversaire que celui d’un massacre d’écolier, célébré chaque 16 décembre au Pakistan comme la Journée à la mémoire des martyrs. C’était, le 16 décembre 2014, six assaillants vêtus d’uniformes militaires ont pris d’assaut une école de Peshawar où 500 élèves étaient présents. Le bilan fut effroyable, au moins 141 personnes ont été tuées, dont une majorité d’enfants, et une centaine de blessées. L'assaut aura duré près de sept heures. Les assaillants sont passés de classe en classe pour abattre les enfants ou adolescents, et au moins un a fait exploser la bombe qu'il portait sur lui. Les élèves avaient entre 10 et 20 ans.
L'attaque a été revendiquée par les talibans du Tehreeh-e-Pakistan (TTP) en représailles à une offensive de l'armée pakistanaise dans le nord-ouest de l’Afghanistan. La ville de Peshawar est régulièrement martyrisée par les attaques de terroristes, qui y accèdent via les zones tribales pakistanaises (régions peuplées de Pachtounes, la même ethnie sur laquelle s’appuie le régime taliban de Kaboul). L'école est située dans les faubourgs de Peshawar, à la lisière des zones tribales que revendique l’Afghanistan.
En signe de deuil, tous les établissements scolaires du Pakistan sont fermés chaque 16 décembre pour ce Solidarity Day with the martyrs of the APS.
Aujourd’hui, le Tehreeh-e-Pakistan (TTP), avatar pakistanais des talibans, est de retour sur ses terres origines, le Waziristan, après avoir contribué à la prise du pouvoir des talibans à Kaboul. L’objectif est la destruction du Pakistan lui-même. Toute l’ambiguïté du régime d’Islamabad à l’égard des talibans depuis une vingtaine d’années s’avère aujourd’hui totalement mortifère. Le massacre du 16 décembre que l’on commémore aujourd’hui en est un des symboles. Malgré tout la prise de conscience est tardive et loin d’éteindre unanime.
#APSPeshawar #PeshawarAttack
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 décembre 2022