20 décembre : le deuil des Panaméens après l’invasion américaine
Depuis l’an dernier, le Panama a un nouveau jour férié qui jusque-là n’était qu’une simple journée commémorative se limitant à une mise en berne des drapeaux. Désormais le 20 décembre est un jour chômé officiel en souvenir des victimes de l'invasion américaine du 20 décembre 1989. La nouvelle loi interdit, ce jour-là, la vente et la consommation de boissons alcoolisées dans tout le pays, à partir de 00h01, ainsi que la musique forte et l’organisation de spectacles musicaux publics.
Prétextant d’incidents avec des soldats américains et la protection de leurs ressortissants, les États-Unis ont lancé l'opération Just Cause afin de mettre fin à la dictature de Manuel Noriega, par ailleurs trafiquant de drogue notoire. Le 20 décembre 1989, les Panaméens ont vu débarquer milliers de soldats américains, appuyés par les troupes américaines stationnées dans la zone du canal du Panama qui, à l’époque, n’avait pas été restituée au Panama. L’invasion des troupes américaines au Panama permit au président élu Guillermo Endara, de prêter serment (Noriéga avait annulé l’élection) et engagé la démocratisation du pays. Mais l’intervention pilotée par le Président George Bush, fit au moins plusieurs centaines de victimes civiles (2 500 à 3 000 morts selon certaines sources), ainsi que 20 000 réfugiés. Pendant près de deux semaines après l'invasion, des pillages se sont produits, et l'anarchie a régné dans l’ensemble du pays, une situation que l'armée américaine a indiqué n'avoir pas prévue. C’est à toutes ces victimes qu’est dédiée la Journée de deuil national (Día de Duelo Nacional) du 20 décembre. Chaque année depuis 1990, les autorités, les militaires et des civils déposent des fleurs et des couronnes sur les monuments des victimes de l'agression américaine.
Accusé de trafic de drogue par les États-Unis, Noriega, qui a gouverné le Panama, de facto, entre 1983 et 1989. Il s'est rendu aux Américains le 3 janvier 1990, ce qui a entraîné le démantèlement des Forces de défense panaméennes. Il est décédé en 2017 dans un hôpital de la ville de Panama alors qu'il purgeait plus de 60 ans de prison pour des crimes comprenant des homicides et de graves violations des droits de l'homme. Il a aussi été condamné lors de son emprisonnement en France et aux États-Unis (27 ans au total) pour trafic de drogue et blanchiment d'argent.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 décembre 2023