L’Almanach international
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29 décembre : la Journée de la Paix au Cambodge
Le gouvernement inaugure une nouvelle date pour célébrer la paix au Cambodge, bien plus confortable car au moins, elle ne fait plus référence à une exigence de démocratie dont le régime fait totalement défaut.
Jusqu’en 2021, le Cambodge célébrait la fin de la guerre chaque 23 octobre, qui correspondait à l’anniversaire des accords de paix de Paris signés en 1991 et qui mettaient fin à 21 ans de guerre. Le pouvoir de Phnom Penh a toujours été mal à l’aise avec ce jour férié, car il célébrait un accord qui prévoyait outre la paix, des élections démocratiques qui n’ont jamais eu lieu. La date du 29 décembre, plus valorisante pour Hun Sen, le leader historique, est aussi plus confortable pour le pouvoir en place.
Le conflit avait débuté en décembre 1978 par l’invasion du pays par l’armée vietnamienne visant à faire tomber le régime génocidaire des Khmers rouges. Arrivé dans les fourgons des Vietnamiens, un ancien khmers rouge nommé Hun Sen est mis au pouvoir. D’abord en tant que ministre des Affaires étrangères, aux ordres de Hanoï, puis de chef du gouvernement. Plus de quatre décennies plus tard, le pays demeure un protectorat vietnamien. Hun Sen est toujours au pouvoir, directement jusqu’en 2023 et aujourd’hui par l’intermédiaire de son fils Hun Manet qui lui a succédé. Les journalistes sont persécutés. Les leaders de l’opposition obligés de s’exiler pour échapper à la prison ou à la mort… L’état de droit n’a jamais été respecté au Cambodge, les accords de Paris non plus. Par conséquent, le jour férié le célébrant a fini par être supprimé au profit d’une journée de la Paix, décidée en janvier 2024 et fixée le 29 décembre.
L’argument des autorités pour le changement de date est qu’après 1991 des foyers de guérilla khmers rouges ont subsisté aux marges du pays, entretenant un conflit de faible intensité jusqu’à ce que le gouvernement mette en œuvre une « politique gagnant-gagnant » élaborée par Hun Sen. Cette politique garantissait la préservation de la vie et des biens des Khmers rouges qui se rendaient volontairement aux forces gouvernementales. Si bien que l’on peut considérer que la guerre civile au Cambodge a officiellement pris fin le 29 décembre 1998. En 2022, le 29 décembre a d’abord été déclaré Journée de la politique gagnant-gagnant (ថ្ងៃនយោបាយឈ្នះ-ឈ្នះ) pour souligner l'importance de cette politique dans la résolution finale du conflit cambodgien, mais sans en faire un jour férié. Le 1er janvier 2024, finalement, le gouvernement cambodgien l’a rebaptisé Journée de la Paix au Cambodge (ទិវាសន្តិភាពនៅកម្ពុជា) et l'a déclarée fête nationale. Le gouvernement parle du 26e anniversaire de la paix, mais on le fête cette année pour la première fois.
Pour l’occasion est prévu, un défilé militaire et des cérémonie au mémorial Gagnant-Gagnant ainsi qu’au stade national Morodok Techo, en présence du vice-premier ministre et ministre de la Défense, le général Tea Seiha et du premier ministre, Samdech Moha Borvor Thipadei Hun Manet. Dans la soirée, ce dernier a organisé un match de football amical au stade national, devant quelque 40 000 spectateurs.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 décembre 2024
Le 1er janvier 2024, devant le Monument de la Victoire
Le mémorial Gagnant-Gagnant
Hun Manet passant ses troupes en revue (source gouvermentale)
29 décembre : les Irlandais célèbrent leur constitution
Les Irlandais commémorent l’entrée en vigueur, le 29 décembre 1937, de leur constitution. C’est la plus ancienne de l’Union européenne. Elle a été modifiée pour entrer dans le cadre de l’Accord du Vendredi saint, mais celui-ci a été fragilisé par le Brexit…
C’est Constitution Day en Irlande : chaque 29 décembre les Irlandais commémorent l’entrée en vigueur, le 29 décembre 1937, de leur constitution (Bunreacht na hÉireann). Ce jeune État est donc doté de la plus ancienne constitution de l’Union européenne. Elle remplaçait celle de l’État libre d’Irlande, 1922, mal perçue car découlant du traité anglo-irlandais qui n’a pas fait l’unanimité parmi les Irlandais. Cette nouvelle constitution non plus puisqu’elle n’a été approuvée par référendum que par 56% des votants, le 1er juillet 1937.
Ce texte a été rédigé en deux versions, irlandaise et anglaise, qui se contredisent à plusieurs reprises. C’est bien sûr la première qui prime. D’ailleurs, le pays doit constitutionnellement s’appeler Eire et non plus Ireland (Irlande), ce qui, en fait, est resté très théorique. L’article 8 prévoit que la langue anglaise est reconnue comme deuxième langue officielle, après l’irlandais, en principe. Toute la nomenclature politique est ainsi établie dans la principale langue officielle de l’île : un chef de gouvernement est appelé Taoiseach (article 28) et le parlement national nommé Oireachtas (article 15). Celui-ci a une chambre basse dominante directement élue connue sous le nom de Dáil Éireann (article 16) et une chambre haute Seanad Éireann (article 18). Les appellations des partis politiques sont également pour la plupart connue en irlandais.
Parmi les avancées de cette constitution, on peut noter le droit de vote accordé aux femmes. Mais il est contrebalancé par l’article 41.2, dénoncé par les féministes car il assimile la féminité à la maternité et précise, en outre, que la vie d’une femme est « au foyer » : « l’État reconnaît que, par sa vie au foyer, la femme apporte à l’État un soutien sans lequel le bien commun ne peut être atteint » et que, par conséquent, celui-ci « s’efforce de veiller à ce que les mères ne soient pas obligées par les nécessités économiques à travailler en négligeant les devoirs de leurs foyers ».
En vertu de l'article 40.6.1 de la Constitution, le blasphème était passible d'une amende de 25 000 euros. Mais cette disposition a été, heureusement, abrogée par référendum en 2018.
Tel qu'il a été promulgué à l'origine, en 1937, l'article 2 affirmait que « toute l'île d'Irlande, ses îles et les mers territoriales » formaient un seul « territoire national », tandis que l'article 3 affirmait que l'Oireachtas avait le droit « d'exercer sa juridiction sur l'ensemble de ce territoire ». Ces articles ont offensé des représentants d'Irlande du Nord, qui considéraient cela comme une revendication extraterritoriale illégale.
Aux termes de l’accord dit du Vendredi saint (1998), les articles 2 et 3 ont été modifiés pour supprimer toute référence à un « territoire national » et pour déclarer qu'une Irlande unie ne devrait être autorisée qu'avec le consentement des majorités dans les deux juridictions de l'île. Toutefois, les articles modifiés s’appliquent aussi à la population d'Irlande du Nord, lui reconnaissant le droit de faire « partie de la nation irlandaise » et d'avoir la citoyenneté irlandaise. Cependant, l'article 9.2 limite désormais cela aux personnes dont au moins un parent est citoyen irlandais. Le problème, c’est qu’avec le Brexit, l’Accord du Vendredi saint se retrouve fragilisé. Dès 2021, plusieurs organisations nord-irlandaises unionistes ont déclaré ne plus apporter leur soutien à cet accord.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 décembre 2023
29 décembre : la Mongolie célèbre son indépendance
Depuis 2011, la Mongolie célèbre son indépendance le 29 décembre en souvenir de ce jour de 1911 où un chef religieux bouddhiste, d’origine tibétaine, a été proclamé empereur des Mongols. Ces derniers opteront 13 ans plus tard pour une république de type soviétique, mais celle-ci demeurera indépendante de la Chine et finalement de l’URSS, disparue il y a 31 ans.
Depuis 2011, la Mongolie célèbre son indépendance le 29 décembre en souvenir de ce jour de 1911 où un chef religieux bouddhiste, d’origine tibétaine, a été proclamé empereur des Mongols (Bogdo Khan). À Pékin la dynastie des Qing venait d’être renversée, la république de Chine allait être proclamée quelques jours plus tard. Encouragés par la Russie souhaitant étendre son influence à l’est, les Mongols en ont profité pour s’émanciper, tout au moins ceux de Mongolie extérieure, car la Mongolie intérieure reste sous la coupe des Chinois qui aujourd’hui s’appliquent à en effacer la culture. La Mongolie n’a pas réussi à se réunifier – sa partie orientale est sous la tutelle des Chinois depuis le XVIIe siècle – mais, au moins le pays existe sur la carte ce qui n’est pas le cas du Turkestan oriental, le pays des Ouïghours que la Chine appelle le Xinjiang.
Avant 2011, la Mongolie célébrait le 26 novembre, rappelant ce jour de 1924 où la Mongolie devenait le premier satellite de l’URSS. Cette date n’avait plus beaucoup de sens avec la disparition de l’URSS. Il a toutefois fallu vingt ans pour qu’elle soit remplacée par le Jour de l'indépendance de la Mongolie (Tusgaar Togtnoliin Üdür), même si cette indépendance a été très formelle puisque la Mongolie est passée de la tutelle chinoise à celle des Russes, laquelle n’a pris fin qu’à la chute de l’URSS, le 26 décembre 1991, il y a seulement 31 ans. La véritable célébration de l’identité mongole et de son indépendance est le Naadam qui se déroule pendant trois jours au mois de juillet et fait figure de fête nationale. Les températures estivales étant plus propices aux festivités que le froid glacial de ce 29 décembre.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 décembre 2022
29 décembre : drôle de paix au Guatemala
Comme chaque 29 du mois, dans une cour du palais présidentiel, la rose de la paix est échangée avec une fleur fraiche. Une personnalité a été spécialement invitée pour cela, elle repartira avec l’ancienne rose, fanée, et le titre d’ambassadeur de la Paix…
Comme chaque 29 du mois, dans une cour du palais présidentiel, la rose de la paix est échangée avec une fleur fraiche. Une personnalité a été spécialement invitée pour cela, elle repartira avec l’ancienne rose, fanée, et le titre d’ambassadeur de la Paix. Des personnages comme le Dalaï Lama ou Bam Ki Moon se sont prêtées au jeu, car l’évènement est d’importance. Il s’agit de commémorer les accords de paix du 29 décembre 1996 qui ont mit fin à 36 ans d’une sanglante guerre civile qui a fait quelque 200 000 morts et 45 000 disparus, et ravagé le Guatemala.
En ce jour anniversaire, la cérémonie est complétée par un office catholique, une cérémonie maya et un grand concert, en soirée, organisé par le ministère de la Paix. Ce jour est aussi l’occasion de tirer le bilan de 22 ans le paix. Certes les massacres ont cessé, mais les responsable n’ont pas été jugé, pas même Oscar Mejita, l’ancien dictateur. Les injustices sociales sont toujours criantes, plus de la moitiés des Guatémaltèques vivent sous le seuil de pauvreté et même 80% chez les Mayas. Les cartels de trafiquant de drogues font régner une autre sorte de guerre, toute aussi sanglante.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 décembre 2019