L’Almanach international

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1959, Chine, Tibet, 28 mars Bruno Teissier 1959, Chine, Tibet, 28 mars Bruno Teissier

28 mars : Journée de l'émancipation des serfs au Tibet

La commémoration est controversée et participe pleinement à la propagande chinoise dont le but est de justifier l’occupation du Tibet par la Chine. N’empêche qu’en réprimant le soulèvement du Tibet en 1959, au prix de 87 000 morts et l’exil de 100 000 Tibétains, le gouvernement de Pékin a pris le contrôle d’un territoire autonome qui vivait encore à l’époque du servage.

 

La commémoration est controversée et participe pleinement à la propagande chinoise dont le but est de justifier l’occupation du Tibet par la Chine. N’empêche qu’en réprimant le soulèvement du Tibet en 1959, au prix de 87 000 morts et l’exil de 100 000 Tibétains, le gouvernement de Pékin a pris le contrôle d’un territoire autonome qui vivait encore à l’époque du servage : 90% de la population travaillaient de manière contrainte au profit d’une petite élite. Cette réalité est souvent occultée. Le Tibet a perdu sa liberté (sa langue et sa culture sont menacées) en tombant totalement sous la coupe du gouvernement chinois, mais la grande majorité de la population a vu son statut social s’améliorer, même si c’est pour se retrouver gouverné par une dictature communiste réprimant sans pitié la moindre incartade politique.

La date du 28 mars est en fait l’anniversaire de la dissolution du gouvernement tibétain en 1959. Le choix de cette date a été vécu comme une provocation par les Tibétains en exil. L’abolition du servage a été, en fait, décidée que le 17 juillet 1959. Le choix de 2009 pour lancer cette commémoration était stratégique, c’était l’année du cinquantenaire des événement de 1959. Il s’agissait de justifier aux yeux du monde, la présence chinoise au Tibet. Ce territoire est stratégique pour la Chine, notamment pour le contrôle des ressources en eau d’une grande partie de l’Asie du Sud.

La Journée de la libération des serfs au Tibet (農奴解放日) est un élément important de la propagande chinoise. Elle s’inscrit toutefois parmi les dates anniversaires de l’abolition de l’esclavage dans les différentes parties du monde.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
Le drapeau de la Chine face au palais du Potala au cœur de Lhassa

Le drapeau de la Chine face au palais du Potala au cœur de Lhassa

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10 mars : il y a 64 ans les Tibétains se soulevaient contre l'occupation chinoise

La diaspora tibétai­ne commémore le soulève­ment de 1959 au Tibet contre l’invasion chinoise. Sur place, tout est verrouillé, la présence policière et militaire renforcée et le Tibet est fermé aux étrangers. À l’époque, le Tibet n’avait pas bénéficié d’une mobilisation internationale contre l’agression chinoise, comme c’est le cas aujourd’hui en faveur de l’Ukraine.

 

Voilà une cause bien éclipsée aujourd’hui par la crise ukrainienne, mais la diaspora tibétai­ne n’oublie pas ce rendez-vous annuel. Chaque année, le 10 mars, elle commémore le soulève­ment de 1959 au Tibet contre l’invasion chinoise.

Le 10 mars 1959, des dizaines de milliers d’hommes et de femmes sont descendus dans les rues de Lhassa pour réclamer l’indépendance du Tibet. Ce mouvement de protestation, porté par une population déjà exaspérée, fut réprimé dans un bain de sang (plus de 80 000 morts). Pékin considérait le Tibet comme appartenant à la zone d’influence chinoise, il n’était pas question d’imaginer son émancipation. Ce raisonnement est aujourd’hui celui de Moscou à l’égard de l’Ukraine.

Aujourd’hui, la commémoration se déroule à l’extérieur du pays, notamment en Inde, où une partie des Tibétains sont réfugiés. Notamment dans la ville himalayenne de Dharamsala, dans le nord de l'Inde où est réfugié le Dalai Lama. Au Tibet, tout est verrouillé, la présence policière et militaire renforcée et le pays est fermé aux étrangers pour quelques jours. Ceux-ci, d’ailleurs, ont été rares en Chine ces derniers temps, en raison de l’épidémie de covid.

Suite aux manifestations de 2008 au Tibet, lourdement réprimées par l’État chinois (plus de 200 morts, 5 000 prisonniers, condamnations à de lourdes peines de prison et des exécutions), la situation au Tibet ne cesse d’empirer : on déplore plus de 2000 prisonniers politiques tibétains, des morts sous la torture, des disparitions forcées, des violences des forces de polices contre des rassemblements pacifiques entraînant des morts. Depuis 2009 au Tibet, quelque 150 Tibétains se sont immolés par le feu pour protester contre cette répression. La plupart sont morts. Pékin alourdit son emprise sur la région, depuis 2019, il prélève de manière systématique l’ADN des 3,5 millions de Tibétains comme il l’a fait pour les 23 millions de Ouïghours. On ignore l’objectif précis de ce programme. En revanche, l’envoi de centaines de milliers d'enfants tibétains, âgés de 4 à 18 ans, dans des internats coloniaux chinois au Tibet, loin de leurs familles, est beaucoup plus clair : il vise à éradiquer la culture tibétaine. 

La Chine suit la crise ukrainienne avec intérêt, elle s’est abstenue à l’ONU de condamner l’agression russe. Elle le sait, un parallèle pourrait être fait avec l’invasion du Tibet en 1959. Elle est également dans le viseur de la communauté internationale pour sa politique d’élimination du peuple ouïghour et ses visées sur Taïwan.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

à lire : Himalaya à cœur ouvert, dans lequel, l’auteur Alain Laville, parle de la souffrance du peuple tibétain à travers une série de témoignages recueillis au Tibet.

 
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Chine, Fête des morts Bruno Teissier Chine, Fête des morts Bruno Teissier

5 avril : la fête des morts en Chine, fortement perturbée par l'épidémie

C’est Qingming, la fête des morts. D’ordinaire, pas un Chinois ne manquerait la cérémonie familiale traditionnelle lors de laquelle on nettoie les tombes et on fait des offrandes aux défunts. Cette année, le rebond de l’épidémie de Covid empêche beaucoup d’entre eux l’accès aux cimetières ou le retour dans la province d’origine.

 

Aujourd'hui, 5 avril 2022, c'est la fête des morts Qingmingjie (清明節) en Chine. Cette année, comme en 2020, la journée est perturbée par un rebond de la pandémie. Pour entrer dans les cimetières des grandes villes, il faut d’abord réserver sur internet, avec la date précise, l’horaire et présenter sa carte d’identité. Pas plus de trois personnes par tombe… D’ordinaire, pas un Chinois ne manquerait cette cérémonie familiale traditionnelle lors de laquelle on nettoie les tombes et on fait des offrandes aux défunts. Il est très compliqué d’aller sur les tombes, notamment à Shanghai dont les 25 millions d'habitants se retrouvent confinés, en alternance. L'année dernière, les 54 cimetières et columbariums de Shanghai ont été visités par 3 millions et demi de personnes.

Les traditions évoluent : en guise d’offrande, les Chinois se précipitent dans des magasins qui vendent des iPad et des iPhone… en papier, en tous points similaires aux vrais, accessoires et écouteurs fournis ! Ils vont ensuite les brûler sur les tombes de leurs ancêtres, comme ils le font avec de la fausse monnaie ou tout objet à travers lequel on souhaite honorer les défunts. 

Auparavant, les tombes ont été minutieusement nettoyées, décorées de fleurs, de bougies, pour ceux qui en ont la possibilité. Car, pour les milliers d’ouvriers qui ont migré loin de leur région natale, il reste la solution d’accomplir le rite dans la rue ou chez soi sinon de faire appel aux services d’un « remplaçant » qui accomplira pour eux le devoir filial ! C’est encore une nouveauté et une activité très lucrative pour des centaines de micro-entreprises qui ont flairé la bonne affaire. Moyennant un supplément, le « rempla­çant » peut même pleurer à la place de son client, vidéo ou photo à l’appui comme témoignage de l’accomplissement en bonne et due forme de la prestation ! Qingming, la fête des morts appelée aussi fête de la clarté (Qing) est célébrée en Chine depuis des millénaires et fut interdite au plus fort de la révolution culturelle (1966-1976).

Depuis 2008, Qingming donne droit à de trois jours de congé pour favoriser les retours en terre natale et pour désengorger les routes durant d’autres périodes de congés. Mais, cette année avec la flambée épidémique du Coronavirus, les autorités découragent vivement les déplacements.

Les résidents de Pékin sont découragés de quitter la ville sans raison valable. La province du Jilin (nord-est) a elle interdit les voyages vers d'autres provinces depuis le 14 mars. Certaines régions ont même fermé les lieux de services funéraires publics, conformément aux protocoles épidémiques, pour empêcher les rassemblements de masse. À Shenzhen, dans la province du Guangdong (sud), tous les sites de services funéraires sont temporairement fermés depuis le 14 mars…

Le cimetière de Fushouyuan, dans le district de Qingpu, a mis en place une plateforme en ligne permettant aux gens d'exprimer leur chagrin, leur amour et leurs souvenirs, en promouvant de nouvelles façons de rendre hommage et en contrôlant le nombre de visiteurs pour empêcher les rassemblements pendant la pandémie. Les internautes peuvent créer un lieu commémoratif pour leur propre famille avec de vieilles photos et des mémoires de leurs ancêtres. Les membres de la famille peuvent allumer des bougies, déposer des fleurs, modifier les détails biographiques de leurs proches, télécharger des photos et des vidéos et offrir des sacrifices virtuels et des objets commémoratifs via la plateforme. Le cimetière chinois devient ainsi virtuel.

Pour suivre les fêtes religieuses, partout dans le monde, consulter l’Almanach des fêtes religieuses

 
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