L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
12 mars : le printemps s'annonce ici et là
Dans plusieurs pays d’Europe ont lieu des festivités liées à l’arrivée du printemps. Le 12 mars correspondait autrefois au 21 mars du calendrier julien, ce jour était connu comme la Saint-Grégoire.
Des festivités liées à l’arrivée du printemps ont lieu le 12 mars dans plusieurs pays d’Europe. Le 12 mars correspondait autrefois au 21 mars du calendrier julien, ce jour était connu comme la Saint-Grégoire. En 1969, le Vatican a déplacé ce saint au 3 septembre mais dans certains pays la journée est restée comme le « Jour de Grégoire ».
En Slovénie, Gregorjevo est la journée des amoureux, l’équivalent de la Saint-Valentin ailleurs. Les oiseaux ne sont-ils pas censés nicher dès le premier jour du printemps ? Le 12 mars, il est coutume de faire flotter sur les rivières des bateaux en papier en forme maison, appelés gregorčki et chargé d’un mot d’amour. Les enfants font des concours de la plus belle maison flottante. Le soir, on la fera flotter avec une bougie allumée pour la regarder s’éloigner au fil de l’eau. Les jours rallongent, on n’a plus besoin de l’éclairage artificiel.
En Lettonie, en ce Jour de Grégoire (Gregora diena), on guette le renard ; s’il sort de son hibernation, c’est que le printemps est imminent. Sinon, l’hiver durera encore 2 semaines. Une coutume qui rappelle le Jour de la marmotte observée par les Canadiens le 2 février.
Quant aux îles Féroée, elles célèbrent aujourd’hui leur oiseau national, l’huitrier-pie, appelé localement le tjaldur, qui rentre de son lieu d’hivernage. Une fête est organisée dans la capitale chaque 12 mars.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 mars 2020
Vol de tjaldur aux îles Féroé
22 juin : la Lettonie se souvient de sa lutte pour l’indépendance
En Lettonie, le Jour du Souvenir des Héros commémore les victimes de la bataille de Cēsis, une victoire décisive, en 1919, contre les forces allemandes pour l'indépendance du pays.
En Lettonie, le Jour du Souvenir des Héros (Varoņu piemiņas diena), également connu sous le nom de Jour du Souvenir de la Bataille de Cēsis (Cēsu kauju atceres diena), est célébré chaque 22 juin pour rendre hommage à ceux qui ont donné leur vie dans la bataille de Cēsis. Cet affrontement est connu en Estonie comme la bataille de Võnnu (Võnnu lahing) qui est commémorée chaque 23 juin.
La bataille de Cēsis s'est déroulée en 1919. Elle a opposé les forces estoniennes soutenues par le 2e régiment letton de Cēsis et les forces allemandes. Ce fut une bataille décisive pour la guerre d'indépendance de la Lettonie autant que pour celle de l'Estonie.
Le 18 novembre 1918, la proclamation de l'indépendance de la Lettonie avait immédiatement été suivie d'une guerre contre la Russie soviétique. Et l’Allemagne en avait profité pour tenter d’affirmer sa domination sur la Lettonie et l’Estonie. En juin 1919, la Baltische Landeswehr attaqua les positions estoniennes près de Cēsis, mais les forces combinées estono-lettonnes finirent par reprendre Cēsis et forcèrent les unités allemandes à se retirer vers Riga.
En 1921, l'Assemblée constituante lettone a désigné le 22 juin comme la Journée des combattants lettons de la liberté. Après le coup d’État d’Ulmans en 1934, elle fut retiré de la liste des jours fériés, puis rétablis après la seconde libération du pays, en 1995, mais ce n’est pas un jour férié. Ce jour-là, les Lettons commémorent les 13 membres du 2e régiment letton Cēsis tués au cours de la bataille.
En Estonie, l'anniversaire de la victoire de la bataille de Võnnu (Võnnu lahingu võidu aastapäev) est célébré comme une fête nationale, le Jour de la Victoire (Võidupüha), mais le 23 juin.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 juin 2024
Le mémorial de Cēsis
26 janvier : le jour où la république de Lettonie a été reconnue de jure
Il y a cent ans jour pour jour, la république de Lettonie obtenait une reconnaissance internationale. Pour ce pays qui n’avait jamais existé auparavant, rien n’était gagné d’avance.
C’est un événement important pour un pays qui n’avait jamais existé auparavant : le 26 janvier 1921, la Lettonie était reconnue de jure par les principaux pays de l'époque : Grande-Bretagne, France, Italie, Belgique, etc. Chaque année, le ministère letton des Affaires étrangères organise des événements festifs pour commémorer cette Journée de la reconnaissance de jure de la république de Lettonie (Latvijas Republikas starptautiskās de jure atzīšanas diena).
Profitant de la déconfiture de l’Empire russe, tombé aux mains des bolcheviques et de la défaite allemande, actée le 11 novembre 1918, un Conseil national letton, constitué des principaux partis politiques, à l’exception des bolcheviques, s’est mis en place à Riga. Le 18 novembre 1918, il proclamait l’indépendance de la république de Lettonie alors que le pays était encore occupé par une armée allemande refusant la défaite. Bientôt, les bolcheviques allaient tenter de réintégrer le pays à une entité dominée par les Russes. Puis des mercenaires allemands et troupes russes blancs restées fidèles à la monarchie, allait déferler sur le pays… À un moment donné, privé toute assise territoriale, le gouvernement provisoire letton avait même trouvé refuge sur un navire allié mouillant au large de Liepāja. Pendant au moins une année, l’existence d’une Lettonie est restée hypothétique bien que l’Allemagne ait finalement abandonné son projet d’annexion des pays baltes. Le 25 novembre 1918, le gouvernement de Kārlis Ulmanis reçut un document d'Augusta Winnig, ministre plénipotentiaire allemande dans les pays baltes, confirmant la reconnaissance provisoire de l'État de la Lettonie.
Finalement, c’est le 11 novembre 1919, qu’une victoire militaire a permis à la république de Lettonie de s’établir selon les vœux du comité du 18 novembre 1918. Un appui militaire des Anglais, des Britanniques et des Estoniens, a été décisif contre les forces russo-allemandes. En janvier 1920, l’État letton commence à fonctionner et s’attend à une reconnaissance rapide des Alliés qui l’ont aidé à exister. D’autant que l’Armée rouge ayant été expulsée du pays, la Russie soviétique signe un traité de paix avec la Lettonie le 11 août 1920. En Europe occidentale, surtout en France, pourtant, on hésite encore car on n’a pas renoncé à l’idée de voir la monarchie rétablie en Russie et qu’une Russie forte et redevenue raisonnable pourrait faire un contrepoids à la menace allemande toujours latente. L’indépendance des États baltes affaiblissait inévitablement la Russie et ces petites républiques pouvaient à nouveau être un jour convoitée par les Allemands. L’hésitation durera plusieurs mois.
Rien n’était gagné d’avance, même si Lord Balfour pour le gouvernement britannique, avait dès l’automne 1918 promis une reconnaissance. À la conférence de paix de Versailles, les Lettons n’ont rien obtenu. On se souvient que des promesses faites, à l’époque, aux Arméniens, aux Kurdes, aux Arabes… n’avaient pas été tenues, pour des calculs d’équilibres des forces.
Finalement, sans l’avoir annoncé préalablement, le 26 janvier 1921, le Conseil suprême des alliés composé de la Grande-Bretagne, la France, l’Italie, le Japon et la Belgique, décide à l’unanimité de reconnaître de jure la Lettonie et l’Estonie. Cela a marqué le début, dans les semaines qui ont suivit, d’une large reconnaissance internationale de la Lettonie, la Pologne, la Finlande, l'Allemagne, la Norvège, la Suède, le Danemark, la Perse, l'Autriche, le Portugal, la Roumanie et d'autres pays reconnurent pleinement la République de Lettonie. Même la Russie, le 18 mars 1921. En septembre, elle fait son entrée à la SDN. Seuls manquaient les États-Unis où le président Woodrow Wilson continuait à s’en tenir à la fiction d’une Russie unie et indivisible. C’est son successeur, Warren Harding qui reconnaîtra la Lettonie, le 28 juillet 1922.
La république de Lituanie attendra plus longtemps encore sa reconnaissance qui n’interviendra que le 20 décembre 1922.
Même après la perte de facto de l'indépendance en 1940 (la Lettonie ayant été annexée à l’URSS en même temps que ses voisines baltes), l'État letton a existé en tant que sujet de droit international jusqu'au rétablissement complet de l'indépendance de la République de Lettonie en août 1991. Après l'occupation de 1940, le service des affaires étrangères était la seule autorité publique de la République de Lettonie qui continuait à exercer ses fonctions de représentation du pays sur la scène internationale. Des missions diplomatiques et consulaires de Lettonie ont poursuivi leur travail aux États-Unis, au Royaume-uni, en Argentine et en Suisse, ce qui constitue un cas sans précédent dans l'histoire de la diplomatie mondiale. Le statut de jure, toujours valable, a permis à la République de Lettonie, restaurée en 1991, d'être considérée comme l'héritière des droits de la République de Lettonie d'avant-guerre et de mettre rapidement en œuvre pleinement sa politique étrangère conformément à la pratique acceptée sur le plan international. Voilà pourquoi, le 26-Janvier est si important pour les Lettons. Cette journée commémorative n’est toutefois pas un jour férié.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 janvier 2024
Le logo de la célébration du centenaire de la reconnaissance en janvier 2021
22 septembre : le jour de l’unité balte
Chaque 22 septembre, entre 20h et 21h, il est d’usage en Lettonie et en Lituanie d’allumer des feux, en souvenir des pratiques des tribus baltes au moment de l’équinoxe d’automne (qui cette année tombe le 23 septembre). C’est aussi l’anniversaire de la bataille de Saule qui opposa le 22 septembre 1236 les forces païennes des Samogitiens et des Semigalliens à celle des Frères de l'Épée de Livonie, une force catholique.
Chaque 22 septembre, entre 20h et 21h, il est d’usage en Lettonie et en Lituanie d’allumer des feux, en souvenir des pratiques des tribus baltes au moment de l’équinoxe d’automne (qui cette année tombe le 23 septembre). Ce jour-là, la nuit et le jour sont d’une égale durée.
Le 22 est la date qui a été choisie en 2000 par les parlements des deux pays lors de la création du Jour de l’unité balte (Baltų vienybės diena (en lit.), Baltu vienības diena (en let.)) est, en fait, l’anniversaire de la bataille de Saule (Šiaulių mūšis ou Saules kauja) qui opposa le 22 septembre 1236 les forces païennes des Samogitiens et des Semigalliens aux Frères de l'Épée de Livonie, une force catholique lancée dans la conquête de ce qui deviendra la Lettonie et la Lituanie afin de les convertir au christianisme.
Cette fête, célébrée chaque année, vise à rapprocher les peuples baltes et à favoriser des liens solides entre les deux États baltes : Lettonie et Lituanie (l’Estonie dont la culture se rapproche de celle de la Finlande n’en fait pas partie). La Journée de l'unité balte est marquée par des réceptions officielles, des conférences, des expositions, des événements culturels, des concerts et d'autres événements et activités appropriés. Dans la soirée, sont mis en place des bûchers, on se promène avec des flambeaux, chants et danses traditionnelles sont au programme. Certaines villes font tirer des feux d’artifice. Les principaux événements se déroulent dans une ville à tour de rôle.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
25 mars : la Lettonie commémore les déportations au Goulag
En Lettonie, le 25 mars est un jour de deuil où l'on se souvient des victimes des déportations opérées par Moscou et qui ont débuté le 25 mars 1949. En l’espace de trois jours, elles ont fait disparaître de Lettonie quelque 2,5% de la population du pays.
En Lettonie, le 25 mars est un jour de deuil où l'on se souvient des victimes des déportations de 1949. C’est le jour du souvenir des victimes de la terreur communiste (komunistiskā terora upuru piemiņas diena).
Dans la nuit du 24 au 25 mars 1949, les habitants de nombreuses fermes lettones ont été réveillés par des coups de fusil ou de lourdes bottes frappant la porte. Des soldats et officiers des troupes internes du ministère soviétique de la Sécurité d'État, épaulé par des militants soviétiques locaux, se sont pointé dans de nombreux villages et ont annoncé aux victimes qu’elles avaient deux heures pour récupérer quelques affaires en vue d’un voyage vers la Sibérie. Environ 43 000 habitants ont été ainsi déportés de Lettonie vers l’est de l’URSS et une partie d’entre eux a été enfermée au Goulag sans aucune décision de justice. Épuisés certains ne sont même pas parvenus à destination, la majorité des déportés étant des enfants et des personnes âgées.
La déportation des Lettons avait été soigneusement planifiée et approuvée à Moscou le 29 janvier 1949. La mise en œuvre de ce plan a été réalisée le 25 mars et a duré jusqu'au 28 mars. 42 133 paysans et patriotes lettons ont été ainsi déportés de force. Cela représentait environ 2,5 % de la population de l’époque. Ils ont été envoyés principalement dans les régions de Krasnoyarsk, Omsk, Tomsk, Amur, Novossibirsk. Environ 73% des déportés étaient des femmes et des enfants de moins de 16 ans. De plus, entre 136 000 et 190 000 ont été emprisonnés et déportés vers les camps de concentration soviétiques (le Goulag). Peu nombreux sont ceux qui reviendront.
À Riga, la commémoration de la déportation du 25 mars 1949 et les victimes du génocide communiste, débute à 10 heures par un moment de recueillement à la gare de Škirotava. À 12h30, il y a une procession du Musée de l'occupation lettone au Monument de la Liberté, où à 13h00 est organisée une cérémonie de relève de la garde d'honneur et de dépôt de fleurs. À 17 heures, puis à 20 h, des concert ont lieu en l'église Saint-Pierre de Riga. Une autre commémoration a également lieu chaque 14 juin en mémoire des déportations de 1941 dans les trois pays baltes.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 mars 2023
17 mars : un nouveau jour férié letton pour célébrer la résistance aux nazis et à l’URSS
En 2023, cette Journée commémorative du mouvement de résistance nationale fixée le 17 mars, est célébrée pour la deuxième fois seulement en Lettonie. Elle fait référence à résistance aux deux ennemis mortels des années 1944-1945, les nazis et les Soviétiques. La création de cette journée a pour but de désactiver une célébration néonazie qui se déroule chaque 16 mars dans les rues de Riga.
En 2023, cette Journée commémorative du mouvement de résistance nationale (Nacionālās pretošanās kustības piemiņas diena) fixée le 17 mars, est célébrée pour la deuxième fois seulement. Elle a été créée en juin 2021, à l'initiative du président Egils Levits et sur décision de la Saeima (le parlement). Plusieurs dates auraient été possibles, le 17 mars a été choisi pour couper l’herbe sous les pieds de l’extrême droite lettone qui avait pris l’habitude chaque 16 mars de faire défiler d’anciens SS lettons ayant combattu dans l’armée allemande contre l’Armée rouge. Ce défilé qui attirait tous les néonazis de la région était du plus mauvais effet pour l’image de la Lettonie, d’autant que ce défilé provoquait aussi la réaction, parfois violente, de nombreux militants pro-kremlin vivant en Lettonie.
En choisissant la date du 17 mars, les autorités lettones honorent les élites lettones réagissant à la fois à l’occupation allemande – laquelle avait débuté en juin 1941 et s’était totalement terminée le 8 mai 1945 seulement, pour les derniers territoires libérés – mais aussi soviétique, car début 1944, l’URSS reprenait l’offensive contre l’Allemagne et menaçait de reprendre le contrôle total de la Lettonie.
Le 17 mars 1944, le Conseil central de Lettonie (LCP) dirigé par le professeur Konstantīns Čakste (fils du premier président de Lettonie, Jānis Čakste), a conclu la collecte de 188 signatures de personnalités lettones pour un mémorandum réclamant la restauration effective de l'indépendance de l'État letton. Les élites lettones demandaient la restauration de la république de Lettonie telle qu’elle avait existé de 1920 à 1940. Le 14 juin 1940, l’Armée rouge avait envahi la Lettonie, un an plus tard l’URSS était remplacée par l’Allemagne nazie comme puissance occupante. Au printemps 1944, la Lettonie était prise entre deux feux.
Le LCP (Latvijas Centrālā padome) avait été fondé clandestinement, sous l'occupation allemande, le 13 août 1943, par les représentants des quatre plus grands partis composant l’ancien Parlement de la République de Lettonie (la Saeima), le Parti ouvrier social-démocrate letton, l’Union des agriculteurs lettons, le Centre démocratique et le Parti des agriculteurs chrétiens de Latgale. L’ancien président de la Saeima (Paula Kalniņa) et l'évêque Jázeps Rancāns y participait. Le LCP était la plus importante organisation de résistance.
Son objectif est la restauration de l'indépendance du pays sur la base de la Constitution de 1922. Le LCP, qui se considérait comme le centre et le coordinateur du mouvement de résistance en Lettonie, avait déclaré une lutte contre les deux puissances d'occupation - les Soviétiques et les nazis - dans sa plate-forme politique. Le mémorandum du 17 mars a été signé par 188 éminentes personnalités politiques, sociales, scientifiques et culturels lettons, représentants de l'intelligentsia.
Au printemps 1944, les forces de sécurité allemandes ont lancé une sévère répression contre le LCP. En avril, K. Čakste a été arrêté puis envoyé au camp de concentration de Stutthof (en Alsace), où il est décédé le 22 février 1945. Après que Riga soit repassée sous occupation soviétique, en octobre 1944, LCP a opéré à partir de Kurzeme, avant que certains de ses membres se soient réfugiés en Suède.
En effet, en 1944 et 1945, l'une des activités importantes du LCP a été d'aider des réfugiés à quitter la Lettonie pour la Suède. Le LCP a organisé une « action de bateau » qui a aidé environ 5 000 personnes à échapper à l'occupation soviétique. La commission militaire LCP sous la direction du général Jānis Kurelis et du capitaine Kristaps Upelnieks était active. Le LCP a misé sur les possibilités de reconquérir le statut d'État indépendant au moment de la vacance du pouvoir d'occupation, quand les forces allemandes quitteraient le pays, et avant que régime soviétique ne réoccupe le territoire de la Lettonie, avec l’espoir d’un soutien des alliés occidentaux qui étaient en train de gagner la guerre mondiale. Mais, afin de ménager Moscou, ce soutien n’est jamais venu.
Certains partisans du LCP ont pris le maquis dans les forêts du pays et se sont battus pendant plusieurs années. En 1949 (à nouveau un 17 mars), 24 partisans, réfugiés dans un bunker, livrèrent leur dernière bataille contre 760 hommes de la Tcheka (la police politique russe). 15 partisans sont morts, neuf ont été capturés. Cette ultime bataille, désespérée, fait de la date du 17 mars un double symbole d’une résistance à la fois politique et militaire contre les deux ennemis mortels de l’époque, les nazis et les Soviétiques.
En 2023, alors qu’une guerre déclenchée par Moscou, se déroule non loin des frontières de la Lettonie, un pays où vit une très importante communiste russe, ce genre de commémoration prend une dimension particulière. Le souci du gouvernement letton est que cette commémoration soit celle de tout le pays et non celle de l’extrême droite et des courants les plus nationalistes comme c’est le cas du défilé du 16 mars dans les rues de Riga.
Ce vendredi 17 mars à 17h, un événement solennel dédié à la mémoire du Mouvement de la Résistance nationale se tient sur la place Brivibas, à Riga.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 mars 2023
L'original du mémorandum n'a pas été perdu. Il était caché à Riga sous le plancher d'un appartement, où il a été retrouvé en 2001 lors de rénovations.
Partisans lettons antisoviétiques
21 décembre : Yule, l’ancienne fête germanique du solstice d’hiver, qui inspire Noël
Dans l’hémisphère nord, le solstice d’hiver se produit ce soir à 22h30 (heure de Paris), il est à l'origine d’une fête païenne, Yule, dont les principaux symboles ont été récupérés par la fête de Noël, à commencer par le culte de l’arbre décoré de lumière.
Dans l’hémisphère nord, le solstice d’hiver se produit ce soir à 22h30 (heure de Paris), il est à l'origine une fête païenne, Yule ou Yuletide, célébrée par les peuples germaniques dont l’essentiel des symboles occupe aujourd’hui la fête de Noël, à commencer par le culte de l’arbre décoré de lumière. L’ancien nom de la fête a été conservé en Scandinavie où le jour de Noël, on se souhaite « God jul ! » (« Joyeux Noël ! »)
On retrouve l’arbre dans la symbolique de la bûche de Noël, perpétuée sans les régions francophones sous forme de pâtisserie depuis le milieu du XXe siècle. Jadis, il était de coutume de placer une très belle bûche dans la cheminée, en fait un grand bloc de bois qui devait brûler 12 jours et 12 nuits afin de perpétuer la lumière qui faisait défaut en ce cœur de l’hiver. À Riga, en Lettonie, on conservé la coutume de trainer une grande bûche dans les rues de la ville et pour finir de la brûler, sur la place Doma, et ainsi voir partir en fumée les problèmes de l’année écoulée.
En Allemagne, les quatre bougies de la couronne de l’Avant, qui rappelle le chandelier d’Hanoucca des juifs ashkénazes, sont là pour souligner l’importance de la continuité de la lumière que l’on craignait, un peu chaque hiver, de ne jamais voir revenir. La hanoukia ne comporte que 8 bougies, symbole repris par les Chrétiens avec l’octave de Noël, mais pour les peuples germaniques, c’était une série de 12 nuits dangereuses et perturbées qu’il s’agissait d’affronter.
La maison était jadis décorée de plantes à feuilles persistantes comme le gui et le houx, symbole de continuité de la nature, car il fallait se persuader que tout allait renaître au printemps. Ces éléments décoratifs ont été conservés pour symboliser le temps de Noël.
Un autre symbole qui a persisté en Scandinavie, mais n’a pas atteint le monde latin, c’est la chèvre de Yule (Julbock). Dans la mythologie antique, la chèvre était liée au dieu Thor qui montait un char tiré par deux chèvres nommées Tanngrisnir et Tanngnjóstr. Aujourd’hui, elles se contentent de tirer le traîneau du père Noël et de distribuer des cadeaux. On trouve ces petites chèvres, en paille comme il se doit, chez Ikea au rayon déco de Noël. En Suède, la ville de Gävle installe chaque année sur la place centrale un Julbock géant en paille, 13 mètres de haut, 7 mètres de long et pèse environ 3,5 tonnes. La paille est aujourd’hui imprégnée d'un retardateur de feu pour éviter que de petits malins y mettre le feu comme cela a été le cas plusieurs années de suite car par tradition, la période est synonyme de chahut. Cette chèvre géante rappelle aussi le bouc fertilisateur qui selon la légende ancienne passait de maison en maison pendant cette période un peu folle. Ce bouc était de bon augure tout en faisant un peu peur. D’ailleurs dans les villages, il était d’usage que des jeunes gens se déguisent en bouc le 21 décembre pour provoquer une sorte de carnaval avant l’heure.
Le christianisme s’est efforcé de canaliser toutes ces coutumes en plaçant la fête de Noël à cette période afin aussi de remplacer le culte du dieu romain Sol Invictus ou celui du dieu Mithra importé d’Orient. L’Église a, dès l’origine, célébré une octave de Noël, mais dans le monde germanique, on est resté attaché aux symboles 12 nuits. Le célèbre chant de Noël anglais The Twelve Days of Christmas rappelle cette tradition que l’Église a aussi reprise à son compte d’autant plus facilement que ces douze jours, à partir du 25, conduisent à la veille de l’Épiphanie.
On retrouve des fêtes du solstice d’hiver dans toute l’Europe et l’Orient ancien. En Iran par exemple, elle porte le nom de Yalda et est héritée de la religion zoroastrienne qui vouait un culte à la victoire de la lumière sur les ténèbres. Cette fête du 21 décembre a survécu à l’islamisation du pays. L’évènement a perdu sa valeur religieuse au fil des siècles et est devenu une occasion sociale permettant de se retrouver en famille ou entre amis. La télévision officielle et la radio de la république islamique offrent des programmes spéciaux à cette occasion, même si ce jour n’est pas officiellement férié.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 décembre 2022
Le bouc, assagi, s’est mis au service du Père Noël
Sapin, bûche, houx…
Le Julbock géant de Gävle, en Suède. En 2021, il avait une nouvelle fois péri dans les flammes.
21 août : la Lettonie fête son indépendance
Le 21 août, les Lettons célèbrent l'adoption de la loi constitutionnelle sur le statut de la République de Lettonie en tant qu'État et la restauration effective de la République de Lettonie.
Ce jour commémoratif officiel n’est pas férié ni chômé, la date du 21 août n’est pas aussi fêtée que le 18 novembre qui commémore la première indépendance, celle de 1918 ; ni même que le 4 mai, qui rappelle la proclamation d’indépendance, la seconde, celle de 1990. Néanmoins, le 21 août est l’anniversaire de la restauration officielle de l’indépendance en 1991.
Chaque 21 août, les Lettons célèbrent l'adoption de la loi constitutionnelle sur le statut de la République de Lettonie en tant qu'État (Konstitucionālā likuma pieņemšana par Latvijas Republikas kā valsts statusu) et la restauration effective de la République de Lettonie. L’opportunité leur en a été donnée, suite au coup d'État avorté du 19 août 1991 mené à Moscou par les durs du régime soviétique contre Gorbatchev. Cela a permis à la Lettonie de franchir le dernier pas : Anatolijs Gorbunovs, le président du parlement letton, déclara officiellement la fin de la période transitoire et la restauration de la République d'avant-guerre, fondé sur la constitution de 1922. Ce jour-là, la Lettonie quittait officiellement l’URSS. Cette dernière n’avait plus les moyens de la retenir, elle allait disparaître avant la fin de l’année 1991.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 août 2021