L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
13 juillet : la Journée des martyrs du Cachemire
Ce jour férié, récemment interdit par New Delhi, commémorait un massacre d’opposants musulmans au pouvoir autoritaire du maharaja du Cachemire, en 1931.
Cette journée, désormais interdite par le gouvernement de New Delhi, fait référence à un massacre lors du procès de Abdul Qadeer, un opposant au Maharaja. Il devait être jugé par un tribunal ordinaire, mais en raison de la mobilisation de l’opinion publique, le tribunal a été transféré dans une prison de Srinagar. Le jour du procès (le 13 juillet 1931), environ 4 000 à 5 000 personnes, toutes musulmanes, se sont présentées pour assister au procès. Les soldats qui gardaient la prison ont ouvert le feu sur les manifestants : 22 personnes ont été abattues. La première victime fut le muezzin qui lançait l’appel à la prière. C’est l’anniversaire de ce massacre que célèbre la Journée des martyrs du Cachemire (یومِ شہداءِ کشمیر). La foule a enterré les corps des personnes tuées par les forces de l'ordre dans le cimetière attenant au sanctuaire de Khwaja Bahawuddin Naqshbandi à Srinagar, connu depuis le nom de Mazar-e-Shuhada ou le Cimetière des Martyrs.
Le 13 juillet 1931 est considéré par les Cachemiris musulmans comme le premier jour de la lutte pour l'indépendance et la liberté au sens moderne. Cet anniversaire est devenu avec le temps une journée de manifestation contre le pouvoir indien. Si bien qu’en 2019, quand le gouvernement ultranationaliste de New Delhi a aboli l’autonomie du Jammu-et-Cachemire, la journée du 13 juillet a été supprimée en 2020 comme jour férié officiel du Jammu-et-Cachemire. Les porte du Mazar-e-Shuhada demeure fermées pour éviter tout hommage spontané.
Le Kashmir Martyrs' Day (ou Kashmir Day) est bien sûr toujours célébré dans la partie du Cachemire contrôlée par le Pakistan.
Les principaux partis politiques cachemiris ont exprimé leur désapprobation de ce qu'ils ont décrit comme une tentative de la nouvelle administration du Jammu-et-Cachemire d'effacer l'histoire et la mémoire collective Cachemire.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 juillet 2024
24 octobre : la Journée du Cachemire pakistanais
Cette fête annuelle du 24 octobre n’est célébrée que dans la portion du Cachemire qui se trouve aujourd’hui sous administration pakistanaise. L’Azad Kashmir (le « Cachemire libre », selon l’appellation locale) représente environ un tiers de l’ancien État princier du Cachemire.
Cette fête annuelle du 24 octobre n’est célébrée que dans la portion du Cachemire qui se trouve aujourd’hui sous administration pakistanaise. L’Azad Kashmir (le « Cachemire libre », selon l’appellation locale) représente environ un tiers de l’ancien État princier du Cachemire.
En 1947, le Cachemire a été confronté à un choix difficile au moment de la partition des Indes britanniques. La principauté est peuplée majoritairement de musulmans ce qui aurait dû la faire basculer du côté pakistanais, mais son maharaja, Hari Singh, était hindou. En raison de désaccords personnels avec Jawaharlal Nehru , il n’opta pas pour l’Inde mais pour ne pas devenir pakistanais, proclama l’indépendance de son État. Cette option provoqua la révolte des habitants de l’ouest du Cachemire.
Suite à un conflit armé avec les forces indiennes, le 24 octobre 1947, Muhammad Ibrahim Khan, connu comme le « Père de l'Azad Cachemire », a formé un gouvernement provisoire de l'Azad Jammu-et-Cachemire. Cette date est désormais célébrée comme l’anniversaire de la fondation de l’Azad Cachemire (le « Cachemire libre »). L’a partie occidentale du Cachemire ayant rejoint le Pakistan, le Maharaja a finalement cédé le contrôle de la partie restante du pays à l'Inde en échange d'une aide militaire. Cela a abouti à un conflit opposant l’Inde et le Pakistan (et, dans une moindre mesure, la Chine), qui se poursuit toujours. La ligne de front, toutefois, n’a pas bougé depuis le 1er janvier 1949.
Aujourd'hui, le Cachemire est divisé en trois parties administrées, l’une par l'Inde (les territoires du Jammu-et-Cachemire et le Ladakh), une autre par le Pakistan (l'Azad Kashmir et le Gilgit-Baltistan, ce dernier territoire s’est séparé du Cachemire le 1er novembre 1948) et enfin, la Chine (l’Aksai Chin et la vallée de Shaksgam).
Théoriquement, l’Azar Cachemire est une entité autonome dotée de son propre président, de son propre Conseil des ministres, de son Assemblée législative, de sa Cour suprême et de sa Haute Cour. Le ministère des Affaires du Cachemire et du Gilgit-Baltistan sert de lien entre les gouvernements du Pakistan et de l'Azad Cachemire. Cette autonomie reste très théorique. Cette Journée de l'Azad Cachemire (Azad Kashmir Day ou ومِ تاسیس آزاد کشمیر ) a été instaurée pour souligner le droit du Pakistan sur ce territoire. Il existe aussi une journée de solidarité avec le Cachemire, le 5 février, qui s’adresse à l’autre partie du Cachemire, celle réputée occupée selon la position pakistanaise.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 octobre 2023
5 février : le Pakistan se mobilise pour le Cachemire
Le jour est férié aujourd’hui au Pakistan, c’est la Journée de solidarité avec le Cachemire, un point chaud de la région, partagé par le Pakistan, l’Inde et même la Chine.
Le jour est férié aujourd’hui au Pakistan, le 5 février est la Journée de solidarité avec le Cachemire ( یوم یکجہتی کشمیر ). À cette occasion, le Premier ministre Imran Khan s’adresse à l’Assemblée législative de Muzaffarabad pour exprimer son soutien au peuple opprimé du Cachemire. Des chaînes humaines seront formées aux points de Kohala, Mangla, Holar et Azad Pattan reliant le Pakistan et l’Azad Kashmir. À Lahore, les citoyens forment une chaîne humaine à D-Chowk pour exprimer leur solidarité avec leurs frères cachemiris opprimés. Une minute de silence est observée à 10h00 dans tout le pays.
Le problème remonte à l’indépendance des deux pays donc, à la partition des Indes anglaises, en août 1947. Le maharadjah de l’époque, un hindou, régnait sur une population à 75% musulmane. Son idée était de ne rejoindre ni l’Inde ni le Pakistan mais de proclamer l’indépendance du Cachemire, ce qu’il fit. Il rêvait de faire de ce petit pays de 10 millions d’habitants, au milieu des montagnes, avec un potentiel touristique évident, la « Suisse du sous-continent ». On ne l’a pas laissé faire, le Cachemire a été attaqué à la fois par des commandos pakistanais et des bataillons indiens. En octobre, le souverain se voit contraint de demander assistance à l’Inde. Le Pakistan ne renonce pas pour autant. La guerre dure jusqu’au cessez-le-feu du 1er janvier 1949. La ligne de front n’a pas bougé depuis.
Le Pakistan occupe une partie du Cachemire qu’il désigne comme l’Azad Kashmir (« Cachemire libre ») et que les Indiens appellent POK (Pakistan Occupied Kashmir). Quant au reste du Cachemire, il a été intégré à l’Union indienne, sous le nom de Jammu-et-Cachemire (on lui a adjoint des régions non musulmanes afin de réduire la proportion des musulmans qui n’est plus que des deux tiers aujourd’hui) mais avec un statut spécial d’autonomie. Ce statut lui a été brutalement retiré en le 5 août 2019 par le gouvernement ultranationaliste de l’Inde. Le pays vit des deux côtés de la ligne de 1949, sous régime militaire. Ce qui n’empêche pas le terrorisme de se développer. Le Cachemire est un point chaud de la région. Une petite partie de l’ancien État princier du Cachemire est même occupée aujourd’hui par l’armée chinoise. Ce petit pays qui rêvait d’être un petit État neutre et touristique est aujourd’hui l’épicentre de toutes les tensions dans la région.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 février 2021