1er avril : Chypre commémore son combat anticolonial

 

La fête nationale chypriote (εθνική εορτή της Κύπρου) ne célèbre pas l’indépendance acquise le 1er octobre 1960 mais le début de la lutte armée, en 1955, contre les Britanniques qui occupaient l’île depuis 1878.

Très symboliquement, c’est le 25 mars qui avait été initialement choisi pour lancer le soulèvement contre les Anglais mais la pleine lune rendant difficile l’opération, celle-ci fut ainsi repoussée à la nuit du 31 mars au 1er avril. À minuit, plusieurs explosions se sont fait entendre, elles visaient des cibles symbolisant la présence de Londres. Le chef militaire de cette lutte était George Grivas, alias Digenis, et son leader politique, l’archevêque Makarios. Son organisation était l’EOKA (Εθνική Οργάνωσις Κυπρίων Αγωνιστών). Les Chypriotes turcs qui, au départ étaient plutôt indifférents, ont été enrôlés pour maintenir l’ordre ce qui n’a pas arrangé les relations entre les deux communautés. Il faudra quatre années de combats et de guérilla de la part des Chypriotes grecs pour obtenir un semblant d’indépendance, toujours sous le regard des Anglais et des Turcs…

L’île de Chypre a vécu sous présence étrangère à partir de 1191, occupée successivement par les Francs, les Vénitiens, les Ottomans et enfin par les Anglais en 1878, quand les Ottomans, défaits en Crimée, ont été contraints de céder l’île aux Anglais pour payer leurs dettes.

L’espoir des Chypriotes grecs, comme des Grecs eux-mêmes, était l’union de Chypre à la Grèce (l’Énosis, ἔνωσις). En 1950, l’Église de Chypre avait organisé un référendum ou 96% de votants (parmi lesquels de nombreux Chypriotes turcs) se sont exprimés en faveur de cette union, mais les Anglais qui tenaient l’île n’ont rien voulu savoir. Pour un certain nombre de patriotes chypriotes grecs, seule la lutte armée pouvait donc permettre d’atteindre l’objectif de la réunification à la Grèce. C’est avec cette idée et cet objectif que s’est organisé l’EOKA dont on cultive aujourd’hui la mémoire.

En ce Jour de l’EOKA (Ημέρα της ΕΟΚΑ), le président Níkos Christodoulídis assiste à une célébration religieuse, ce matin, en la cathédrale Ayios Ioannis de l'archevêché. Il participe ensuite à un service commémoratif au cimetière pour déposer une gerbe en l'honneur des combattants qui y sont enterrés.

Aujourd’hui, les magasins et les entreprises sont fermés pour la plupart. Outre l’office religieux, des événements spéciaux ont lieu dans les écoles afin que les enfants soient sensibilisés à la lutte de l'île pour la liberté.

Chypre, on le sait, est divisée depuis 1974. Au sud, on célèbre l’action de patriotes. Au nord, au contraire, on raconte aux enfants que les commandos de l’EOKA étaient des terroristes. La mémoire de l’île, plus que jamais, est profondément cloisonnée.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Tombes de combattants de l'EOKA, au cimetière de la prison centrale de Nicosie, enterrés par les Britanniques pendant la lutte de libération de 1955-1959 pour la libération de Chypre. (Photo : Lapost)

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Écoliers célébrant la journée de l’EOKA

Le monument de la lutte EOKA (1955-1959) à Avgorou. (Photo : dimitrisvetsikas)

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