L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1835, Inde, 17 juillet, héros national Bruno Teissier 1835, Inde, 17 juillet, héros national Bruno Teissier

17 juillet : le peuple Khasi commémore la disparition de son héros national mort dans une geôle britannique

Le peuple Khasi qui vit au nord-est de l’Inde dans l’État du Meghalaya célèbre aujourd’hui l’anniversaire de la mort de son héros national : Tirot Sing.

 

Le peuple Khasi qui vit au nord-est de l’Inde dans l’État du Meghalaya célèbre aujourd’hui l’anniversaire de la mort de son héros national : Tirot Sing. 

U Tirot Sing Syiem, de son nom complet était un roi local qui régnait sur la région de Nongkhlaw dans le Meghalaya. Cet État de l’Union indienne est aujourd’hui situé juste au nord du Bangladesh. Ces pays n’existaient pas, la région était composée de petits royaumes. Le peuple Khasi n’avait pas eu de contact avec les Anglais avant 1823. Ceux-ci se sont peu à peu introduits dans la région afin d’y construire une route pour relier plusieurs de leurs colonies. 

David Scott, l'agent du gouverneur général britannique, a entamé des négociations avec Tirot Sing, le chef Khasi de Nongkhlaw. Il a promis à Sing de l'aider à reprendre possession des Dooars (plaines alluviales inondables situées au nord du bassin du Brahmapoutre) en échange de l'autorisation de construire une route à travers les collines de Khasi. Après une discussion de deux jours avec d'autres chefs Khasi, Tirot Sing a donné la permission et les Britanniques ont commencé le projet de route.

Malheureusement, les relations entre les Khasis et les Britanniques ont rapidement tourné au vinaigre. Lorsque Tirot Sing apprit que les Britanniques étendaient leur présence militaire en Assam, il consulta à nouveau les chefs des autres clans Khasi et demanda aux Britanniques d'arrêter la construction de la route et de retirer leurs troupes de Nongkhlaw. Les Britanniques refusèrent et les Khasis dirigés par Tirot Sing attaquèrent la garnison britannique à Nongkhlaw et tuèrent deux officiers le 4 avril 1829.

Ainsi débuta la guerre anglo-khasi qui dura quatre ans. Même si les Khasi bénéficiaient d’une parfaite connaissance d’un territoire très accidenté, le conflit demeurait très inégal. Les autochtones ne possédaient aucune arme à feu et attaquaient les Anglais simplement équipés d’arcs et de flèches ou d’une épée et d’un bouclier. Le roi Tirot Sing a été blessé au combat et a dû se cacher dans une grotte, attendant que sa blessure guérisse. Cette grotte existe toujours et les Khasi la font visiter, ainsi que d’autres cachette de l’époque, avec beaucoup de fierté. Tirot Singh a finalement été trahi par un autre chef local soudoyé par les Anglais. Capturé par les Anglais, il a été emmené à Dhaka où il est mort le 17 juillet 1835. C’est cette date que commémore le U Tirot Sing Day qui est un jour férié dans l’État indien du Meghalaya. Les universités et écoles locales lui vouent un culte particulier. Le gouvernement local décerne ce jour le Prix Tirot Sing qui récompense des artistes ou des écrivains.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 juillet 2021

 
enfants khasis au début du XXe siècle

enfants khasis au début du XXe siècle

Lire la suite
1897, Inde, 23 janvier, héros national Bruno Teissier 1897, Inde, 23 janvier, héros national Bruno Teissier

23 janvier : Gandhi oublié, le nouveau héros de l’Inde porte l’uniforme

Chaque 23 janvier, on célèbre en Inde l’anniversaire de Netaji Subhas Chandra Bose. Ces dernières années, le culte a pris de l’ampleur a point qu’aujourd’hui dans l’Inde de Modi, la figure de Netaji est en train d’éclipser celles de Gandhi ou d’Amberkar.

 

Pour son 125e anniversaire, Narendra Modi est spécialement rendu au Bengale pour rendre hommage au “grand homme”. En effet, chaque 23 janvier, on célèbre en Inde l’anniversaire de Netaji Subhas Chandra Bose, né en 1897. Ces dernières années, le culte a pris de l’ampleur au point, aujourd’hui, que dans l’Inde de Modi, la figure de Netaji est en train d’éclipser celles de Gandhi ou d’Amberkar. L’an dernier, le Jharkland, un État du nord de l’Inde, vient de déclarer le 23 janvier jour férié. C’est au Bengale dont Bose, alias Netaji (“chef respecté”), est originaire, que les cérémonies ont le plus d’importance. N. Modi vient d’annoncer que le 23 janvier serait désormais célébré au niveau de toute l’Union.

Vu d’Europe, le personnage Subhas Chandra Bose est très controversé. Ce militant nationaliste indien qui luttait contre la domination britannique de son pays avait réussi en 1940 à échapper à la surveillance des Anglais pour se rendre à Berlin, via Moscou, afin de réclamer l’aide de l’Allemagne nazie. Il fut accueilli chaleureusement par Himmler en avril 1941 et pu même rencontrer Hitler et envisager la création d’une Légion de SS indiens recrutée parmi les prisonniers de Rommel en Afrique. La politique du Führer lui importait peu, il était en quête d’une force militaire lui permettant de chasser les Anglais des Indes. Déçu que Hitler ait préféré attaquer l’URSS qui avait aussi les sympathies de Bose, lequel admirait tous les régimes autoritaires, il a demandé à rejoindre le Japon. Un sous-marin allemand va donc le conduire dans l’océan Indien où un sous-marin japonais l’attend. Il va participer à l’invasion de la Birmanie par l’armée japonaise. De là, avec quelques milliers d’hommes, il parvient à mettre un pied sur le sol indien et occupe pendant trois mois une petite ville du futur État de Manipur. Pour cela, les nationalistes indiens le célèbrent aujourd’hui comme le fondateur de l’armée indienne. La prise de la petite ville de Moirang a été la première (et unique) victoire d'Azad Hind Fauj, connue sous le nom d'Armée nationale indienne (INA) contre l'armée britannique en Inde. Le 14 avril 1943, pour la première fois le drapeau indien était hissé sur une terre indienne libérée des Anglais. En 1944, Subhas Chandra Bose forme un gouvernement provisoire établi dans les îles Andaman, sous occupation japonaise. Le 23 janvier 2018, Narendra Modi, le premier ministre de l’Inde, a renommé l’île de Ross, l’une des îles Andaman «  Netaji Subhas Chandra Bose Dweep ». En 2019, le 23 janvier, Modi a inauguré à Delhi, un musée dédié exclusivement au légendaire combattant de la liberté et à son armée nationale indienne. On y expose notamment la chaise de Netaji lorsqu’il siégeait aux Andaman. Au Bengale, les enfants des écoles sont chaque année mobilisés pour des levés de drapeau. La maison natale de l’homme illustre est devenue un musée que Shinzo Abe, le très nationaliste premier ministre japonais, était venu visiter. C’est d’ailleurs à Tokyo, dans le temple Renkoji, que reposent les cendres de Netaji. En effet, le gouvernement provisoire indien n’a pas survécu à la débâcle japonaise et Subhas Chandra Bose est mort dans un accident d’avion en 1945, à Formose (Taiwan), encore sous occupation japonaise.

Au Bengale, on milite depuis longtemps pour que le Netaji’s Birthday soit déclaré Patriot’s Day à l’échelle de l’union indienne. Cette démarche est relayée par les courants nationalistes qui ont le vent en poupe depuis la victoire électorale de BJP. Au Maharastra, l’anniversaire de Bose coïncide avec celui de Bal Thackeray (1926-2012), un auteur de BD, admirateur déclaré d’Hitler, et fondateur d’un parti fascisant, le Shiv Senna. Ce puissant parti politique à l’échelle locale organise chaque 23 janvier une grande parade, couleur safran, dans les rues de Bombay. Cette année en raison de l’épidémie de covid, la parade sera virtuelle.

le tweet de Narendra Modi, ce 23 janvier

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 janvier 2021

 
Timbre-poste de 1964. Depuis, l’Inde a émis cinq autres timbres à l’effigie de Netaji.

Timbre-poste de 1964. Depuis, l’Inde a émis cinq autres timbres à l’effigie de Netaji.

« Give me your blood, and I shall give you freedom » (Donnez-moi votre sang et je vous donnerai la liberté), sa citation la plus connue.

« Give me your blood, and I shall give you freedom » (Donnez-moi votre sang et je vous donnerai la liberté), sa citation la plus connue.

Lire la suite
1961, RDC, 17 janvier, héros national Bruno Teissier 1961, RDC, 17 janvier, héros national Bruno Teissier

17 janvier : il y a 60 ans, l'assassinat de Patrice Lumumba

Patrice Lumumba a été assassiné le 17 janvier 1961, la journée est consacrée à son souvenir. Celui-ci n’a pas eu le temps de gouverner longtemps de le pays, entre son discours du 30 juin 1960, lors de l'indépendance, qui l’a propulsé d'emblée au rang des héros de l’anticolonialisme et son assassinat six mois plus tard.

 

Patrice Lumumba a été assassiné le 17 janvier 1961, la journée est consacrée à son souvenir. Celui-ci n’a pas eu le temps de gouverner longtemps le pays, entre son discours du 30 juin 1960, lors de l'indépendance, qui l’a propulsé d'emblée au rang des héros de l’anticolonialisme et son assassinat six mois plus tard, le 17 janvier 1961. Les conditions de la mort de Patrice Lumumba, en ont fait un mythe, un martyr de la guerre froide, sacrifié aux intérêts des grandes compagnies minières qui craignaient un rapprochement du Congo avec l’URSS.

Une cérémonie, souvent un peu bâclée, se déroule chaque 17 janvier, place de l'échangeur de Limete (aujourd'hui appelée place de la Reconstruction) à Kinshasa où a été érigé en 2002 une grande statue de Patrice Emery Lumumba haute de 10 m. Une célébration eucharistique en la cathédrale Notre Dame du Congo en mémoire du grand homme est également organisée.

Soixante ans après son assassinat, la famille de Patrice Lumumba attend toujours un procès à Bruxelles. Son corps n’a jamais été retrouvé, mais une dent va lui être restituée. La relique a été saisie par la police belge chez la fille du policier qui avait été chargé de faire disparaître le corps. Le président Félix Tshisekedi a annoncé son intention d’organiser un hommage national le 30 juin 2021, date du 61e anniversaire de l’indépendance. L’idée est d’offrir enfin une sépulture à celui qui fut un éphémère premier ministre du pays, même si c’est pour n’abriter qu’une si dérisoire relique, preuvre de l’acharnement implacable contre le leader africain. C’est l’Occident tout entier qui s’est ligué contre lui, son assassinat a été tout autant inspiré par les États-Unis que la France ou la Belgique.

 
Lumumba.png
Lire la suite
1804, Haïti, 2 janvier, héros national Bruno Teissier 1804, Haïti, 2 janvier, héros national Bruno Teissier

2 janvier : le président haïtien invité à s'occuper de ses concitoyens plutôt que des héros de la nation

Haïti débute l’année avec deux jours fériés : le Jour de l’indépendance, le 1er janvier et la Journée des ancêtres et héros de l'Indépendance, ce 2 janvier, appelé aussi le Jour des Aïeux.

 

Haïti débute l’année avec deux jours fériés : le Jour de l’indépendance, le 1er janvier et la Journée des ancêtres et héros de l'Indépendance, ce 2 janvier, appelé aussi le Jour des Aïeux.

Le 1er janvier 1804, l’est de l'île de Saint-Domingue accédait à l’indépendance au terme d'une longue et meurtrière guerre de libération. L'ancienne colonie française devenait ainsi le premier État noir des temps modernes. Jean-Jacques Dessalines, Alexandre Pétion, Henri christophe, Capois la mort, Lamatinière, Charles B… et, bien sûr, Toussaint Louverture, sont autant de héros qui sont célébrés chaque 2 janvier.

Chaque année, le président de la république se rend au Musée du Panthéon National Haïtien (le Mupanah), inauguré en avril 1983 avec une cérémonie pour le retour en terre natale des « cendres » de Toussaint Louverture, précurseur de l’indépendance haïtienne. Le Mupanah dispose de deux salles d’exposition et conserve précieusement les restes de « pères de la Patrie » comme Jean-Jacques Dessalines, Henry Christophe et Alexandre Pétion. Ils sont morts et ont été enterrés, à l’époque, dans l’indifférence totale de la population. Ce  musée-panthéon mis à l’honneur chaque 2 janvier est là pour réparer ces oublis. 

Mais, ces héros reconnaîtraient-ils en l’actuel Haïti, le pays dont ils ont rêvé et pour lequel ils ont combattu ? Si le pays a été largement épargné par la covid-19, il demeurent gangréné par les gangs, les assassinats, les enlèvements, la corruption de ses élites. Jovenel Moïse, le président (mal) élu en 2016, n’a d’autre réponse au pays que ses réactions autoritaires.

Plutôt que de célébrer l’indépendance, puis les Aïeux, la population en colère a prévu de débuter l’année 2021 par une marche de protestation. Épisode d’un mouvement social puissant qui s’est déclenché en août 2018 et vise à provoque la démission du président.

 
Jovenel Moïse au Mupanah, 2 janvier 2020

Le président Jovenel Moïse au Mupanah, 2 janvier 2020

Lire la suite
1909, Ukraine, 1er janvier, héros national Bruno Teissier 1909, Ukraine, 1er janvier, héros national Bruno Teissier

1er janvier : Stepan Bandera, un héros national ukrainien très controversé

La marche aux flambeaux des fascistes ukrainiens, chaque année, le soir du premier janvier embarrasse au plus haut point le gouvernement de Kiev. Mais, comment interdire cet hommage à un criminel de guerre pro nazis qui est aussi un héros nationaliste ukrainien ?


 

Alors que dans le monde, presque toutes les manifestations politiques, culturelles ou religieuses sont annulées en raison de la crise sanitaire, la marche des fascistes ukrainiens dans le centre de Kiev et dans diverses villes du pays aura bien lieu ce 1er janvier 2021. Svoboda, la formation d’extrême droite (un seul député sur 450), vient de l'annoncer sur son profil Facebook. Cette « Marche d'honneur, de dignité et de liberté» est organisée depuis 2007. Elle se déroule de nuit, aux flambeaux et marque l’anniversaire de Stepan Bandera, une personnalité très controversée aussi bien en Ukraine que dans les pays voisins.  

Cette année, on célèbre le 112e anniversaire de celui qu’une partie des Ukrainiens désigne comme un « héros de l’Ukraine », un titre qui lui a été très officiellement attribué en janvier 2010 par Viktor Iouchtchenko, président de l’Ukraine à l’époque. Ce geste a provoqué la fureur de la Pologne et d’Israël, car ce nationaliste ukrainien est aussi un criminel de guerre. Il a aussi été très critiqué en Ukraine même où l’extrême droite, bien implantée à l’ouest, est très minoritaire à l’échelle du pays (les formations d’extrême droite ont obtenu 5% aux dernières législatives).

Stepan Bandera est né en 1909 en Galicie, une région de l’empire Austro-Hongrois récupérée en 1918 par la Pologne. Appartenant à la minorité ukrainienne de Pologne, il adhère très jeune à une organisation nationaliste ukrainienne, très anti-polonaise, l’OUN, qui multiplie les assassinats politiques. Fasciné par les nazis, Bandera prend fait et cause pour ce mouvement politique allemand avant même qu’il ne prenne le pouvoir en Allemagne. En raison de son activisme, Bandera fini par se faire emprisonner en Pologne, il sera libéré par les Allemands lors de l’invasion de la Pologne en 1939. Il se met aussitôt au service l’Allemagne nazie et crée une Légion ukrainienne qui participe, en 1941, notamment au massacre des juifs de Liv (Lwow) et à l’assassinat de plusieurs dizaines de professeurs de l’université de la ville, celle où il avait fait ses études. L'Armée révolutionnaire populaire ukrainienne (UPA) s’est battue contre les Soviétiques aux côtés des nazis. Outre sa participation à la Shoah, on lui reproche aussi le massacre de quelque 50 à 100 000 Polonais de Volhynie, une région qui se trouve aujourd’hui en Ukraine.

Si Stepan Bandera est considéré comme un héros malgré sa participation active à de nombreux crimes de guerres, c’est qu’il a pris le risque de proclamer l’indépendance de l’Ukraine, le 30 juin 1941. Ce qui lui valut quelques mois plus tard d’être emprisonné, à son tour, par les nazis. Lesquels ne voyaient guère d’un bon œil, l’indépendance d’un pays destinée à n'être qu'une simple colonie au service du IIIe Reich. Envoyé au camp de concentration de Sachsenhausen, dans la section réservée aux hautes personnalités politiques, Bandera survivra à la guerre et se réfugiera en Allemagne de l’Ouest. Il sera assassiné à Munich par les services secrets russes.

Éliminés par les Soviétiques, emprisonnés par les nazis, les nationalistes ukrainiens ne voient en lui que le résistant qui a sacrifié sa vie à l’indépendance de son pays oubliant ses positions extrémistes, son antisémitisme constant, sa fascination pour les dictatures et surtout sa participation à des massacres de masse. À Liv, en Ukraine occidentale, on voue à Stepan Bandera un véritable culte. Les célébrations du 1er janvier y ont toujours une beaucoup plus grande ampleur que dans le reste du pays où il est le plus souvent ignoré.  Sa statue trône au centre de la ville entourée du drapeau bleu et jaune et d’Ukraine et de celui noir et rouge de l’UPA. Sa maison natale, dans le village de Stary Ugrymiv est un musée. Un rassemblement y est prévu ce 1er janvier à 11 heures. L'Organisation des nationalistes ukrainiens  (OUN) est réapparue en Ukraine après 1991 sous le nom de Congrès des nationalistes ukrainiens. Une petite formation d’extrême droite principalement implantée à l’ouest du pays. 

Cette marche aux flambeaux, dans les rues de Kiev, de militants aux allures fascistes, embarrasse chaque année les autorités ukrainiennes au plus haut point, sans pouvoir l’interdire. La figure de Stepan Bandera est très populaire parmi les soldats ukrainiens qui combattent au Donbass contre les séparatistes russes. D’ailleurs, un défilé en son hommage est aussi prévu à Slovyansk dans la région de Donesk. Il débutera à 18h place de la cathédrale. À Kiev, le rendez-vous des nationalistes de tous poils a été fixé cette année dans le parc Taras Chevchenko (une autre figure nationale, mais plus respectable), près du monument Kobzar. La parade annuelle des militants ultranationalistes les conduira, comme l'an dernier, jusqu’à la mairie de Kiev.

L’actuel président, Volodymyr Zelensky, n’appartient pas du tout à cette mouvance politique, mais en tant que chef d’État d’un pays très divisé, il ne peut pas totalement récuser ce fâcheux symbole. L’an dernier, par exemple, il a du prendre la défense d’un joueur de foot ukrainien évoluant dans un club espagnol et qui se faisait traiter régulièrement de nazi dans les stades pour avoir arboré le portait de Stepan Bandera sur les réseaux sociaux. Le combat est symbolique. Les ultranationalistes ukrainiens ont tendance à caractériser de « banderophobie » toute image négative qui pourrait porter atteinte à l’Ukraine. En Pologne, où la loi s’impose au récit historique, le « banderisme » (l’apologie de Bandera) est interdit depuis 2018. Israël ou la Russie protestent vigoureusement chaque fois qu’une rue d’une ville Ukrainienne est rebaptisée "Stepan Bandera". Ce qui fut le cas à Kiev en 2010. La guerre des mémoires bat toujours son plein. Mais, l’agitation de cette frange très minoritaire de l’opinion ukrainienne  est aujourd’hui largement exploitée par la propagande russe anti ukrainienne. Alors que, si elle peut s’exprimer en Ukraine, c’est qu’il existe dans ce pays une liberté d’expression totalement inconnue aujourd’hui en Russie où pourtant le nazisme est loin d’être totalement récusé, en dépit des discours officiels. Par exemple, c’est Dmitri Outkine, un admirateur avoué de Hitler, parrainé par le Kremlin, qui a fondé les fameuses milices Wagner (du nom du compositeur préféré de Hitler) qui combattent au Donbass contre les Ukrainiens et colonisent le Mali.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

Mise à jour janvier 2023 : Le 1er janvier 2022, quelques centaines d’ultra nationalistes ukrainiens avaient organisé une marche aux flambeaux à Kyiv pour marquer l'anniversaire de Stepan Bandera. Ce n’a pas été le cas le 1er janvier 2023. En revanche, une poignée de bandesristes s’est rassemblée, à Lviv au pied de sa statue.

 
uk.png
Lire la suite
1938, Turquie, 10 novembre, héros national Bruno Teissier 1938, Turquie, 10 novembre, héros national Bruno Teissier

10 novembre : que reste-t-il aujourd'hui d'Atatürk, père fondateur de la Turquie ?

À 9 h 05, ce matin, des sirènes retentissent et toute la Turquie se fige. La circulation s’arrête, le temps de deux minutes en hommage à Mustapha Kemal, dit Atatürk, le père fondateur de la république turque, décédé à 57 ans, le 10 novembre 1938. Mais, avec Recep Tayyip Erdoğan au pouvoir, que reste-il aujourd'hui du kémalisme ?

 

À 9 h 05, ce matin, des sirènes retentissent et toute la Turquie se fige. La circulation s’arrête, le temps de deux minutes en hommage à Mustapha Kemal, dit Atatürk, le père fondateur de la république turque, décédé à 57 ans, le 10 novembre 1938. Mais, avec Recep Tayyip Erdoğan au pouvoir, que reste-il aujourd'hui du kémalisme si ce n’est l’exaltation patriotique dans le cadre de conflits tous azimuts ?

​​Mustapha Kemal a combattu pour rétablir une Turquie indépendante, quitte à empiéter sur le territoire d’autres peuples : Arméniens, Kurdes... Son lointain successeur semble vouloir reconstituer un semblant d’Empire ottoman : guerres en Syrie, Arménie, Libye, tensions en Méditerranée, implantation au Soudan… À l’intérieur du pays, la situation est de plus en plus tendue. Devenues quotidiennes, les purges décidées par le président Erdoğan s’abattent sur tous les opposants : ceux de gauche, les syndicalistes, les militants des droits de l’homme et de la cause kurde. Tout le monde est sous la menace, les gens sont tétanisés par la peur. Les héritiers politiques d’Atatürk ont toutefois gagné, l’an dernier, les mairies d’Istanbul et d’Ankara. Le kémalisme, représenté par le principal parti d’opposition, n’a sans doute pas dit son dernier mot.
Ce matin, des centaines de personnes se rassemblent devant le palais de Dolmabahçe, à Istanbul, sur les rives du Bosphore où Atatürk a rendu son dernier souffle, le 10 novembre 1938, à 9h05. Heure à laquelle toutes les pendules du palais ont été arrêtées. Traditionnellement, une marche est organisée le 10 novembre par la municipalité de Beşiktaş jusqu’au palais de Dolmabahçe. Habituellement, une gigantesque chaîne humaine porte un drapeau turc mesurant plus d’un kilomètre de long. Cette année, en raison de la pandémie, les cérémonies sont beaucoup plus modestes.

D’ordinaire, à Ankara, des milliers de personnes affluent sur la colline d’Anıttepe où se trouve le mausolée Anıtkabir. La dépouille de Mustapha Kemal y a été transférée en 1953, lors de funérailles nationales. Le site accueille plus de 3 millions de visiteurs par an. Le mausolée abrite aussi un musée consacré à Atatürk et à la Guerre d’indépendance turque (1919-1922).

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 novembre 2020

 
Pour nous aider à faire vivre l’Almanach BiblioMonde, pensez à un petit don de temps en temps, vous pouvez le faire sur Tipeee

Pour nous aider à faire vivre l’Almanach BiblioMonde, pensez à un petit don de temps en temps, vous pouvez le faire sur Tipeee

Lire la suite
1890, Vietnam, héros national Bruno Teissier 1890, Vietnam, héros national Bruno Teissier

19 mai : les 130 ans de l'oncle Hô

Au Vietnam, on célèbre l’anniversaire d’Hô Chi Minh (né en 1890), celui qui a mené le Vietnam à l’indépendance. Il est décédé il y a 50 ans et son souvenir s’est vraiment estompé. Pour les plus jeunes, il n’est guère plus qu’une image pieuse.

 

Au Vietnam, on célèbre l’Anniversaire d’Hô Chi Minh (Ngày sinh Chủ tịch Hồ Chí Minh), celui qui a mené le Vietnam à l’indépendance après 30 ans de guerre. Il est décédé il y a 50 ans et son souvenir s’est aujourd’hui vraiment estompé. Pour les plus jeunes vietnamiens, Hô Chi Minh n’est guère plus qu’une image pieuse. La journée du 19 mai, aussi appelée le Jour du président, est toujours marquée par les autorités. Elle n’est pas fériée, bien que de nombreuses festivités soient organisées autour du souvenir du père de la nation. Une délégation dirigée par le secrétaire général du Parti communiste se rend à son mausolée pour y déposer des couronnes. En raison des risques liés à l’épidémie de Covid-19, aucune manifestation de masse n’a été programmée cette année.

Les festivités ont débuté il y a deux jours : un spectacle télévisé, un symposium sur « l'essence de la pensée, de la moralité de Hô Chi Minh », une exposition d'affiches de propagande… La province natale de l’ancien président, Nghê An, organise chaque année des festivités particulières pour le 19 mai. Cette année, elles sont plus modestes qu’à l’ordinaire.

Né en 1890, le jeune patriote Nguyên Tât Thành quittait en 1906 le quai Nhà Rông, à Saigon (Hô Chi Minh-Ville aujourd'hui), comme aide-cuisinier à bord du cargo Latouche Tréville, sous le nom de Ba, il naviguera durant deux ans, posera le pied à Boston et à New York avant de faire escale au Havre, à la veille de la Guerre de 1914-1918, pour se mettre au service d’une famille bourgeoise de Sainte-Adresse en qualité de jardinier. Son séjour en France lui permit de découvrir les idées communistes. Il a d’ailleurs participé au congrès de création, en 1920 à Tours, du Parti communiste français dont il a été un des premiers adhérents. Cela dit, le combat de sa vie sera l’indépendance de son pays. Très tôt, il s’est imposé comme un chef charismatique. Le Việt Minh, le mouvement indépendantiste vietnamien, est réputé avoir été fondé un 19 mai, jour anniversaire de son leader, en 1941.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
vietnam.png
Lire la suite
1999, Turquie, Kurdistan, 15 février, héros national Bruno Teissier 1999, Turquie, Kurdistan, 15 février, héros national Bruno Teissier

15 février : la journée de la cause kurde

Des dizaines de milliers de Kurdes sont attendus ce samedi à Strasbourg. Comme chaque année, le 15 février, plusieurs cortèges de marcheurs kurdes, venus de toute l’Europe, viennent manifester devant le siège du Conseil de l’Europe.

 

Chaque année, le 15 février, les Kurdes marquent l’anniversaire de la capture d’Abdullah Öcalan, chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), par des manifestations dans de nombreuses villes turques qui se terminent invariablement par des affrontements, souvent sanglants, avec la police. Cette année, c’est le 21e anniversaire de la capture de leur leader. Il intervient dans le contexte tendu de la guerre en Syrie où les Kurdes affrontent l’armée turque, depuis le désastreux retrait des Américains qui, jusque-là, les protégeaient.

Des dizaines de milliers de Kurdes sont attendus ce samedi, 15 février, à Strasbourg. Comme chaque année, plusieurs cortèges de marcheurs kurdes, venus de toute l’Europe, vont atteindre la capitale alsacienne après plusieurs jours de marche, pour manifester devant le siège du Conseil de l’Europe, une organisation dont la Turquie est membre. Ils sont chaque année quelque 25 000 à 30 000 à faire le voyage. Certains font plusieurs centaines de km à pied, venant d’Allemagne, de Suisse, Belgique, France...

Considéré comme l’ennemi public numéro un de la Turquie, A. Öcalan a été arrêté le 15 février 1999 par des agents turcs au Kenya au terme d'une longue traque. Depuis, il vit dans un isolement quasi-total dans l'île-prison d'Imrali, située en mer de Marmara. Cette absence en a fait une figue mythique et charismatique non seulement pour la rébellion kurde en Turquie, où le conflit avec l'État a fait plus de 40 000 morts depuis 1984, mais aussi pour les mouvements kurdes de la région, notamment ceux de Syrie. L’audience du PKK et la notoriété d’Öcalan, dit Apo, l’oncle, sont d’ailleurs aujourd’hui beaucoup plus importantes qu’il y a 20 ans, époque où il dirigeait le PKK d’une main de fer.

Les Kurdes considèrent que le 9 octobre 1998 a débuté un « complot international » contre leur leader. C’est la date à laquelle A. Öcalan a dû quitter Damas où il était installé depuis de longue année. La Turquie n’a -t-elle pas lancé son offensive contre les forces kurdes du nord-est de la Syrie, le… 9 octobre 2019. La date n’était pas un hasard. Il fallait montrer aux Kurdes qui est le maître dans la région.

15 février et 9 octobre sont les deux dates récurrentes et symboliques des Kurdes, deux occasions de mettre en avant leurs revendications et de réclamer de l’aide. Cette année, L’initiative internationale (organisation kurde) appelle à participer à une longue marche du 9 au 15 février 2020, du Luxembourg jusqu’à Strasbourg, sous le mot d’ordre « Liberté pour Ocalan – Coude à coude contre le fascisme ». Elle évoque particulièrement la « guerre d’agression » lancée par la Turquie et ses mercenaires djihadistes contre le Rojava (nord-est de la Syrie, région peuplée de Kurdes) apparu comme une « oasis de liberté » dans le chaos syrien, et qui a servi de base à la lutte menée contre Daesh.

Mise à jour 2023 : Le coup d’envoi de la longue marche annuelle demandant la libération d’Abdullah Öcalan a été donné par une conférence internationale le 4 Février en Genève. Deux jours plus tard, le 6 février, les militants internationalistes et kurdes entamaient la longue marche qui s’est terminée par un grand rassemblement à Strasbourg le samedi 11 février 2023.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
Lire la suite
1929, Palestine, 24 août, héros national Bruno Teissier 1929, Palestine, 24 août, héros national Bruno Teissier

24 août : Yasser Arafat aurait 90 ans

Le leader palestinien est né au Caire en 1929, le 24 août, son père était originaire de Gaza, sa mère de Jérusalem… Il pourrait être encore vivant. On a pourtant presque oublié jusqu’à son image.

 

Yasser Arafat est né au Caire en 1929, le 24 août, son père était originaire de Gaza, sa mère de Jérusalem.

Il y a 30 ans, il annonçait la création de l'État palestinien, et il recevait, quelques années plus tard, le prix Nobel de la paix. Le leader Palestine était alors au somment de sa gloire. Arafat est mort en France en 2004, après une brève et mystérieuse maladie, laissant planer le doute de son empoisonnement. Qui voudrait aujourd’hui faire disparaitre un leader de la Palestine ? La cause palestinienne a totalement disparue, ce n’est même plus un enjeu des élections israéliennes, elle n’est plus un objet de débat dans les instances internationales. Le combat d’Arafat pour les droits du peuple palestinien n’aura été qu’un moment d’une histoire qui parait aujourd’hui très ancienne. Les Palestiniens sont pourtant toujours là, sans droit, sans espoir d’un dénouement proche.

 
palestin.jpg
Lire la suite