L’Almanach international
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22 avril : la mémoire d'un adolescent noir victime d’un crime raciste à Londres
La Journée Stephen Lawrence a été instituée en 2018 par la Première ministre Teresa May à l’occasion du 25e anniversaire du crime raciste qui a bouleversé le Royaume uni le 22 avril 1993.Cette affaire emblématique avait permis de faire évoluer le droit et les mentalités au Royaume-Uni.
La Journée Stephen Lawrence a été instituée en 2018 par la Première ministre Teresa May à l’occasion du 25e anniversaire du crime raciste qui a bouleversé le Royaume uni le 22 avril 1993.
Le soir du 22 avril 1993, le jeune Stephen Lawrence s’approchait d’un arrêt de bus pour rentrer chez lui. Alors qu'il marchait dans la rue pour voir si le bus arrivait, un groupe de jeunes blancs a entouré Lawrence et l'a poignardé avec un couteau à la clavicule droite et à l'épaule gauche. Les blessures ont sectionné les artères axillaires et pénétré dans un poumon. L’adolescent est mort dans l’ambulance qui le conduisait à l’hôpital. Lawrence a tenté de s'enfuir, mais il n'a réussi qu'à courir 130 mètres avant de s'effondrer. Stephen Lawrence était né en 1974 dans une famille d'immigrants jamaïcains arrivés au Royaume-Uni dans les années 1960.
Les agresseurs, membres d’un gang local coutumier des attaques à caractère racistes, ont été identifiés par les témoins et des témoignages d’habitants du quartier. Les suspects ont été arrêtés, mais toutes les charges ont finalement été abandonnées faute de preuves suffisantes. En avril 1994, la famille de Lawrence a engagé une poursuite privée . Comme la famille n'avait pas droit à l'aide juridictionnelle, ils ont dû créer un fonds de combat pour payer l'enquête, et leurs avocats ont travaillé bénévolement . Les charges retenues contre Norris et Jamie Acourt ont été abandonnées avant le procès et les trois autres suspects ont été acquittés par un jury en avril 1996. En juillet 1998 la famille Lawrence demande la démission du chef de la Met (Metropolitan Police Service), Sir Paul Condon. Celui-ci présente des excuses publiques en octobre 1998 et admet que des erreurs ont été commises. Un rapport est publié en février 1999. Il conclut que la force policière est « institutionnellement raciste » et propose des recommandations destinées à améliorer l'attitude de la police concernant le racisme, ainsi que des propositions de changements dans la loi pour renforcer le Race Relations Act.
Il a fallu attendre 2006, pour que l’enquête soit reprise sérieusement. Quatre ans plus tard, Norris et Dobson ont été arrêtés. En 2012, ils ont été finalement reconnus coupables et condamnés à une peine d'emprisonnement à perpétuité.
Ce fait divers emblématique a été commémoré dès 1994, ce n’est qu’en 2018 que le gouvernement conservateur de Teresa May a décidé d’en faire une journée du souvenir marquée chaque 22 avril, le Stephen Lawrence Day. Une fondation entretient la mémoire de l’adolescent. L’affaire Stephen Lawrence a amené de profonds changements culturels dans l'attitude vis-à-vis du racisme au Royaume-uni, notamment dans les forces de police, et des modifications importantes de la législation et des pratiques policières.
Une plaque a été posée à l'endroit où est mort Lawrence, sur le trottoir face au n° 320 dans Well Hall Road. Elle a été vandalisée à plusieurs reprises. Le Royal Institute of British Architects a institué en 1998 le prix Stephen Lawrence, un prix annuel d'architecture à la mémoire du jeune homme qui étudiait pour devenir architecte.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
21 octobre : jour de deuil au Burundi pour un président assassiné
La Journée du président Melchior Ndadaye commémore aussi le putsch qui a renversé le premier président démocratiquement élu au Burundi, en 1993
Les Burundais commémorent chaque année la mort de Melchior Ndadaye, leur premier président élu démocratiquement, en 1993. Pour très peu de temps, car celui-ci a prêté serment le 10 juillet et il a été renversé et assassiné le 21 octobre 1993. Sa mort a déclenché une vague de manifestations à travers le pays, et la tentative de coup d'État a finalement échoué. Cyprien Ntaryamira, un autre homme politique hutu, a succédé à Ndadaye à la présidence, il sera à son tour assassiné en 1994. Pierre Buyoya, un Tutsi, avec le soutien de l'armée, renverse le quatrième président de la Troisième République du Burundi, Sylvestre Ntibantunganya, et reprend le pouvoir en 1996. Il le gardera jusqu’en 2006.
Plusieurs proches de Melchior Ndadaye ont aussi été assassinés ce même 21 octobre 1993 : le président de l’Assemblée nationale et son vice-président Pontien Karibwami et Gilles Bimazubute, le ministre de l’Intérieur Juvénal Ndayikeza et le chef de la Sûreté, Richard Ndikumwami. On se souvient d’eux comme « les martyrs de la démocratie ».
Melchior Ndadaye avait remporté l’élection présidentielle contre le président Buyoya le 1er juin 1993 avec environ 65% des suffrages, et son parti Frodebu avait emporté plus de 80% des sièges. Cet assassinat va engendrer une guerre civile sanglante provocant la mort de plus de 300 000 Burundais.
27 ans plus tard, en 2020, l’ex-président burundais Pierre Buyoya, sera condamné par contumace au Burundi à la prison à perpétuité pour l'assassinat du président Melchior Ndadaye en 1993. Il mourra quelques semaines plus tard du covid-19.
Le 21 octobre est aujourd’hui un jour férié au Burundi. Les cérémonies de la Journée du président Melchior Ndadaye débutent par une messe de requiem en sa mémoire à la cathédrale Regina Mundi, en présence des hautes autorités du pays dont le couple présidentiel, les présidents des deux chambres du parlement, les deux vice-présidents de la République, l’Ombudsman de la République du Burundi, ainsi que les membres du Gouvernement et des hauts cadres de l’État, les hauts cadres du corps de défense et de sécurité, les membres du corps diplomatique et consulaire accrédité au Burundi etc. La cérémonie se poursuit ensuite la place des Martyrs de la démocratie où est inhumé ce héros de la démocratie. Après la lecture de la biographie du président Melchior Ndadaye, le Président de la République accompagné de son épouse, dépose une gerbe de fleurs, en hommage à Melchior Ndadaye et à ses compagnons.
21 février : avenue Ibrahim Ali, Marseille, en mémoire d'un adolescent victime du racisme
Chaque 21 février la famille et les amis d’Ibrahim Ali, jeune français d’origine comorienne assassiné par des militants du Front National, se réunissent pour honorer sa mémoire. Cette année pour la première fois la commémoration est officielle.
Chaque 21 février la famille et les amis d’Ibrahim Ali, jeune français d’origine comorienne assassiné par des militants du Front National, se réunissent pour honorer sa mémoire. L’habitude avait été prise ce jour-là de fabriquer des plaques de rue à son nom et de les accrocher avenue des Aygalades, un axe du 15e arrondissement de Marseille où il vivait et où il a été tué d’une balle dans le dos alors qu’il courrait pour attraper son bus le 21 février 1995.
Ce dimanche 21 février 2021, ce sera chose faite très officiellement, en présence du maire de Marseille, Benoît Payan (PS) : l’avenue des Aygalades devient l’avenue Ibrahim Ali. La demande avait été relayée par Sami Ghali, alors sénatrice PS, et aujourd’hui maire de l’arrondissement et maire adjointe de Marseille. C’est le dénouement d'un long combat, entamé par la famille et les proches de la victime.
Le 21 février 1995, en pleine campagne présidentielle, trois militants du Front national collent des affiches pour le candidat Jean-Marie Le Pen : Robert Lagier, Mario d’Ambrosio et Pierre Giglio. Deux des colleurs sont armés. L’un d’eux fait feu sur un jeune qui court. C’était Ibrahim Ali, un lycéen qui sortait d’une répétition de son groupe de rap, B.Vice. Le tireur sera puni de 15 ans de prison.
Pendant 26 ans la mairie de Marseille fait la sourde oreille à toute commémoration. Jean-Claude Gaudin, maire (LR) de 1995 à 2020, ne répond a aucune des lettres. Il faut attendre 2015, pour qu’une plaque soit finalement posé à l’endroit de l’assassinat, mais la mairie n’organise aucune cérémonie. Le lycée de l'Estaque, ancien établissement scolaire de l'adolescent, a également dévoilé une plaque hommage en 2018.
En 2020, la mairie de Marseille est passée de justesse à gauche, mais le Rassemblement national a tout de même obtenu 26% des voix aux municipales de 2020 dans le 15e arrondissement. Quant à l’avocat des parties civiles, Gilbert Collard, il s’est engagé par la suite au Front National ! Il est aujourd’hui eurodéputé RN. Finalement, le 8 février 2021, le conseil municipal de Marseille vote le changement de nom de l’avenue, les élus LR se sont résignés à voter la motion avec la gauche, mais contre le RN, l’héritier du FN qui continue a coller ses affiches dans le quartier sans se poser de question. Hommage est rendu à un adolescent de 17 ans victime d’un crime purement gratuit et surtout raciste.