L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
4 février : le souvenir de la toute première abolition de l’esclavage
Le 4 février aurait pu être la première commémoration mémorielle de la France moderne et avoir un écho international. En 1794, pour la première fois dans l'Histoire, la Convention nationale française proclamait l'abolition de l'esclavage… celui-ci sera rétabli huit ans plus tard. Un rassemblement est néanmoins prévu ce soir à Paris.
On célèbre aujourd’hui à Paris, le 231e anniversaire de l'abolition de l'esclavage. Pour la onzième fois, un rassemblement est organisé ce soir à 18h sur la place du Général-Catroux, Paris 17e.
Le 4-Février aurait pu être la première commémoration mémorielle de la France moderne et avoir un écho international. Le 4 février 1794, pour la première fois dans l'Histoire, la Convention nationale française proclamait l'abolition de l'esclavage, près de quatre ans après l'adoption par l'Assemblée de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Le 4 février 1798, Pierre Thomany, un député de Saint-Domingue, descendant d’esclaves, proposait que ce 4 février devienne officiellement une journée de fête nationale dans les colonies. Il n’en sera rien.
En 1801, Toussaint Louverture, pris par son élan émancipateur, choisit le 4 février pour envahir la partie espagnole de Saint-Domingue et y proclamer la liberté générale. Cette audace allait sceller son destin. L’année suivante, le 4 février, une expédition chargée par Bonaparte de rétablir l’esclavage se présenta devant Port-au-Prince. Toussaint sera arrêté et déporté… Mais un premier État noir décolonisé naîtra tout de même le 1er janvier 1804, sous le nom d’Haïti. Cela restera une exception historique.
Le 20 mai 1802, Bonaparte qui avait pris le pouvoir le 9 novembre 1799 (coup d’État du 18 brumaire) décidait de maintenir de l’esclavage là où il n’avait pas été aboli : en Martinique, rendue par les Anglais, ainsi que dans l’océan Indien (Maurice et Réunion), où les colons avaient refusé le décret de 1794. Il agissait sous l’influence du milieu colonial entourant son épouse, Joséphine, elle-même issue d’une famille de planteur esclavagiste. En Guadeloupe, l’esclavage aboli en 1794 sera rétabli par les armes, suite à un arrêté du 16 juillet 1802, malgré la résistance des officiers antillais Ignace et Delgrès. La Guyane a connu le même sort.
Ainsi la République française, désormais conduite par le jeune et ambitieux général, effaçait la date du 4 février de la mémoire nationale. La France, pays des droits de l’homme et du citoyen, aurait pu rester dans l’Histoire comme le premier pays à avoir éradiqué l’esclavage, est en fait le seul à l’avoir rétabli. C’est Claude Ribbe et l'association des Amis du général Dumas, en 2014, qui ont ranimé le souvenir du 4 février. Le rassemblement de ce soir est le onzième.
On le sait, l'esclavage ne sera aboli définitivement dans les colonies françaises que par le décret du 27 avril 1848, adopté par le Gouvernement provisoire de la Deuxième République sous l'impulsion du député Victor Schœlcher. Chaque DOM ou TOM célèbre l’événement à des dates diverses, le 22 mai en Martinique ; le 27 mai en Guadeloupe, le 20 décembre à la Réunion, le 10 juin en Guyane... Et, arbitrairement, le 10 mai par la République française. Un floue mémoriel qui s’explique par les cafouillages de l’Histoire l’abolition dans l’espace colonial français.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 février 2025
Portrait de Jean-Baptiste Belley (1747-1805), représentant de Saint Domingue en 1797, Membre de la Convention et député aux Cinq-Cents. Ce portrait peint par Anne-Louis Girodet (1822) est la première représentation d'un homme noir dans la position d'un législateur occidental. Jean-Baptiste Belley s'appuie sur le piédestal du buste en marbre de l'abbé Guillaume Thomas François Raynal, sculpté par Espercieux.
27 février : la République dominicaine commémore son indépendance en plein carnaval
Le 27 février est traditionnellement le point culminant du carnaval de Saint-Domingue. Un grand défilé, comprenant l’armée mais pas uniquement, se déroule sur le Malecón jusqu’au coucher du soleil. Il commémore la déclaration d’indépendance de 1844 à l’égard de Haïti.
Le 27 février est traditionnellement le point culminant du carnaval de Saint-Domingue. Un grand défilé, comprenant l’armée mais pas uniquement, se déroule sur le Malecón jusqu’au coucher du soleil. Dans la soirée un feu d’artifice marque le Jour de l'indépendance (Día de la Independencia Nacional de la República Dominicana). Cette année, c’est le 180e anniversaire de la déclaration d’indépendance.
C’est de l’occupation haïtienne que Saint-Domingue s’est libérée le 27 février 1844, échappant en même temps aux velléités françaises d’imposer à nouveau son protectorat. L’île d’Hispaniola avait été partagée entre la France et l’Espagne à l’époque coloniale et avait ensuite été réunifiée sous l’égide de la France en 1795. Plus pour très longtemps car la partie occidentale s’était révoltée et avait proclamé son indépendance le 1er janvier 1804 sous le nom de république de Haïti. Et en 1808, Saint-Domingue a été rendu par la France à l’Espagne. Mais, en 1821, secouant le joug espagnol, elle proclamait à son tour son indépendance, mais Haïti en profita pour occuper la partie orientale de l’île et Saint-Domingue a vécu 22 ans sous occupation haïtienne.
La lutte de Saint-Domingue pour l'indépendance à l’égard de Haïti a commencé en 1838, lorsque Juan Pablo Duarte a fondé La Trinitaria, une société secrète qui lutta contre occupation haïtienne et pour établir un État indépendant dans la partie orientale de l’île. De son côté, le commerçant et homme politique Buenaventura Báez entamait des négociations avec le consul de France pour rétablir un protectorat français dans l'ancienne colonie espagnole de Saint-Domingue. C’est pour devancer Báez, que La Trinitaria déclara l’indépendance à l’égard d’Haïti le 27 février 1844. C’est cette déclaration qui est commémorée aujourd’hui bien qu’elle ait débouché sur une dictature qui a final a manœuvré pour céder le pays à l’Espagne.
Haïti écarté, les ambitions françaises découragées, Saint-Domingue devra en effet lutter contre les tentatives espagnoles de reprendre le contrôle de l’île. En mars 1861, à la demande du dictateur Pedro Santana, l’Espagne annexe officiellement la République dominicaine. Cette proclamation marqua le début d'un soulèvement qui conduisit à la guerre d'indépendance dominicaine. Finalement, la reine Isabelle II d’Espagne annulera l'annexion et l'indépendance est restaurée avec le départ des dernières troupes espagnoles le 10 juillet 1865.
Des trois indépendances, celle de 1821, avortée ; celle de 1844, qui débouche sur une dictature qui offrira le pays à l’Espagne ; et celle, définitive, de 1865, c’est la deuxième qui a été retenue pour célébrer l’indépendance de la République dominicaine. Le Jour de l'Indépendance est un jour férié. Il est marqué par le discours du président et des cérémonies de commémoration honorant les héros de la guerre d'indépendance.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 février 2024
8 décembre : les Caraïbes anglophones célèbrent 50 ans de collaboration avec Cuba
Voilà 50 ans jour pour jour, quatre petits États des Caraïbes bravaient Washington et nouaient des relations avec Cuba. De cet élan naîtra le Caricom qui regroupe 15 pays, dont les dirigeants sont aujourd’hui réunis à la Barbade autour du président cubain.
C’est une tradition, chaque 8 décembre depuis vingt ans, 15 États non hispanophones des Caraïbes se réunissent avec les représentants de Cuba pour un Journée Caricom-Cuba. La première fois, c’était à La Havane, le 8 décembre 2002. Cette année-là, on célébrait le trentième anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques, le 8 décembre 1972, entre La Havane et quatre pays nouvellement indépendants du Royaume-Uni : la Barbade, le Guyana, la Jamaïque et Trinité-et-Tobago. La décision était courageuse car elle a été prise en dépit des pressions concertées de l'Organisation des États américains (OEA) et du gouvernement des États-Unis pour imposer une politique d'isolement, à l'échelle du continent, au Cuba révolutionnaire.
L’anniversaire est d’autant plus important que cet élan de solidarité avec Cuba, vécu comme un défi à l’égard des États-Unis, ne s’est pas arrêté là. Les quatre petits États en ont entraîné d’autres de la région. Et, l’année suivante, en juillet 1973, ils étaient quatorze à participer à la fondation de la Communauté des Caraïbes (Caricom) en juillet 1973, un mécanisme d'intégration auquel appartiennent également Antigua-et-Barbuda, les Bahamas, le Belize, la Dominique, la Grenade, Haïti, Monserrat, Sainte-Lucie, Saint-Kitts-et-Nevis, Saint Saint-Vincent-et-les-Grenadines et Surinam. La Caribbean Community a aujourd’hui son siège à Georgetown au Guyana. Aux Quinze membres, s’ajoutent des membres associés : Anguilla, les Bermudes, les Îles Caïmans, les Îles Vierges britanniques, les Îles Turques-et-Caïques (tous des territoires britanniques). Le tout représente près de 20 millions d’habitants. Hormis au Guyana et en Haïti, tous sont anglophones.
La CARICOM a maintenu une politique et des relations dignes de bon voisinage avec Cuba. Et Fidel Castro a toujours été prompt à envoyer son aide matérielle et humaine (notamment ses brigades de médecins) pour faire face à des événements qui touchaient un pays de la région. Aujourd’hui, plus de deux mille médecins, infirmières, entraîneurs sportifs, ingénieurs et enseignants cubains travaillent dans les pays qui composent la Communauté caribéenne. Il y a actuellement 851 étudiants caribéens à Cuba et plus de 6 000 diplômés caribéens des universités cubaines depuis l'arrivée des premiers étudiants.
Un hommage particulier est rendu aujourd’hui aux dirigeants de la Jamaïque (Michael Manley), de Trinité-et-Tobago (Eric Williams), de la Guyane (Forbes Burnham), et la Barbade (Errol Barrow) qui sont à l’origine de la décision historique dont on fête aujourd’hui le 50e anniversaire à la Barbade, en présence du président cubain, Miguel Díaz-Canel.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 décembre 2022
26 janvier : la République dominicaine célèbre Juan Pablo Duarte
C’est le 209e anniversaire de l’un des trois Padres de la Patria, les fondateurs et héros nationaux de la République dominicaine.
C’est un des trois Padres de la Patria, fondateurs et héros nationaux de la République dominicaine, avec Francisco del Rosario Sánchez et Ramón Matías Mella. Son anniversaire (Día del natalicio del Padre de la Patria Juan Pablo Duarte), chaque 26 janvier, est un jour férié.
Juan Pablo Duarte y Diez est né le 26 janvier 1813 à Saint-Domingue. À l'époque, la Capitainerie Générale de Saint-Domingue appartenait à l'Espagne. En 1821, l'élite créole a vaincu les colonialistes espagnols et a établi la République espagnole d'Haïti. Ainsi commença l'occupation haïtienne de Saint-Domingue.
En 1838, Duarte et un groupe de jeunes ont fondé La Trinitaria, une société patriotique secrète, pour obtenir l'indépendance à l’égard d'Haïti et établir la République dominicaine en tant qu'État souverain. Dans les années suivantes, Duarte et d'autres membres de La Trinitaria se sont alliés à d'autres révolutionnaires qui les ont aidés à diffuser les idées de libération.
Enfin, en 1844, la République dominicaine est devenue un État indépendant. Duarte s'est vu offrir la présidence, mais il a refusé et a insisté sur des élections démocratiques.
L'anniversaire de Duarte est observé comme un jour officiel du souvenir et un jour férié en République dominicaine. Ce jour-là, diverses cérémonies sont organisées pour honorer la mémoire du héros national. La plus importante a lieu dans le parc de l'Indépendance à Saint-Domingue, la capitale du pays. Duarte est aussi célébré par la levée du drapeau national, devant des représentant du gouvernement, puis par un Te Deum à la cathédrale et un dépôt de couronne à sa statue. Cette année, 2022, le Jour de Duarte tombant un mercredi, la journée chômée a été déplacée au lundi 24 janvier. En revanche les hommages des autorités ont bien lieu ce 26 janvier.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 janvier 2022
1er janvier : Haïti célèbre son indépendance et sa fête nationale
Haïti fête son indépendance en dégustant la fameuse soupe joumou. Une révolte d’esclaves avait permis, en 1804, la naissance de la première république noire. Mais, ce rêve de liberté a été continuellement gâché par une histoire demeurée tragique.
Chaque 1er janvier, alors qu’on s’échange des Bòn Ane ! (en créole), et que l’on déguste la fameuse soupe joumou, Haïti célèbre son indépendance obtenue en 1804 après une terrible guerre qui a débuté par une révolte d’esclaves. C’est la Révolution française de 1789 qui a incité les esclaves de Saint-Domingue et des Antilles françaises à réclamer la liberté pour eux aussi. L’île était dominée par une poignée de colons blancs enrichis par les plantations de canne à sucre et de café. La colonie française, très prospère, était le premier exportateur de sucre au monde et fournissait la moitié du café consommé dans tous les pays. Ce succès reposait sur l’exploitation d’esclaves importés d’Afrique. La Révolution haïtienne a commencé en 1791 et a duré jusqu'en 1803 avec la victoire décisive de Vertières, le 18 novembre, qui a débouché sur l’indépendance du 1er janvier 1804. Pendant ce temps, la Révolution française avait aboli l’esclavage en 1794 (une première mondiale), mais Napoléon le rétablira en 1802 et tentera de l’imposer à nouveau à Saint-Domingue.
Ainsi est née, il y a 217 ans la première république noire de l’Histoire. Laquelle fut rebaptisée Haïti, à partir de son nom autochtone (Ayiti). L'indépendance a été proclamée sur la place d'armes des Gonaïves par Jean-Jacques Dessaline a qui ses lieutenants accordait le titre de gouverneur général à vie (le titre que portait Toussaint Louverture, le héros de la révolte, jusqu’à sa mort dans une glaciale prison du Jura en 1802). Quelques mois plus tard, J-J. Dessaline se proclamait empereur et instaurait une dictature, la première d’une longue série jusqu’à nos jours. Il mourra assassiné en 1806. Comme l’a été le dernier président élu d’Haïti, Jovenel Moïse, en juillet 2021. Lui aussi était en train d’instaurer un régime autoritaire en s’appuyant sur les gangs mafieux qui contrôlent, aujourd’hui, une partie du pays.
L’insécurité, de nos jours, est devenue la règle : enlèvements, assassinats, attentats ciblés se sont multipliés. La population manifeste régulièrement contre la corruption, l’absence de justice et de transparence, la misère absolue et déshumanisante, le non-respect de l’État de droit. Celui qui aurait dû, constitutionnellement, assurer l’intérim du président, le président du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, était mort du covid quelques jours plus tôt. Le Premier ministre Claude Joseph avait été démissionné. Celui qui devait le remplacer, Ariel Henry, devait être investi le jour de l’assassinat du président. Quant à la chambre des députés, elle est inexistante depuis janvier 2020, faute d’élections. Les partenaires d’Haïti ont fini par reconnaître Ariel Henry comme président par intérim, lequel s’est empressé d’ajourner tout projet d’élection pour élire un nouveau président… Ainsi va la première république noire devenue indépendante le 1er janvier 1804 et qui célèbre aujourd’hui sa Fête de l'Indépendance, laquelle fait figure de fête nationale.
La république d’Haïti existait mais n’était reconnue par personne, pas même les républiques sud-américaines qui sont apparue au début du XIXe siècle. Cette indépendance ne sera reconnue par la France qu’en… 1825 par le roi Charles X, et en échange de 150 millions de francs-or, pour dédommager les grands propriétaires qui ont été dépossédés par l’abolition de l’esclavage. Les anciens esclaves, eux, n’ont eu droit à aucun dédommagement pour plusieurs générations de travail gratuit et de souffrance. Haïti mettra plus d’un siècle à rembourser cette lourde dette. Son emprunt pris auprès du CIC, absorbait plus de 80% des finances publique et ne sera soldé que dans les années 1950.
La fête nationale d’Haïti coïncidant avec le Nouvel An, chacun formule des vœux en disant : Bòn Ane ! En cette occasion, en Haïti comme dans la diaspora, on savoure la bonne « soupe de l’indépendance ». On l'appelle aussi la soup joumou. Depuis le 1er janvier 1804, cette soupe à base de giraumon (une variété locale de potiron) est devenue le plat symbolique de l'indépendance d'Haïti vis-à-vis de la France. Ce plat était auparavant interdit aux esclaves. Il est désormais symbole de liberté et de partage. Sa recette comprend notamment, outre le giraumon, de la viande de boeuf, des pommes de terre, des carottes et une longue liste d'ingrédients qui varie selon les familles.
En ce 1er janvier 2022, le peuple haïtien formule des vœux et des souhaits. Il espère bien que finalement les choses commenceront à changer pour le pays et ses habitants. Car, jusqu’à présent, son rêve de liberté a été continuellement gâché par une histoire demeurée tragique.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 décembre 2021
Mise à jour : le 1er janvier 2025, Leslie Voltaire, président en exercice du Conseil présidentiel de transition, demandait officiellement à la France le remboursement de la rançon versée aux propriétaires d’esclaves et des réparations pour fait de colonisation.
J-J. Dessaline, sur un billet de banque, et le drapeau haïtien
La soup joumou
2 janvier : le président haïtien invité à s'occuper de ses concitoyens plutôt que des héros de la nation
Haïti débute l’année avec deux jours fériés : le Jour de l’indépendance, le 1er janvier et la Journée des ancêtres et héros de l'Indépendance, ce 2 janvier, appelé aussi le Jour des Aïeux.
Haïti débute l’année avec deux jours fériés : le Jour de l’indépendance, le 1er janvier et la Journée des ancêtres et héros de l'Indépendance, ce 2 janvier, appelé aussi le Jour des Aïeux.
Le 1er janvier 1804, l’est de l'île de Saint-Domingue accédait à l’indépendance au terme d'une longue et meurtrière guerre de libération. L'ancienne colonie française devenait ainsi le premier État noir des temps modernes. Jean-Jacques Dessalines, Alexandre Pétion, Henri christophe, Capois la mort, Lamatinière, Charles B… et, bien sûr, Toussaint Louverture, sont autant de héros qui sont célébrés chaque 2 janvier.
Chaque année, le président de la république se rend au Musée du Panthéon National Haïtien (le Mupanah), inauguré en avril 1983 avec une cérémonie pour le retour en terre natale des « cendres » de Toussaint Louverture, précurseur de l’indépendance haïtienne. Le Mupanah dispose de deux salles d’exposition et conserve précieusement les restes de « pères de la Patrie » comme Jean-Jacques Dessalines, Henry Christophe et Alexandre Pétion. Ils sont morts et ont été enterrés, à l’époque, dans l’indifférence totale de la population. Ce musée-panthéon mis à l’honneur chaque 2 janvier est là pour réparer ces oublis.
Mais, ces héros reconnaîtraient-ils en l’actuel Haïti, le pays dont ils ont rêvé et pour lequel ils ont combattu ? Si le pays a été largement épargné par la covid-19, il demeurent gangréné par les gangs, les assassinats, les enlèvements, la corruption de ses élites. Jovenel Moïse, le président (mal) élu en 2016, n’a d’autre réponse au pays que ses réactions autoritaires.
Plutôt que de célébrer l’indépendance, puis les Aïeux, la population en colère a prévu de débuter l’année 2021 par une marche de protestation. Épisode d’un mouvement social puissant qui s’est déclenché en août 2018 et vise à provoque la démission du président.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er janvier 2021
Le président Jovenel Moïse au Mupanah, 2 janvier 2020