6 janvier : le Festival marron de la Jamaïque
Le 6 janvier de chaque année, les Marrons jamaïcains organisent un grand festival pour célébrer leur culture. Les Marrons, ce sont les esclaves évadés qui sont parvenus à s’établir dans un coin reculé du pays pour y fonder des villages demeurés indépendants pendant toute l’époque coloniale. Leurs descendants cultivent aujourd’hui des spécificités culturelles mises en avant par lors de cette Fête marron (Maroon Festival). La célébration a lieu dans la localité historique marron d'Accompong, au son de chants, danses, et jeux de tambour traditionnels.
Le marronage a été une réalité dans toute l’Amérique esclavagiste. La Jamaïque a connu des circonstances qui lui ont été favorables. De nombreux esclaves amenés par les Espagnols ont obtenu la liberté lors de l'invasion britannique en 1655. Ils ont établi des communautés libres dans les montagnes et ont parfois attaqué des plantations des colons.
C’est la raison pour laquelle les Britanniques ont enclenché une première Guerre des Marrons en vue d’éliminer ces anciens esclaves devenus libres mais sans y parvenir en raison de la résistance des communautés les plus organisées. L’un des chefs marrons jamaïcains les plus célèbres était Cudjoe, également connu sous le nom de capitaine Cudjoe ou Kojo. Il était le fils de Naquan, un prince africain déporté de l’actuel Ghana en Jamaïque vers 1640 et qui avait soulevé les esclaves de la colonie formant l’une des premières communautés de marrons, alors que l’île était encore espagnole.
Harcelé pendant 40 ans par les Anglais, Cudjoe non seulement ne fut jamais vaincu, mais il mena régulièrement des offensives contre des plantations pour libérer les esclaves. Il terrorisa les colons britanniques au point de faire rembarquer nombre d’entre eux en Angleterre. Faute de pouvoir le vaincre, le gouverneur de la Jamaïque, Edward Trelawney, dut se résoudre à signer un traité avec lui, le 1er mars 1739, reconnaissant les Marrons comme un peuple autonome et leur concédant une petite partie du territoire de la colonie.
Aujourd'hui, quatre de ces villes marrons existent encore en Jamaïque : Accompong Town, Moore Town, Charles Town et Scott's Hall. Elles détiennent des terres qui leur ont été attribuées dans les traités de 1739-1740 avec les Britanniques.
C’est à Accompong Town (du nom du frère de Cudjoe), située dans un coin peu accessible de la région de St-Elisabeth qu’est organisé chaque 6 janvier, le Maroon Festival dans le but de commémorer l’accord signé avec les Anglais il y a 285 ans. Comme, il a lieu en début d’année, il fait aussi figure de « Nouvel An Maroon ». Les autres Jamaïcains et les touristes sont autorisés à assister à bon nombre des événements de ce festival, essentiellement musicaux et gastronomiques. D'autres célébrations considérées comme sacrées sont tenues secrètes et restent entourées de mystère. Le chant, la danse, le jeu du tambour et la préparation d'aliments traditionnels sont au cœur du rassemblement. Une marche traditionnelle, notamment, conduit vers le légendaire arbre de Kindah, où un « porc maroon » est cuit et consommé. La fête dure ensuite toute la nuit, jusqu’à l’aube.
La Jamaïque célèbre aussi parmi ses héros : Nanny of the Maroons, dite la reine Nanny, qui pris la tête au XVIIIe siècle d’un groupe d’esclaves marrons défendant leurs liberté. D’autres pays se souviennent du marronage. C’est le cas du Suriname et du Brésil.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde