L’Almanach international

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1988, Palestine, Israël, 15 novembre Bruno Teissier 1988, Palestine, Israël, 15 novembre Bruno Teissier

15 novembre : l’anniversaire d’un État palestinien qui n’existe pas encore

Un jour férié, en Palestine, commémore la proclamation d’un État de Palestine avec pour capitale Jérusalem. C’était le 15 novembre 1988, à l’initiative du Conseil national palestinien. Cette année, la Journée de l’indépendance palestinienne est un événement totalement surréaliste, plus encore que les années précédentes, en raison du terrible conflit opposant Israéliens et Palestiniens depuis l’attaque terroriste du Hamas, le 7 octobre dernier qui a fait prendre conscience du caractère intenable de la configuration régionale.

 

Un jour férié, en Palestine, commémore la proclamation d’un État de Palestine avec pour capitale Jérusalem. C’était le 15 novembre 1988, à l’initiative du Conseil national palestinien. Cette année, la Journée de l’indépendance palestinienne (عيد الاستقلال الفلسطيني) est un événement totalement surréaliste, plus encore que les années précédentes, en raison du terrible conflit opposant Israéliens et Palestiniens depuis l’attaque terroriste du Hamas, le 7 octobre dernier qui a fait prendre conscience du caractère intenable de la configuration régionale.

Écrite par le poète palestinien Mahmoud Darwich, la proclamation d’indépendance de la Palestine a été prononcée par Yasser Arafat, président de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), à Alger, le 15 novembre 1988. L’événement était considérable pour tous ceux qui avaient lutté pendant 40 ans pour qu’une Palestine soit reconnue et indépendante. Implicitement, Arafat et l’OLP reconnaissaient l’État d’Israël et se résignaient à un partage de la Palestine historique.  En outre, l’OLP condamnait désormais le terrorisme. Cela aurait pu être un tournant majeur du conflit israélo-Palestinien. Le gouvernement israélien de Yitzhak Shamir (droite) rejette pourtant cette déclaration. Néanmoins, c’était l’époque où régnait encore un certain optimisme en Israël. En 1992, l’arrivée au pouvoir d’Yitzhak Rabin (travailliste) permit de nouer des contacts discrets avec l’OLP qui déboucheront sur accords d’Oslo, le 9 septembre 1993, lesquels reconnaissent le « droit d’Israël à une existence en paix et sécurité » en échange de la reconnaissance de l’OLP comme représentant légitime du peuple palestinien. Ces accords n’auront qu’un seul effet concret : la création de l’Autorité palestinienne, c’est-à-dire d’une esquisse de gouvernement palestinien, mais un gouvernement sans État et sans pouvoir réel.

Yitzhak Rabin sera assassiné par un militant juif d’extrême droite. La droite israélienne va arriver au pouvoir, remplacée, aujourd’hui, par l’extrême droite… Quant à l’État Palestine il est resté dans les limbes. Israël n’ayant jamais permis son existence. L’Autorité palestinienne, n’ayant autorité sur quasiment rien, est devenue une institution impopulaire et corrompue que les autorités israéliennes n’ont eu de cesse de rabaisser, notamment en favorisant un adversaire mortel, le Hamas. L’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre 2023 et la guerre de destruction punitive lancée par le gouvernement Netanyahou ont anéanti tout espoir d’une émergence progressive d’un État palestinien.

D’un projet de partage à un autre, la Palestine auto administrée a diminué comme peau de chagrin. Elle se limite à quelques confettis de territoires, encerclés par des colonies juives et l’armée israélienne. L’Afrique du Sud au plus fort de l’apartheid, avait tenté d’accorder ce genre d’« indépendance » à une série de bantoustans qui sont restés des États fantoches jusqu’à l’explosion du système. C’est à cette construction, aujourd’hui disparue, que fait penser la Palestine, 35 ans après sa proclamation comme État. À présent, seul un fait politique majeur, comme l’évacuation complète des colons installés en Cisjordanie (occupée illégalement) et le retrait des forces armées qui les épaulent, ne permettra de faire enfin émerger un État Palestinien tel que le prône l’ONU et la presque totalité des pays qui y sont représentés.

Cette situation n’a pas empêché la reconnaissance de l’État de Palestine par 138 pays dans le monde. Les États qui n’ont, pour le moment, pas procédé à ce geste sont ceux de l’Europe occidentale (sauf Suède, Islande et Vatican), de l’Amérique du Nord, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie… et Israël. La Palestine ne dispose que d’un siège d’observateur à l’ONU (seuls quatre pays ont voté contre : États-Unis, Canada, Hongrie et Israël). La Palestine a néanmoins été accueillie comme membre à part entière par l’UNESCO en 2011.

Le Parlement européen a voté en 2014 en faveur d’une reconnaissance d’un État palestinien en insistant sur le « principe la reconnaissance de l’État palestinien et la solution des deux États ». La Chambre des communes britannique avait avalisé une résolution similaire quelques jours plus tôt. L’Assemblée nationale française a voté en décembre 2014, une résolution qui « affirme l’urgente nécessité d’aboutir à un règlement définitif du conflit permettant l’établissement d’un État démocratique et souverain de Palestine », mais les gouvernements français et britanniques n’ont pas donné suite. Il en est de même pour l’exécutif européen.

L’État palestinien participe toutefois à des organisations internationales non gouvernementales, tels que le Comité international olympique (CIO) et le Comité international paralympique (CIP). Il est également membre de la Fifa, la Fédération internationale de football. 

Son pays n’existe pas encore, Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, va néanmoins ce 15 novembre recevoir une multitude de messages de félicitations, notamment ceux de nombreux chefs d’État d’Afrique, du monde arabe, d’Amérique latine, d’Asie. Le « Sud global », bien au-delà du monde arabe, a fait de la défense cause palestienne un véritable marqueur politique pour opposer sa vision du monde à celle de l’Occident dont il dénonce la cécité et la mauvaise foi. Le monde se fracture dangereusement sur les ruines et les cadavres de la guerre de Gaza.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 novembre 2023

Mise à jour 2024 : L’Espagne, l’Irlande, la Norvège et la Slovénie ont annoncé en 2024, leur reconnaissance de l’État de Palestine. Celui-ci est désormais reconnu par 12 pays membres de l’Union européenne sur 27.

En 2024, 147 pays, soit plus de 75 % des 193 États membres de l’Organisation des Nations unies (ONU) ont pris cette décision. Cette année, la Palestine est en outre devenue un État membre de l'UNESCO, avec le soutien notamment de la France.

 
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Palestine, Israël, 1948, 15 mai Bruno Teissier Palestine, Israël, 1948, 15 mai Bruno Teissier

15 mai : commémoration de la Nakba en pleine crise israélo-palestinienne

Les Palestiniens célèbrent le 75e anniversaire la catastrophe (nakba) de 1948 : la guerre consécutive à la création de ­l’État d’Israël qui leur a fait massivement quitter leurs maisons, leurs villages sans n’avoir jamais pu y retourner. Le souvenir de cette tragédie, largement occultée en Israël, ravive également la mémoire des massacres perpétrés dans les jours qui ont suivi.

 

Depuis 1998, les Palestiniens commémorent chaque année la catastrophe (nakba) : la guerre consécutive à la création de ­l’État d’Israël en 1948, qui leur a fait massivement quitter leurs maisons, leurs villages sans n’avoir jamais pu y retourner. La Nakba, ce fut aussi la destruction entre 1947 et 1949, de plus de 500 villages palestiniens, dont le plus connu est Deir Yassine, avec ses 250 habitants massacrés par une milice d’extrême droite juive. Ou encore celui de Tantura, dont la population a été massacrée le 23 mai 1948… Cette mémoire s’ajoute à la colère déclenchée chaque fois que des familles palestiniennes sont menacées d’expulsion de leur maison par une organisation d’extrême droite israélienne dans un quartier de Jérusalem est (la partie de la ville sous statut d’occupation) ou chassé de leurs terres par des colons juifs dans la campagne des territoires occupés par l’armée israélienne.

Ce 75e anniversaire de la Nakba, se déroule cette année sous très haute tension. La population palestinienne est toujours tétanisée par les projets israéliens et américains, formulés en 2020, d'une annexion de l’ensemble des colonies de Cisjordanie, de la vallée du Jourdain et du nord de la mer Morte. Alors qu’en même temps Israël a modifié sa constitution en défaveur des non juifs. La discrimination qui existait dans les faits depuis 1948 est désormais inscrite dans la loi. Face à cette évolution vers un régime d’apartheid, sur laquelle ils n’ont d’autre prise que des manifestations, les Palestiniens sont bien seuls. Dans le reste du monde, l’indifférence prévaut. La cause palestinienne n’est plus vraiment mobilisatrice mais si la région s’enflamme totalement, les principales puissances ne se pourront pas détourner les yeux.

Les autorités israéliennes demeurent opposées à toute idée de retour des réfugiés palestiniens. Sur les 920 000 Arabes vivant en Palestine en 1948, 760 000 ont fui. Leurs descendants, au nombre de 5 millions vivent aujourd’hui en Jordanie, au Liban, en Syrie ou dans d’autres parties de la Palestine. Les 160 000 qui sont restés sur place forment aujourd’hui la communauté arabe d’Israël, soit 1,5 million de citoyens israéliens (plus de 20% des citoyens israéliens sont arabes). Cette Journée de la Nakba ( يوم النكبة), chaque 15 mai (c’est-à-dire l’anniversaire du lendemain de la création d’Israël en 1948), est chômée pour les Palestiniens. Quand ils le peuvent, c’est l’occasion de se rendre en famille sur le site des villages détruits. Quand elles existent encore, on emmène les enfants voir les ruines de la maison familiale, en bravant les autorités qui tentent, depuis 2011, d’interdire ce genre de pèlerinage. 

Dans les territoires occupés, c’est chaque année la journée de tous les dangers. En 2022, après le meurtre de la journaliste palestinienne, Shireen Abu Akleh et la perturbation de ses obsèques par la police israélienne, la colère était remontée d’un cran. En 2023, ce sont les projets du gouvernement israélien le plus extrémiste de l’histoire du pays qui suscite le plus d’inquiétudes. Dans les territoires occupés, les manifestants organisent des défilés ou des sit-in, le plus près possible des positions israéliennes. Les soldats ont reçu des ordres de vigilance et de retenue, mais chaque année des incidents graves éclatent faisant des morts et des blessés. Même chose en Jordanie, où la police anti émeute tente avec difficulté d’empêcher les manifestants d’approcher de la frontière.

Pour la première fois cette année, la Nakba sera célébrée par l’ONU à travers une journée officielle. À l’initiative l’Égypte, de la Jordanie, du Sénégal, de la Tunisie, du Yémen et des Palestiniens, une Journée de la Nakba est organisée au siège des Nations unies à New York pour marquer les 75 ans de la catastrophe. Seuls Israël, l’Australie, l’Autriche, le Canada, le Danemark, l’Allemagne, la Grèce, la Hongrie, l’Italie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et les États-Unis ont voté contre et refusent d’y participer.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 mai 2023

 
Réfugiés palestiniens en 1948

Réfugiés palestiniens en 1948

Manifestation palestinienne à Berlin, Montecruz Foto, Flickr, Palestine Nakba Day 2015

Manifestation palestinienne à Berlin (Montecruz Foto, Flickr, Palestine Nakba Day 2015)

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1976, Israël, Palestine, 30 mars Bruno Teissier 1976, Israël, Palestine, 30 mars Bruno Teissier

30 mars : la 47e Journée de la terre des Palestiniens

Le 30 mars commémore une grève générale des Israéliens d’origine arabe (20% de la population d’Israël), en 1976, pour dénoncer un vaste plan d’expropriations de terres en Galilée. Depuis l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir en Israël, la situation est très tendue en Palestine, en particulier pour cette Journée de la terre.

 

La journée est d’abord celle des Israéliens d’origine arabe (20% de la population d’Israël) qui sont très loin d’avoir tous les droits dont disposent leurs concitoyens juifs. En mars 1976, un vaste plan d’expropriations de terres en Galilée, dont une partie appartenait à des Arabes, venait d’être publié. Ce n’était pas la première fois depuis 1948, que des terres arabes étaient confisquées pour établir ou agrandir des colonies juives, mais  cette fois les villages du nord de la Galilée avaient décidé de réagir. Une grève générale était annoncée pour le 30 mars. Les pressions sur les organisateurs ont été telles que la grève a dégénéré en manifestations qui se sont heurtées à l’armée déployée dans la région pour l’occasion.  L’armée a tiré : le bilan est de 6 morts, tous arabes, et de plusieurs centaines de blessés. Si l’évènement a fait date, sous le nom de massacre de Sakhnin, c’est que c’était la première fois que les Arabes israéliens que l’on croyait résignés, manifestaient de manière aussi déterminée et coordonnées. Ce massacre est commémoré chaque année le 30 mars, comme la Journée de la Terre (يوم الأرض,), une journée généralement de haute tension où l’on déplore le plus souvent des morts et des blessés parmi les manifestants, ce qui renforce son caractère commémoratif d’année en année. Aujourd’hui, plus de 600 000 Israéliens vivent dans des colonies exclusivement juives à Jérusalem/Al-Qods Est et en Cisjordanie occupée. L’ensemble des Palestiniens, et théoriquement du monde arabe, se montre solidaire (ce qui est de moins en moins vrai à l’heure où Israël tisse des liens étroits avec de nombreux pays de la région). Les Israéliens vivant aux abords de la bande de Gaza s’attentent à recevoir quelques roquettes, des précautions sont prises pour l’occasion. Depuis l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir en Israël, en décembre dernier, la situation est particulièrement tendue en Palestine, en particulier pour cette Journée de la terre.

Du côté de Gaza, on célèbre le quatrième anniversaire de la Grande marche du retour. Ce mouvement de protestation qui avait débuté le 30 mars 2018, demandait le droit au retour des réfugiés palestiniens sur les terres qu’ils ont quittées en 1948 à la création d’Israël ainsi que l’allègement du blocus imposé à l’enclave depuis une quinzaine d’années. À Ramallah et dans d’autres villes palestiniennes des festivités sont organisées. C’est aussi le cas de quelques villes européennes.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 mars 2023

 
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chrétiens, 31 mai Bruno Teissier chrétiens, 31 mai Bruno Teissier

31 mai : la Visitation, fête chrétienne un peu oubliée

Tous les ans, une messe solennelle est célébrée ce jour en la basilique de Aïn Karem (ou Ein Kerem), petit village palestinien, aujourd'hui en territoire israélien, à quelques kilomètres de Jérusalem, où selon la tradition aurait eu lieu la Visitation.

 

La Visitation est une fête chrétienne qui rappelle le souvenir de la visite que fit Marie, enceinte de Jésus, à sa cousine Élisabeth, elle-même enceinte de Jean-Baptiste. Elle est fêtée le 31 mai.

Roger Van der Weyden, La Visitation, peint vers 1445

Roger Van der Weyden, La Visitation, peint vers 1445

Tous les ans, une messe solennelle est célébrée ce jour en la basilique de Aïn Karem (ou Ein Kerem), petit village palestinien chrétien qui s’est retrouvé en territoire israélien, à quelques kilomètres de Jérusalem. Selon la tradition, c’est là qu’aurait eu lieu la Visitation. Chaque année, cette basilique est visitée par quelque trois millions de visiteurs et de pèlerins

Pour suivre les fêtes religieuses, partout dans le monde, consulter l’Almanach des fêtes religieuses

 
La basilique de Aïn Karem, Israël

La basilique de Aïn Karem, Israël

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1929, Palestine, 24 août, héros national Bruno Teissier 1929, Palestine, 24 août, héros national Bruno Teissier

24 août : Yasser Arafat aurait 90 ans

Le leader palestinien est né au Caire en 1929, le 24 août, son père était originaire de Gaza, sa mère de Jérusalem… Il pourrait être encore vivant. On a pourtant presque oublié jusqu’à son image.

 

Yasser Arafat est né au Caire en 1929, le 24 août, son père était originaire de Gaza, sa mère de Jérusalem.

Il y a 30 ans, il annonçait la création de l'État palestinien, et il recevait, quelques années plus tard, le prix Nobel de la paix. Le leader Palestine était alors au somment de sa gloire. Arafat est mort en France en 2004, après une brève et mystérieuse maladie, laissant planer le doute de son empoisonnement. Qui voudrait aujourd’hui faire disparaitre un leader de la Palestine ? La cause palestinienne a totalement disparue, ce n’est même plus un enjeu des élections israéliennes, elle n’est plus un objet de débat dans les instances internationales. Le combat d’Arafat pour les droits du peuple palestinien n’aura été qu’un moment d’une histoire qui parait aujourd’hui très ancienne. Les Palestiniens sont pourtant toujours là, sans droit, sans espoir d’un dénouement proche.

 
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