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1960, Chypre, indépendance, 1er octobre Bruno Teissier 1960, Chypre, indépendance, 1er octobre Bruno Teissier

1er octobre : l’amer anniversaire de l’indépendance de Chypre

C’est toujours avec une certaine amertume que la république de Chypre célèbre son indépendance. Cette année en particulier, alors que l’armée turque occupe une partie de l’île depuis exactement 50 ans dans l'indifférence générale de la communauté internationale.

 

C’est toujours avec une certaine amertume que la république de Chypre célèbre son indépendance. Cette année en particulier, alors que l’armée turque occupe une partie de l’île depuis exactement 50 ans. Chypre n’a été indépendante que très tardivement. Le Royaume-Uni qui avait pris l’île aux Ottomans en 1878, et plutôt que de la céder à la Grèce (plus de 80% de la population étant à l’époque de culture grecque), il l’a maintenu sous un statut colonial jusqu’en 1960. Quatorze ans plus tard, la Turquie envahissait le nord du pays. Et un demi-siècle plus tard, l’occupe toujours dans l’indifférence générale de la communauté internationale. L’indépendance de l’île ne fut finalement totale que de 1960 à 1974, et encore… car l’armée britannique est toujours présente sur une partie portion du territoire. Une présence qui s’avérée bien inutile lors de l’invasion turque alors que Londres est, selon les traités, garante de l’indépendance de l’île dans sa totalité.

Dans les années 1950, en particulier à partir du 1er avril 1955, les Chypriotes se sont très majoritairement battus pour être rattachés à la Grèce comme le furent, au cours du XXe siècle, les Crétois, les habitants de Rhodes, ceux de Corfou ou de Chios… Le conflit a duré quatre ans, ce qui a conduit le gouverneur britannique Sir Hugh Foot à déclarer l'indépendance de Chypre et non à proclamer la cession à la Grèce afin que la petite minorité turque (18% à l’époque) ne se retrouve pas encore plus minoritaire au sein de la Grèce.

C’est le 16 août 1960, un peu avant midi, que le drapeau britannique fut remplacé par le drapeau chypriote, conformément aux accords de Zurich et de Londres de 1959 (qui interdisait l’union avec la Grèce). Moins de 24 heures après la déclaration d'indépendance de Chypre, Sir Hugh Foote avait déjà quitté Chypre. La véritable date de l’indépendance de Chypre est, en effet, le 16 août 1960, mais le jour férié a été déplacé en 1963 au 1er octobre pour éviter la chaleur estivale et la saison touristique. Le souci des autorités chypriotes était que cet anniversaire soit célébré avec tous les honneurs et en présence du corps diplomatique international. Le 16 août est inclus dans la période des vacances d'été du pays, pendant laquelle les ambassadeurs étrangers sont absents.

Chaque année, dans la partie de Nicosie qui n’est pas sous occupation turque, le Jour de l’indépendance de Chypre (Ημέρα Ανεξαρτησίας της Κύπρου ) est marqué par un défilé d'unités de la Garde nationale, de forces grecques présentes à Chypre, de policiers et de pompiers. Après le défilé national, le président prononce son traditionnel discours. Les magasins et les entreprises de tout le pays peuvent être fermés pour célébrer et observer l'événement. De nombreuses personnes se rassemblent au Monument de la Liberté dans la capitale, qui a été créé en l'honneur des patriotes chypriotes qui ont lutté pour l'indépendance de leur patrie.

Une cérémonie commémorative est également organisée en l’honneur de ceux qui sont tombés en résistant au coup d’État de l’extrême droite grecque du 15 juillet 1974 qui a déclenché l’invasion turque. Des gerbes sont également disposées sur les tombes des prisonniers en l'honneur des treize combattants de la lutte de libération de 1955 à 1959 (EOKA) contre le régime britannique, ainsi que devant la statue de l'archevêque Makarios III, premier président de la République de Chypre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er octobre 2024

Faute d'avoir pu rejoindre la Grèce, Chypre a dû  se doter d'un drapeau national. Lequel ne devait contenir ni les couleurs bleu et rouge, symboles de la Grèce et de la Turquie ni ne figurer de croix ou de croissant. Le dessin qui a remporté le concours est celui du peintre chypriote turc Ismet Guney. Les rameaux d'olivier, sous la carte de l'île, symbolise la paix entre les deux communautés.

 
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1955, Chypre, Guerre de libération, 1er avril Bruno Teissier 1955, Chypre, Guerre de libération, 1er avril Bruno Teissier

1er avril : Chypre commémore son combat anticolonial

La fête nationale chypriote ne célèbre pas l’indépendance acquise en 1960 (1er octobre) mais, le début de la lutte armée, le 1er avril 1955, contre les Britanniques qui occupaient l’île. C’est le Jour de l’EOKA.

 

La fête nationale chypriote (εθνική εορτή της Κύπρου) ne célèbre pas l’indépendance acquise le 1er octobre 1960 mais le début de la lutte armée, en 1955, contre les Britanniques qui occupaient l’île depuis 1878.

Très symboliquement, c’est le 25 mars qui avait été initialement choisi pour lancer le soulèvement contre les Anglais mais la pleine lune rendant difficile l’opération, celle-ci fut ainsi repoussée à la nuit du 31 mars au 1er avril. À minuit, plusieurs explosions se sont fait entendre, elles visaient des cibles symbolisant la présence de Londres. Le chef militaire de cette lutte était George Grivas, alias Digenis, et son leader politique, l’archevêque Makarios. Son organisation était l’EOKA (Εθνική Οργάνωσις Κυπρίων Αγωνιστών). Les Chypriotes turcs qui, au départ étaient plutôt indifférents, ont été enrôlés pour maintenir l’ordre ce qui n’a pas arrangé les relations entre les deux communautés. Il faudra quatre années de combats et de guérilla de la part des Chypriotes grecs pour obtenir un semblant d’indépendance, toujours sous le regard des Anglais et des Turcs…

L’île de Chypre a vécu sous présence étrangère à partir de 1191, occupée successivement par les Francs, les Vénitiens, les Ottomans et enfin par les Anglais en 1878, quand les Ottomans, défaits en Crimée, ont été contraints de céder l’île aux Anglais pour payer leurs dettes.

L’espoir des Chypriotes grecs, comme des Grecs eux-mêmes, était l’union de Chypre à la Grèce (l’Énosis, ἔνωσις). En 1950, l’Église de Chypre avait organisé un référendum ou 96% de votants (parmi lesquels de nombreux Chypriotes turcs) se sont exprimés en faveur de cette union, mais les Anglais qui tenaient l’île n’ont rien voulu savoir. Pour un certain nombre de patriotes chypriotes grecs, seule la lutte armée pouvait donc permettre d’atteindre l’objectif de la réunification à la Grèce. C’est avec cette idée et cet objectif que s’est organisé l’EOKA dont on cultive aujourd’hui la mémoire.

En ce Jour de l’EOKA (Ημέρα της ΕΟΚΑ), le président Níkos Christodoulídis assiste à une célébration religieuse, ce matin, en la cathédrale Ayios Ioannis de l'archevêché. Il participe ensuite à un service commémoratif au cimetière pour déposer une gerbe en l'honneur des combattants qui y sont enterrés.

Aujourd’hui, les magasins et les entreprises sont fermés pour la plupart. Outre l’office religieux, des événements spéciaux ont lieu dans les écoles afin que les enfants soient sensibilisés à la lutte de l'île pour la liberté.

Chypre, on le sait, est divisée depuis 1974. Au sud, on célèbre l’action de patriotes. Au nord, au contraire, on raconte aux enfants que les commandos de l’EOKA étaient des terroristes. La mémoire de l’île, plus que jamais, est profondément cloisonnée.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Tombes de combattants de l'EOKA, au cimetière de la prison centrale de Nicosie, enterrés par les Britanniques pendant la lutte de libération de 1955-1959 pour la libération de Chypre. (Photo : Lapost)

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Écoliers célébrant la journée de l’EOKA

Le monument de la lutte EOKA (1955-1959) à Avgorou. (Photo : dimitrisvetsikas)

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Chypre, 12 juin, orthodoxes Bruno Teissier Chypre, 12 juin, orthodoxes Bruno Teissier

12 juin : Kataklysmos, la grande fête de Chypre

Les Chypriotes se préparent à la grande fête de l’île : durant cinq jours, toutes les villes côtières vont organiser d’importantes manifestations qui ont toutes un lien avec l’eau

 

Les Chypriotes se préparent à la grande fête de l’île : Kataklysmos (Κατακλυσμός). Durant cinq jours, toutes les villes côtières, et particulièrement Larnaca, vont organiser d’importantes manifestations qui ont toutes un lien avec l’eau : compétitions de natation et régates, divers jeux aquatiques mais aussi danses folkloriques et divers événements culturels en lien avec la fête.

Celle-ci démarre toujours par une imposante procession au cours de laquelle l’évêque du lieu plonge une croix dans la mer que des nageurs vont s’empresser d’aller récupérer. Une fois la croix restituée, la coutume veut que l’on s’asperge mutuellement d’eau dans une ambiance joyeuse.

L’origine de cette fête est controversée. Son nom semble renvoyer directement au déluge alors que d’autres y voient le souvenir de l’arrivée de saint Lazare ressuscité. En effet, les Évangiles disent que Lazare aurait rejoint les apôtres à Chypre pour y faire œuvre d’évangélisation, il y serait même devenu évêque de Kition (au Sud-Est de l’île). Enfin, on relierait cette cérémonie chrétienne à une fête païenne qui célébrait la naissance d’Aphrodite, celle-ci aurait vu le jour sur cette île !

Pour suivre les fêtes religieuses et traditionnelles, partout dans le monde, consulter l’Almanach des fêtes religieuses

 
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