L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1891, Inde, héros national, 14 avril Bruno Teissier 1891, Inde, héros national, 14 avril Bruno Teissier

14 avril : l’anniversaire du Dr Ambedkar, l’un des fondateurs de l’Inde actuelle

Il a été l’un des premiers intouchables à faire des études supérieures et à se hisser au plus haut niveau de l’État indien dont il a participé à la fondation. On lui doit l’essentiel de la constitution indienne, notamment les articles sur la laïcité, la lutte contre les discriminations… Il n’est pas vraiment dans la droite ligne de l’Inde de Narendra Modi mais son culte n’a cessé de grandir ces dernières années.

 

C’est le 134e anniversaire de Babasaheb Ambedkar et son aura n’a cessé de grandir ces dernières années. Cet homme, né dans un milieu défavorisé et qui sera l’un des premiers intouchables à faire des études supérieures, à bénéficier d’une bouse pour étudier aux États-Unis et à Londres, puis à se hisser au plus haut niveau de l’État indien dont il a participé à la fondation. Il fut député, ministre de la Justice, du Travail… On lui doit l’essentiel de la constitution indienne, notamment les articles sur la laïcité, la lutte contre les discriminations. Très jeune, il a lutté contre le système des castes et, une fois au gouvernement, il a mis en place une discrimination positive en faveur des plus défavorisés.

Bhimrao Ramjo Ambedkar est né le 14 avril 1891 à Mhow (appelé aujourd'hui Ambedkar Nagar) dans le Madhya Pradesh. Son anniversaire a été fêté publiquement pour la première fois à Pune, en 1928, par ses partisans. Mais il a fallu attendre 1990, à la veille de son centenaire, pour que le Dr Ambdekar reçoive à titre posthume le Bharat Ratna, la plus haute distinction civile indienne. La période 1990-91 fut, en outre, déclarée « Année de la justice sociale ». Certains État de l’Inde célèbrent le 14-Avril une journée de l’équité. Babasaheb Ambedkar (son surnom) est particulièrement vénéré par les intouchables qu’il appelait les datits, dont il était (car sa famille était de la caste des Mahars) ; mais aussi des bouddhistes, car un an avant sa mort, en 1956, il s’était converti au Bouddhisme pour protester contre le maintien de l’esprit des castes (pourtant abolies par la constitution) et la sur-représentation des hautes castes au sommet de l’État. Il avait entraîné avec lui la conversion en masse de plusieurs centaines de milliers d’intouchables.

Ambedkar Jayanti n'est pas une fête nationale en Inde. Mais, c'est un jour férié dans 25 États et territoires de l'Union indienne (sur 36) , dont Andhra Pradesh , Bihar , Chandigarh , Chhattisgarh , Goa , Gujarat , Haryana , Himachal Pradesh , Jammu-et-Cachemire , Jharkhand , Karnataka , Kerala , Ladakh , Madhya Pradesh. , Maharashtra , Odisha , Pondichéry , Pendjab , Rajasthan , Sikkim , Tamil Nadu , Telangana , Uttarakhand , Uttar Pradesh , Bengale occidental…

Ces deux dernières décennies le culte d’Ambdekar a pris de l’ampleur. Le jour de son anniversaire, les gens se rassemblent devant les statues et les mémoriaux du Dr Ambedkar pour lui rendre hommage. Les autorités indiennes ont fini par s’y plier et à déclarer, localement, la journée du 14 avril comme fériée. Les écoles et les universités organisent des séminaires, des conférences et des discussions pour informer les jeunes générations sur la vie, les philosophies et les contributions d'Ambedkar. Les processions et rassemblements publics sont très courants dans le cadre des célébrations. On organise chaque année le marathon « Run for Ambdekar ». Des spectacles de danse et de musique traditionnelles illustrant les thèmes de l'égalité et de la justice sociale ajoutent une dimension culturelle aux célébrations. On prononce des discours et organise des débats sur des questions liées à la justice sociale et à la discrimination de caste.

Le Dr Ambdekar n’est pas vraiment dans la droite ligne de l’Inde de Narendra Modi mais son culte n’a cessé de grandir ces dernières années. On célèbre aussi l’anniversaire de sa mort (Mahaparinirvan Diwas), chaque 6 décembre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 avril 2024

 
Lire la suite
1905, France, Laïcité, 9 décembre Bruno Teissier 1905, France, Laïcité, 9 décembre Bruno Teissier

9 décembre : la journée de la laïcité en France

« La République ne reconnaît aucun culte » dit la loi de 1905… bon courage aux professeurs pour l’expliquer à leurs élèves. Le 9 décembre est l’anniversaire de la loi de 1905 de séparation entre l’Église et l’État. En dépit de demandes récurrentes, ce jour n’est pas férié en France. Et il y a peu de chance pour que cela se fasse pendant la présidence Macron. Depuis 2015, toutefois, une Journée de la laïcité est célébrée dans tous les établissements scolaires de France, le 9 décembre.

 

En France, des voix réclament régulièrement de faire du 9 décembre un jour férié dédié à la laïcité. C’est l’anniversaire de la loi de 1905 de séparation entre l’Église et l’État. Un pas a été fait en ce sens sous la présidence de François Hollande : depuis 2015, une Journée de la laïcité est célébrée dans tous les établissements scolaires de France, le 9 décembre. Cette année, elle marque le 118e anniversaire de la loi de séparation des Églises et de l’État (1905), qui a participé à enraciner la laïcité (instituée dès 1882 pour les enseignements) à l’école publique.  « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. » (art. 2 de la loi du 9 décembre 1905).

Outre le fait que cette loi n’est pas appliquée en Alsace et en Moselle créant une rupture d’égalité entre les Français, elle semble bien méconnue par Emmanuel Macron, qui, le 23 décembre dernier, assistait, en tant de président des Français, à la messe que le souverain pontife a célébrée au Stade-Vélodrome de Marseille. Ce qui ne s’était quasiment jamais fait sous la cinquième république.  Il y a deux jours,  le Grand Rabbin de France était invité à Élysée pour allumer la première bougise de la fête juive d’Hanoucca, une première dans l’histoire de la république. Cette année, la leçon des enseignants du secondaire sur la laïcité va être plus difficile à concevoir et à transmettre. L’Élysée va devoir fêter Noël (pas uniquement pour les enfants du personnel) de manière multiple. Car selon la fâcheuse logique communautarisme qui se met en place, il conviendra d’organiser un réveillon de Noël le soir du 5 janvier prochain, en solidarité avec les Arméniens qui ont connu eux aussi des journées dramatiques, il y a peu. Sans oublier ensuite, le Nowrouz, en mémoire des Kurdes et des Iraniens persécutés, l’Illumination du Bouddha… On se demande, à présent, quelle fête musulmane va être choisie par l’Élysée en mémoire des dizaines de milliers de Palestiniens morts à Gaza sous les bombes de Tsahal et en Cisjordanie, sous les balles des colons extrémistes ?

« La République ne reconnaît aucun culte », cette phrase forte de la loi de 1905 devrait figurer  au fronton de l’Élysée et pas seulement chaque 9 décembre.

Le principe de laïcité est au fondement du système éducatif français depuis la fin du XIXe siècle. Les différents enseignements contribuent à la transmission de la laïcité, en particulier l’enseignement moral et civique, l’histoire géographie ou encore la littérature. Ce principe figure dans l’article premier de la Constitution de 1958 : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la Loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. »

Selon le Conseil constitutionnel  : « le principe de laïcité impose notamment le respect de toutes les croyances, l’égalité de tous les citoyens devant la loi sans distinction de religion et que la République garantisse le libre exercice des cultes » (décision n° 2012-297 QPC du 21 février 2013). Une position que chacun l’interprétera à sa manière…

La loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République institutionnalise la Journée de la laïcité au sein de la fonction publique. La loi rend obligatoire la désignation d'un référent laïcité dans les trois fonctions publiques. Le référent est notamment chargé d'organiser une journée de la laïcité le 9 décembre de chaque année. Les initiatives de l’Élysée ne lui facilitent pas la tâche.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 décembre 2023

 
Caricature de 1905

Caricature de 1905

laicité.jpg
laicité1.png
Lire la suite
1806, Mexique, président, héros national, 21 mars Bruno Teissier 1806, Mexique, président, héros national, 21 mars Bruno Teissier

21 mars : l’anniversaire de Benito Juárez, ancien président du Mexique

Ce président qui a dirigé le Mexique au XIXe siècle avec des idées libérales est célébré comme un héros national, en raison de sa résistance à l’invasion française et à l’Église catholique. Benito Juárez demeure aussi le seul président d’origine indienne, ce qui le rend conforme à l’image que le Mexique veut donner de lui-même. Son anniversaire fait l’objet d’un jour férié.

 

Benito Juárez est le seul président du Mexique dont l’anniversaire a suscité la création d’un jour férié. Il a enchaîné quatre mandats consécutifs entre 1861 et 1872. S’il a été proclamé héros national et Père de la Patrie, c’est d’abord pour avoir su résister à l’invasion française du Mexique (voir 5 mai) mais aussi pour sa politique libérale et laïque. Il a promulgué des lois relatives à la réforme agraire, à la liberté de la presse et à la séparation entre l'Église et l'État, il a retiré des privilèges à l'armée… Son intérêt pour le peuple mexicain s'est concrétisé dans les travaux publics, dans la création d'écoles primaires et supérieures...

S’il symbolise le Mexique plus que tout autre, c’est en raison de ses origines indiennes. Il est né le  21 mars 1806, à San Pablo Guelatao dans une vallée de la Sierra Madre. Enfant, il ne parlait que le zapotèque. C’était un fils de paysan. On raconte qu’ayant perdu une brebis, il se serait enfui et réfugié dans la ville d’Oaxaca, pour échapper à sa punition. Là, il a pris l’espagnol, il a fait des études, il est devenu avocat. Il a participé à toutes les luttes politiques au plus haut niveau de l’État. Il correspond tout à fait à l’image que le Mexique veut se donner : même un petit berger zapotèque peut espérer devenir un jour président de la république. Il est le symbole d’un pays qui se veut libéral (au sens américain du terme) et sans préjugés raciaux (contrastant ainsi avec son grand voisin du nord, où à son époque la moitié du pays s’est battue pour empêcher l’abolition de l’esclavage). Benito Juárez demeure toutefois, à ce jour, le seul président d’origine indienne.

Peu valorisé en France, en raison de sa participation à la déroute de l’armée française au Mexique, Benito Juárez est pourtant très connu des milieux progressistes dans le monde. En Italie, si le fils d’un forgeron socialiste fut baptisé en 1883 du prénom de Benito, c’est en hommage à la lutte anti-impérialiste menée par le président Juárez, il s’appelait Mussolini.

Ce mardi 21 mars, pour la Commémoration de la naissance de Benito Juárez (Conmemoración del natalicio de Benito Juárez), les écoliers et lycéens ont congés ainsi, bien sûr, que les enseignants. Mais, le jour férié qui offre chaque année un week-end prolongé à tous les Mexicains est tombé hier, le 20 mars. Pour que tous les travailleurs puissent en profiter chaque année il a été placé le troisième lundi de mars, c’est-à-dire hier. Comme les écoles et universités étaient aussi fermées le 18 mars, Cárdenas et Juárez, ont offert cette année cinq jours de vacances scolaires.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 mars 2023

 

détail d’une œuvre du muraliste mexicain Antonio González Orozco

Soldats et patriotes mexicains (droite) affrontant des troupes française envoyées par Napoléon III (gauche)

Lire la suite