L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
14 août : la fête marocaine de l’Allégeance de l’Oued Eddahab, province la plus méridionale du Sahara occidental
L’Oued Eddahab correspond à la partie du Sahara occidental que la Maroc a annexé en août 1979, quand la Mauritanie en a abandonné le contrôle sous la pression guerrière du Front Polisario.
Avec les années, cette fête a perdu de son importance et de sa ferveur, mais le 14 août est un jour férié au Maroc. On y célèbre l’Allégeance Oued Eddahab (ذكرى استرجاع إقليم وادي الذهب). Si on s’en tient au discours officiel marocain, le 14 aout 1979, 360 représentants de la province sont venus effectuer la bayaa (le serment d’allégeance traditionnel) auprès du roi du Maroc, Hassan II, marquant ainsi l’allégeance de l’Oued Eddahab au royaume chérifien.
Ce territoire correspond à la partie du Sahara occidental qui avait été allouée à la Mauritanie lors des accords de Madrid de 1975. Quant aux deux autres tiers de cette colonie espagnole, ils ont été cédés au Maroc. L’ONU demandait depuis 1963 à l’Espagne de rendre sa liberté à ce territoire saharien qu’elle occupait depuis la fin du XIXe siècle. Dans la débâcle de la fin de la dictature franquiste, ce territoire fut partagé à la hâte entre ses deux voisins situés au nord et au sud. Une partie de la population a accepté cette solution, une autre l’a refusé. Faute de consultation démocratique, on ne connaît pas la proportion de chaque camp. Un mouvement de libération local, le Front Polisario, avait engagé dès 1973, une guerre contre l’Espagne. Au retrait de la puissance coloniale, il poursuivra le combat pour l’indépendance du territoire en s’opposant à la mainmise de la Mauritanie et du Maroc. En 1979, la Mauritanie se retire, épuisée par la guerre, mais le territoire qu'elle abandonne est annexé par le Maroc le 14 août 1979 qui en a fait sa province la plus méridionale, sous le nom de Dakhla-Oued Ed-Dahab.
Cette annexion, contraire au droit international, n’est pas reconnue par les Nations unies, ni par aucun de ses membres, à l’exception notable des États-Unis, depuis le 10 décembre 2020.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 août 2023
6 novembre : la Marche verte des Marocains
En 1975, le roi du Maroc Hassan II dont le trône était chancelant appelait son pays à marcher sur le Sahara occidental alors occupé par l’Espagne ; 350 000 Marocains répondent à l’appel. Cette « récupération de terres historiquement marocaines » sera sa cause sacrée et justifiera de faire taire toute opposition à son régime autoritaire. Chaque année, l’événement fait l’objet de grandes célébrations patriotiques.
Cet après-midi, à 16h, le Grand Stade de Tanger accueille un événement spectaculaire. Après Mohammedia l’an dernier, c’est cette année à Tanger de réunir 35 000 enfants autour du thème «Le Maroc dans son Sahara et le Sahara dans son Maroc». Ces enfants choisis de divers établissements scolaires publics et privés, accompagnés par parents et grands-parents, commémorent le 47e anniversaire de la Marche verte (ذكرى المسيرة الخضراء). Ce soir le roi Mohamed VI va s’adresser à la nation. Son discours sera diffusé sur les ondes à partir de 21 heures. Le jour est férié au Maroc.
En 1975, le roi du Maroc Hassan II dont le trône était chancelant appelait son pays à marcher sur le Sahara occidental alors occupé par l’Espagne ; 350 000 Marocains répondent à l’appel. Cette « récupération de terres historiquement marocaines » sera sa cause sacrée et justifiera, pendant des années, de faire taire toute opposition à son régime autoritaire.
47 ans plus tard, le ressort patriotique fonctionne toujours, c’est tout un pays qui se retrouve aujourd’hui derrière son drapeau pour commémorer un événement fédérateur et historique : la Marche verte. Les « anciens » lancent le début des cérémonies en témoignant de ce qu’ils ont vécu et de l’importance de cette marche pacifique et sans arme. De fait, toutes les villes du pays vont voir défiler des foules brandissent d’une main le Coran, de l’autre le drapeau marocain, ni arme ni violence mais des prières et des chants patriotiques.
Le coup de bluff a formidablement réussi : le territoire est aujourd’hui intégré au royaume du Maroc, au moins officieusement, et plus le temps passe plus s’amenuise le risque que cette annexion unilatérale soit remise en question. Mais, quel coût ! Depuis plusieurs décennies l’économie du Maroc entretient à grand frais des forces d’occupation et des transferts massifs d’argents destinés à acheter la paix sociale sur le territoire. Quel coût politique aussi ! Puisque que cet argument patriotique a permis à la monarchie d’établir un régime autoritaire qui n’a connu que de récents aménagements à la faveur du printemps arabe.
Lire : Géopolitique du Maroc de Kader Abderrahim
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 novembre 2022
27 février : drôle de fête au Sahara occidental
La République arabe sahraouie démocratique (RASD) fête ses 43 années d’une existence très relative, il faut bien l’avouer.
La République arabe sahraouie démocratique (RASD) fête ses 44 années d’une existence très relative, il faut bien l’avouer. La république a bien un président et un gouvernement mais établis, quasiment depuis l’origine, en territoire étranger : c’est Tindouf, localité algérienne, qui fait figure de capitale de la RASD. La fiction ne s’arrête pas là. Le pays se proclame arabe, alors que la population est berbère pour l’essentiel. Quant à son caractère démocratique, il est aussi virtuel que ne l’étaient celui des « démocraties populaires » de l’ancien bloc communiste. Cet État un peu surréaliste est tout de même reconnu par une cinquantaine de pays dans le monde, la liste fluctuant régulièrement au hasard des alternances politiques (dernièrement le virage à droite de l’Uruguay et de la Bolivie par exemple). Le principal soutient demeure l’Algérie. Une RASD, qui lui serait fidèle, lui ouvrirait une fenêtre sur l’océan, au grand dam du Maroc qui craint l’encerclement. Dans les faits, le territoire de la RASD est occupé à 80 % par ce dernier, depuis la Marche verte (voir le 6 novembre). Mais, Rabat n’a pas réussi à faire entériner son annexion, de fait, par la communauté internationale. Quant aux Sahraouis, qui existent bel et bien, personne ne s’est jamais soucié de connaître leurs aspirations.
Le processus de paix supervisé par les Nations Unies, entre le Front Polisario et le Maroc pour l'autodétermination au Sahara occidental, est aujourd’hui au point mort depuis la démission de l'envoyé spécial Horst Kohler, et qu'aucun successeur n'est désigné pour le moment. El Les forces marocaines sont mobilisées à Laâyoune, principale ville du Sahara occidental, afin de dissuader les Sahraouis d’organiser des événements ou des manifestations pour célébrer l’anniversaire de la proclamation de la RASD.
6 novembre : le Maroc célèbre sa Marche verte
En 1975, le roi du Maroc Hassan II dont le trône était chancelant appelait son pays à marcher sur le Sahara occidental alors occupé par l’Espagne ; 350 000 Marocains répondent à l’appel. Cette « récupération de terres historiquement marocaines » sera sa cause sacrée et justifiera de faire taire toute opposition à son régime autoritaire.
C’est la date la plus sacrée parmi les commémorations politiques marocaine. Le Sahara est, aujourd’hui encore, la grande affaire du royaume depuis un demi siècle, le ressort principal de sa politique étrangère. En 1975, le roi du Maroc Hassan II dont le trône était chancelant appelait son pays à marcher sur le Sahara occidental alors occupé par l’Espagne ; 350 000 Marocains répondent à l’appel. Cette « récupération de terres historiquement marocaines » sera sa cause sacrée et justifiera de faire taire toute opposition à son régime autoritaire.
43 ans après, le ressort patriotique fonctionne toujours, c’est tout un pays qui se retrouve aujourd’hui derrière son drapeau pour commémorer un événement fédérateur et historique : la Marche verte. Les « anciens » lancent le début des cérémonies en témoignant de ce qu’ils ont vécu et de l’importance de cette marche pacifique et sans arme. De fait, toutes les villes du pays vont voir défiler des foules brandissent d’une main le Coran, de l’autre le drapeau marocain, ni arme ni violence mais des prières et des chants patriotiques.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde