L’Almanach international

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1979, Centrafrique, massacre, 18 janvier Bruno Teissier 1979, Centrafrique, massacre, 18 janvier Bruno Teissier

18 janvier : la Journée des martyrs en Centrafrique

Chaque année, en Centrafrique on se souvient des dizaines d’écoliers tombés sous les balles de la police de l’empereur Bokassa Ier alors qu’ils protestaient contre le prix des uniformes qu’on leur imposait. C’était il y a 45 ans, ces dernières années le pays a été en proie à des violences d’une tout autre ampleur.

 

Alors que le pays est en proie à une vague de violence depuis plusie mois, va-t-on, comme chaque année, se souvenir des dizaines d’écoliers tombés sous les balles de la police de l’empereur Bokassa Ier alors qu’ils protestaient contre le prix des uniformes qu’on leur imposait. L’empereur s’était même rendu en prison pour bastonner personnellement ceux qui avaient échappés aux tirs. On était le  18 janvier 1979. Une Journée des martyrs a été instituée pour perpétuer leur souvenir.

Comme d’autres dirigeants africains, ce sinistre empereur était une création des autorités françaises. L’affaire, entre autre, a coûté sa réélection au président Giscard d’Estaing.

Cette journée souvenir n’a pas empêché, en 2010, le président Bozizé de  réhabiliter l’empereur et de le réhabiliter dans ces droits. François Bozizéa été renversé en 2013. Depuis, le pays a sombré dans la guerre civile. La majorité du territoire est aux mains de dizaines de milices armées qui provoquent des affrontements et commettent des massacres, malgré la présence militaire française et onusienne. Les autorités de manquent pas d’organiser chaque 18 janvier des cérémonies à l’occasion de cette Journée des martyrs. Ceux-ci se sont multipliés, victimes des différentes milices, depuis quelques années.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 janvier 2024

 
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1593, Armée, Thaïlande, 18 janvier Bruno Teissier 1593, Armée, Thaïlande, 18 janvier Bruno Teissier

18 janvier : l'armée, au pouvoir, parade dans les rues de Bangkok

Le 18 janvier est jour de grande parade militaire à Bangkok, en Thaïlande. Cette Journée de l’armée royale thaïlandaise fait figure d’autopromotion de la part de la junte militaire au pouvoir, appuyée par le roi. Cette journée fait aussi référence à un fait militaire vieux de 430 ans : un combat singulier à dos d’éléphant opposant le roi du Siam au prince héritier de Birmanie, qui s’est déroulé le 18 janvier 1593.

 

Le 18 janvier est jour de grande parade militaire à Bangkok, la Thaïlande (ou plutôt ses élites politiques) célèbre son armée. Un événement d’importance dans un pays qui a connu 19 coups d’État militaires depuis 1932 (date de l’abolition de la monarchie absolue). Le dernier date de 2014. Certes la junte militaire a cédé la place à un gouvernement civil durant l’été 2019, mais non sans avoir pris toutes les précautions pour continuer à diriger le pays. La constitution a été modifiée en 2016, désormais les membres du Sénat sont tous nommés par l’armée et comme un gouvernement doit être investi par les deux chambres, un parti minoritaire (pro-armée) peut se maintenir au pouvoir. C’est le cas du nouveau gouvernement, qui d’ailleurs a nommé à la tête d’armée le général Apirat Kongsompong, l’artisan du coup d’État de 2014, lequel multiplie les déclarations agressives contre l’opposition.

Cette modification constitutionnelle a été vécue comme un 20e coup d’État militaire inscrivant le pouvoir de l’armée dans la durée. Le roi, comme son défunt père qui a toujours penché du côté de l’armée, en a profité pour accroître ses prérogatives. Désormais ses décisions n’ont plus à être contresignées par un ministre. C’est donc une dictature militaire sous commandement royal qui parade aujourd’hui dans les rues de la capitale thaïlandaise.

Quant à la date de cette Journée des forces armées thaïlandaises (วันกองทัพไทย), le 18 janvier, elle fait référence à un combat singulier à dos d’éléphant opposant Naresuan (roi du Siam) au prince héritier de Birmanie. Le second fut tué par le premier à Nong Sarai (province de Suphanburi) le 18 janvier 1593. Le Siam (future Thaïlande) ne payant plus son tribut à la Birmanie, celle-ci avait envoyé une armée pour soumettre son vassal. Non seulement le Siam repoussa l’attaque, mais étendit son influence sur une vaste région. C’est donc un grand roi que vénère ce 18 janvier la Thaïlande. Autrefois, c’était sa date de naissance, le 25 avril qui était célébrée. Mais en 2005, il fut décidé qu’il valait mieux célébrer la fameuse bataille que l'histoire officielle raconte comme un duel à dos d’éléphant (Iuthheete) entre un roi et un prince. Soit le plus prestigieux des combats en Asie du Sud-Est. Désormais aucune armée, pendant longtemps, n’osa plus marcher sur Ayutthaya (la capitale de l’époque). Sous son règne (1590-1605), le roi Naresuan redonna au Siam toute sa puissance : le royaume atteignit son expansion maximale.

Chaque 18 janvier, une cérémonie est organisée au quartier général de l'Armée royale thaïlandaise de 10h00 à 11h30, complétée par une célébration au sanctuaire Phra Chai Mongkhon Phum, rendant hommage au roi Rama V, suivi d’une cérémonie de dépôt de gerbes au Mur du Souvenir et une célébration bouddhiste. Puis, à 13h00, le général Narongpan Jitkaewthae, commandant en chef de l'armée royale thaïlandaise rend visite aux blessés de l'hôpital Phramongkutklao, y compris la visite de soldats blessés à l'hôpital de l'armée. Ce même jour, des soutiens du régime organisent des actions caritatives et bénévoles.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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Habillés de jaune, couleur de la monarchie, les soutiens du régime se mobilisent le Jour de l’armée royale pour des actions caritatives bénévoles ou en faveur de l’environnement.

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1952, Tunisie, lutte pour l'indépendance, 18 janvier Bruno Teissier 1952, Tunisie, lutte pour l'indépendance, 18 janvier Bruno Teissier

18 janvier : il y a 70 ans la Tunisie se soulevait contre l’occupation française

C’est la Fête de la Révolution en Tunisie, qui commémore le début du soulèvement contre l’administration coloniale française, le 18 janvier 1952. La date est peu connue des Tunisiens les plus jeunes, bien que ce fût un jour férié pendant trente ans…

 

Aujourd’hui, théoriquement, c’est la Fête de la Révolution ( عيد الثورة ) en Tunisie, elle commémore le début du soulèvement contre l’administration coloniale française, le 18 janvier 1952. Bien que ce fût un jour férié pendant trente ans (de 1957 à 1987), la date du 18 janvier est peu connue des Tunisiens les plus jeunes car, depuis, elle a été occultée par d’autres révolutions. En 1988, le président Ben Ali l’a remplacé par sa propre révolution, celle du 7 novembre 1987 qui avait destitué le président Bourguiba, le père de l’indépendance. Puis, c’est la révolution du 14 janvier 2011 qui a renversé le dictateur Ben Ali et qui a été commémorée de 2012 à 2021. Mais, récemment, le président Kaïs Saïed a annoncé que la chute du dictateur serait désormais célébrée chaque 17 décembre, en hommage à l’élément déclencheur de la Révolution de Jasmin. Quant à la Révolution de 1952, il est toujours peu question d’en faire grand cas.…

Cela dit, la date du 18 janvier n’a jamais été totalement effacée du calendrier officiel des célébrations, même si ce n’est plus un jour férié et qu’elle est toujours célébrée dans une grande discrétion, voire indifférence. Mais cette année, c’est le 70e anniversaire de l’événement qui a conduit la Tunisie à l’indépendance. Le 18 janvier 1952, Habib Bourguiba était arrêté  ainsi que 20 de ses compagnons par les forces françaises. Bourguiba était le leader  du Néo-Destour (PND), le mouvement qui lutte pour l’indépendance du pays).  Aussitôt, le pays s’est embrasé et l’UGTT, dirigée par Farhat Hached, a décrété la grève générale. Des rassemblements populaires se sont produits dans plusieurs villes du pays. Une guérilla s'est même organisée dans les montagnes. La grève générale, déclenchée le 22 janvier, a tourné à l'affrontement avec l'armée française. Il y a eu des dizaines de morts et des milliers de personnes détenues dans les régions.

La France finit par reconnaître en 1954 l’autonomie interne de la Tunisie. Le 20 mars 1956,  Pierre Mendès-France signera les accords d’indépendance totale, mettant fin à 75 ans d’occupation française de la Tunisie.

La date du 18 janvier a aussi une dimension politique dans la Tunisie actuelle. En 2018, la présidente du Parti destourien libre (héritier du PND), Abir Moussi qui faisait allusion à ces événements historiques en déclarant dans un meeting populaire organisé le 14 janvier dernier que son parti « ne reconnaissait qu’une seule révolution, celle du 18 janvier 1952 ». À la veille de cette commémoration du 18 janvier 2022, la présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, menace de poursuivre en justice la Télévision nationale si elle ne diffuse pas, ce 18 janvier, un documentaire sur les événements du 18 janvier 1952. Soulignant que l’État est tenu de préserver la mémoire nationale. La commémoration de 2022 s’avère être un élément du combat politique contre la dérive autoritaire du président Kais Saied.

Si les autorités algériennes cultivent à l’excès la mémoire de la lutte pour l’indépendance, le pouvoir tunisien semble au contraire, particulièrement oublieux.

Mise à jour janvier 2023 : le 14 janvier 2023, plus de 10 000 manifestants ont défilé à Tunis, avenue Bourguiba, à l’appel des différents partis d’opposition. Ils sont vent debout contre le régime autoritaire que Kaïs Saïed est en train de mettre en place depuis le coup d’État du 21 juillet 2021. Mais, ils protestent aussi contre les pénuries alimentaires qui ont obligé la Tunisie à faire appel à l’aide de la Libye.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Bourguiba pendant une manifestation en 1951

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