L’Almanach international

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1973, Égypte, 6 octobre, Bataille célèbre Bruno Teissier 1973, Égypte, 6 octobre, Bataille célèbre Bruno Teissier

6 octobre : les Égyptiens fiers de leur armée

L’Égypte commémore une bataille gagnée il y a un demi siècle, prélude à une défaite militaire. La date du 6 octobre correspond au déclenchement du conflit de 1973 contre Israël, conjointement avec la Syrie. Comme quoi une guerre perdue peut tout de même générer un jour férié…

 

L’Égypte commémore une bataille gagnée il y a un demi siècle, prélude à une défaite militaire. La date du 6 octobre correspond au déclenchement du conflit de 1973 contre Israël, conjointement avec la Syrie.

Ce jour-là, l’État hébreu célébrait le Kippour, le jour le plus sacré de l’année juive et il avait largement sous-estimé le risque de guerre. Le 6 octobre 1973, l’offensive était lancée ; les Égyptiens franchissaient le canal de Suez, tenu par Israël depuis 1967, avec une telle facilité que ce fait d’armes reste dans les mémoires : l’armée israélienne n’était plus invincible ! L’impact psychologique fut considérable. Même si au bout d’une semaine, les Israéliens parvinrent à rétablir la situation en leur faveur et à récupérer le terrain perdu, les Égyptiens conservent le souvenir de cette première victoire symbolique au point d’avoir fait du 6 octobre, le Jour de l’armée (يوم الجيش المصري), leur principale fête nationale et un jour férié. Une ville nouvelle, proche du Caire, porte même le nom de Cité du 6 octobre. Ce jour est l’occasion d’un grand défilé militaire. Les Égyptiens sont fiers de leur armée, mais une armée qui les dirige depuis 1952, au point d’avoir totalement rigidifié leur système politique. L’Égypte est aujourd’hui une dictature militaire.

Cette année, quelques jours avant le 6-Octobre (et le 7-Octobre), l'Égypte a déployé ses forces sur le terrain dans le Sinaï, le long de sa frontière avec Gaza, en réponse à l’occupation militaire israélienne de l'axe de Philadelphie.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 octobre 2024

 
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1973, États-Unis, anciens combattants, 29 mars Bruno Teissier 1973, États-Unis, anciens combattants, 29 mars Bruno Teissier

29 mars : la Journée des anciens combattants de la guerre du Vietnam

Cette célébration est récente, car les États sont peu enclins à commémorer une guerre perdue. Qui plus est, une guerre au bilan effroyable : 1,7 million de morts, à côté des quels les 56 000 morts américains ont peu pesé dans la mémoire. Il faudra, en effet, attendre une loi de 2017 pour qu’un jour férié annuel soit instauré : La Journée nationale des anciens combattants de la guerre du Vietnam.

 

Cette célébration est récente, car les États sont toujours peu enclins à commémorer une guerre perdue. Et qui plus est, une guerre au bilan effroyable : 1,7 million de morts, trois millions de blessés et de mutilés et 13 millions de réfugiés. Les États-Unis ont largué 7 millions de tonnes de bombes et 75 millions de litres d’herbicide de défoliation de la jungle… Le Vietnam est marqué pour des générations par ce terrible conflit qui a duré deux décennies. À côté de ce désastre, les quelque 56 000 soldats américains tués et les 303 000 blessés avaient été un peu oubliés avec le temps. Beaucoup ont très mal vécus cet oubli.

Cette guerre a pourtant profondément marqué une génération d’Américains : le ministère des Anciens Combattants estime qu'aujourd'hui, à plus de 7 millions le nombre d'anciens combattants américains du Vietnam. Le conflit a concerné plus de 10 millions de familles américaines. Jusque-là, les anciens combattants étaient honorés chaque 11 novembre en même temps que ceux de toutes les guerres auxquelles ont participé les États-Unis. Certains États de l’Union organisaient des célébrations le 29 ou le 30 mars. Mais rien au niveau fédéral, jusqu’à cette journée fériée du 29 mars, annoncée en 2012 pour les célébrations du 50e anniversaire de la fin de la guerre du Vietnam.

Le 29 mars  1973, les dernières troupes américaines combattantes furent retirées du Vietnam et les derniers prisonniers de guerre détenus au Nord-Vietnam arrivèrent sur le sol américain. Le 29 mars fut aussi la date choisie par le président Nixon pour une première Journée des anciens combattants du Vietnam en 1974. Mais il faudra attendre une loi de 2017 pour qu’un jour férié annuel soit instauré : La Journée nationale des anciens combattants de la guerre du Vietnam (National Vietnam War Veterans Day), une célébration officielle qui encourage les Américains à arborer le drapeau américain, mais la journée n’est pas un jour férié chômé.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 mars 2024

Les trois militaires , statue de Frederick Hart, au Mémorial des anciens combattants du Vietnam à Washington, DC

 
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1973, Grenade, 19 octobre, héros national Bruno Teissier 1973, Grenade, 19 octobre, héros national Bruno Teissier

19 octobre : journée Maurice Bishop à la Grenade

Le gouvernement de la Grenade vient d’annoncer qu’à partir de cette année, 2023, le 19 octobre serait désormais un jour férié en hommage au premier ministre, Maurice Bishop assassiné le 19 octobre 1983, en même temps que plusieurs de ses ministres. C’était il y a 40 ans, jour pour jour.

 

Le gouvernement de la Grenade vient d’annoncer qu’à partir de cette année, 2023, le 19 octobre serait désormais un jour férié en hommage au premier ministre, Maurice Bishop assassiné le 19 octobre 1983, en même temps que plusieurs de ses ministres. C’était il y a 40 ans, jour pour jour. Ce nouveau jour férié est appelé la Journée nationale des héros (National Heroes Day). Cette journée est le début d’une période de cérémonies jusqu’au 25 octobre, autre jour férié, mais qui conduiront jusqu’au 7 février 2024, date du cinquantenaire de l’indépendance.

La Grenade a obtenu son indépendance de l'Angleterre le 7 février 1974. Sir Eric Gairy avait été nommé premier ministre, mais sa manière de gouverner a vite été impopulaire en raison de sa politique répressive. Le 13 mars 1979, le New Jewel Movement (NJM) de Maurice Bishop a pris le pouvoir lors d'une révolution sans effusion de sang alors que le dictateur Sir Eric Gairy était à l'étranger. Le Gouvernement populaire révolutionnaire (PRG) était né. L'administration était dirigée par le nouveau premier ministre Maurice Bishop. Bernard Coard était son vice-Premier ministre.  Maurice Bishop était inspiré par les dirigeant africains  Julius Nyerere, Robert Mugabe et Samora Machel. Rapidement, la Grenade s’est s’alignée sur Cuba, une décision très mal vue par les puissances occidentales. 

En 1983, les divisions internes éclatèrent au sein du PRG, Bishop fut assigné à résidence au cours de la première semaine d'octobre. Bernard Coard, l’ idéologue du régime qui prône un alignement sur l’URSS, prend alors le contrôle du PRG et instaure régime autoritaire.  Des manifestations s'ensuivirent sur l'île pour obtenir la libération de Bishop.  Le 19 octobre, Maurice Bishop est libéré par une foule de partisans. Mais quelques heures plus tard, l’armée intervient et tire sur la foule, tuant plusieurs personnes. Sommés de se rendre, Bishop et ses fidèles sont arrêtés et immédiatement fusillés à Fort Rupert (aujourd'hui Fort George).  L'emplacement de la dépouille de Maurice Bishop est encore inconnu à ce jour.  

Le 25 octobre, le président américain Ronald Reagan ordonnait l'invasion de la Grenade (Opération Urgent Fury) qui renverse aussitôt le Conseil militaire révolutionnaire. Coard sera emprisonné jusqu’en 2009.

Même si la figure de Maurice Bishop et le souvenir de son régime ne font pas l’unanimité à Grenade, l’anniversaire de sa mort a été érigée en jour férié. Les cérémonies débutent par un service œcuménique au Stade National à 9 heures. À 13 heures, les cloches des églises sonneront et cela sera suivi par une minute de silence. Dans la soirée, à partir de 19h, un hommage aux chandelles se déroulera sur le Carenge.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1973, Chili, Coup d'état militaire Bruno Teissier 1973, Chili, Coup d'état militaire Bruno Teissier

11 septembre : 50 ans après, les Chiliens ne sont toujours pas guéris du régime de Pinochet

Un demi-siècle est passé et le Chili ne parvient toujours pas à tourner la page du coup d’État qui a mis brutalement un terme à son régime démocratique. 11 septembre 1973 Les commandants en chef des armées et celui de la police lancent une insurrection, sous la direction du général Augusto Pinochet et le soutien de Washington.

 

Un demi-siècle est passé et le Chili ne parvient toujours pas à tourner la page du coup d’État qui a mis brutalement un terme à son régime démocratique. Le 11 septembre 1973,  les commandants en chef des armées et celui de la police lançaient une insurrection, sous la direction du général Augusto Pinochet et avec l’appui de Washington. Le ­palais présidentiel de la Moneda était encerclé et bombardé. Vers 13 h 30, le président Salvador Allende se ­suicidait. Candidat de l’Unité ­populaire – coalition de gauche regroupant, en particulier, le Parti socialiste, dont il est membre, et le Parti communiste –, Allende était arrivé en tête de l’élection ­présidentielle chilienne, qui ne comprennait qu’un seul tour, avec 36,6 % des voix. Trois ans plus tard, lors des élections législatives de mars 1973, son soutien populaire s’était renforcé puisqu’il obtenait ‘4% des voix. Sa figure de leader s’était également consolidée à l’international, surtout après son discours aux Nations unies en 1972, ce qui lui valait l’animosité du président Nixon et de son secrétaire d’État, Henry Kissinger, qui ont tous deux œuvré au renversement de la démocratie chilienne.

Le général Pinochet sa junte resteront au pouvoir jusqu’en 1990. Durant ces seize années de dictature, les forces armées et la police politique ont torturé des dizaines de milliers de personnes, en assassinent plus de 3 200 (soit autant que les victimes d’un autre 11-Septembre, celui qui a frappé les États-Unis en 2001). Des centaines de ­milliers de personnes seront contraintes à l’exil. 

Le Chili a hérité de cette terrible époque une constitution qu’il n’est pas encore parvenu à remplacer en dépit des efforts du président actuel, le socialiste Gabriel Boric. Celui-ci a été élu en mars 2022 avec 56% des suffrages face au candidat d’extrême droite Antonio Kast. Ce dernier, un nostalgique de la dictature de Pinochet, développe un discours totalement négationniste en ce qui concerne les crimes du régime issu du putsch de 1973. Il a tout de même obtenu 44% des voix, c’est dire combien est divisée la population chilienne face à la mémoire du coup d’État du 11 septembre 1973, que l’on commémore aujourd’hui, et de la dictature qui s’est ensuivie. Non seulement l’extrême droite pinochétiste, mais également des députés de droite ont refusé de participer aux commémorations du 11-Septembre organisées par le gouvernement du président Boric.

Le pays n’a pas su solder les crimes du régime de Pinochet tourner la page. Mais peu à peu la justice fait son chemin. Elle vient de condamner ­définitivement sept anciens militaires pour l’enlèvement et l’assassinat, au lendemain du coup d’État, de Viktor Jara (1932-1973), célèbre chanteur chilien proche de Salvador ­Allende. Même un demi-siècle après, il n’est jamais trop tard.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 septembre 2023

Lire : 11-Septembre, notamment les témoignages de Eduardo Olivares Palma et de Maria Claudia Poblete

 

Fresque en mémoire de Viktor Jara, chanteur chilien assassiné trois ou quatre jours après le putsch du 11 septembre 1973 et dont les assassins n’ont finalement été condamnés qu’en 2023.

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1973, Bahamas, indépendance, 10 juillet Bruno Teissier 1973, Bahamas, indépendance, 10 juillet Bruno Teissier

10 juillet : les 50 ans d’indépendance des Bahamas

Depuis vendredi, l’archipel des Bahamas est pavoisé aux couleurs nationales, cette année la célébration de la fête nationale se veut grandiose car on célèbre le 50e anniversaire de l’indépendance. Celle-ci a été obtenue le 10 juillet 1973 après plusieurs siècles de colonisation espagnole puis, surtout, anglaise.

 

Depuis vendredi, l’archipel des Bahamas est pavoisé aux couleurs nationales, cette année la célébration de la fête nationale se veut grandiose car on célèbre le 50e anniversaire de l’indépendance. Celle-ci a été obtenue le 10 juillet 1973 après plusieurs siècles de colonisation européenne : Christophe Colomb avait désigné l’archipel sous le nom de San Salvador, pour le compte de la couronne espagnole. Plus tard, les îles dépeuplées par la colonisation ont été abandonnées. C’est une « république de pirates » que les Anglais ont conquis en 1718, déclarent l'archipel colonie de la Couronne. Cependant, il est resté peu peuplé jusqu'à la guerre d'indépendance américaine. Après la défaite de la Grande-Bretagne dans la guerre, des milliers de royalistes américains qui avaient été exilés de l'État nouvellement indépendant se sont installés aux Bahamas. Ce sont toutefois les descendants des esclaves africains qui représentent aujourd'hui 85 % de la population bahamienne.

En 1953, le jeune politicien Lynden Pindling, qui avait grandi dans le district ouest-africain d'Over-the-Hill à Nassau, a formé le Parti libéral progressiste. C’est cette formation qui, 20 ans plus tard, a conduit le Commonwealth des Bahamas à l’indépendance. Lynden Pindling, arrivé à la tête du gouvernement en 1967, y demeurer jusqu’en 1992, année où il il a été battu aux élections. Mort en 2000, l’artisan de l’indépendance du pays est considéré comme le père de la nation, même si sa gouvernance avait viré sur la fin à un certain autoritarisme.

Cette année, 2023, pas moins de 10 jours ont été prévus pour cette célébration du Independance Day, faites chaque année de défilés colorés, de performances musicales, de services religieux spéciaux, de feux d’artifice dans chacune des îles et surtout, spécificité bahamienne, un Junkanoo spécial jubilé (fête traditionnelle datant de l’époque de l’esclavage). 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1973, Uruguay, coup d'État, 27 juin Bruno Teissier 1973, Uruguay, coup d'État, 27 juin Bruno Teissier

27 juin : la mémoire des victimes d’une dictature d’extrême droite en Uruguay

Il y a 50 ans, le coup d’État du 27 juin 1973 en Uruguay a été le point de départ d’une dictature de 12 ans. Actuellement en Uruguay, les nostalgiques de la dictature disposent d’appuis à tous les niveaux de l’État et participe à la coalition gouvernementale. La mémoire des victimes de la dictature est très peu prise en charge par les autorités, face à cela les syndicats ont organisé une grève générale ce 27 juin et dans la diaspora on se rassemble, notamment à Paris, place de l’Uruguay, aujourd’hui à 18h.

 

Face à un président de droite, Luis Lacalle Pou qui préfère tourner la page de la mémoire du coup d’État de 1973, les syndicats ont décrété une grève générale de quatre heures ce 27 juin 2023 pour marquer le 50e anniversaire du coup d'État en Uruguay. 

Le même jour, en 1973, le président Juan María Bordaberry avait décrété la dissolution de l'Assemblée, tandis que l'armée était déployée dans Montevideo, la capitale. Ce fut le point de départ d'une dictature civilo-militaire qui dura jusqu'en mars 1985. Aussitôt, les opposants sont arrêtés, torturés, les syndicats et les partis sont réduits au silence. L'Uruguay, comme l’Argentine et le Chili, fera partie du plan Condor, un programme commun d'extermination des opposants qui a fait des milliers de victimes, dont beaucoup de disparus dont on n’a toujours pas retrouvé la trace.

Après le retour de la démocratie en 1985, le Parlement a voté en 1986 la loi d’amnistie qui a scellé l'impunité de la dictature. Il faudra attendre 2005, sous le président de gauche Tabaré Vázquez (2005-2010), pour que l’on entreprenne la recherche des disparus. En 2010, le dictateur Bordaberry a finalement été condamné à 30 ans de prison,  sans pour autant être emprisonné car il est mort l’année suivante. En 2012, le président de gauche, José Mujica (2010-2015) a enfin reconnu la responsabilité de l'État pour les crimes commis par la dictature. Son successeur, Tabaré Vázquez (2015-2020) affronte l’armée qui refuse de sanctionner un un ancien officier mis en cause dans l’assassinat sordide d’un opposant pendant la dictature.

Depuis 2020, c’est une coalition de droite qui est au pouvoir et le Luis Lacalle Pou n’a organisé que de très modestes commémorations. À Paris, en revanche, où de nombreux opposants avaient trouvé refuge, un rassemblement a lieu à 18h, place de l’Uruguay (16e arrond.) avec la participation de plusieurs collectifs uruguayens, latino-américains et français qui partagent le refus  du terrorisme d'État et de l'impunité de ses crimes. En province, des événements sont également prévus notamment à Grenoble à 19h à la mairie, pour un hommage aux victimes de la dictature.

« Le coup d’État du 27 juin 1973 en Uruguay a été le point de départ d’une dictature de 12 ans. Dans ce petit pays, il y a eu plus de 10 000 prisonniers politiques, systématiquement torturés, 197 disparitions forcées, 122 assassinats politiques et 13 appropriations d’enfants, ainsi que dans les autres pays associés à l’époque par le Plan Condor (Argentine, Bolivie, Brésil, Chili et Uruguay) sous l’égide des États-Unis. 380 000 Uruguayens ont été contraints à l’exil.

Après le retour de la démocratie et pendant des décennies d’impunité absolue de ces crimes, la ténacité des victimes et de leurs proches a maintenu vivante l’exigence de vérité et de justice. C’est maintenant une part très importante de la société uruguayenne qui a fait sienne la cause des disparus et dit la nécessité de “plus jamais de terrorisme d’État”. La justice avance, mais difficilement, et seulement une cinquantaine de criminels contre l’Humanité sont condamnés ou inculpés.

Actuellement en Uruguay, les nostalgiques de la dictature disposent d’appuis à tous les niveaux de l’État. Le parti d’extrême droite Cabildo Abierto créé par d’anciens militaires fait partie de la coalition conservatrice au pouvoir depuis 2020. Il revendique l’impunité et multiplie les initiatives en ce sens, cherchant à imposer une réécriture de l’Histoire récente et une victimisation des tortionnaires. Il bénéficie  de soutiens politiques dans tous les partis de la majorité actuelle. » Communiqué de l’association ¿Dónde Están? (Où sont-ils ?)

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 juin 2023

 
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20 janvier : il y a 50 ans, Amilcar Cabral, héros des indépendances africaines, était assassiné

Ce leader de la lutte contre la colonisation portugaise a été exécuté avant que la Guinée-Bissau et le Cap-Vert, ses deux patries, obtiennent leur indépendance. Il fait figure de héros national pour ces deux pays comme pour l’ensemble du continent africain, l’extrême gauche lusophone et tous les mouvements anticoloniaux et décoloniaux.

 

Amílcar Cabral est né en 1924, à Bafatá Guinée portugaise (aujourd’hui Guinée Bissau) de parents originaires du Cap-Vert. C’est un héros africain des luttes pour l’indépendance, mais il est surtout célébré dans ces deux pays : le Cap-Vert et la Guinée-Bissau ont fait du 20 janvier (1973), anniversaire de son assassinat, la Journée des Héros (dia dos heróis). 

Après des études d’agronomie à Lisbonne, il est retour à son pays en 1952 pour s’engager dans la lutte contre la présence coloniale portugaise, en lien avec le Parti communiste portugais. En 1956, il fonde dans la clandestinité, avec Luís Cabral, son demi-frère (futur président de la République de Guinée-Bissau), Aristides Pereira (futur président de la République du Cap-Vert), Abilio Duarte (futur ministre et président de l’Assemblée nationale du Cap-Vert), le PAIGC (Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap Vert).

Le PAIGC se bat contre l'armée portugaise sur plusieurs fronts à partir des pays voisins devenus indépendants bien plus tôt, la Guinée Conakry et le Sénégal, depuis sa province de Casamance. Avec le soutien politique et matériel du bloc soviétique, Amílcar Cabral parvient peu à peu à contrôler le sud du pays, mettant en place de nouvelles structures politico-administratives dans les zones libérées.

Dans la nuit du 19 au 20 janvier 1973, Amilcar Cabral, de retour d’une réception à l’ambassade de Roumanie, succombe à des rafales de balles d’un commando devant son domicile à Conakry, en Guinée, alors qu’il rentrait seul, en compagnie de son épouse, Ana Maria Cabral. Il ne verra pas l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert qui n’interviendront que le 10 septembre 1974, soit quelques mois après le 25 avril portugais.

Amílcar Cabral appartenait, comme beaucoup de dirigeants nationalistes de sa génération, à la petite bourgeoisie métis qui selon le régime instauré par le Portugal, était juridiquement des indigènes assimilés, c’est-à-dire disposant des mêmes droits que les Portugais. C’est en jouant sur les rivalités entre Noirs et Métis que les commanditaires de son assassinat qu’il ont inspiré l’exécution de Cabral par des membres du PAIGC. Un demi-siècle est passé et on ne connaît pas véritablement les commanditaires. On soupçonne la PIDE, la police politique de la dictature portugaise de l’époque avec sans doute des complicités en Guinée. Ce qui n’empêche pas ce pays de commémorer, lui aussi, le cinquantenaire de la mort d’Amilcar Cabral.

Aujourd’hui, Amílcar Cabral demeure un personnage mythique, tel un véritable Che Guevara africain, de nombreuses rues portent sont noms, ainsi que des lycées, partout en Afrique. Une compétition de football, la Coupe Amílcar Cabral, regroupe des pays de la sous-région (de la Mauritanie à la Sierra Leone en passant par le Mali).

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Détail d’un timbre poste de la république du Cap-Vert émis en 1976

Plaque de l'avenue Amilcar-Cabral, Saint-Denis en Seine-Saint-Denis

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1973, Chili, 11 septembre Bruno Teissier 1973, Chili, 11 septembre Bruno Teissier

11 septembre  : 49e anniversaire du coup d’État du général Pinochet au Chili

La date fait référence au coup d’État militaire de 1973 mené par le général Pinochet contre le président socialiste Allende. Un demi-siècle après, les Chiliens tentent toujours de liquider l’héritage de la dictature.

 

Cette célébration annuelle du 11-Septembre chilien a pris avec les années des tournures différentes, mais la date est commémorée depuis 1974. On nous a volé notre 11-Septembre ! Tel a été le sentiment de nombre de Chiliens qui, en 2001, commençaient tout juste à pouvoir exprimer leur deuil et cultiver la mémoire des victimes du putsch du 11 septembre 1973, refoulée pendant les années de la dictature du général Pinochet. 20 ans après, en 2021, ils ont élu une constituante chargée de tourner définitivement la page du pinochétisme.

La date, en effet, fait référence au coup d’État militaire de 1973 mené par le général Pinochet contre le président socialiste Allende. La démocratie et les libertés ont alors été suspendues pour de nombreuses années; des centaines de milliers de personnes ont été arrêtées, en particulier les militants de gauche. Tortures et exécutions sommaires se multiplient dès les premiers jours du nouveau régime dont l’implacable répression fera quelque 3200 victimes (à peu le même nombre de morts que les attentats du 11-Septembre nord-américain).

En décembre 1989, au bout de 17 ans, le régime militaire d’extrême droite a fini par laisser la place à un régime démocratique. Mais ce dernier demeure corseté par une constitution adoptée en 1980. C’est cet héritage de Pinochet que le pays cherche à solder, en particulier depuis les émeutes d’octobre 2019. Au mois d’octobre suivant, un référendum historique a approuvé, à 78%, le projet d’écrire une nouvelle constitution est pour cela d’élire une assemblée constitutionnelle chargée de la rédiger. Cette constituante sera élue et proposera un texte en rupture totale avec le régime conservateur sur le plan sociétal et ultra libéral pour ce qui est de l’économie. Sans doute trop novateur, ce texte a été rejeté au début du mois de septembre 2022 , par une grande majorité des électeurs. Il reste quelques mois au Chili pour adopter une autre constitution plus consensuelle, si le pays veut tourner la page de l’héritage de la dictature avant le 50e anniversaire du putsch de 1973.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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