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Australie, multiculturalisme, 21 mars Bruno Teissier Australie, multiculturalisme, 21 mars Bruno Teissier

21 mars : l’Australie célèbre son modèle multiculturel

En Australie, le 21 mars on s’habille en orange à l’occasion de la Journée de l'Harmonie. Cette célébration a été créée en 1999 pour promouvoir la cohésion, l'inclusion et la diversité culturelle du pays.

 

En Australie, le 21 mars on s’habille en orange à l’occasion de la Journée de l'Harmonie (Harmony Day). Cette célébration a été créée en 1999 pour promouvoir la cohésion, l'inclusion et la diversité culturelle du pays. Depuis 2019, elle a été élargie à une Semaine de l'Harmonie qui cette année se déroule du 17 au 23 mars. 

Plus de la moitié (51,5 %) des habitants de l’Australie est née à l’étranger ou a au moins un parent qui est dans ce cas. Depuis 1945, plus de 7,6 millions de personnes se sont établies en Australie. Un flux qui s’est bien ralenti depuis quelques années, la politique de l’Australie en matière d’immigration est très restrictive. En 2025, cependant, presque tous les pays du monde sont représentés dans la population australienne. Outre l'anglais, les langues les plus parlées en Australie sont le mandarin, l'arabe, le vietnamien, le cantonais, le pendjabi… Sans oublier les 150 langues aborigènes ou insulaires du détroit de Torres parlées en Australie.

Les critiques de cette journée signalent toutefois qu’à trop célébrer le multiculturalisme, on en oublie le racisme encore profondément ancré dans la société australienne, les brutalités policières, les décès d'Aborigènes en détention et bien d'autres formes de discrimination qui n’ont pas disparues.

La date du 21 mars est aussi celle de la Journée mondiale contre la ségrégation raciale, instaurée par l’ONU en mémoire du massacre de Sharpeville.

L'orange est la couleur choisie pour représenter la Semaine de l'Harmonie. Traditionnellement, l'orange symbolise la communication sociale et les échanges constructifs. Il évoque également la liberté d'idées et encourage le respect mutuel. Les Australiens peuvent choisir de porter une tenue orange pendant la Semaine de l'Harmonie pour afficher leur soutien à la diversité culturelle et à une Australie inclusive.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 mars 2025

École primaire d'Oakleigh South, dans l’État de Victoria

 
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1968, Nauru, 31 janvier, écologie, migrants, indépendance Bruno Teissier 1968, Nauru, 31 janvier, écologie, migrants, indépendance Bruno Teissier

31 janvier : Nauru, État sans avenir, un exemple à méditer

C’est un pays ruiné, à tous les sens du terme, qui fête l’anniversaire de son indépendance obtenue en 1968 avec le départ des Australiens qui ont repris aujourd’hui le contrôle de l’île. Ce micro-État du Pacifique avait eu pourtant sa courte heure de gloire…

 

C’est un pays ruiné, à tous les sens du terme, qui fête l’anniversaire de son indépendance obtenue en 1968 avec le départ des Australiens. Ce micro-État du Pacifique a eu pourtant sa courte heure de gloire, il fut dans les années 1970, le deuxième État le plus riche du monde par habitant. Sa richesse : l’île unique est un bloc de phosphate, exploité à outrance jusqu’à l’épuisement, au point d’avoir ravagé toutes les terres cultivables. Le centre de l’île n’est plus qu’un désert, aujourd’hui abandonné par les compagnies minières. L’argent a filé, il n’en reste rien, les jeunes n’ont d’autres choix que de s’expatrier en Australie. Il se pourrait qu’un jour la totalité des 14000 habitants de l’île doivent partir faute de pouvoir continuer à vivre sur une île rendue à 80% inhabitable par la surexploitation. Certains voient dans cette triste fin, une parabole adressée à notre planète.

Le projet actuel est de relancer l’exploitation minière, cette fois en s’attaquant aux grands fonds marins. La barrière de corail n’est plus que l’ombre d’elle-même. Les premières missions d’exploration ont débuté fin 2022 en dépit des risques environnementaux évidents, surtout quand on sait ce que les Nauruans ont fait de leur île.

La petite république en est réduite à une sorte de prostitution : la vente de passeports à de riches apatrides ou de ses votes à l’ONU. Sa classe politique a été jusqu’en 2023, subventionnée par Taïwan en échange de la reconnaissance de cette île comme unique représentante de la Chine. En 2024, c’est Pékin qui a remporté la mise, on ne sait pas pour quel montant. Quant à la Russie, elle a payé pour que Nauru soit sur la liste des États reconnaissant l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie (deux provinces de Géorgie envahies en 2008 par la Russie), comme États “indépendants”.

Depuis 2012, Nauru monnaie un autre service : l’île sert de prison au service des autorités australiennes en quête de lieux pour parquer, dans des conditions déplorables, les demandeurs d’asile qui ont tenté de chercher un refuge en Australie. Près de 1500 personnes ont ainsi été forcées de s'installer sur cette île. Des hommes, des femmes et des enfants qui doivent cohabiter avec les habitants de la minuscule nation, certains y sont restés plus de 5 ans dans des conditions concentrationnaires. Au fil des ans, au moins douze personnes sont mortes dans ces centres, dont la moitié se seraient suicidés. Depuis une douzaine d’années, Nauru est l'un des piliers de la politique migratoire australienne, selon des méthodes dignes d’un Donald Trump.

En décembre 2024, Nauru a conclu un traité bilatéral avec l’Australie, lui cédant le contrôle de sa sécurité maritime, sa défense, le maintien de l'ordre, ses ports, aéroports et son secteur bancaire. En contrepartie, Nauru recevra l'équivalent de 64 millions de dollars américains d'aide budgétaire directe et 25 millions supplémentaires pour renforcer sa police surveillant les migrants que l’Australie recommence à transférer sur l’île après une brève interruption en 2023. Ne vivant que de subsides et de produits importés, sans avoir besoin de travailler, Nauru est devenu l’un des pays les plus touchés par l’obésité, affichant l’un des taux les plus élevés au monde. L’espérance de vie n’y dépasse pas 55 ans.

On pense que les premiers habitants sont arrivés il y a quelque 2000 à 3000 ans, lors d'une vague de migration vers le Pacifique. L’originalité de la langue nauruane suggère que les Nauruans ont longtemps été isolés des îles voisines. Pendant des millénaires,  ils ont développé un système culturel et social reposant sur 12 tribus. Le 8 novembre 1798, le baleinier britannique Hunter, sous le commandement de John Fearn, est le premier navire européen à s'approcher de l'île. Des canots ont ramé à la rencontre du navire mais Fearn et son équipage sont restés à bord, tandis que les Nauruans sont restés dans leurs bateaux. Les indigènes ne semblaient pas être hostiles et l’aspect idyllique de la terre a conduit Fearn à désigner l’endroit comme Pleasant Island. À partir de 1830, d’autres Européens ont commencé à visiter l’île, apportant des idées et des coutumes européennes, des armes à feu, de l'alcool, de la nourriture et des maladies. Le commerce a augmenté le nombre d'armes à feu sur l'île, entraînant une guerre civile de 10 ans entre les tribus rivales à partir de 1878. Pendant ce temps, les commerçants allemands se sont installés sur l'île et, pour protéger leurs intérêts, l'Allemagne a annexé Nauru en 1888. L'exportation la plus lucrative a d’abord été celle du coprah (chair de noix de coco séchée) mais la découverte en 1900 de gisements de phosphate, principalement utilisés comme engrais, a fait de l'île une possession particulièrement précieuse. Lorsque la Première Guerre mondiale a éclaté en 1914, l'Australie s'est emparée de Nauru. Très convoitée, l’île a subi des bombardements allemands pendant la Seconde Guerre mondiale puis une brève occupation japonaise. En 1945, c’est le rétablissement de la tutelle conjointe australo-néo-zélandaise, En 1966, l'autonomie gouvernementale a été accordée à Nauru et les négociations ont commencé pour l'indépendance totale, laquelle est entrée en vigueur le 31 janvier 1968. C’était alors la plus petite république du monde.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 janvier 2025

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manifestation de réfugiés prisonniers à Nauru

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26 janvier : Australia Day ou Invasion Day ? La fête nationale controversée des Australiens

Ce 26 janvier est la fête nationale de l’Australie, la journée est toujours très festive en plein cœur de l’été austral. Mais pour les Aborigènes cet anniversaire de la fondation du pays par les Européens est avant tout un jour de deuil et de colère. Faut-il alors en changer la date ?

 

L’Australie célèbre aujourd’hui sa fête nationale, ce 26 janvier, dans des conditions presque normales. Comme chaque année, sont prévues des barbecues communautaires sur fond de musique live, des expositions de voitures anciennes, des étals de marché, des grésillements de saucisses, des courses de kayak... C’est l’été austral.

Ce soir, à la nuit tombée, l’Australie va retentir de feux  d’artifices, cette journée d’été, où il peut faire très chaud, est à  la fois festive et patriotique. On commémore l’installation le 26 janvier 1788 des premiers Européens sur les côtes de l’Austra­lie : la fondation  d’un bagne dans la baie de Sydney. Ce jour-là, le capitaine Arthur Phillip proclamait la souveraineté britannique sur cette nouvelle terre aussitôt déclarée Terra Nullis (terre inhabitée).

Australia day est aussi l’occasion de remettre des prix et des décorations en tous  genres, aux citoyens qui se sont distingués. La journée est fériée depuis 1994, mais tout le monde n’est pas à la fête. Pour certains, c’est même un jour de deuil : la date a été baptisée « Invasion Day » en 1972, par les Aborigènes.  Depuis la fête nationale de cette année-là, ils occupent chaque année la pelouse de l’ancien parlement par un village de tentes.  Cette « ambassade aborigène » est là pour revendiquer leurs droits. Les Aborigènes étaient un million à l’arrivée des Européens. Plus de deux siècles plus tard, ils sont moins d’un demi-million, dans un pays qui compte 25 millions d’habitants. 80% sont illettrés, la plupart vivent d’un revenu minimum social…  En 2008, le Premier ministre a formulé des excuses mais  n’a pas changé la date de la fête nationale.

#changethedate («Abolissez la date !») est le mot-dièse de cette revendication qui chaque année se fait de plus en plus pressante. Comment peut-on faire débuter l’histoire de l’Australie il y a 236 ans, alors que des hommes et des femmes y vivent depuis 65 000 ans ? Politiquement, ces Aborigènes n’existaient pas. Jusqu’en 1967, ils n’étaient même pas comptabilisés lors des recensements. Et bien sûr, n’avaient pas le droit de vote. Une partie des Australiens admet aujourd’hui la pertinence de leurs revendications. Mais en même temps, se disent attachés à la date du 26 janvier et ne veulent pas en changer. L’Australie commence à peine à prendre la mesure des horreurs commises durant la colonisation envers les populations aborigènes. Certains voient aussi dans cette date l’occasion, au moins une fois dans l’année, de se rappeler quel a été le prix de la colonisation. Une journée pour que s'exprime ce qui reste de la culture aborigène : le 26 janvier, ce n’est pas très cher payé. Loin de ce genre de débat, en réalité, une majorité d’Australiens profite avant tout de cette journée de congés pour aller à la plage ou partir en week-end prolongé.

Les Aborigènes du continent australien et les insulaires de l’archipel du détroit de Torres demandent à être spécifiquement mentionnés dans la constitution australienne. Ils demandent aussi à avoir une voix (The Voice) garantie au Parlement australien. Le Premier ministre s’est engagé à organiser un référendum sur le sujet d’ici la fin de l’année 2023. Le résultat n’est pas acquis.

Le site officiel de l'Australia Day

Le Facebook du WAR Warriors of the Aboriginal Resistance, un mouvement d’activistes qui manifeste chaque 26 janvier pour commémorer la mémoire des résistants aborigènes  

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 janvier 2021

 
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1861, Australie, évènement sportif, novembre Bruno Teissier 1861, Australie, évènement sportif, novembre Bruno Teissier

5 novembre : la Melbourne Cup

C'est la plus fameuse compétition hippique d'Australie qui se déroule aujourd'hui. Le jour est férié à Melbourne ainsi que dans la capitale fédérale (sous le nom de Family and Community Day)…

 

La Melbourne Cup est la plus fameuse compétition hippique d'Australie qui se déroule aujourd'hui. Le jour est férié à Melbourne ainsi que dans la capitale fédérale (sous le nom de Family and Community Day). Depuis 1861, cette course est disputée sur l'hippodrome de Flemington, à Melbourne, devant quelque 100 à 125 000 spectateurs. Dans le reste du pays, l'événement est très largement suivi à la télévision. Le jour n’est pas férié dans le reste de l’Australie, mais on peut dire que le pays entier s’arrête, le temps de la course.

La veille, le défilé traditionnel parcourt les rues de Melbourne de Swanston Street à Federation Square. Signe des temps, cette année, des centaines de personnes en colère contre le traitement réservé aux anciens chevaux de course ont manifesté sur le parcours de la parade équestre. Les mêmes manifestant seront aux abords de l’hippodrome pendant la course.

Sinon, pour les plus traditionalistes, l’usage est de porter un bleuet à la boutonnière du revers de son costume.

 
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