L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
23 avril : il y a 500 ans, l'Empereur écrasait le peuple de Castille à la bataille de Villalar
C’est la fête de Castille-et-León (Día de Castilla y León), en mémoire de la bataille de Villalar, qui s’est déroulé le 23 avril 1521, dans la province de Valladolid.
Ce 23 avril est férié en Castille-Léon (Espagne) pour commémorer la défaite du peuple espagnol contre l’empereur d’Allemagne. Cette date est marquée chaque année depuis la mort de Franco. Cette année aurait dû être celle d’une grande célébration, car on fête les 500 ans de la bataille de Villalar. Mais, en 2021, pour la deuxième année consécutive, en raison de la pandémie, la fête de Castille-et-León (Día de Castilla y León) du 23 avril se déroule sans le peuple. Tout un symbole.
La bataille de Villalar s’est déroulée le 23 avril 1521, dans la province de Valladolid. Si l’on se place du point de vue de la population, cette bataille est une terrible défaite pour les insurgés, les comuneros. La population en révolte contre son souverain, Charles Quint, l’empereur d’Allemagne, a été écrasée. Entre 500 et 1 000 comuneros ont été tués, 6 000 sont faits prisonniers, les chefs de la rébellion ont été arrêtés puis décapités.
Pour comprendre, il faut remonter à la mort de la reine Isabelle de Castille et de León, en 1504. Sa fille Joanna lui succéda, mais sous la régence de son père, Ferdinand II, qui était roi d'Aragon. Après la mort de ce dernier, en 1516, Joanna étant réputée folle, c’est son fils, Charles, qui devient roi à la fois de l’Aragon et de Castille-Léon. Il avait 16 ans à l'époque et avait grandi aux Pays-Bas. Trois ans plus tard, Charles est élu empereur romain germanique. Il va donc quitter la Castille pour l’Allemagne, en nommant le cardinal Adrian (futur pape Adrian VI) comme régent. Profitant de l'absence du roi, les citoyens de Castille se sont rebellés contre son administration (en particulier la pression fiscale) et même sa couronne de Castille et Léon, puisque Jeanne sa mère était toujours vivante et aurait dû en hériter.
Les comuneros déclarèrent donc que leur souveraine était Joanna et non son fils Charles, le roi lointain qui se contentait de piller le trésor du royaume Castille et d’écraser d’impôt la population. La révolte a été initialement soutenue par des personnes de différents groupes sociaux, mais comme elle a pris un caractère anti-féodal, la noblesse foncière, effrayée s’est mise à soutenir Charles. Ayant réalisé la gravité de la situation, Charles Quint a envoyé des troupes pour réprimer la rébellion. La bataille décisive entre les comuneros et les royalistes eut lieu le 23 avril 1521 près de Villalar. Les rebelles ont subi une défaite écrasante, qui a mis fin à la révolte.
Cette bataille a été longtemps oubliée, mais deux siècle plus tard, les libéraux espagnols ont commencé à faire du 23 avril leur date de ralliement. Au XXe siècle siècle ce sont les historiens qui ont ravivé la mémoire de cette bataille désormais une défaite du peuple contre les puissants. Le 23 avril 1976, Franco venant de mourir, 400 personnes se sont rassemblées à Villalar pour célébrer l'anniversaire de la bataille. Ils ont été vite dispersés par la Garde civile. L’année suivante, le 23 avril 1977, ils étaient environ 20 000 réunis pour commémorer la bataille. Pendant quelques années, la Journée de Villalar a été célébrée officieusement. En 1986, le gouvernement de Castille-et-León l'a finalement déclaré jour férié appelé c’est le Jour de Castille-et-León, la fête régionale.
La célébration commence généralement le soir du 22 avril par un concert en plein air. La cérémonie officielle a lieu le lendemain matin au monument aux comuneros à Villalar, avec un dépôt de gerbes et des discours prononcés par des politiciens locaux. Les événements festifs organisés tout au long de la journée comprennent des rassemblements politiques, des concerts, du théâtre de rue, des sports, des expositions et d'autres activités mettant en valeur la culture de Castille-et-León. Tout ce qui ne pourra pas être organisé pour ce 500e anniversaire en raison de la pandémie de covid-19.
Il a été demandé aux citoyens de ne pas se rendre aux rassemblements qui se déroulent traditionnellement ce jour-là. La municipalité de Villalar de los Comuneros les invite seulement à allumer des bougies chez eux ou à déposer des fleurs au pied de l'obélisque, sans s’y attarder pour ne pas former des groupes. Les spectacles musicaux seront pour l’année prochaine.
23 avril : la Sant Jordi, 25e journée mondiale du livre
L’origine de cette journée est catalane. C’est un peu la Saint-Valentin pour les Catalans qui fêtent le 23 avril la Sant Jordi (Saint-Georges). La coutume veut que l’homme offre une rose à la femme aimée, en échange de quoi celle-ci lui offrira un livre… Cette fête du livre a été adoptée par l’Unesco.
Le livre n’a pas été retenu comme objet de première nécessité en période de confinement, dommage. Cette Journée mondiale du livre est l’occasion d’en relancer l’idée.
L’origine de cette journée est catalane. Le 23 avril est un peu la Saint-Valentin pour les Catalans qui fêtent la Sant Jordi (la Saint-Georges). La coutume veut que l’homme offre une rose à la femme aimée, en échange de quoi celle-ci lui offrira un livre. Cette journée est tout à la fois une fête du livre et des amoureux, ce qui n’aurait pas déplu à Cervantès mort un 23 avril de l’année 1616. C’est aussi un jour où l’on célèbre la langue et les traditions catalanes. Toutefois, cette année, en raison de l’épidémie de coronavirus, la fête du livre de Barcelone est reportée au 23 juillet, si tout va bien…
Cette fête du livre catalane a inspiré l’Unesco qui, en 1995, a fait de cette date la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur soulignant la particularité du 23 avril 1616, jour du décès de trois grands écrivains, non seulement Shakespeare et Cervantès, mais aussi Garcilaso de la Vega. Chaque année, l’Unesco désigne une capitale mondiale du livre. Ce 23 avril 2020, Kuala Lumpur succède à Sharjah pour un an. Les festivités (en ligne seulement !) débutent à midi sur les chaînes KLWBC 2020 telles que la page Facebook de KL Baca , Instagram @kualalumpurwbc et Twitter @KualaLumpurWBC .
19 mars : pour les catholiques, c'est la Saint-Joseph
Les catholiques fêtent saint Joseph, un personnage qui occupe une place à part dans l’histoire de l’Église. Joseph est le seul saint du calendrier fêté deux fois, aujourd’hui, puis le 1er mai depuis que les papes en on fait le patron des pères de famille mais aussi celui des travailleurs
Les catholiques fêtent saint Joseph, un personnage qui occupe une place à part dans l’histoire de l’Église. Époux de Marie, père nourricier et éducateur de Jésus, on sait peu de choses de lui (les évangélistes n’ont transmis aucune de ses paroles) sinon qu’il était charpentier. De même, son nom n’apparait plus après la présentation de Jésus au Temple, à l’âge de 12 ans. Ceci explique peut-être une vénération tardive, vers la fin du Moyen Âge qui va aller grandissant au fils des siècles, notamment après son apparition à Cotignac (en Provence) en 1661. La même année, Louis XIV, tout jeune roi et père pour la première fois, consacre la France à saint Joseph, chef de la Sainte Famille.
Joseph est le seul saint du calendrier fêté deux fois, aujourd’hui, mais aussi le 1er mai depuis que Léon XIII en 1889 et Pie XII en 1955 en on fait, le patron des pères de famille mais aussi celui des travailleurs afin que l’Église catholique soit elle aussi présente le jour de la fête des travailleurs.
La Saint-Joseph, le 19 mars, est un jour férié à Malte, à Saint-Marin, au Liechtenstein, ainsi que dans plusieurs provinces espagnoles, notamment à Valence où la fête des Fallas se termine dans les flammes qui font disparaître les ninots. En Italie, le coup d’envoi est donné à la course cycliste Milan-San Remo. Saint Joseph est aussi le patron du Canada et celui du Tyrol.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
18 mars : la fête des Fallas de Valence
Cette fête qui se déroule sur plusieurs jours est l’une des plus célèbres en Espagne. Chaque quartier de la ville de Valence a fait construire des ninots, des poupées géantes, qui souvent mettent en scène des personnages publics, voire des hommes politiques. L’ensemble des ninots d’un quartier s’appelle un falla…
Cette fête qui se déroule sur plusieurs jours est l’une des plus célèbres en Espagne. Chaque quartier de la ville de Valence a fait construire des ninots, des poupées géantes, qui souvent mettent en scène des personnages publics, voire des hommes politiques. L’ensemble des ninots d’un quartier s’appelle un falla.
Mercredi soir, on a commencé à les dresser un peu partout dans la ville, il y en a 762, autant d’œuvres aux couleurs vives, certaines d’un goût douteux, mais qu’importe, c’est la fête et elles ne sont pas faites pour durer. Aujourd’hui, un jury va désigner un ninot, le plus beau, qui ira rejoindre le Musée Fallero, ouvert en 1937. Les autres seront brûlés demain soir, jour de la Saint-Joseph.
En attendant, la fête qui accueille plusieurs centaines de milliers de personnes bât son plein. Chaque jour à 14 heures, place de la mairie, une formidable pétarade d’une dizaine de minutes fait un spectacle étonnant. Moins bruyante est la place de la Vierge que l’on recouvre de fleurs à partir de demain… Des milliers de figurants bénévoles déambulent dans les rues en costume du XVIIIe siècle pour ces quelques jours de folie.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
20 janvier : hommage à un militaire devenu une icône gay
Les villes de San Sebastian (Pays basque espagnol) et de Rio de Janeiro fêtent leur saint patron, saint Sébastien, un militaire romain, canonisé, puis devenu sous le pinceau des artistes une référence plus ou moins cachée à l’homosexualité. Saint Sébastien est aujourd’hui une icône gay.
La ville de San Sebastian (Pays basque espagnol) résonne du bruit des tambours et vit au rythme des défilés en costume d’époque napoléonienne depuis hier au soir. C’est la Tamborrada, en ce jour de fête de son saint patron, elle commémore les années d’occupation par les armées françaises, de 1808 à 1812. Une partie des défilés se fait au son des tambours (d’où le nom de la fête) et en costume militaire napoléonien. Depuis 1836, la Saint-Sébastien est l’occasion d’un véritable carnaval bien ordonné qui débute à minuit le 19 janvier sur la place de la Constitución de Saint-Sébastien avec lever du drapeau de la ville. Durant toute la journée du 20 janvier, et principalement jusqu’à midi, toutes les Tamborradas vont défiler à travers les innombrables rues et ruelles de la ville, pour y interpréter les airs officiels. Le soir, à minuit précise, la clôture de ces 24 heures de Tamborrada est officiellement déclarée avec l’interprétation, toujours sur cette même place, de la sociedad La Unión Artesana. Évidement la journée du 20 janvier est férié localement. Elle l’est aussi à Rio de Janeiro (appelée à l’origine São Sebastião de Rio de Janeiro) dont Sébastien est le saint patron.
Soldat romain, né à Narbonne, Sébastien était commandant de la garde prétorienne l’empereur Dioclétien, secrètement chrétien et exécuté pour cela. Généralement représenté attaché à un arbre et transpercé de flèches puisque tel fut son martyr, son corps fut enseveli dans les catacombes romaines qui portent aujourd’hui son nom puis transféré dans l’église Saint-Médard de Soissons où l’Ordre de Saint-Sébastien veille sur ses reliques. Il serait mort à Rome le 20 janvier 288.
Souvent utilisé par les peintres comme une référence cachée ou ouverte à l’homosexualité, saint Sébastien est aujourd’hui une icône gay. Dès le XIIIe siècle, on commence à le peindre sous la forme d’un jeune homme d’une grande beauté à la pose langoureuse. Le beau soldat dans la force de l’âge devient au fil des siècles un bel éphèbe alangui. Il le restera jusqu’à nos jours dans toute l’histoire de la peinture et de la photographie.
De nombreux écrivains comme Oscar Wilde, Gabriele D’Annunzio, Marcel Proust ou Yukio Mishima se sont emparé de la thématique. C’est ce dernier qui est le plus explicite, l’écrivain japonais raconte sa découverte à l’âge de douze ans d’une reproduction du Saint Sébastien de de Guido Reni : « Mes mains, tout à fait inconsciemment, commencèrent un geste qu’on ne leur avait jamais enseigné. Je sentis un je ne sais quoi secret et radieux bondir rapidement à l’attaque, venu d’au-dedans de moi. Soudain la chose jaillit, apportant un enivrement aveuglant. (…) Ce fut ma première éjaculation. Ce fut aussi le début, maladroit et nullement prémédité, de mes « mauvaises habitudes ». Confession d’un Masque, Yukio Mishima, 1949
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
6 décembre : l'Espagne célèbre et interroge sa démocratie
Aujourd'hui, c'est journée portes ouvertes aux Cortès, le Parlement espagnol, ainsi que dans les parlements régionaux. Ce Jour de la Constitution (Día de la constitución) est férié, il permet aussi un week-end de trois jours pour une escapade loin de chez soi.
Aujourd'hui, c'est journée portes ouvertes aux Cortès, le Parlement espagnol, ainsi que dans les parlements régionaux. Ce Jour de la Constitution (Día de la constitución) est férié, il permet aussi un week-end de trois jours pour une escapade loin de chez soi.
Le pays fête sa démocratie restaurée le 6 décembre 1978, quand le peuple a très largement approuvé la constitution actuelle de l’Espagne. C’était les premières élections libres depuis 1936. En effet le coup d’État du général Franco , le 18 juillet 1936 provoquera une guerre entre « républicains » et « nationalistes » (extrême droite), remportée par ces derniers. La dictature de Franco durera près de 40 ans. Le 6 décembre, on fête la liberté, la justice, l’égalité et le pluralisme politique retrouvés.
Chaque année, toutefois, des voix discordantes se font entendre : celles des Basques notamment dont le Parti nationaliste avait demandé le boycott du scrutin de 1978 ; mais aussi des nationalistes catalans qui critiquent une constitution ne les autorisant pas à organiser un référendum d’indépendance. Cette date laisse aussi un goût amer aux républicains regrettant que la démocratie restaurée ait été assortie d’une constitution monarchiste imposée par les tenants du franquisme alors que le gouvernement légitime qui aurait dû reprendre son cours après la parenthèse dictatoriale, était une république.
Depuis quelques années, les tabous sont peu à peu levés sur la période de la dictature et la Transition démocratique. On s’interroge aujourd’hui sur les non-dits du vote du 6 décembre, en particulier sur l’autocensure de la gauche qui s’est imposée à l’époque, comme celle des franquistes. Les socialistes ont remporté une majorité (relative) lors des dernières législatives tente de liquider les derniers restent du franquisme en s’attaquant aux symboles ; mais on peut aussi noter la résurgence d’une extrême droite, demeurée latente depuis la fin de la dictature.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde