L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
27 mars : le jour où le Baloutchistan a perdu son indépendance
Le 27 mars est une journée noire pour la cause baloutche, une journée de mobilisation, de lutte pour l’indépendance d’un État qui a faillit naître, mais finalement fut absorbé par le Pakistan le 27 mars 1948.
Le 27 mars est une journée noire pour la cause baloutche, une journée de mobilisation. L’histoire remonte à la disparition des Indes britanniques, le Mouvement national baloutche considère que le Baloutchistan, situé aux confins de l’Afghanistan et de l’Iran, n’a pas eu sa chance de devenir un État et a été abusivement absorbée par le Pakistan. Le Baloutchistan est aujourd’hui la région la plus pauvre du pays alors qu’elle est riche en minerais et en gaz naturel. Les habitants accusent le gouvernement d’exploiter leur région et de la laisser coloniser par les entreprises chinoises auxquelles le port de Gwadar a été cédé pour devenir un étape majeure des Routes de la soie.
Depuis 77 ans, l’agitation nationaliste baloutche n’a jamais cessé. Elle s’est amplifiée récemment, avec une série d’attentats visant les forces de l’ordre pakistanaises ou les travailleurs immigrés provenant des autres régions du Pakistan et considéré comme des pions de la colonisation du territoire. En 2024, les attentats ont fait plus de 1600 morts. Le 11 mars 2025, l’Armée de libération du Baloutchistan (BLA), principal groupe séparatiste, a pris un train en otage, le Jaffar Express tombé dans une embuscade. L’opération spectaculaire s’est soldée par une soixantaine de morts.
L’intégration au Pakistan s’est faite le 27 mars 1948, une journée de triste mémoire dans le récit national baloutche. Les choses auraient pu se passer différemment car au sein des Indes britanniques, le Khanat de Kalat avait un statut d’autonomie particulier au même titre que le Sikkim ou le Bhoutan. Ce dernier est aujourd’hui un État indépendant, alors que l’État de Kalat a disparu de la carte du monde. Héritier d’un État beaucoup plus vaste, il ne couvrait en 1947, plus qu’un quart du futur Baloutchistan pakistanais.
Le Khanat de Kalat (خانات ءِ قلات), fondé en 1405, reposait sur une confédération de tribus nomades baloutches et brahuies. Il s’étendait sur l’est de l’Iran actuel, le sud de l’Afghanistan et l’ouest du Pakistan actuel. Au milieu du XVIIe siècle, il déclara son indépendance vis-à-vis des Moghols qui dominaient l’Inde et connu son apogée au XVIIIe siècle sous Mir Nasir Khan dit le Grand (1749-1794). Affaibli et diminué par ses voisins au XIXe siècle, le pays a été occupé par les Anglais à partir de 1839 et intégré aux Indes britanniques, à l’exception de sa partie occidentale qui forme la province iranienne du Sistan-Balouchistan (la frontière date de 1896). En raison du traité de 1876, Kalat jouissait d’une autonomie interne, contrairement aux autres États princiers indiens. Mais, en 1947, Ahmad Par Khan le dernier souverain de Kalat n’eut pas le soutien des Anglais. La plupart des chefs pachtounes extérieurs à son État, ayant fait allégeance au Pakistan, le Kalat se retrouvait isolé. Le souverain a désespérément demandé de l’aide aux autorités indiennes et même au roi d’Afghanistan, mais sans succès. Le 27 mars, Ahmad Par Khan se résignait à renoncer à son indépendance pour éviter une guerre, car l’armée pakistanaise avait déjà pris position dans le sud. En 1952, l'État de Kalat entrera dans l’Union des États du Baloutchistan avec trois États voisins, Kharan, Las Bela et Makran. Le khanat prit fin le 14 octobre 1955, lorsqu'il fut pleinement incorporé au Pakistan occidental.
Le Mouvement national baloutchi considère que l’État du Kalat fut indépendant du 12 août 1947 (date de sa déclaration d’indépendance) au 27 mars 1948, soit 227 jours au total. L’intégration forcée de Kalat au Pakistan a semé le mécontentement et la résistance parmi le peuple baloutche. De nombreux nationalistes baloutches ont considéré l’annexion comme une trahison de leur autonomie et une atteinte à leur identité culturelle.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 mars 2025
Le Mouvement du Baloutchistan Libre (FBM) est un parti politique dont l'objectif principal est de lutter contre le colonialisme pakistanais et iranien et de reconquérir l'indépendance et la souveraineté nationale de la nation baloutche.
Des membres de l'Armée de libération baloutche (بلۏچستان آجوییء لشکر ), un mouvement d’insurgés laïcs baloutches aspirent à un Baloutchistan indépendant
27 mars : le jour de l’armée birmane, putschiste et oppressive
Le jour est férié en Birmanie en souvenir du soulèvement général des Birmans contre l’occupation japonaise (1945), occasion de démonstrations de force de la part de l’armée, laquelle détient la totalité du pouvoir depuis le putsch de février 2021, tout au moins dans la portion du pays qu’elle contrôle.
Le jour est férié en Birmanie en souvenir du soulèvement général des Birmans contre l’occupation japonaise en 1945. Le 27 mars est le jour où civils et militaires se sont retournés contre le régime fasciste japonais et l’ont chassé du pays. La Journée de la résistance antifasciste (ဖက်ဆစ်တော်လှန်ရေး နေ) a été rebaptisée Jour de l’armée (တပ်မတော်နေ့), en 1955 par le dictateur, le général Ne Win.
La population se sent peu concernée par cette journée est très controversée qui rappelle l’ancien régime militaire (1962-2016). Elle s'illustre par un grand défilé militaire organisé dans la capitale, Naypyidaw, qui pour l’occasion est coupée du monde. Depuis le coup d’État du 21 février 2021, l’armée détient à nouveau la totalité du pouvoir, tout au moins dans portions du territoire qu’elle contrôle. Le pays vitrants un état de quasi guerre civile, outre les nombreuses guérillas des peuples périphériques, toujours très actives, le gouvernement militaire doit aussi affronter l’insurrection armée lancée par l’administration clandestine du gouvernement d’union nationale qui s’oppose à la junte au pouvoir dans la capitale.
Cette journée est une occasion pour l’armée, appelée Tatmadaw (တပ်မတော်), de montrer qu’elle détient toujours la réalité du pouvoir. Depuis 1989, certains prisonniers sont graciés ce jour-là. Elle est pourtant très loin de contrôler tout le pays : des dizaines de groupes de défense du peuple (People's Defence Forces, PDF) se sont formés en réaction au putsch. Ils ont surpris l'armée par leur efficacité.
En janvier 2024, la junte a prolongé de six mois, reportant une nouvelle fois les élections promises qui n’ont pas lieu tant que le pays est secoué par un sanglant conflit civil qui s’est enlisé.
Sous prétexte d’une "lutte contre les terroristes", les militaires pourchassent les partisans d'un retour à la démocratie dans différentes régions de Birmanie, avec des méthodes violentes qui valent à la Birmanie une mise au ban de la communauté internationale.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 mars 2024
Le général putschiste Min Aung Hlaing, commandant en chef des forces de défense de l'armée, lors du défilé militaire de la Journée de l'armée.
27 mars : le Jour de l'union de la Bessarabie avec la Roumanie
La république de Moldavie en occupe la majeure partie de la Bessarabie. Ce territoire majoritairement roumanophone a appartenu à la Roumanie mais a été confisqué par l’URSS…
La Roumanie célèbre le Jour de l'union de la Bessarabie avec la Roumanie (Ziua Unirii Besarabiei cu Romania). Cette célébration est récente (2017) et correspond à l’air du temps, l’émancipation des peuples, même si Moscou y verra inévitablement l’une de ces humiliations que soi-disant l’Occident lui impose. Alors qu’il ne s’agit là que de la liberté des peuples. Le 27 mars commémore le jour de 1918 où le parlement bessarabien a voté l’union du pays avec le Royaume de Roumanie. La date est celle du calendrier julien, elle a glissé d’un calendrier à l’autre sans modification.
La Bessarabie est située entre les fleuves Dniepr et Prout. Aujourd’hui la petite république de Moldavie occupe la majeure partie de son territoire. La région est majoritairement peuplée de Roumains, elle faisait partie jadis de la principauté de Moldavie, dont seule la moitié sud a formé la Roumanie dès la création du pays en s’associant à la Valachie. Car à l’époque la Bessarabie était occupée par la Russie qui l’a annexé à l’Empire en 1912. La Révolution russe parmi à certains peuples, les Finlandais, les Polonais… et les Moldaves à échapper à l’emprise russe. Le 2 décembre 1917 (ancien calendrier), le parlement nouvellement créé de Bessarabie a proclamé la République démocratique moldave au sein de la Russie. Le 24 janvier 1918, la Moldavie a déclaré son indépendance de la Russie. Enfin, le 27 mars 1918, le parlement moldave vote l'unification avec la Roumanie. L'union a été officiellement reconnue par les puissances européennes après la fin de la Première Guerre mondiale.
La Russie n’a jamais accepté cette perte. Suite au pacte scellé avec Hitler (pacte secret Ribbentrop-Molotov), Staline impose à la Roumanie de rétrocéder la région à l’URSS en juin 1940. La région est réinvestie par la Roumanie en juillet 1941 à la faveur l’offensive allemande contre l’URSS, puis reconquise par Moscou en août 1944. Finalement, la République socialiste soviétique de Moldavie obtient son indépendance en 1991 à la faveur de la disparition de l’URSS, mais sans avoir le droit de se rattacher à la Roumanie. Pour éviter cela la Russie entretient depuis 1992, une occupation militaire dans une république fantoche de Transnistrie, selon une stratégie qui a ensuite été utilisé par Moscou en Géorgie puis en Ukraine : les soi-disant républiques du Donbass.
Le projet de commémoration de l'union de la Bessarabie avec la Roumanie a été lancé par Eugen Tomac, alors député du Parti du mouvement populaire. En octobre 2015, le Sénat de Roumanie a adopté à l'unanimité la Journée de l'union de la Bessarabie avec la Roumanie. Cependant, il a fallu environ un an et demi pour que la fête soit adoptée par la Chambre des députés. Le 27 mars 2017, la fête a été promulguée par le président Klaus Iohannis, devenant officielle.
La Journée de l'Union de la Bessarabie avec la Roumanie est marquée par des événements culturels, artistiques et scientifiques organisés par les autorités nationales et locales, les ONG et les institutions culturelles en Roumanie et à l'étranger. Le drapeau national de la Roumanie flotte dans tout le pays à l'occasion de la fête.
La journée est bien sûr officieusement célébrée par une partie des habitants de la république de Moldavie, ceux qui soutiennent l'unification des pays roumains, ainsi que par diverses organisations roumaines travaillant en Moldavie, comme l'Institut culturel roumain.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 mars 2022
Les députés bessarabiens
27 mars : la Journée mondiale du théâtre
Chaque année, le 27 mars, l’institut international du théâtre (ITI) organise une Journée mondiale du théâtre (World Theatre Day). Cette année après un an de suspension des représentations, en raison de la covid…
Chaque année, le 27 mars, l’institut international du théâtre (ITI) organise une Journée mondiale du théâtre (World Theatre Day). Durant cette journée, amateurs, étudiants et professionnels se réunissent pour célébrer l’importance et la valeur du théâtre. En 2021, après une interruption presque totale des représentations depuis un an, presque partout dans le monde, cette journée prend coloration très particulière…
La date du 27 mars correspond à celle de l'ouverture de la saison Théâtre des Nations en 1962 à Paris. Depuis cette année-là, la Journée mondiale du théâtre a été célébrée de nombreuses façons par les centres de l’ITI qui sont plus de 90 à travers le monde. Les théâtres, les professionnels du théâtre, les amateurs de théâtre, les universités de théâtre, les académies et les écoles célèbrent aussi cette journée. Chaque année, une personnalité exceptionnelle du théâtre ou d'un autre domaine est invitée à partager ses réflexions sur le théâtre et l'harmonie internationale. En 1962, c’était Jean Cocteau ; en 2021, c’est Helen Mirren, une actrice britannique.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 mars 2021
Timbre français de 1962, œuvre gravée de Claude Durrens