19 janvier : la journée du kokborok, langue tibéto-birmane

 

Les locuteurs du kokborok, une langue tibéto-birmane parlée principalement dans les États indiens du Tripura (25% des habitants), mais aussi plus marginalement au Bengale occidental, dans l’Assam et au Mizoram, mais aussi dans dans les Chittagong Hill Tracts, au Bangladesh, soit en tout guère plus d’un million de personnes, ont toujours défendu leur langue afin qu’elle ne disparaisse pas comme de nombreuses langues de l’Inde chaque année.

Face au sanskrit et au persan (jadis), au bengali, puis à l’anglais de la puissance occupante, le kókborok n’était qu’un ensemble de dialectes, sans nom défini : c’était la langue (kók) des gens (borok), des autochtones. Aujourd’hui, elle est aussi appelée le tripuri. Dans les années 1970, les tribus ont lancé une revendication pour que la langue kokborok soit reconnue comme langue d'État, avec le soutien des formations de gauche. En 1975, une manifestation s’était même terminée par un mort et de très nombreux blessés, la police ayant ouvert le feu sur le cortège pacifique. D’ailleurs, un Jour des Martyrs est célébré le 3 mars de chaque année en mémoire du martyr de la langue, nommé Dhananjay Tripura.

Finalement, après la formation d’un premier gouvernement du Front de gauche en 1978, des initiatives ont été prises pour répondre aux quatre revendications des tribus. Le 19 janvier 1979, la langue Kokborok a reçu le statut de langue d'État. La Journée de la langue kokborok, chaque 19 janvier, célèbre l’anniversaire de cette reconnaissance. En même temps, la reconstruction des réserves tribales et la restitution des terres cédées aux tribus ont commencé. Dans cet État peuplé à 60% de Bengalis, les montagnes sont occupées par des tribus réclamant toujours plus d’autonomie. Aujourd’hui le BJP (droite nationaliste) est au pouvoir, certains mouvements d’extrême gauche entretiennent une agitation endémique.

La langue kókborok est enseignée dans les écoles du Tripura du primaire au secondaire supérieur depuis les années 1980. L’université du Tripura l’enseigne à partir de 1994 et délivre un diplôme d'études supérieures en kókborok depuis 2001. Il existe actuellement une demande de reconnaissance de la langue comme l'une des langues officielles reconnues de l'Inde conformément à l'annexe 8 de la Constitution. La forme officielle est le dialecte parlé à Agartala, la capitale de l'État du Tripura.

La question de l'écriture est très politisée, le gouvernement prône l’écriture bengali mais les organisations nationalistes ethniques (Kokborok Sahitya Sabha, Kokborok tei Hukumu Mission, Movement for Kokborok, etc.) préfèrent l'utilisation de l'écriture romaine. Récemment, la Fédération des étudiants de Twipra (TSF) a encore manifesté à Agartala pour cette seconde écriture. Les deux écritures sont désormais utilisées dans l’enseignement ainsi que dans les cercles littéraires et culturels.

La Mission Kokborok tei Hukumu (KOHM) est une organisation apolitique et non religieuse, créée en 1993, dont la mission est de promouvoir le développement et la préservation de la littérature, de la culture, de la tradition et du patrimoine tripuri.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 janvier 2025

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