L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1886, 1er mai, fête du travail Bruno Teissier 1886, 1er mai, fête du travail Bruno Teissier

1er mai : la Journée des travailleurs

Pourquoi le 1er mai ? Aux États-Unis c’était la date de renouvellement des contrats d’embauche, donc l’occasion de formuler des réclamations, qui pouvait prendre localement un tour dramatique… Paradoxalement, cette journée n’est pas fériée dans ce pays.

 

Pourquoi le 1er mai ? Aux États-Unis, c’était la date de renouvellement des contrats d’embauche, donc l’occasion de formuler des réclamations, ce qui pouvait prendre localement un tour dramatique comme à Chicago en 1886. Le même drame se reproduit en France, le 1er mai 1891, à Fourmies, où la police tire sur la foule des manifestants, faisant 9 morts. En France, dès 1905, la CGT prend la direction du 1er mai, organisant des défilés en province, plus difficilement à Paris, très contrôlée par la police. La date sera ensuite récupérée par les régimes communistes qui en font la principale célébration de l’année.  Quant au Vatican, pour pas être en reste, il a instauré une fête de la Saint-Joseph, patron des travailleurs, qui tombe le 1er mai.

Au Royaume-Uni et en Irlande, le jour férié dédié aux travailleurs est toujours placé un lundi, le 3 mai cette année. Même chose aux États-Unis et au Canada où la fête du travail sera le 6 septembre en Australie, le 4 octobre dans plusieurs États, d’autres l’ont célébré  le 1er ou le 15 mars ; en Nouvelle-Zélande, ce sera le 25 octobre... Dans ces pays, pas de manifestations syndicales massives, mais l’assurance d’un week-end prolongé, ce qui n’est pas toujours le cas des pays restés fidèles au 1er mai si celui-ci tombe un samedi, comme cette année, ou un dimanche.

Ce jour n’est pas férié au Danemark ni au Pays-Bas et dans la plupart des cantons suisses (sauf Bâle, Fribourg, Schaffhouse, Soleure, Tessin, Thurgovie et Zurich) ; ni non plus au Japon, en Israël, à Taïwan, en Corée du Sud... mais les manifestations sont nombreuses,  traditionnellement, au Japon ce jour-là, sauf cette année pour cause de pandémie galopante dans l’archipel. Enfin, Ouzbékistan et Turkménistan, bien qu’héritiers de l’URSS où le 1er mai était une célébration importante, ont aboli cette date comme jour férié.

Quant au Vatican, il avait lui aussi fait du 1er mai, la fête des travailleurs, en plaçant astucieusement ce jour-là une fête de la Saint-Joseph, le patron des… travailleurs.

En France, en contrepoint aux traditionnels défilés syndicaux de la gauche, l’extrême droite lepéniste a instauré (à partir de 1988) un rassemblement du 1er mai, autour de la figure du Jeanne d’Arc, jusque-là célébrée le 8 mai, au prétexte de saluer la libération d’Orléans, le 1er mai 1429. Cette année le rassemblent de la place des Pyramides a été troqué par un meeting électoral à Perpignan, un de ses fiefs politiques.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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Australie, fête du travail Bruno Teissier Australie, fête du travail Bruno Teissier

2 octobre : la fête du travail à Canberra et à Sydney

Aujourd’hui, premier lundi d’octobre, dans le Territoire de la capitale australienne, en Australie-Méridionale et en Nouvelle-Galles du Sud, c’est Labor Day. On célèbre l’obtention de la journée de huit heures de travail.

 

En Australie, la Fête du Travail (Labor Day) célèbre les conquêtes du mouvement syndical, notamment l’obtention de la journée de travail de huit heures. Dans la plupart des pays, la Journée internationale des travailleurs (le 1er mai) est fériée, mais pas en Australie, ni dans les autres pays anglo-saxons. Chacun de ces pays a sa fête des travailleurs et en Australie, la date date varie même selon les États. Aujourd’hui, premier lundi d’octobre, c’est dans le Territoire de la capitale australienne, en Australie-Méridionale et en Nouvelle-Galles du Sud que l’on fête Labor Day avec un jour férié.

Le mouvement ouvrier australien a commencé à se structurer au milieu du XIXe siècle. À l’époque, la plupart des ouvriers travaillaient jusqu’à 14 heures par jour avec un seul jour de congé par semaine, le dimanche. Ils ne bénéficiaient ni de congés de maladie ni de vacances et les employés pouvaient être licenciés à tout moment sans raison valable.

Le 18 août 1855, les membres de la Sydney Stonemasons Society lancèrent un ultimatum informant leurs employeurs qu'ils ne travailleraient que huit heures par jour, après une période de transition de six mois. Cependant, certains travailleurs ne voulaient pas attendre aussi longtemps. Ils se sont mis en grève de manière préventive et ont immédiatement obtenu la journée de huit heures. Le 1er octobre 1855 , ils célébrèrent leur victoire par un dîner. C'est pourquoi la Fête du Travail à Canberra et dans la majeure partie du pays, est célébrée début octobre. En 2023, elle tombe ce 2 octobre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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Japon, fête du travail Bruno Teissier Japon, fête du travail Bruno Teissier

23 novembre : la fête du travail à la japonaise

Ici pas de défilé des différentes centrales syndicales, le jour est férié, mais les magasins sont ouverts. La fête du travail à la japonaise est une sorte de Thanksgiving permettant de dire merci à son patron et non de lui réclamer quoi que ce soit.

 

Ici pas de défilé des différentes centrales syndicales, le jour est férié, mais les magasins sont ouverts. Dès 1920, les ouvriers des grandes villes avaient pourtant organisé des 1er mai revendicatifs, qui ont vite été interdits. Aujourd’hui la tradition du 1er mai reste très confidentielle et le fait d’organisation d’extrême gauche.

Quand, en 1948, une fête du travail (勤労感謝の日) a été officiellement instaurée au Japon, elle a été placée par le 23 novembre, pour remplacer un vieux rite du culte shintô, le Niinamesai, une fête consacrée aux récoltes. Cette célébration du riz et des travailleurs du riz étaient destinée à remercier les dieux de garantir la prospérité du pays avant l’hiver. Une sorte de Thanksgiving.

Aujourd’hui, l’esprit est un peu le même, la journée débute par des cérémonies dans les temples, elle met les travailleurs à l’honneur en les remerciant de participer à la prospérité du pays, difficile dans ce contexte de mettre en avant les revendications syndicales, qui pourtant ne sont pas absentes des préoccupations des salariés japonais. Mais, ce n’est vraiment pas le jour de les exprimer.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 novembre 2022

 
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1840, fête du travail, Nouvelle-Zélande Bruno Teissier 1840, fête du travail, Nouvelle-Zélande Bruno Teissier

24 octobre : la fête du travail en Nouvelle Zélande

Ce jour férié, qui tombe le quatrième lundi d’octobre, rappelle le moment où la journée de travail de huit heures a été officieusement adoptée en Nouvelle-Zélande. C’était en 1840.

 

Comme tous les pays anglo-saxons, la Nouvelle-Zélande a une fête du travail (Labour Day ) distincte du 1er mai. Elle a été fixée le quatrième lundi d’octobre, un jour de semaine pour que les travailleurs puissent toujours en profiter. La date fluctuante rappelle le moment (en octobre) où la journée de travail de huit heures a été officieusement adoptée en Nouvelle-Zélande.

On fait remonter cela à l’initiative d’un jeune charpentier anglais, nommé Samuel Parnell, débarqué en Nouvelle Zélande en1840. Profitant de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans ce pays, à l’époque, il sut imposer ses conditions au moment de l’embauche : 8 heures de travail par jour (8 heures de loisir et 8 heures de sommeil), selon la formule lancée par Robert Owen en 1817. Il ne s’est pas tenu à son cas personnel : Samuel Parnell accueillait les navires arrivant à Port Nicholson et disait à tous les nouveaux migrants de ne pas travailler plus de huit heures par jour. Il arriva à ses fins quand, lors d'une réunion ouvrière en octobre 1840, il fut convenu que les gens ne devaient travailler que huit heures par jour, soit entre 8h et 17h. Il fut dit également que quiconque accepterait des conditions de travail moins favorables devait être jeté au port…

Pour le cinquantième anniversaire de la réunion, le 28 octobre 1890, Samuel Parnell a dirigé un défilé de la fête du Travail réunissant quelque 1 500 personnes pour commémorer son établissement de la journée de huit heures. Il mourut quelques semaines plus tard, le 17 décembre 1890. Des milliers de personnes ont assisté à ses funérailles publiques trois jours plus tard. Il est enterré au Bolton street Mémorial Park et sa tombe fait partie du sentier commémoratif. Les célébrations annuelles de l'événement ont donc commencé. 

En 1890, la journée de travail de huit heures était devenue la norme pour les commerçants et les ouvriers, mais de nombreux groupes de travailleurs, tels que les ouvriers agricoles, les domestiques, les cheminots, les vendeurs et les commis, travaillaient faisaient encore de plus longues journées. La fête du travail chaque fin octobre a permis de faire connaitre leurs revendication.

C’est en 1900, que la fête du travail est devenue un jour férié. Mais, chaque province avait choisi sa propre date pour l'observer. Depuis 1910, la fête est marquée le quatrième lundi d'octobre dans toute la Nouvelle-Zélande. Il n’y a plus aujourd’hui de manifestations syndicales traditionnelles ce jour-là, c’est juste un jour de congé en plus des quatre semaines légales. Les syndicats ont tenté d’instaurer une tradition du 1er mai en Nouvelle Zélande, mais sans grand succès.

48 heures est le maximum légal par semaine, mais aujourd’hui, la plupart des salariés ne travaillent qu’environ 40 heures. Comme en Californie, le passage à 32 heures hebdomadaire est discuté.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Samuel Parnell à la fin de sa vie

La prescription de George Owen (1771-1858), chef d’entreprise britannique et théoricien socialiste

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États-Unis, Canada, fête du travail Bruno Teissier États-Unis, Canada, fête du travail Bruno Teissier

5 septembre : la fête du travail aux États-Unis et au Canada

Ce jour férié n’a rien à voir avec le 1er mai célébré dans le monde entier, sauf dans quelques pays. Cette journée peu revendicative est toutefois toujours chômée puisqu’elle est fixée, chaque année, le 1er lundi de septembre. Ce grand week-end marque en Amérique du Nord la fin de l’été et, pour beaucoup d’enfants, la veille de la rentrée des classes.

 

Ce jour férié n’a rien à voir avec la Fête des travailleurs, célébrée chaque 1er mai dans le monde entier, sauf aux États-Unis et au Canada et quelques rares autres pays. Ayant été fixée le 1er lundi de septembre, la journée est toujours chômée, contrairement au 1er mai qui n’est assorti d’un lendemain chômé, s’il tombe un dimanche, que dans un petit nombre de pays.

Cette journée chômée a été officiellement créée en 1894 par le président américain Grover Cleveland. Elle est également célébrée au Canada depuis la même date. L’Oregon avait été le premier État à la marquer officiellement, dès 1887. La fête du travail célèbre le mouvement ouvrier américain, ses réalisations économiques et sociales. La fête avait  été proposée pour la première fois par des représentants de la Central Labour Union (CLU), des Knights of Labor et de la Fédération américaine du travail en 1882.

Les festivités de la Fête du travail (Labor Day) aux États-Unis et au Canada, très peu revendicatives (en comparaison des 1er mai européens) de la fête du travail aux États-Unis sont généralement marquées des défilés parrainés par les syndicats, des pique-niques, des fêtes à la piscine, des activités nautiques et des réunions de famille. Pour beaucoup de gens, c'est le jour du dernier pique-nique estival.

Le Canada célèbre également la fête équivalente le premier lundi de septembre. La Fête du Travail du Canada remonte aux années 1880. Il a acquis le statut de fête officielle en 1894. Ce jour-là, les syndicats organisent des défilés et des pique-niques officiels. Les célébrations non syndicales comprennent des événements d'art public, des pique-niques familiaux, des activités nautiques et des feux d’artifice. La fête du Travail symbolise la fin de l'été. Dans de nombreuses écoles, la rentrée des classes a lieu juste après ce grand week-end.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1938, Jamaïque, fête du travail, 23 mai Bruno Teissier 1938, Jamaïque, fête du travail, 23 mai Bruno Teissier

23 mai : la fête des travailleurs en Jamaïque

La Jamaïque ne célèbre pas la fête des travailleurs le 1er mai comme dans la plupart des pays du monde mais le 23 mai en souvenir d’une rébellion ouvrière qui a éclaté le 23 mai 1938.

 

La Jamaïque ne célèbre pas la fête des travailleurs le 1er mai comme dans la plupart des pays du monde mais le 23 mai en souvenir d’une rébellion ouvrière qui a éclaté le 23 mai 1938.

En 1938, la Jamaïque était en proie à des troubles sociaux, les ouvriers étaient nettement sous-payés et plusieurs grèves ont éclaté à travers l'île, les travailleurs demandant tous la même chose, de meilleurs salaires. La plus remarquable de ces révoltes a été celle de l'usine de sucre de Frome qui qui a débuté le 23 mai 1938.

Une figure éminente a émergé des mouvements de 1938 : St. William Grant (St. pour "sergent"), un dirigeant syndical, nationaliste noir et garveyiste (influencé par Marcus Garvey). Grant s’est battu pour les droits des travailleurs et a même été arrêté en 1938 pour ses positions fermes, mais il mourra dans l’anonymat et la pauvreté. Son combat n’a cependant pas été oublié : le Victoria Park dans Parade au centre de Kingston a été renommé en mémoire de St.William Grant en 1977. En 1974, il a reçu l'Ordre de distinction à titre posthume. Son successeur à la tête du mouvement ouvrier, Alexander Bustamante, deviendra Premier ministre.

C'est à partir de ces mouvements ouvriers de 1938 que des syndicats ont été formés pour défendre la cause des travailleurs jamaïcains. La décision de faire du 23 mai la fête du travail date de 1961, quand un projet de loi au Parlement a aboli le Commonwealth Day (Empire Day jusqu’en 1958), un jour férié qui marquait l'anniversaire de la reine Victoria d'Angleterre, le monarque à qui on attribuait l'abolition de l'esclavage, son anniversaire était un jour férié fixé au 24 mai. Il fut décidé d’en faire la Fête du travail. Mais, sur proposition de Norman Manley, chef du gouvernement de l’époque, cette Fête du travail, (Labor Day), a été fixé au 23 mai, le jour anniversaire de l’apparition, en 1938, d’un mouvement ouvrier en Jamaïque.

Il y a une dimension supplémentaire à cette célébration : quand Hugh Shearer est devenu Premier ministre, en 1967, il a institué ce jour-là, une réception de la fête du Travail à Jamaica House (le siège du gouvernement). C'est une tradition qui perdure encore aujourd'hui. Hugh Shearer avait commencé sa carrière politique en tant que syndicaliste. Il avait participé avec Alexander Bustamante et d’autres dirigeants syndicaux à des négociations avec les employeurs dans certains conflits de travail les plus importants. En 1953, il a été nommé superviseur insulaire de l'Union. En 1977, il est devenu président du syndicat industriel et, dans les années qui ont suivi, fait de ce syndicat le plus grand des Caraïbes anglophones.

De 1961 à 1971, la fête a été très formelle et consensuelle. Elle prendra par la suite une dimension beaucoup plus combative et moins unitaire, un vrai jour de lutte des travailleurs pour leurs droits. Mais, elle est aussi l’occasion de travaux communautaires d’intérêt général.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Norman Manley, l’initiateur de la date du 23 mai

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19 mars : pour les catholiques, c'est la Saint-Joseph

Les catholiques fêtent saint Joseph, un personnage qui occupe une place à part dans l’histoire de l’Église. Joseph est le seul saint du calendrier fêté deux fois, aujourd’hui, puis le 1er mai depuis que les papes en on fait le patron des pères de famille mais aussi celui des travailleurs

 

Les catholiques fêtent saint Joseph, un personnage qui occupe une place à part dans l’histoire de l’Église. Époux de Marie, père nourricier et éducateur de Jésus, on sait peu de choses de lui (les évangélistes n’ont transmis aucune de ses paroles) sinon qu’il était charpentier. De même, son nom n’apparait plus après la présentation de Jésus au Temple, à l’âge de 12 ans. Ceci explique peut-être une vénération tardive, vers la fin du Moyen Âge qui va aller grandissant au fils des siècles, notamment après son apparition à Cotignac (en Provence) en 1661. La même année, Louis XIV, tout jeune roi et père pour la première fois, consacre la France à saint Joseph, chef de la Sainte Famille.

Joseph est le seul saint du calendrier fêté deux fois, aujourd’hui, mais aussi le 1er mai depuis que Léon XIII en 1889 et Pie XII en 1955 en on fait, le patron des pères de famille mais aussi celui des travailleurs afin que l’Église catholique soit elle aussi présente le jour de la fête des travailleurs.

La Saint-Joseph, le 19 mars, est un jour férié à Malte, à Saint-Marin, au Liechtenstein, ainsi que dans plusieurs provinces espagnoles, notamment à Valence où la fête des Fallas se termine  dans les flammes qui font disparaître les ninots. En Italie, le coup d’envoi est donné à la course cycliste Milan-San Remo.  Saint Joseph est aussi le patron du Canada et celui du Tyrol.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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