L’Almanach international

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2 novembre : Dziady, une fête des morts très politique en Biélorussie

Cette fête des morts, appelée Dziady, n’est plus officielle en Biélorussie car elle avait pris le tour d’une manifestation de l’opposition, désormais réprimée. De très nombreuses personnes se rendent sur les tombes lors de cette Journée du souvenir des ancêtres, perpétuant ainsi des rituels antérieur au christianisme.

 

Cette fête des morts, appelée Dziady (Дзяды), n’est plus officielle en Biélorussie où Radonitsa est beaucoup plus populaire. Mais, de très nombreuses personnes se rendent sur les tombes lors des deux fêtes. D’ailleurs, jadis, les morts étaient commémorés deux fois par an par des banquets où l’on évoquait l’âme des défunts. Ces repas funéraires se prenaient souvent sur la tombe elle-même. Les dziady, ces Journée du souvenir des ancêtres, sont d’anciennes fêtes païennes célébrées aussi en Pologne, Ukraine, Lituanie et jusqu’en Prusse orientale, que la christianisation n’a pas effacées. Les Églises catholiques et orthodoxes ont tenté longtemps d’en limiter ou d’en canaliser les pratiques, l’Église Uniate, en revanche les a accompagnés. Dans la Biélorussie contemporaine, les orthodoxes célèbrent la mémoire de Dimitrov le premier samedi avant le 8 novembre. Les catholiques se souviennent de tous les croyants décédés le 2 novembre.  Localement, cette date est aussi celle de la fête des pères.

Disparue à l’époque communiste, l’ancienne tradition a été réveillée par le Front populaire biélorusse (BPF) en 1988, à l’époque de la Perestroïka, dans le cadre d’une renaissance des idées nationale. En même temps, le dziady a pris un tour politique. Dès 1988, l’opposition a organisé une grande marche vers la forêt de Kurapaty (Курапаты), en lisière de Minsk. C’est là que les exécutions massives perpétrées par la police secrète soviétique avaient lieu à l’époque de la grande purge des années 1937-1941. La forêt de Kourapaty ainsi devenu un immense charnier. Selon les historiens, entre 100 000 et 250 000 personnes pourraient y avoir été tuées. La nuit du 29 octobre 1937 fut particulièrement terrible pour l'intelligentsia locale. Cet anniversaire associé à la tradition du dziady, en faisait un rendez-vous de plus en plus mal supporté par les autorités. Le dziady du 2 novembre a cessé d'être un jour de congé en 1996, lorsque la fête a commencé à être associée à l'opposition démocratique. En 2020, des colonnes de bus et de camions chargés de siloviki (membres des services de sécurité) ont remonté l'avenue de l'Indépendance en direction de la forêt de Kourapaty pour disperser la foule à coups de grenades lacrymogènes, balles de caoutchouc et de paintball. Depuis qu’en 2020, son élection a été contestée par la foule, le dictateur Loukachenko tente d’enrayer toute manifestation de l’opposition. Le 2 novembre est toujours inquiétant pour le régime.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er novembre 2023

 

La marche de 2007 : une telle manifestation de masse n’est plus possible aujourd’hui.

Une tradition initiée en 1988. Cette année là, le drapeau blanc-rouge-blanc avait été hissé pour la première fois depuis 1944, lors d'un événement de masse. 

Dans la forêt de Kourapaty

Feux du Dziady en Pologne orientale

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1917, URSS, Russie, 7 novembre, Biélorussie, révolution Bruno Teissier 1917, URSS, Russie, 7 novembre, Biélorussie, révolution Bruno Teissier

7 novembre : le souvenir de la Révolution d'Octobre

Le jour n’est plus est férié en Russie (remplacée par le 4 novembre), mais reste une journée importante pour beaucoup de Russes. Pendant 73 ans, elle a été marquée par un grand défilé militaire à la gloire de la Révolution d’octobre. Poutine en a fait une journée patriotique sans référence révolutionnaire.

 

La Biélorussie est le dernier État de l’ex-URSS à célébrer encore le Jour de la Révolution d'octobre (Дзень Кастрычніцкай рэвалюцыі) comme un jour férié en organisant des défilés militaires. La révolution d’Octobre est aussi commémorée officiellement en Transnistrie, au Vietnam et à Cuba.

Le jour n’est plus est férié en Russie (remplacé par le 4 novembre), mais il reste une journée importante pour beaucoup de Russes. Pendant des décennies, elle a été marquée par un grand défilé militaire à la gloire de la Révolution d’octobre. Selon l’historiographie communiste, la révolution aurait débuté dans la nuit du 24 au 25 octobre 1917 par un coup de force bolchevique. La Russie vivait à l’époque sous le calendrier Julien, conservé aujourd’hui seulement par église orthodoxe. Dès 1918, la révolution a été célébrée le 7 novembre, selon la date du calendrier grégorien que les révolutionnaires venaient d’adopter mais le nom de « Révolution d’Octobre » est resté.

Pour occuper l’espace politique, Vladimir Poutine organise chaque 7 novembre des manifestations de ses partisans et tente de récupérer pour son propre compte des éléments de gloire de la geste stalinienne. Officiellement, on célèbre aujourd’hui le 81e anniversaire de la grande parade militaire de 1941, lorsque les soldats de l'Armée rouge ont marché sur la place Rouge avant de rejoindre le front pour défendre le pays contre les troupes nazies, alors aux portes de Moscou. À l'époque, ce défilé, organisé par Staline, avait pour vocation de commémorer la Révolution de 1917. Aujourd'hui, on se contente de rendre hommage aux soldats tombés pour la patrie pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans la Russie de Poutine, la figure de Staline n'est plus du tout vouée aux gémonies, bien au contraire, son règne est aux yeux du régime, un grand moment de l'histoire de la Russie. Certaines statues de Lénine ont aussi été rétablies.

Le dictateur biélorusse, Alexandre Loukatchenko, qui a failli lui-même être balayé par une révolution en 2020, suite au trucage des élections présidentielles qui lui a permis de rester au pouvoir, expliquait il y a quelques jours pourquoi il maintenait la commémoration de la Révolution d’octobre : « Notre histoire du siècle dernier est basée sur certains principes. Nous avons toujours fait des cadeaux à notre peuple à l'approche du 7 novembre. Cette date marque presque une fin d'année, ce qui signifie aussi l'achèvement de tous les travaux agricoles. C'était l'une des raisons pour lesquelles j'ai maintenu cette fête : les gens ont l'habitude de recevoir des cadeaux des autorités, les uns des autres, alors donnons-nous l'occasion de le faire », déclarait le président Loukatchenko en octobre 2022.

En outre, en Biélorussie, le 7 novembre est aussi la Journée de l'aviation civile (Часопіс грамадзянскай авіяцыі). Drôle de fête quand on sait que presque tous les aéroports d’Europe sont fermés aux appareils de la Belavia, la compagnie nationale biélorusse ! Cela depuis l’atterrissage forcé, le 23 mai 2021, d’un avion de Ryanair avec le journaliste Raman Pratasevich à bord. Cet acte de piratage avait permis au dictateur biélorusse de mettre la main sur un de ses principaux opposants en exil et de le jeter en prison, où il se trouve toujours.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 novembre 2022

 

En Biélorussie, en 2017, lors du centenaire de la révolution

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À Moscou, à l’époque des célébrations de la révolution.

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Biélorussie, Langues Bruno Teissier Biélorussie, Langues Bruno Teissier

5 septembre : la Journée de la langue biélorusse

C’est une langue moribonde, face au russe de plus en plus dominant, qui est aujourd’hui célébrée, comme chaque premier dimanche de septembre.

 

Officiellement, la moitié des Biélorusses serait de langue maternelle biélorusse, en réalité seul un quart la parle, la lit et l’écrit à peu près correctement et 10 % seulement en fait un usage quotidien (dans les campagnes). Dans le monde du travail, le russe règne en maître et est devenue l’unique langue parlée à la maison dans plus de 80% des foyers. C’est une langue moribonde qui est aujourd’hui célébrée, comme chaque premier dimanche de septembre.

En 2017, la Journée de la langue biélorusse (ou bélarusse) (Дзень беларускай пісьмовай мовы) avait coïncidé avec le 500e anniversaire de l’impression de premier livre dans cette langue proche du russe et de l’ukrainien. La Journée avait été principalement célébrée à Polotsk, la ville natale du professeur et premier imprimeur biélorusse, Francis Skaryna. En 2018, c’était à Ivanovo dans la région de Brest. En 2019, la Journée de la langue écrite biélorusse a été organisée par la ville de Slonim dans la région de Grodno - l'une des plus anciennes des terres biélorusses, un ancien centre de vie culturelle et spirituelle, et en 2020 la fête a eu lieu à Belynichi, dans la région de Mogilev. 

Cette année, en 2021, la capitale de la langue biélorusse est la ville de Kopyl, dans la région de Minsk. En 2022, la ville de Dobrush, dans la région de Gomel, prendra le relais le dimanche 4 septembre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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Biélorussie, Russie, Fête des morts, orthodoxes Bruno Teissier Biélorussie, Russie, Fête des morts, orthodoxes Bruno Teissier

11 mai : la joyeuse Toussaint des Biélorusses

Aujourd’hui, c’est Radonitsa, le jour dédié aux défunts dans le monde russe. La fête n’est pas si triste, le terme russe, Радоница, signifie « Jour de réjouissance ». C’est une vieille coutume slave que de fêter les morts au printemps. La tradition a été récupérée par l’église orthodoxe et placé le deuxième mardi de Pâques.

 

Aujourd’hui, c’est Radonitsa (Радоница), le jour dédié aux défunts dans le monde russe. La fête n’est pas si triste, d’ailleurs le terme russe,  Радоница, signifie « Jour de réjouissance ». C’est une vieille coutume slave que de fêter les morts au printemps. La tradition a été récupérée par l’église orthodoxe et placée le deuxième mardi de Pâques (orthodoxe). Une autre fête des morts est célébrée le 2 novembre.

En Biélorussie, Radonitsa (ou Radounitsa) est fériée. On commence généralement la journée en assistant à un service religieux, puis on se rend sur les tombes des proches. Dans certaines parties de la Biélorussie, la tradition de Radonitsa consiste à organiser un véritable repas au cimetière, en s’installant sur la tombe familiale, et de laisser les restes nourriture aux morts. Ce rituel rassemble « toute la famille », les morts comme les vivants. Ce « Jour de réjouissance » commence au cimetière se poursuit souvent à la maison, sous une forme plus gaie, avec chants, danses et jeux. Être joyeux en présence de la mort signifie surmonter la peur de la mort et célébrer la vie. Cependant, l'Église orthodoxe voit d’un mauvais œil cette vieille coutume slave qui consiste à célébrer les morts joyeusement avec de la nourriture et de l'alcool.

Radunitsa est aussi fêtée en Russie, aujourd’hui ou hier selon les régions. Généralement, on se contente d’entretenir les tombes des défunts et d’y placer des œufs de Pâques décorés, symbole de résurrection. À l’époque soviétique, quand les offices religieux étaient interdits, cette célébration familiale dans les cimetières se substituait à celle de Pâques.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1986, URSS, Ukraine, Biélorussie, 26 avril Bruno Teissier 1986, URSS, Ukraine, Biélorussie, 26 avril Bruno Teissier

26 avril : il a 35 ans, à Tchernobyl...

L’anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl est l’occasion de s’interroger sur les dangers du nucléaire. Le 26 avril 1986, à 1 h 23, le réacteur numéro 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl explosait…

 

L’anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl est l’occasion de s’interroger sur les dangers du nucléaire.

​​Le 26 avril 1986, à 1 h 23, le réacteur numéro 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl, située à une centaine de kilomètres au nord de Kiev en Ukraine, qui fait alors partie de l’URSS, explosait. Le silence de Moscou a dans un premier temps contribué à minimiser l’événement.

L'incroyable silence des autorités soviétiques, dans les jours qui ont suivi l'"accident", a fait, en même temps, éclater le consensus qui s'était, peu à peu, installé autour du nucléaire civil. On n'oubliera pas de sitôt, à l'Est comme à l'Ouest, que c'est par les Suédois, inquiets de l'augmentation anormale de la radioactivité dans leur atmosphère, qu'a été révélée la plus grande catastrophe de l'histoire de l'atome domestique, déclenchée, quatre jours plus tôt, à 1700 kilomètres de là...  

Plusieurs millions de Biélorusses, d’Ukrainiens et de Russes vivent aujourd’hui sur des territoires irradiés. Le bilan sanitaire de la catastrophe reste toujours controversé. Selon l’OMS, le chiffre « officiel » serait aujourd’hui de 16 000 décès. Selon des estimations moyennes, quelque 30 000 à 60 000 cancers seraient attribuables à Tchernobyl dans le monde. Des associations donnent des chiffres beaucoup plus élevés : entre 600 000 et 900 000 vies perdues.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1944, Biélorussie, indépendance Bruno Teissier 1944, Biélorussie, indépendance Bruno Teissier

3 juillet : Independance Day en Biélorussie

La Biélorussie fête son « indépendance », non pas celle de 1991 qu'elle n'a pas vraiment souhaitée mais sa libération de l'occupation allemande, par l'Armée rouge en 1944. Ce jour-là, deux divisions blindées de l'Armée rouge libéraient la ville de Minsk.

 

La Biélorussie fête son « indépendance », non pas celle de 1991 qu'elle n'a pas vraiment souhaitée mais sa libération de l'occupation allemande, par l'Armée rouge en 1944. Ce jour-là, deux divisions blindées de l'Armée rouge libéraient la ville de Minsk. Les Biélorusses figuraient parmi les vainqueurs de la Grande Guerre patriotique (c’est ainsi que les Soviétiques puis les Russes appellent la Seconde Guerre mondiale). En revanche, le 27 juillet 1990, date de la déclaration de souveraineté qui conduira à l’indépendance de 1991 est un anniversaire trop triste pour être fêté car c’est le prélude de la disparition de l’URSS. S’il est un pays, même parmi le peuple, qui est nostalgique de cette époque, c’est bien la Biélorussie. Cela dit, trois décennies sont passées et le pays affirme aujourd'hui son identité face la grande Russie. L’idée d’une fusion avec le Grand frère n’est plus vraiment d’actualité.

Un grand défilé militaire se déroule sur Prospekt Pobeditelei à Minsk, complété par une grande parade et un discours du dictateur Loukachenko dans la plus pure tradition soviétique. Ce Jour de l’indépendance, Дзень Незалежнасцi (Dzień Niezaležnasci), est la fête nationale de la Biélorussie depuis le milieu des années 1990. C’est un jour férié et chômé. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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