L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
29 septembre : la mémoire de Marzabotto
L'Italie commémore son Oradour-sur-Glane. Il y a 80 ans, plus de 800 villageois de la localité de Marzabotto, dans la région de Bologne, étaient massacrés par des soldats allemands et italiens. Parmi les victimes, plus de deux cent d’enfants…
L'Italie commémore son Oradour-sur-Glane. Il y a 80 ans, du 29 septembre au 3 octobre 1944, plus de 800 villageois de la localité de Marzabotto, dans la région de Bologne, étaient massacrés par des soldats allemands et des fascistes italiens. Parmi les victimes, plus de deux cent d’enfants…
Triste épilogue :
Le chef du commando SS, l’Autrichien Walter Reder réussit à se réfugier en Bavière et fut arrêté par les Américains et extradé en 1948 en Italie sous l’accusation de crimes de guerre. Jugé en 1951, il fut condamné à la perpétuité par le Tribunal de Bologne, peine à accomplir au pénitencier de Gaeta. Le gouvernement autrichien réussit toutefois à obtenir la libération du criminel de guerre le 24 janvier 1985. Reder fut remis en liberté grâce à une lettre envoyée aux habitants de Marzabotto en décembre 1984 dans laquelle il exprimait un profond repentir et le regret de son geste. Immédiatement transféré à Vienne, il fut accueilli avec les honneurs militaires et fut par le ministre de la Défense autrichien de l’époque ce qui provoquera un scandale international. D’autant plus que Reder reviendra aussitôt sur les excuses adressées au peuple italien qu’il n’avait prononcées – selon ses propres dires – que par opportunisme politique ! Il est mort à Vienne en 1991.
Une cérémonie a eu lieu dimanche 29 septembre 2024 pour les 80 ans du crime de guerre, le président italien Sergio Mattarella et son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier se sont rendus ensemble sur le site du massacre pour une cérémonie commémorative. Le président autrichien n’a pas fait le déplacement. Le fait est que l’Autriche n’a pas fait la même démarche instroptectives à l’égard de son passé nazi. Le même jour à Marzabotto, le cardinal Matteo Zuppi, président de la Conférence épiscopale italienne, a dirigé une messe commémorative dans l'église de Marzabotto, dont la crypte abrite les corps des civils tués il y a 80 ans.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er octobre 2024
13 février : la mémoire occultée des Italiens du sud
Le 13 février 1861, François II, le dernier roi des Deux-Siciles capitulait devant les troupes du roi de Piémont-Sardaigne, lancé à la conquête de la péninsule pour créer l’Italie. L’histoire officielle et scolaire a glorifié le Risorgimento, occultant totalement ceux qui à l’époque étaient dans le mauvais camp, les Sudistes. Aujourd’hui, les frustrations politiques au sud de l’Italie font resurgir la mémoire.
Le 13 février 1861, François II, le dernier roi des Deux-Siciles capitulait devant les troupes du roi de Piémont-Sardaigne, lancé à la conquête de la péninsule pour créer l’Italie. Pour épargner sa capitale, le jeune François de Bourbon avait quitté Naples avec la partie des troupes qui lui était encore fidèle pour se réfugier à Gaète avec son épouse Sophie et une partie de sa cour. Le terrible siège de la forteresse a duré plus de trois mois. Sa capitulation entraînait la disparition de l’État des Deux-Siciles et la création d’un royaume d’Italie, proclamé le 17 mars 1861.
Rejetés par la majeure partie de la population, pour leur autoritarisme et leur conservatisme, les Bourbons de Naples ont été avant tout victimes de leur incapacité à moderniser leur royaume, ce qui explique la facilité avec laquelle Garibaldi a pris leur capitale. Un siècle et demi plus tard, les souvenirs se brouillent et une certaine nostalgie s’est installée. Les Méridionaux ont le sentiment d’avoir été les oubliés de l’unification de l’Italie. L’histoire officielle et scolaire a glorifié le Risorgimento, occultant totalement ceux qui à l’époque étaient dans le mauvais camp, les Sudistes. Aujourd’hui, la forteresse de Gaète est devenue un lieu de mémoire, on s’y réunit chaque année le 13 février, L'événement bénéficie même du patronage de la municipalité de Gaète. Un Mur de la mémoire est en train d’être constitué. Sur chaque brique est gravé le nom d’un village ou d’une ville où se seraient déroulés d’atroces massacres perpétrés par les troupes nordistes.
Régulièrement, des militants du Mouvement néobourbonien tentent de faire adopter une Journée de la mémoire des Méridionaux morts lors de l’Unification italienne (Giornata della Memoria per le vittime meridionali dell'unità d'Italia). Le texte a été présenté aux Conseils des régions du Sud – les Abruzzes, la Basilicate, la Campanie, les Pouilles et la Sicile – au Conseil municipal de Naples, à la Chambre et au Sénat de la République, avec à chaque fois, le 13 février comme date préconisée pour cette célébration officielle. Récemment, le mouvement méridionaliste a été largement récupéré par le mouvement 5 Étoiles (Movimento 5 Stelle ou M5S), dont, il faut le noter, la carte électorale depuis 2018 coïncide presque exactement avec le territoire de l’ancien royaume des Deux-Siciles.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 février 2024
La reine Marie, l'héroïne de Gaète, 1863 (Königlich Bayrischer Privatbesitz)
Le comportement héroïque de la jeune reine Marie-Sophie, la sœur de Sissi, pendant le siège de Gaète, est resté dans les mémoires.
7 janvier : l’Italie fête son drapeau tricolore
L’évènement est récent, la Fête du Tricolore a été célébrée pour la première fois en 1997 à Reggio Emilia à l’occasion du bicentenaire de son adoption. C’est en effet, le 7 janvier 1797 que la très éphémère république Cispadane, puis du futur royaume d’Italie.
L’évènement est récent, la Fête du Tricolore (Festa del Tricolore) a été célébrée pour la première fois en 1997 sous le nom de Jour du drapeau national (Giornata Nazionale della Bandiera) à Reggio Emilia à l’occasion du bicentenaire de son adoption. C’est en effet, le 7 janvier 1797 que la très éphémère république Cispadane, créée par Napoléon lors de sa conquête de la péninsule, a adopté le drapeau qui sera plus tard celui de l’Italie. Ce n’était pas sa toute première apparition, puis que ce drapeau calqué sur celui de la France révolutionnaire a été arboré dès 1789 par des soutiens italiens de ce qui se passait alors en France.
Le drapeau tricolore fut montré pour la première fois à l'étranger, en 1797, à Vienne par le représentant de la République cispadane, le comte Ferdinando Marescalchi, après le traité de Campo Formio. Considéré comme un symbole révolutionnaire, il fut critiqué et a même suscité des menaces d'attentats contre la résidence du diplomate. Il aurait pu disparaître avec la fin de la petite république, le 29 juillet 1797, si Carlo Alberto, roi de Sardaigne, n’avait compris que ce drapeau tricolore, avec les armoiries de Savoie, était le meilleur symbole de l’unité nationale pour lutter contre l’Autriche et faire naître l’Italie. C’est donc sous cette bannière que s’est fait le Risorgimento.
Le drapeau actuel, dépouillé de toutes armoiries a été adopté par la république en juin 1946, il sera confirmée plus tard dans l'article 12 de la Constitution sans que sa couleur précise ne soit notée. Ce n’est qu’en 2006 qu’une commission parlementaire finit par établir le codage des couleurs avec les codes Pantone suivants : vert fougère (17-6153 TCX), blanc brillant (11-0601 TCX) et rouge écarlate (18-1662 TCX).
À Reggio Emilia, sur la place Pramolini, la cérémonie débute à 10h., en en présence du maire, Luca Vecchi, ainsi que des autorités civiles et militaires. Les honneurs militaires sont rendus aux autorités, avant la levée du drapeau et le chant de l'hymne national. Après le discours du maire (à 10h45), le soir un concert est donné dans la Salle du Tricolore, attenante du Musée du Tricolore.
Ce dimanche 7 janvier 2024, pour la Fête du Tricolore , la relève de la garde d'honneur sous forme "solennelle" se déroule à partir de 15h sur la Piazza del Quirinale, avec le déploiement et le défilé du Régiment de Cuirassiers et la Fanfare du IV Carabinieri.
Ce même jour, les associations de Combat et d'Armes de la Ville de Vittorio Veneto, à l'occasion de son 227e anniversaire, célèbrent elles aussi la Fête Tricolore. La cérémonie se déroule ce dimanche, à 11 heures au sanctuaire des Drapeaux, sur la Piazza Foro Boario. La levée solennelle du drapeau est suivie d'un discours à cette occasion.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 janvier 2024
Le Président de la République Sergio Mattarella lors de son entrée dans la Sala del Tricolore à l'occasion du 220e anniversaire de la naissance du Premier Tricolore, en 2017. (source : quirinale.it)
21 avril : c'est l'anniversaire de Rome !
Rome fête son 2776e anniversaire. Pour l’occasion, les musées sont gratuits et la journée se termine par un feu d’artifice tiré depuis le Tibre. C’est le 21 avril 753 avant J.C. que Rome aurait été fondée de la main de Romulus. C’est du moins ce que l’on raconte…
Rome fête son 2776e anniversaire. Pour l’occasion, les musées sont gratuits et la journée se termine par un feu d’artifice tiré depuis le Tibre. On raconte, en effet, que c’est le 21 avril 753 avant J.C. que Rome aurait été fondée de la main de Romulus. C’est tout au moins la date qui a été déterminée grâce à la légende du savant Varrone et aux calculs astrologiques de Lucio Taruzio. À 16h, on peut assister à la reconstitution du Tracciato del Solco (le tracé du sillon sacré par Romulus, geste qui sera à l’origine de la création de la ville de Rome sur le Palatin) au Circo Massimo.
L’anniversaire de Rome était déjà célébré le 21 avril à l’époque de la Rome impériale et donnait lieu à de grandes festivités. La date a été ensuite oubliée pendant des siècles. Elle a resurgi sous le fascisme qui a fait du 21 avril une fête nationale appelée "Natale di Roma”. Ce décret fut annulé en 1945, mais la date a continué d’être célébrée dans les milieux, longtemps confidentiels, de l’extrême droite païenne dont Alessandro Giuli est un des représentants.
L’anniversaire de la Ville éternelle est à nouveau célébré depuis les années 1990, mais avec une arrière-pensée touristique évidente. Le moment fort est le défilé historique, avec des centaines de figurants en costume d’époque romaine, qui démarre à 11h au Circo Massimo, puis emprunte la Via del Teatro di Marcello, pour arriver Piazza Venezia entre 12h et 13h, avant de retourner Circo massimo, via le Colisée. Cette année, le 21 avril tombant un vendredi, la fête se prolongera pendant tout le week-end, avec un spectacle de son et lumière tard dans la soirée.
S’il est un monument à ne pas manquer ce jour-là, c’est le Panthéon : une fois par an, le 21 avril, jour où l'on célèbre Dies Natalis Romae, à midi, un phénomène particulier se répète : un rayon de lumière s'élargit vers la porte d'entrée faisant face au nord en la rendant complètement dégagée. L'effet avait été conçu pour illuminer l'entrée triomphale de l'empereur au Panthéon .
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 avril 2023
L’intérieur du Panthéon, un 21 avril, à midi
17 février : Giordano Bruno, le philosophe brûlé par l’Église et qui n’a jamais été réhabilité
Chaque 17 février, une foule se rassemble sur une petite place du centre historique de Rome, le Campo de 'Fiori pour rendre hommage à un philosophe napolitain, Giordano Bruno, qui a été brûlé vif pour hérésie, à cet endroit, le 17 février 1600 sur ordre de la Sainte Inquisition.
Chaque 17 février, une foule se rassemble sur une petite place du centre historique de Rome, le Campo de 'Fiori à deux pas du palais Farnèse. Chacun vient pour déposer des couronnes, des poèmes et des bougies au pied de la statue d’un homme de bronze sous son capuchon de moine. L'homme que l’on honore est le philosophe napolitain Giordano Bruno. Il a été brûlé vif pour hérésie, à cet endroit, le 17 février 1600 sur ordre de la Sainte Inquisition. Le tribunal de l’Église lui reprochait ses livres dans lesquels il prônait la cosmologie héliocentrique de Copernic et affirmait que l'univers était infini et contenait plusieurs autres mondes. Seize ans plus tard, la même accusation sera portée contre Galilée, mais ce dernier se rétractera pour avoir la vie sauve. Bruno, lui, ira jusqu’au bout de ses convictions.
Le Vatican a fini par gracier Galilée, en 1992. Giordanno Bruno ne le sera pas en dépit de demandes répétées à l’approche du 400e anniversaire de son supplice. C’est le 4 février 2000, que le cardinal Poupard communique finalement la réponse du Vatican : certes, le Vatican regrette la violence employée pour faire taire le philosophe mais celui-ci ne peut en aucun cas être réhabilité, comme le furent Galilée ou Jean Hus. Selon le Vatican, les études menées sur la pensée de Giordano Bruno « ont mis en évidence qu'elle était substantiellement étrangère au message chrétien ». Au XXIe siècle, le philosophe brûlé par l’Église, il y a 423 ans, demeure dangereux pour sa trop grande liberté de pensée.
« (…) ce n'est pas hors de nous qu'il faut chercher la divinité, puisqu'elle est à nos côtés, ou plutôt en notre for intérieur, plus intimement en nous que nous ne sommes en nous-mêmes. » (Giordano Bruno, Le Banquet des cendres).
Giordano Bruno avait parcouru l’Europe pour répandre ses idées. Tous les deux ans, il a dû changer de pays pour éviter l’arrestation. Quitte à mourir pour ses idées, il a préféré que cela se passe à Rome, au cœur même du pouvoir de l’Église.
Au milieu du XIXe siècle, Giordano Bruno est devenu une sorte de héros pour les anticléricaux, tout particulièrement en Italie, dans le contexte de l'unification de la péninsule à laquelle les États de l'Église faisaient obstacle. En 1889, une statue a été érigée Campo dei Fiori, à l’endroit même de son bûché, à deux pas du Vatican. On doit la statue au sculpteur Ettore Ferrari, un franc-maçon notoire et militant laïque qui, à la fin de sa vie, sera violemment attaqué par les sbires de Mussolini.
Le philosophe, un peu oublié aujourd’hui, a eu une grande notoriété, également en France à la fin du XIXe siècle, au moment où une partie des Français cherchaient à échapper à la tutelle morale de la religion. C’est en hommage au penseur italien, qu’ Augustine Fouillée-Tuilerie, l'auteure du Tour de France par deux enfants, célèbre manuel de lecture des écoles laïques de la IIIe République, avait signé cet ouvrage paru en 1877 du pseudonyme « G. Bruno ».
”Maiori forsan cum peur sententiam in me fertis quam ego accipiam": "Peut-être tremblez-vous plus en prononçant cette phrase contre moi que moi en l'écoutant". Ce sont les derniers mots de Giordano Bruno, après avoir entendu la sentence de la Sainte Inquisition.
Chaque année, le 17. février à 17h, un hommage lui est rendu sur le Campo de 'Fiori, à Rome.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 février 2023
Le Campo dei Fiori, le 17 février
Le Campo dei Fiori, jour de marché
10 février : la Journée du souvenir du massacre des italiens d’Istrie
La Giornata del ricordo, instaurée en 2004, invite à se souvenir des victimes italiennes des massacres opérés par les forces yougoslaves entre septembre 1943 et mai 1945. La plupart ont été jetées dans les foibe, ces cavités naturelles du littoral adriatique, parfois encore vivantes…
La Giornata del ricordo (le Jour du souvenir) instaurée en 2004, invite à se souvenir des victimes italiennes des massacres opérés en Istrie et alentours par les forces yougoslaves entre septembre 1943 et mai 1945. La plupart ont été jetés dans les foibe, ces cavités naturelles du littoral adriatique, parfois encore vivantes. Ainsi ont péri quelque 1500 à 2000 personnes, selon les historiens ; 10 000, selon les organisations de rapatriés italiens. Ces opérations de nettoyage ethnique n’ont vraiment cessé qu’au début de 1947. La date du 10 février est celle du traité de paix signé à Paris entre la Yougoslavie et l’Italie, en 1947. Le souvenir est très vif en Italie, où de nombreuses associations cultivent cette mémoire. On oublie souvent que des atrocités ont été commises par les deux camps, notamment par les troupes italiennes qui pratiquèrent parfois une stratégie de la «terre brûlée», inspirée des méthodes allemandes, qui a fait de très nombreuses victimes.
Les territoires concernés : l’arrière-pays de Trieste, l’Istrie, Rijeka (Fiume), Zadar (Zara)… ont été acquis par le royaume d’Italie en 1918. À l’époque, 42% des habitants (celle des villes principalement) étaient italiens, 58% étaient slaves (Slovènes et Croates). La région a subi pendant deux décennies une politique d’italianisation à outrance et de racisme à l’égard des Slaves ce qui explique la violence des réactions dans les années qui ont suivi la chute du régime fasciste. Après l’arrivée au pouvoir des communistes yougoslaves, le processus s’est inversé, les villes ont été slavisées et la population italienne, très pro-fascistes dans les années 1930 et 1940, a été massivement chassée vers la péninsule italienne.
Aujourd’hui, ces régions sont situées en Slovénie et en Croatie, les Italiens n’y représentent plus qu’une petite minorité. Les Italiens réclament des indemnités ; Slovènes et Croates leur répondent en chiffrant les victimes yougoslaves du fascisme italien à plusieurs dizaines de milliers. Cette guerre des mémoires profite aux extrêmes droites des différents pays, lesquelles sont très influentes dans les deux pays. Les partis de gauche s’étaient exprimés contre l’instauration d’une telle commémoration en raison de son caractère revanchiste et profasciste.
Peu de temps après l'instauration du Jour du Souvenir en Italie, la Slovénie a décidé de créer un Jour du retour du Littoral à la patrie (Dan vrnitve Primorske k matični domovini), marqué chaque année, le 15 septembre, date d'entrée en vigueur du traité de paix avec l'Italie.
Depuis 2014, le dimanche plus proche du 10 février, on organise une course à pied de 10 km à Rome dans le quartier de Giuliano Dalmata, appelée la Corsa del Remembrance. En Trieste, la même course est organisée depuis 2017.
La Foiba di Basovizza à Trieste est le lieu de mémoire le plus important d'Italie concernant cette commémoration. Chaque année, une cérémonie participative et solennelle s’y déroule, le 10 février, à partir de 10h30.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 février 2023
5 janvier : les Italiens, petits et grands, attendent la Befana
Ce soir, en Italie, on conseille aux enfants laisser en évidence une chaussette, décorée de préférence, dans l’espoir que la Befana, une sorcière bienveillante, y déposera quelques bonbons et surtout des cadeaux. Une tradition en lien avec l’Épiphanie, fêtée le lendemain, et avec des cultes païens qui remontent au moins à l’époque romaine.
Ce soir, en Italie, on conseille aux enfants laisser en évidence une chaussette, décorée de préférence, dans l’espoir que la Befana y déposera quelques bonbons et surtout des cadeaux. Pour la remercier, on déposera près de la chaussette, une mandarine ou quelques biscuits. Autrefois, on prévoyait même une assiette de soupe. En effet, selon la légende, la Befana munie d’une hotte, à califourchon sur son balai, va de toit en toit pour distribuer des présents aux enfants en cette nuit du 5 au 6 janvier. Mais, cette gentille sorcière est aujourd’hui de plus en plus supplantée par le Père Noël.
Jusqu’aux années 1960, dans une bonne partie de l’Italie, c’était le matin de l’Épiphanie que les enfants découvraient leurs cadeaux et non le matin de Noël. Il fallait donc s’y préparer la veille, le soir du 5 janvier. Cette coutume était très présente à Rome et dans toute l’Italie centrale et septentrionale, même si dans d’autres régions, comme en Vénétie, c’était la nuit, précédant la Sainte-Lucie, le 13 décembre qui jouait ce rôle. Ou encore, celle qui précédait la Saint-Nicolas, le 7 décembre, dans les régions proches de l’Autriche… Mais la popularité mondiale du Babo Natale (le Père Noël) a eu raison de la bonne sorcière. Il est vrai que le soir du 24 décembre arrive avant celui du 5 janvier, l’impatience des enfants aidant.
La tradition a tout de même survécu. Le gros des cadeaux a déjà été offert, mais en Italie, on garde toujours quelque chose censé être déposé dans la nuit du 5 au 6 janvier, comme en Espagne, où le même jour, on raconte aux enfants que ce sont les Rois mages qui leur ont apporté des cadeaux. À Rome, règne toute une ambiance festive tout au long de la journée du 5 janvier. Autrefois, le cœur de la fête était situé autour de la piazza Sant’Eustachio, aujourd’hui, c’est place Navonne bien plus vaste que se tient le principal marché de Noël de la capitale. On y trouve des stands pour adultes et enfants, remplis de friandises, de jeux et d’objets artisanaux, en bien sûr les fameuses chaussettes à déposer le soir même, près de la cheminée si on en a une. Attention, pour les enfants qui n'ont pas été gentils, la Befana remplit les chaussettes de charbon ! Pour avoir un avant-goût de ce que l’on risque on pourra goûter ce charbon sur le marché de Noël. Il s'agit bien sûr de sucre noir comestible ou des morceaux de réglisse qui ressemble à du charbon. L'icône de la petite vieille est présente partout, dans les vitrines des magasins, les publicités… On vend des déguisements, avec les fameux balais de sorcière et même des poupées de la Befana avec les yeux qui clignotent !
L’Église a bien tenté de résister au Père Noël en racontant que c’était le Gesu Bambino (le Petit Jésus) qui apportait les cadeaux. La Befana elle-même a dû être raccrochée à une fête : l’Épiphanie (Befana est d’ailleurs une déformation populaire du nom de la fête). On raconte alors que les Rois mages, avançant sur la route de Bethléem pour offrir des cadeaux à l’Enfant Jésus, demandèrent leur chemin à une vieille femme. Alors qu’ils lui demandèrent de les guider, la vieille dame refusa. Mais rapidement, elle fut prise de remords et pour se faire pardonner, elle prépara un panier rempli de petits gâteaux et de fruits secs et parti à leur recherche. Comme elle ne retrouva jamais la caravane des Rois mages, elle s’en alla de maison en maison distribuer ses friandises aux enfants.
Des bonnes fées survolant les maisons et les champs existaient déjà dans l’Antiquité romaine, elles s’appelaient Diane, Satia ou Abundia. Leur passage célébrait la renaissance de la nature en vue du printemps. Elles survolaient les champs cultivés pour favoriser leur fertilité. Selon les cultes païens, c’est la douzième nuit après le solstice d’hiver, que la mort et la renaissance de la nature étaient célébrées à travers Mère Nature. À partir du IVe siècle l’Église a intégré tous ces cultes dans sa propre tradition. C’est ainsi que Noël et L’Épiphanie ont été placés sur le calendrier religieux. Cette nuit du 5 au 6 janvier sera la dernière de celles que l’Église appelle les Douze nuits de Noël. Et la déesse Diane est devenue la Befana. Une figure de femme moins idéalisée, il est vrai. Demain matin, à partir de 10h, aura lieu le traditionnel défilé « Viva la Befana », sur Via della Conciliazione (l’avenue qui conduit au Vatican). Des décors et des costumes colorés sont conçus chaque année par une ville différente pour représenter l’universalité de l’Épiphanie, sous forme à la fois religieuse et folklorique. Cette année c’est la ville ombrienne de Foligno, qui fera défiler de mille personnages costumés avec la célèbre Giostra della Quintana, des porte-drapeaux, des fanfares, des majorettes, des butteri, des chevaux et des décors originaux.
En provinces, il y a des variantes , comme dans la province de Grosseto, où des hommes, les befani (sur l’île d’Elbe, ils s’appellent befanotti), accompagnent les befana dans les rues des villages pour interpréter des chants traditionnels de la Maremme. À Venise, se déroule la 45e Befana Regatta, au cours de laquelle des concurrents habillés en Befana, s’affrontent à coups d’avirons sur le Canal Grande, vêtus de jupe, châle en laine, bonnet et foulard sur la tête. Dans les régions germaniques du Nord, toutefois, elle est en concurrence avec Berchta.
Même la politique s’en est mêlée. En 1928, Mussolini avait institué des célébrations autour d’une « Befana fasciste », en encourageant la distribution de cadeaux aux enfants pauvres. En 1929, dans le Tessin (Suisse) et dans les cercles de l’émigration antifasciste italienne, on a célébré un « Befana rouge » jusque dans les années 1970.
Ainsi se termine en Italie la séquence des fêtes de fin d’année. « L’Epifania tutte le feste si porta via ! »
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 janvier 2023
Aujourd’hui, sous l’influence d’Halloween, la Befana a troqué dans l’iconographie, son traditionnel fichu pour un chapeau pointu.
11 février : une fête civile au Vatican et religieuse en France
Pour les catholiques, c’est anniversaire de l’apparition de Notre-Dame de Lourdes (1858) et celle des accords de Latran (1929) qui accordent au Pape la souveraineté sur l’État de la Cité du Vatican.
Pour les catholiques, c’est anniversaire de l’apparition de Notre-Dame de Lourdes (1858) et celle des accords de Latran (1929) qui accordent au Pape la souveraineté sur l’État de la Cité du Vatican. Jusque-là, le Pape, qui avait perdu ses vastes États en 1870, se considérait comme prisonnier de l’État italien. En contrepartie, le catholicisme devint religion d’État en Italie.
La Cité du Vatican n'a pas beaucoup de jours fériés qui ne soient pas des fêtes religieuses. Depuis 2018, il existe deux jours fériés de ce type : l’Anniversaire du traité du Latran (Anniversario dei Patti lateranensi) et l’anniversaire de l’élection du pape François, le 13 mars.
La question romaine a été résolue en 1929, à l’époque de la dictature de Mussolini. Le 11 février 1929, le Premier ministre Benito Mussolini et le cardinal secrétaire d'État Pietro Gasparri (au nom du pape Pie XI) ont signé un ensemble d'accords au palais du Latran. C’est ce traité qui a reconnu la Cité du Vatican comme un État souverain. Le 11 février est un jour férié civil du petit État qui célèbre surtout des fêtes religieuses.
Sans aucun rapport avec la naissance de l’État du Vatican, en 1993, Jean-Paul II a fait du 11 février la Journée mondiale des malades, un jour qui est aussi la fête de Notre-Dame de Lourdes. Depuis, le 11 février 1858, date de la première apparition de la Vierge à Bernadette Soubirous, la grotte puis le sanctuaire construit à proximité ne désemplissent pas et l’on attend aujourd’hui encore plus de 30 000 pèlerins venus des quatre coins du monde pour une guérison, une grâce ou pour la simple découverte d’un lieu de pèlerinage connu dans le monde entier. Lourdes, c’est un peu la Mecque des catholiques, troisième lieu de pèlerinage le plus visité au monde après le Vatican et Notre-Dame de Guadalupe à Mexico (chaque 12 décembre).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 février 2022
21 novembre : fête de la Madonna della Salute
Comme chaque 21 novembre à Venise, le patriarche Francesco Moraglia va conduire la fête de la Salute, l’église majestueuse qui se dresse à l’entrée du grande canal.
Comme chaque 21 novembre à Venise, le patriarche Francesco Moraglia va conduire la fête de la Salute, l’église majestueuse qui se dresse à l’entrée du grande canal.
La basilique Santa Maria della Salute fut consacrée le 21 novembre 1681 pour remercier la vierge d’avoir sauvé Venise non des eaux… mais de la peste. L’épidémie avait décimée en 1630 une tiers de la population, y compris le doge et sa famille. Dès 1631, fut lancé un concours pour édifier une nouvelle église, il a été remporté par un jeune architecte encore peu connu, Baldassare Longhena, qui était en train de construire le Le Duomo de Chioggia. Le chantier durera exactement un demi siècle. L’anniversaire de son inauguration est à la fois une fête religieuse et une fête populaire.
À une époque de l’année où les touristes se font plus rares, c’est l’occasion pour les Vénitiens de se retrouver. Après avoir déposé un cierge au pied de la vierge noire et prié, les pèlerins et visiteurs se rassemblent sur le parvis de l’église pour une partie plus festive (et profane) avec la dégustation de pâtisseries, beignets et sucreries diverses.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 novembre 2019
Sposalizio nobile alla Salute, par Gabrielle Bella (XVIIIe siècle), Pinacothèque Querini Stampalia, Venise