L’Almanach international

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1944, 1939, Roumanie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Bulgarie, 23 août Bruno Teissier 1944, 1939, Roumanie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Bulgarie, 23 août Bruno Teissier

23 août : une date funeste en Europe orientale

Une date à double face : l’ancienne fête nationale de la Roumanie communiste est aussi l’anniversaire du funeste pacte germano-soviétique.

 

Le 23 août était autrefois la fête nationale de la Roumanie communiste. La date célébrait la chute du régime fasciste d’Ion Antonescu par un coup d’État mené par le roi Michel Ier, le 23 août 1944. La Seconde Guerre mondiale n’était pas terminée et la Roumanie changeait de camp à la suite d’un renversement politique. En 1941, la Roumanie était entrée en guerre aux côtés de l’Allemagne nazie. Suite à ce coup d’État, le roi rejoignait les Alliés et déclarait la guerre à l’Allemagne. Mais, alors que l’Armée Rouge avançait, les communistes se sont rapidement imposés au pouvoir. En 1947, ils forcent le roi à abdiquer et s’approprieront l’événement. De 1949 à 1990, en effet, le 23 août a été célébré comme le Jour de libération de l'occupation fasciste (Ziua eliberării de ocupația fascistă). C’était alors la principale fête de l'État roumain communiste. Après la chute Ceaucescu, la fête nationale roumaine a été déplacée au 1er décembre, une référence à la Grande Roumanie de 1918. Car, même si elle évoque la chute du fascisme, la date du 26 août était bien trop associée au communisme roumain.

La date du 23 août est toujours présente dans le calendrier mémoriel, mais elle a changé d’appellation et de référence historique. C’est aujourd’hui la Journée européenne de commémoration des victimes du stalinisme et du nazisme. Une célébration instaurée en 2009 par le Conseil de l’Europe. La date est celle du Pacte germano-soviétique du 23 août 1939, aussi appelé pacte Molotov-Ribbentrop, qui a scellé le sort de toute l’Europe orientale, de l’Estonie à la Bulgarie, une série de pays européens commémorent cette date sous le nom de Jour du Ruban noir. La date est ignorée par la France mais elle est marquée, chaque année, par les États d’Europe orientale mais également par la Suède et le Canada.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 août 2021

 
chaîne humaine dans les Pays baltes, un 23 août

chaîne humaine dans les Pays baltes, un 23 août

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1944, Russie, Seconde Guerre mondiale, URSS, 27 janvier Bruno Teissier 1944, Russie, Seconde Guerre mondiale, URSS, 27 janvier Bruno Teissier

27 janvier : la mémoire étouffée d'une grande tragédie du XXe siècle : le blocus de Léningrad

Aujourd’hui, c’est la Journée du blocus de Léningrad (День снятия блокады города Ленинграда). Comme chaque 27 janvier, la foule vient déposer des fleurs au monument de la mère patrie au cimetière Piskaryovskoye où repose un demi million de victimes.

 

La Russie n’en finit pas de commémorer la Grande Guerre patriotique (notre Seconde guerre mondiale). Aujourd’hui, c’est la Journée du blocus de Léningrad (День снятия блокады города Ленинграда). Léningrad était le nom de Saint-Pétersbourg entre 1924 et 1991. Comme chaque 27 janvier, la foule vient déposer des fleurs au monument de la mère patrie au cimetière Piskaryovskoye, où la plupart des victimes du siège de Leningrad ont été enterrées. Plus de 470 000 civils et plusieurs dizaines de milliers de soldats morts pour la ville y reposent dans des fosses communes dont le frère aîné de Vladimir Poutine. Ce frère qu’il n’a pas connu, puisqu’il est né après la guerre, mais sa famille a été profondément marquée par cet épisode peu connu de la guerre et qui est pourtant l’une des grandes tragédies du XXe siècle. On estime à un million le nombre de victimes de la faim, du froid (il a fait jusqu’à -38° durant l’hiver 1941) et des bombardements.

Le blocus a commencé le 8 septembre 1941, quand la ville a été presque totalement encerclée par l’armée allemande. N’ayant pas été évacuée, la population de 2,5 millions a été prise au piège. Durant des mois quelque 100 000 bombes incendiaires sont tombées sur la ville, visant principalement les entrepôts de nourriture. Plus de 2000 personnes ont été arrêtées et condamnées pour cannibalisme. Les Allemands ont aussi bombardé les systèmes d’approvisionnement en eau de la ville. En 1942, l’eau courante a donc été coupée, et l’eau ne pouvait plus être obtenue que dans les canaux et rivières, quand ceux-ci n’étaient pas gelés. Le siège a duré jusqu’au 27 janvier 1944, soit 872 jours. C’est l’anniversaire de cette libération qui est fêtée aujourd’hui, comme chaque année depuis le milieu des années 1960, par un feu d’artifice.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 janvier 2021

 
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1944, Biélorussie, indépendance Bruno Teissier 1944, Biélorussie, indépendance Bruno Teissier

3 juillet : Independance Day en Biélorussie

La Biélorussie fête son « indépendance », non pas celle de 1991 qu'elle n'a pas vraiment souhaitée mais sa libération de l'occupation allemande, par l'Armée rouge en 1944. Ce jour-là, deux divisions blindées de l'Armée rouge libéraient la ville de Minsk.

 

La Biélorussie fête son « indépendance », non pas celle de 1991 qu'elle n'a pas vraiment souhaitée mais sa libération de l'occupation allemande, par l'Armée rouge en 1944. Ce jour-là, deux divisions blindées de l'Armée rouge libéraient la ville de Minsk. Les Biélorusses figuraient parmi les vainqueurs de la Grande Guerre patriotique (c’est ainsi que les Soviétiques puis les Russes appellent la Seconde Guerre mondiale). En revanche, le 27 juillet 1990, date de la déclaration de souveraineté qui conduira à l’indépendance de 1991 est un anniversaire trop triste pour être fêté car c’est le prélude de la disparition de l’URSS. S’il est un pays, même parmi le peuple, qui est nostalgique de cette époque, c’est bien la Biélorussie. Cela dit, trois décennies sont passées et le pays affirme aujourd'hui son identité face la grande Russie. L’idée d’une fusion avec le Grand frère n’est plus vraiment d’actualité.

Un grand défilé militaire se déroule sur Prospekt Pobeditelei à Minsk, complété par une grande parade et un discours du dictateur Loukachenko dans la plus pure tradition soviétique. Ce Jour de l’indépendance, Дзень Незалежнасцi (Dzień Niezaležnasci), est la fête nationale de la Biélorussie depuis le milieu des années 1990. C’est un jour férié et chômé. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1944, Roms, Seconde Guerre mondiale, résistance Bruno Teissier 1944, Roms, Seconde Guerre mondiale, résistance Bruno Teissier

16 mai : les Rroms célèbrent leur résistance pendant la Seconde Guerre mondiale

Les Rroms commémorent le soulèvement du camp tsigane d’Auschwitz, le 16 mai 1944. Le souvenir de cet épisode longtemps oublié de l’histoire des camps nazis est à l’origine de la Journée de la résistance rromani.

 

Les Rroms commémorent le soulèvement du camp tsigane d’Auschwitz, le 16 mai 1944. Le souvenir de cet épisode longtemps oublié de l’histoire des camps nazis est à l’origine de la Journée de la résistance rromani (International Rromani Resistance Day). Cette année, la Fête de l’insurrection gitane qui devait avoir lieu à Saint-Denis, en région parisienne, n’aura pas lieu ; tout comme les manifestations prévues simultanément à Budapest, Prague, Rome, Madrid, Paris, Londres...  

C’est dix-sept mois avant cette journée du 16 mai, que, sur ordre de Heinrich Himmler, le responsable des camps de la mort, les Rroms provenant de toute l’Europe centrale ont été transférés à Auschwitz-Birkenau. Un camp familial spécial - le Zigeunerlager (camp gitan) - a été mis en place où hommes, femmes, enfants et vieillards vivaient ensemble. Environ 23 000 Roms y ont été successivement détenus, parmi eux, environ 20 000 sont morts dans les chambres à gaz, souvent sans même être correctement enregistrés. Le médecin du camp était SS-Hauptsturmführer, le docteur Josef Mengele, le fameux « ange de la mort » et de nombreux détenus, en particulier des enfants, ont été utilisés dans d’horribles expériences pseudo-médicales. 

Parmi les manifestations de la résistance des Rroms et Sintis dans les camps, un moment fort a été la révolte de la section B II e du camp d'Auschwitz-Birkenau, le «camp de gitans». Le 16 mai 1944, lorsque les SS voulaient gazer les prisonniers sintis et roms qui y vivaient encore, ces derniers se sont armés de pierres et de divers outils. Lorsque les soldats allemands sont arrivés dans le camp, ils ont reçu des pierres, des tuyaux en fer, des panneaux de bois, du fil de fer barbelé qui avaient été ramassés dans la caserne. Les Rroms ont réussi à repousser la première attaque d’une centaine de soldats allemands arrivés tôt le matin, mais les assaillants se sont regroupés et ont lancé une nouvelle offensive sanglante. Les armes des Rroms n'étaient pas à la hauteur face aux canons allemands… Ce qui les a momentanément sauvés c’est que des trains transportant les remplaçants potentiels des Rroms sont arrivés pendant l'affrontement et les autorités allemandes craignaient que la révolte ne se propage à travers tout le camp d’Auschwitz-Birkenau. Si bien que le Lagerkommandant a annulé l'a dernière attaque et a retiré ses hommes. 

Au cours des semaines suivantes, des mesures ont été prises pour garantir qu'un tel défi à l'autorité nazie ne puisse plus se reproduire. Un millier de jeunes Rroms valides ont été transférés à Buchenwald, en juillet, mille autres ont été transférés dans d’autres camps, tandis que des femmes ont été envoyées à Ravensbrück, ne laissant que la moitié des 6000 habitants d’origine du Zigeunerlager, principalement des personnes âgées, des faibles et des enfants. . Toutes ces personnes ont été assassinées et brûlées dans les incendies du crématoire le 2 août. Une fois de plus, elles ont résisté, mais leurs tentatives ont été vaines et le Zigeunerlager a été vidé.

 
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1944, France, Nazisme, Shoah, Seconde Guerre mondiale, juifs, Enfants Bruno Teissier 1944, France, Nazisme, Shoah, Seconde Guerre mondiale, juifs, Enfants Bruno Teissier

6 avril : en souvenir des enfants d'Izieu

Triste anniversaire que celui qui est fêté aujourd’hui dans la colonie d’Izieu, située dans une petite commune de l’Ain, en hommage aux 44 enfants et aux 7 adultes arrêtés un matin du 6 avril 1944 par la gestapo, sur ordre de Klaus Barbie.

 

Triste anniversaire que celui qui est fêté aujourd’hui dans la colonie d’Izieu, située dans une petite commune de l’Ain, en hommage aux 44 enfants et aux 7 adultes arrêtés un matin du 6 avril 1944 par la gestapo, sur ordre de Klaus Barbie.  

En 1994, le président Mitterrand a inauguré le « Musée-mémorial des enfants d’Izieu », qui deviendra en 2000 « Maison d’Izieu, mémorial des enfants juifs exterminés ».

« Le message d’Izieu, c’est celui de l’engagement, l’engagement qui fut celui des hommes et des femmes qui ont accueilli ces enfants et qui nous adressent finalement une terrible leçon : ne jamais laisser personne de côté, accueillir celles et ceux qui sont les plus fragiles, les éduquer, les former, les accompagner, les élever. Le message d’Izieu, c’est aussi celui de la République. » Extrait du discours d’inauguration du président François Hollande le 6 avril 2015 à Izieu.

Chaque 6 avril, l’association commémore la rafle de 1944 par une cérémonie en hommage aux enfants et adultes déportés. Elle rassemble autour des anciens de la colonie un grand nombre de personnes (membres de l’association, élus, représentants de l’État et des collectivités territoriales, etc.).

Les jeunes générations sont étroitement associées au déroulement de la cérémonie. Des élèves lisent des lettres des enfants accueillis alors à Izieu, d’autres présentent des réalisations faites en classe autour du travail de mémoire mais le moment le plus poignant reste peut-être la lecture du nom des 44 enfants et leur âge, plusieurs avaient en effet moins de 6 ans !

La colonie d’Izieu, ouverte par Sabine et Miron Zlatin accueillit de mai 1943 à avril 1944 plus de cent enfants pour les soustraire aux persécutions antisémites. Le Musée-mémorial d’Izieu est, avec l’ancien Vélodrome d’hiver de Paris et l’ancien camp d’internement de Gurs, l’un des trois lieux de la mémoire nationale des « victimes des persécutions racistes et antisémites et des crimes contre l’humanité » commis avec la complicité du gouvernement de Vichy reconnus par le décret du 3 février 1993.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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